"Un scorpion ne sachant nager, demande à une grenouille de le faire passer d’une rive à l’autre, en montant sur son dos. Non, répond la grenouille, car qui me dit que tu ne me piqueras pas en cours de traversée. Je ne suis pas fou, répond le scorpion, si je te pique, tu meurs et moi avec toi. La grenouille rassurée accepte, le scorpion monte sur le dos de la grenouille et le voyage commence. Au milieu de la rivière la grenouille ressent une vive douleur. Tu m’as piqué, alors que tu m’avais promis que tu ne le ferais pas, ce n’est pas ma faute répond le scorpion, c’est mon caractère. " Cette anecdote contée par un mastodonte masqué, lors d’un bal, est une mimesis envers le parcours d’un personnage négatif, provocateur, manipulateur, criminel, traître et suicidaire, Arkadin lui-même, possédant cent visages similaires au citoyen Kane, mais bien plus sombres et puissants.Où est la vérité quand tout n’est que masques et fausses barbes. Cette remarque alimente un courant similaire présent dans plusieurs œuvres d’un réalisateur cherchant vainement à comprendre les mécanismes internes des humains, un carburant shakespearien ou la quête de soi-même s’avère perpétuelle, sans réponses, dans un contexte où tout se voile, au fur et à mesure que l’on déboise.Orson Welles se narcissise l’esprit en continuant de s’autodétruire par l’intermédiaire des personnages de ses oeuvres. Un vomi réceptif de plus en plus volumineux sur le spectateur, mêlé d’une continuité technique presque identique depuis "Citizen Kane", font de ce cinéaste singulier une pièce essentielle d’un cinéma en quête d’explications sur les difficultés de connexions d’esprits réticents aux parcours exemplaires.