"Un homme qui ne se dévoue pas à sa famille, n'est plus un homme"Cette phrase résume parfaitement ce film fleuve. Don Corléone adapte sans le savoir la doctrine d'Alexandre le Grand. Tout pour la famille, qu'elle soit de sa chair ou professionnelle. Conquérante en externe, loyale et soumise à son seigneur et maître, en interne. Le tout prédispose au respect et au partage. Une structure rassurante pour un vieux chef ivre de conformisme, sachant sécuriser et récompenser des lieutenants efficaces, dans un job particulier, soumis à la récurrence des procédures, le tout assurant le bon fonctionnement d'une usine à gaz toujours convoitée.Le parcours ne s'écarte jamais de scènes intimistes et conviviales, brusquement archivés par un processus répressif, énergie combative d'une trahison omniprésente.Don Corléone, usé par des années de combats incessants, cache une vengeance implacable dans des phrases larmoyantes. Une sanction douce, prononcée par un timbre de voix à peine audible.Les morceaux de bravoure s'exécutent au cordeau. Il faut quérir par l'action sa future armure de dirigeant ou disparaître subitement, en faisant couler le sang, nerf de la guerre, d'un environnement rarement au repos.Certaines vies sont sommaires, abattues par des armes ne s'assoupissant jamais longtemps."Le parrain" est un cours assez succinct sur un monde obscur, la maffia et sa logistique. Un territoire hyper violent, humainement fragile où les règlements de comptes surgissent sans sommations, dans les rues ou dans les bars.Dans son genre l'œuvre frise la fresque, une tenture lente et sanglante d'un univers parallèle, ignoré d'honnêtes gens bypassés de ces trahisons et punitions répétitives.Cette visite d'un contexte malhonnête, inconnu, est ahurissante, Le territoire est attirant par l'équilibre d'un organigramme intérieur familial, respectueux de ses devoirs envers un patron estimé.Un courant limpide entre un dirigeant lucide sur le départ et sa garde prétorienne, dans un univers impitoyable.