"Le grand saut" est une caricature dramatique et loufoque, dénonçant dans un second degré aussi lucide que décalé, le fonctionnement particulier de certaines entreprises américaines mécanisées des années cinquante. Une consultation effectuée du sol au plafond, par un gros lourdaud provincial effacé, puis égocentrique parachuté sur une grosse pomme en excès de vitesse, brodée dans les affaires et les comportements les plus fous.Contemplée de haut par des dirigeants arrivistes, indifférents, costumés de gris, élevés à l'expansion du dollar dans des bureaux gigantesques, tutoyant un ciel insensible.Loin de toute une masse interne privée de toute créativité, exécutant en sous sol des taches inutiles incorporées à la thématique de leur enseigne.Le challenge de ces dirigeants, aussi fantasques que cloisonnés, parait inéducable.Progresser, devenir le meilleur sur le marché, pour enfin péricliter en pleine gloire par un grand saut vers un néant libérateur.De l'idiot manipulé, fil rouge entre l'exécutant sans âme et le patron suicidaire, toute une cohorte n'ayant plus la notion de soi, s'autodétruit dans un concept managé par le conditionnement menant vers l'exagération, toute une cité privée de libre arbitre.Un opus éloquent sur la manière de switcher par arrivisme ou médiocrité sa conscience dans un monde absurde, ôtant toute perception d'un véritable message à conquérir, puis à délivrer.