Ton seigneur est ton maître, il te protège, tu lui doit soumission et amour. "Pour en arriver à cette conclusion, le challenge a de l’envergure, il s’agit de faire d’un chat sauvage, un gentil chaton.Pettrucio ratissé peut se remplumer en gagnant un pari insensé, parvenir à séduire Katarina, fille aînée célibataire, désolant père et soeur cadette, terrorisés par cette tempête permanente, désertée par les prétendants.L’affaire n’est pas simple, Katarina est une furie écumante, violente, sauvage, rasant les salons, réduisant au rang de cure-dent, chandeliers, chevalets, tables et chaises dans des colères homériques, martyrisant tentures, portes et fenêtres.La lutte est acharnée, tous les coups sont permis. La bataille fait rage, la proie soumise à une chasse intensive comprime les assauts puis se pâme discrètement, sous les flatteries et les acrobaties d’un combattant motivé.Abasourdie par la ténacité d’un galant aussi endurant, l’ignoble mégère s’épuise lentement en défensive. Les vingt mille couronnes en jeu font de Pettrucio un conquérant inépuisable.La belle grisée par ces paroles inespérées baisse la garde, s’émeut devant tant de combativité et de détermination, envers un profil aussi peu engageant.Commence alors un long chemin menant vers un nouveau monde, la transformation est fulgurante, une péronnelle se mue en femme d’intérieur, découvrant la fonction du plumeau en s’intégrant à un processus ménager à la tenue d'une maison et aux procédures indépendantes d’un seigneur et maître.Certains verront dans "La mégère apprivoisée" les disputes du couple Taylor/ Burton transposées à Padoue dans des décors grandioses offrant à ses deux tornades une querelle perpétuelle dans la féerie d’une époque.Le contenu est drôle, chatoyant, sympathiquement épicurien, Shakespeare à l’avantage de ne laisser personne en l’absence de paroles. La tigresse conquise par le discours amoureux s’abandonne à une féminité découverte.Pettrucio revenant de chasse saoul, mal fagoté, acclamé par une foule en liesse, le jour de son mariage est un moment divin à déguster presque en boucle.Un nouveau sourire embellit une soumise convertie, consciente qu’il est préférable de s’accoutumer à la servitude plutôt qu’a une solitude briseuse de mobiliers, inadaptée à ce temps uniquement offert à la tenue d’une demeure et d’une progéniture que seule la femme peut assumer par son intégration.