Ce film mérite réflexion. Est-il une habile composition masquant un manque de moyen flagrant ? De ce fait, représente-t-il l’ingéniosité artistique de manipuler, avec des bouts de ficelles, nos peurs ancestrales, tel que le battement frénétique d’une poignée de porte, par une main improbable, surgie de nulle part ou bien est-ce l’éclosion d’un lancinant cinéma fantastique nouveau, renvoyant l’être humain à ses angoisses d’enfant ?Plusieurs éléments domestiques, l’écran de télévision, par exemple, servent à véhiculer de réels moments de peurs. Night Shyamalan, heureux papa du "Sixième sens", donne de belles parures à la sobriété d’un traitement dépouillé.Le résultat de ce huis-clos est impressionnant. Les extra-terrestres semblent être la gangrène cérébrale des Américains, un état d’esprit terrorisé par ces petits hommes verts, concept éternellement arlésien des temps modernes."Signes" est un film concept haletant et paradoxal. Finie la débauche d’images à la "Moulin rouge". Ici tout est calme, progressif, pesant.L’atmosphère du film l’emporte sur un scénario s’épuisant en progressant, ce qui ne dénature pas l’identité première de cette œuvre nécessitant un regard attentionné, sur des visages perturbés par un évènement surnaturel.La conclusion tant attendue semble terne et inaboutie, elle estompe brutalement certaines de nos espérances en laissant derrière elle de nombreuses interrogations.Il est préférable de reporter son attention sur cette famille minée par la peur, suite à son environnement soudainement bousculée par l’irrationnel.Cloîtrés par des procédures ancestrales de protection (volets et portes fermées), ce père ayant perdu la foi, son frère et ses deux enfants se mettent intérieurement, encore plus en péril, en déclenchant une détermination externe qu’ils subissent en retour par une angoisse ingérable, accentuée suite à leur cloisement.Les éléments extérieurs se déchaînent contre une tour d'ivoire, qui refuse de communiquer.Les enfants bien souvent perçoivent des mondes parallèles nous échappant, leurs présences dans "Signes" est indispensable, le concept d’angoisse leur appartient. Ce sont eux qui souffrent devant ce qu’ils ne comprennent plus.Un extérieur devient subitement incompris. Le champ de maïs frissonne en pleine nuit, l’homme tente de se rassurer par des paroles incertaines, accuse ses semblables de le persécuter, puis à bout d’arguments, s’enfuit devant cette nature subitement insoumise, pour se terrer à l’intérieur d’une forteresse oppressante, sa propre terreur."Signes" possède une seule et même porte, assumant une double fonction, une oppression externe de l'irrationalité perçue comme ennemie par l'homme, devenant à son tour oppressé, par ses démons intérieurs, tout en essayant de mener en parallèle la reconquête d'une foi perdue.