"Le Locataire" est un voyage hallucinant menant de l'oppression à la folie. L'hostilité ambiante dans cet immeuble est sinistre, permanente, une étreinte douloureuse subit continuellement par ce nouveau locataire au nom imprononçable. Trelkovski ne semble pas concerné par toutes ces accusations répétitives, ces comportements incohérents, ces visages livides aux mots froids et procéduriers, ces coups au plafond répétés inlassablement, ce cafetier absent, imposant sa loi au sujet des consommations de boissons et de cigarettes, ces visites soudaines d'inconnus, se terminant par des pleurs, ces fausses pétitions introduisant dans l'appartement un regard soupçonneux.La privation des libertés semble dans un premier temps l'identité de ce complot raciste où toute une machinerie humaine de causes à effets s'acharne sur cet homme fragile. Cependant tout est trop outrancier, improbable dans une logique relationnelle où chacun connaît les limites à ne pas dépasser.La déstabilisation constante endurée est-elle vraiment réelle ou bien représente-t-elle une lente descente aux enfers d'un esprit malade, incapable de s'exprimer, encerclé peu à peu par sa propre paranoïa, gestionnaire d'évènements douteux incompatibles avec la réalité?Au fil de cette dérive obsessionnelle, les visages se transforment deviennent plus déterminés, le plan de destruction final s'accentue jusqu'à l'inexorable conclusion voulue par un Trelkovski déconnecté de la réalité."Le locataire" est la suite logique d'un concept élaboré dans "Le bébé de Rosemary", la dégénérescence obsessionnelle où déjà une entité fragilisée psychologiquement devait subir l'attaque de front d'un groupe dangereux embusqué derrière un relationnel courtois récupérateur.Ici tout est inversé, les voisins sont soupçonneux, médisants, le chien de la concierge est hargneux. Situé dans un quartier sinistre de la capitale, l'immeuble est presque insalubre sans commodités intérieures, des figures de cire vous fixent à volonté, presque à la limite de l'outrage, tout cela ne peut être vrai.Trelkovski évolue sur un territoire kafkaïen où sans le savoir ses cauchemars répondent à une demande secrète, l'apocalypse d'un visuel inadapté pour un homme qui ne communique avec ses semblables que par l'élaboration d'une folie interne.