De retour de guerre, Macbeth est dynamisé par la prophétie de trois sorcières le prédisant Roi d’Ecosse, mais pour cela il ne suffit pas d’attendre patiemment la mise en marche du destin, il faut s’investir physiquement dans le projet, les vies sont courtes, les conflits incessants, agir à la seconde, saisir l’opportunité, l’époque ne prédispose pas à une passation de pouvoir temporelle décidée par la nature. Les derniers scrupules s’anéantissent au contact d’une Lady Macbeth (Francesca Annis) vénale, sulfureuse et impatiente, un coach dans l’ombre, un potentiel sans pitié, programmée dans le mouvement d’autrui.Sans cesse harcelé par cette féminité négative motrice Macbeth réplique "J’ai tout ce qui sied à un homme pas davantage", cette phrase ambiguë d’un futur roi déclenche le plan, une violence terrible par l’accaparement d’une terreur interne et externe, n’arrivant pas à freiner la détermination d’un homme prêt à tout pour être souverain.Une hallucination, interprétée comme directrice, conduit Duncan Roi d’Ecosse et hôte de Macbeth, à être saigné pendant un demi-sommeil. C’est la pire des trahisons. Macbeth est roi par le crime d’un protecteur sacrifié sur l’autel de l’ambition et devient maudit, dévoré par le spectre de sa victime.Macbeth est une œuvre extravagante à la limite du grand guignol. Nous sommes en 1971, deux ans après la terrible disparition de Sharon Tate, on ne peut l’ignorer, à la vision de toute cette hémoglobine outrancière.Roman montre la détresse de ce qu’il vient de vivre, tout en respectant la nouvelle loi du marché cinématographique, de ces débuts d’années 70. Sam Peckinpah est passé par là, en imposant un cinéma rouge vif, Roman Polanski suit le sillon en intégrant son vécu.L’auteur livre en parallèle sa psychologie par la constitution d’un puzzle à l’image d’une seule pièce. En regardant "Macbeth", on y trouve "Le locataire" embusqué dans les méandres diabolisées d’une perte de raison mutuelle, entre un criminel arriviste et une persécution créée de toutes pièces.Un centre de gravité propulsé dans une filmographie constamment dérangeante. La démesure au service de l’alimentaire dans une époque où le L.S.D est le compagnon de base d’une génération en manque de repères.La drogue n’est pas présente dans "Macbeth" ni dans "Le locataire", les deux personnages semblent pourtant en manque, ce qui déclenche certainement leurs excès.