Un générique caverneux précède un repas de mariage où le boucher local excelle dans l'art de la découpe d'un rosbif de premier choix. L'homme est complexe, évoluant entre rejet du père et traumatisme de guerre, il cherche la paix de son âme dans ces quelques moments passés avec Mademoiselle Hélène, institutrice tolérante et passive devant l'originalité d'un gigot offert à la manière d'un bouquet de fleurs. "Est-ce que vous aimez la viande ?" cette question surprenante insérée soudainement dans un conversationnel sans aucun rapport avec le sujet en cours, démontre la dépendance de Popaul pour une thématique de boucherie, toujours en embuscade dans le quotidien. Cette dérive n'hésitant pas à extérioriser ses visions morbides en pleine boutique devant la clientèle.Il n'y a qu'un seul traumatisme, le sang dans tous ces états, celui d'Indochine et d'Algérie rapatrié dans le métier, entretenu par le crime. Un sang humain et animal d'une odeur identique. Le contact d'une institutrice, cicatrisant à grand peine un chagrin d'amour, apaise momentanément un cauchemar répétitif. Popaul s'offre quelques instants de futur constructif en élaborant l'ébauche d'une conquête possible.La porte des sentiments n'est pas fermée pour cet homme positionné dans une zone de non retour, la contemplation d'actes moraux génère l'exécution de comportements naturels généreux.Claude Chabrol embellit un parcours cinématographique plus ou moins symétrique au fil des opus d'un contexte campagnard existentiel, isolé des lumières de la ville. Le tracteur passe, l'horloge de l'église sonne, les ruraux font leurs courses, une fusion réconfortante s'effectue entre des comédiens ressourcés et des villageois enchantés de l'aubaine de montrer qu'ils existent, en sachant jouer la comédie tout en conservant leurs identités de base.L'œuvre mérite également une attention par l'éclosion d'une sensibilité offerte spontanément au pire des criminels. Le cœur parle et exécute sans contraintes le vœu d'un mourant.