"Blow-up" est un enchaînement singulier, presque incongru de faits et gestes quotidiens, complètement démarqués d’une logique temporelle. L’espace n’appartient plus qu’à l’incommunicabilité entre des êtres farfelus, assoiffés de libertés décalées. Les rapports, tout en étant disloqués d’un assemblage rationnel, donnent des résultats constructifs, dans une absurdité commune.Sur fond d’underground londonien, des personnages liées par un métier, se plient à des procédures professionnelles froides, à peine respectueuses, doublées de rencontres pulsionnelles, dans des espaces naturels presque déserts.Les femmes sont belles, jeunes, insouciantes, rapidement cicatrisantes dans le jeu suite aux contrariétés formatées par un boulimique de la photo. Le contexte extérieur est surprenant, les contacts ne sont farouches que pour la forme, les êtres se lient facilement dans des mimiques absentes d’un catalogue normalisé.Ces images curieuses unissent un voyeurisme presque dément dans une virtualité dissoute, subitement dans un réalisme meurtrier. L'asservissement envers un monde conditionné est gommé par la volonté de se lâcher, que ce soit par ses extravagances soudaines ou un mépris des conventions.Le cap d’un intéressement est conservé péniblement, grâce à une intrigue policière à laquelle Brian de Palma rendra hommage. Malgré ces quelques antibiotiques "Blow-up" est une œuvre difficile, lassante, offerte à une science cinématographique devant évoluer en se fragilisant, par certaines nouveautés visuelles.Une partie de tennis particulière révèle la prise de risques effectuée par un maître, récompensé à Cannes, libre de toutes contraintes, préférant lâcher sur le terrain un délire jubilatoire, plutôt qu'un conformisme sans surprises.Pour public averti.