La semaine de promo intensive, précédant la sortie du film, a certainement considérablement aidée la venue au monde de cette sympathique chronique concernant la remise à niveau d’une région bien mal perçue, éternellement habillée par la mine et le coron. Les verres se vident aussi rapidement que les portes s’ouvrent. Le langage ressemble à un état d’ébriété permanent. Les cœurs sont gros comme ça, de toute manière c’est tout ce qu’ils leurs restent à ces exclus, n’ayant pratiquement plus que la poste et la baraque à frites comme gîte relationnel.Paradoxalement, la dépression se subit sous un soleil de plomb, le Nordiste ne regarde plus un ciel invariable. Il maintient sa différence par des locutions à la limite du langage étranger, des produits du terroir presque nauséabonds et des liqueurs frisant le goût du sans plomb. Toutes ces particularités finissant par entamer la curiosité, puis la conversion d'un pédant.Sans se tenir les cotes d’un bout à l’autre de cette réhabilitation humaine, chaleureuse, naturelle et surtout indispensable, le produit possède certaines scènes amusantes avec en particulier ce road-movie professionnel de la journée type d’un postier pur site, scruté à la loupe par une hiérarchie bien molle, se convertissant avec brio à l’ingurgitation de godets reconstitués en permanence, de visites en visites.Cette fable ayant le mérite de glorifier le comportement de gens simples, porteurs d’une camaraderie protégée par l’évolution d’un groupe sur un même niveau, se déroule comme un agréable divertissement.Des clichés, au-delà d’une caricature faisant de tous ces personnages de véritables icônes régionaux.Un film sur les attraits d’un ciel bas chapeautant une nuit blême sous une pluie intense. Dans un tel contexte, l’autochtone s’accapare sans peine l’intérêt d’un visiteur décontenancé, presque à l’image d’un Colomb découvrant une terre inconnue.Néanmoins quelques défauts apparaissent, avec en tête de gondole la laborieuse prestation de Line Renaud, ayant bien du mal à rendre crédible, un personnage de mère faussement possessive.La globalité est satisfaisante, surtout en nos temps de disette de tempérament vrai. Le chti c’est du bonheur, on le quitte en pleurs, pour un peu on mettrait la carte de France à l’envers en faisant carillonner le bleu méditerranéen par un beffroi amoureux et transi, délivrant spontanément des demandes en mariage. Les nantis du sud n'ont certainement jamais vus ça.