Généralement rebutée par les incessantes contre-plongées de Welles, j'admets qu'elles vont à ravir à cette adaptation du Procès de Kafka. On est servi en profondeur de champ, en portes démesurées et en espaces labyrinthiques. Y pullulent les sautes d'humeur, litanies doucereuses autant que sadiques, bref, on reconnaît le brillant technicien à ses petites manies. Acteurs tous au sommet de leur art tant ils sont bien mis en valeur, si l'on excepte les papillons qu'y sont les femmes. Fracassante entrée de Romy Schneider éclatante de jeunesse et d'espièglerie avec ses doigts palmés. Madeleine Robinson et Jeanne Moreau percutantes aussi, et puis cette autre à voix sensuelle qui terrasse, pfff... toutes évaporées. Seul continue de s'agiter le présumé coupable (Anthony Perkins, on s'identifie tout de suite) et les ombres de ses observateurs dont Welles lui-même, dans son lit. C'est esthétique, assez éprouvant, chargé plus que de raison, adaptable à n'importe quel totalitarisme, y compris celui-que nous vivons présentement au plan mondial avec "TINA"... Y manquerait juste à mon goût, dans le dédale d'effets non-stop, davantage d'émotion.