"En ne voulant pas être ce que l’on est, on finit par l’être sans s’en apercevoir."
Un couple laminé par un système de procédures liées à des compartiments domestiques et professionnels, uniquement alimentaires, privées de sensations et de décisions personnelles, se détruit par l’intermédiaire de deux nouvelles entités révoltées en internes, construites parallèlement à des positionnements socialement corrects satisfaisants. L’absence d’une véritable personnalité mène au clash deux époux devenus névrosés, diabolisés, presque bestiaux, suite à une rage de vivre inassouvie. Le couple Wheeler, constamment rattrapé par son quotidien, se débat dans une monotonie indélébile, s’effaçant uniquement le temps d’un rêve, d’ailleurs uniquement verbal. La belle maison, la grosse voiture, le relationnel courtois et le costume cravate acquis dans la normalisation, empêchent toutes pensées folles. Les corps s’éteignent lentement. Les visages deviennent ternes. Le manque d’expédients et de sensualité manquent atrocement. Ils se restaurent rapidement, presque sans émois, dans des chambres tristes ou des voitures transformées en jouissance rapide et passagère. La ménagère, en sanglots, voit dans les reflets d’une eau savonneuse, la récurrence à long terme d’une triste vie, uniquement basée sur la soumission, envers un processus inlassablement répété. "Les noces rebelles", oeuvre intemporelle, sur la peur de ne pas exister, à l’aide de véritables valeurs incompatibles avec une existence conditionnée et surtout ordonnée suite à l’intégration dans un système privant les esprits d’être maîtres de leurs destins, est une œuvre remarquable et pathétique, surtout dans sa seconde partie. Cet opus sensible et destructeur, au look soixante-huitard avant l'heure, dénonce un socialement correct mesquin et hypocrite, masquant l’insoutenable finalité de penser que l’on est venu au monde pour rien, uniquement récupéré par une pensée de groupe, donnant lieu à une production thématique lourde, durable, sectaire et laborieuse, loin de terres enchantées ou l’on désire être soi-même. Une œuvre poignante, sur la conquête la plus noble qui soit, celle d’individus enfin épanouis par la liberté d’entreprendre et de réussir des challenges, pour lesquels ils sont faits.