Envoutante et lancinante, cette œuvre d’auteur se pare de moments sublimes. Des instants rares, délectés jusqu'à l’extrême, dans une fourmilière d’images improbables, chères à un metteur en scène complètement décalé d’une production traquant le billet vert, dans une profusion de clichés à la mode que l’on ne peut à peine distingue, r tant leurs vitesses de passages est inconsistante et rapide.Ici tout est long, mesuré, scruté de manière intensive. La caméra devient l’œil de personnages découvrant épouvantés ou émerveillés des lieux communs ou métaphysiques.Ce travail d’expert tisse, dans une trame que l’on peut suivre sans se répandre, tout un climat psychique halluciné, fabriquant des cobayes fragiles, pervers complètement dégénérés, victimes de leurs sens et de leurs dérives.Certaines scènes sont pénibles, surtout pour ceux qui les ont tournées, mais ces sacrifices sont essentiels, elles portent la pierre angulaire d’une œuvre forte, digne de hanter nos mémoires pendant très longtemps par leurs dégénérescences.David Lynch est certainement une sorte de nouveau messie cinématographique, offrant des images d’une beauté machiavélique, donnant naissance à un nouveau genre humain extrême, hallucinatoire, perverti dans une débandade de comportements assujettis aux plaisirs et à la destruction.Un être humain en perdition ,azimuté par le crime, la luxure, la trahison, la folie dans un monde devenu un gigantesque délire visuel, menant nos devoirs au bord du gouffre.Aux portes du chef d’œuvre, "Mulholland Drive" perce l’abcès d’une jouissance trop retenue par nos contraintes et nos pudeurs ,en déversant une surabondance jubilatoire, que nos interdits nous empêchent de vivre.Un film exceptionnel, sur notre face cachée, celle qui éprouve les pires difficultés à s’exprimer.