Y a-t-il une frontière entre le bien et le mal ? Dans une ampoule lancée manuellement, se balançant de gauche à droite, où est l’ombre, où est la lumière ? Si une main tente de stopper ce mouvement, semblant éternel, une douleur instantanée libère la main de l’ampoule en redonnant vigueur à ce Ying Yang sombre et lumineux.Un climat particulier déclenche haines et dénonciations collectives, semant désordres et vengeances, dans un contexte préalablement trop passif. Soudainement activé par un mécanisme invisible, un microcosme épargné implose de l’intérieur, en déroulant inexorablement une implacable théorie des dominos.Considéré comme anti-français, avec un résidu boulevardier, "Le corbeau" est avant tout un laboratoire expérimental contenant dans son noyau une machine nauséabonde, suspicieuse et délatrice, prête à l’emploi.Le polar sert une fois de plus de cache-misère à un cinéma ayant momentanément perdu, dans un contexte particulier, une liberté d’expression. "Le corbeau", tout en paraissant déconnecté d’un climat historique, imposant œillères et silences, saupoudre quelques messages.L’œuvre est initiatrice, un maître de jeu démontre, par quelques missives bien pendues, la fragilité psychologique de ses concitoyens.Le cinéma françai, en ces années d’occupation, effectue par des scénarii répétitifs, une lessive interne montrant des habitants désemparés, désunis, broyés par un logiciel démoniaque lancé sur un marché déserté rapidement par la résistance et la bravoure."Le corbeau" n’échappe pas à la règle, une bourgade s’autodétruit en refusant la cohésion contre une pestilence initiatique. "Le corbeau" est l'ampoule délivrant la lumière ténébreuse d'âmes inconsistantes.Tous ces esprits, brusquement perturbés, se déchirent au lieu de lutter solidairement contre un appareil destructeur. Il n’en faut pas plus pour établir un état des lieux lâche et dénué d'un esprit de groupe.Le peuple France juge négativement certains de ses comportements en images, ceci par l'intermédiaire de ses propres enfants, voila de la manne pour un occupant n’ayant pas d’appréciation à opérer sur les comportements en interne d’un pays conquis."Le corbeau" possède un esprit auto immolateur, offert à un maître éphémère. Un point de l’hexagone livre un huis clos sordide, une citoyenneté lâche, divisée au premier soubresaut.Le professeur Vorzet explique admirablement l’impossibilité de fractionner ombres et lumières dans une figure décente, préférant favoriser le symbole éternel de l’incertitude, celui-ci devenant une procédure existentielle. Le docteur Rémi Germain entamé se met à douter."Le corbeau" délivre sur une dernière bombe écrite, inachevée, une alchimie associant le mot sentence dans un transfert épiloguant une remise à niveau en commun.Une double main achève l’épidémie. Celle d'un vengeur et d'un repu."La punition est levée"Le cours est terminé.