Martinet, proie facile d’une famille rongée par la convoitise, s’offre le privilège de durer en profitant inconsciemment d’un système de destruction, devenant paradoxalement un allié à long terme. Usé jusqu'à la corde, son organisme se voit ragaillardi par une volonté de paraitre éternel, déstabilisant des vautours inaptes aux raisonnements logiques.L’opus est drôle, caustique. Le lugubre pot de départ en retraite de Martinet demeure un des nombreux morceaux de bravoures de ce voyage cérébral hallucinant, menant vers un bien inaccessible.Les Galipeaux, privés de repères patriotiques, tirent un à un leurs révérences, pendant qu’un vieux Papy se la pète au soleil, dans un village à la renommée encore endormie.Pierre Tchernia, au même titre que Jean Yanne, se délecte en montrant l’architecture délabrée de certains Français moyens sans envergure, offrant veuleries et courbettes à une hiérarchie cravatée ou en uniforme.L’œuvre est acerbe, les Galipeaux petits bourgeois planqués, s’exterminent de l’intérieur par des projets aussi médiocres que leurs envergure.Pendant ce temps, la contrepartie pète le feu, acquiert du temps et de la gloire, dans un monde rural sain, encore préservé du Parisianisme."Le viager", dont l’unique but est de faire rire sur un sujet épineux, pose l’éternel problème de la répartition des comportements pendant une page d’histoire douloureuse.Faut-il résister ou collaborer ? Ou bien être lunaire comme le montre admirablement Martinet dans ses agissements naturels et serviables, faisant malgré lui ou non un homme fêté et respecté avec l’immortalité comme récompense.