Babel est une œuvre longue et dépouillée, qu’il est indispensable d’absorber dans un état serein et endurant, en gérant une irrésistible envie de stopper le défilement de ces images interminables. L’opus, beau et lancinant, offre des gros plans magistraux à des visages noyés par la détresse et l’isolement, dilués dans la protection d’une luminosité intense ou dans l’immensité d’un désert brulant, rude et poussiéreux.Le contexte, volontairement épuré, possède l’avantage de s’attarder longuement sur des psychologies en doutes ou burinées à l’image d’une terre avare en reconnaissance où chacun tente de survivre chaque jour.Trois pays presque équidistants révèlent un même faciès tourmenté dans un requiem mélodramatique magistral, mêlant lumières artificielles et naturelles, le tout accompagné de leurs satellites, insouciance, avidité sexuelle et intérieur somptueux pour les uns, fêtes, alcools et violences pour les autres.Un travail d’auteur, méritant sur des impacts géographiques différents, mais ne délivrant qu’un seul message, un mal de vivre commun dans un contexte en expansion, n’étant plus en mesure de contrôler un modernisme démesuré ou un environnement dénudé à perte de vue, endormi depuis la nuit des temps.A voir absolument, si l’on veut approcher ceux qui évoluent trop vite, pendant que d’autres n’ont que le vide à contempler.