"Fenêtre sur cour" ressemble à une pièce de théâtre intra muros, offerte à un immobilisé temporaire. Voir sans être vu entame un passe-temps égreneur d’heures longues, ennuyeuses, entretenant une véritable passion admirative et sans bornes envers les prestations offertes par les locataires de ses grandes baies ouvertes. Jeff Jeffries momentanément inactif se pâme de bonheur devant les perceptions liées aux âges de cette faune scénarisée, offerte au regard d’un embusqué, par la dominance d’une météo accablante, imposant les grâces d’un courant d’air permanent.Un simple mateur devient un voyeur professionnel, reléguant au second plan une apparition sublime émergeant d’un demi-sommeil, un nouveau pensif accablé de chaleur.Elaboré dans son intégralité en studio, ce huit clos majestueux fascine par ses incohérences. Un hélicoptère surgit de nulle part frôle le toit d’un immeuble, ne s’ajustant pas à la logique de ce lieu reclus, d’une urbanisation sans âme.Curieusement le contenu est truffé d’extravagances bienfaitrices nécessaires à la bonne conduite de ce récit prisonnier de quelques centaines de mètres carrés.La vie se trouve en arrière-cour et non au bout de ce passage où l’on distingue à peine une foule mécanisée. Dans ces appartements tout bouge magistralement, trop intensément, de manière surdosée, théâtrale, outrancière.Un spectacle ininterrompu, activé en fonction des besoins ventilés par ses va-et-vient perpétuel d’une pièce à l’autre. Rien que pour cette énergie existentielle, offrant le mouvement à un site calfeutré, ce film est un chef- d’œuvre.Toutes les directives de la vie s’expriment en secret à deux pas d’une grande artère anonyme. La caméra comprime en une seule valeur les pointes d’une danseuse aux pleurs, d’une femme esseulée.D’une fenêtre à l’autre, les frivolités cachées d’une jeunesse cèdent la place à un dîner en solitaire mimant un convive invisible.Une vie devant soi en overdose, masquant ce qu’il y a de plus beau, l’élégance platinée d’une femme aimante, attendant patiemment que la crise de voyeurisme d’un être aimé s’estompe dans un repos réparateur.