"On ne peut pas toujours être une machine, on a besoin parfois de se divulguer comme être humain" Avant d’entamer sa dernière mission, Alec Leamas, agent secret au bout du rouleau, traine la savate dans les rues d’un Londres sombre et pluvieux. Amer, frigide, titubant, l’œil glauque, sa violence verbale et physique envers ses contemporains n’est peut-être qu’une couverture, afin de produire de dernières étincelles professionnelles dans une ultime chorégraphie avant de s’endormir, usé par les aspects procéduriers de son métier."L’espion qui venait du froid", lourdement critiqué pour sa lenteur lors de sa sortie, mérite certainement une seconde vision. Ces images interminablement lentes donnent à cette œuvre étrange le statut de film d’auteur.L’intérêt pénètre avec de grandes difficultés cette configuration logistique d’espions statiques, automatisés par une mission inlassablement répétée. Une écoute intensive de propos maussades altère davantage le contenu de cette besogne cinématographique obscure.Une lassitude entretenue de manière royale par une récurrence en boucle.L’œuvre possède une valeur, c’est sûr, mais notre entendement n’est pas à la hauteur de telles exigences. Le passionnant contexte de guerre froide n’est ici qu’une toile de fond. Elle cède le pas devant le choix douteux d’un conversationnel trop abondant, argumentant le besoin d’en finir devant ce bourdonnement verbal sans fin.Quelques scènes d'un faux procès illumine un peu les bornes de cette mécanique complexe dont les rouages nécessitent un livret explicatif d'accompagnement.