"21 Grammes" est un film décousu. Une suite d'images désespérantes et cassées. Ceci n’empêche pas de s'adapter à sa déstructure, en focalisant son attention sur ces visages aux traits tirés, à la dérive ou en rédemption, intégrés dans des environnements crasseux et délavés, habitats de leurs interrogations et de leurs déprimes.Alejandro Gonzalez Inarritu filme une brochette d'écorchés vifs, usés, les yeux cernés par l'autodestruction.Manipulés par leurs illuminations internes, certains balourds et hirsutes, à des années lumières de la savonnette, se réfugient dans la foi, faisant d'un absent auréolé par la thèse, la sauvegarde d'un monde ingérable par ses diversités.Jésus et la drogue ne semble ici qu'une échappatoire thématique, afin de se donner une constance, dans un monde refusé par des marginaux, récupérés par le discours religieux, la ligne ou la tristesse à temps complet.Les sites et les situations déplorables rencontrées ont la particularité de désintégrer des faciès anéantis de leurs vivants par trop d'épreuves.Chaque protagoniste, en relation avec son abattement ou sa fureur, épure son décor de toute luminosité."21 grammes" est un puzzle pathétique, dans une symphonie désespérée, exécutée par des visages bruts, exclus de l'abondance, trouvant dans la haine et le désespoir la force d'exister.