Comment manipuler un tel chef-d’œuvre ? Iconiser la plus belle vision empirique d’un monde inviolé, par l'exécutoire de théories scientifiques, uniquement retranscrites dans toutes leurs splendeurs abstraites et artistiques, par ce magnifique opus en avance sur des savants contraints aux supputations hypothétiques. "2001 Odyssée de l’espace" se lâche en dévoilant un avenir compressé dans un présent interminable, au même titre que la toile de fond scintillante lui servant de tapisserie.Chaque geste s’accapare la gestion du temps, à volonté, sans dissoudre le moindre minutage nécessaire à tout ce qui doit s’exécuter dans la logique de sa procédure.Le temps mort, si étranger au mouvement d'un septième art irrespectueux de l'immobilisme, prend ici des couleurs resplendissantes d’énergies.La technologie spatiale se berce de valses intégrales dans des cercles ininterrompus. Aucune précipitation n’a de mise dans ses hauteurs où un stylo languissant en apesanteur s’exprime à la place du scientifique endormi.Dave Bowman, aux manettes bloquées devant le sas du Discovery, exige presque l’éternité, avant de révéler une angoisse imperceptible, canalisée par une maîtrise retrouvée.Franck Poole, impassible devant un message d’anniversaire, en différé, alimente la définition d’un espace distribuant silences, indifférences et lenteurs, le long d’un périple tous feux éteints, menant vers un soleil raté.L’œuvre est reposante, lancinante, intensément interminable. Une eau de jouvence, un long sommeil battant à l’unisson d’un requiem de György Ligeti, propulsant lentement, sans espoir de retour, deux privilégiés scrutés par un complexe électronique en manque de reconnaissance.Un concept évolutif inconnu, activé par une éclipse traversant le temps, rapproche le primate de l’homme du ciel. L’os, devenu machine à tuer, envoie dans les airs les rudiments d’un instinct fragile, que l’homme devra transformer d’époques en époques, en raison, tout en faisant évoluer un outil de recherche, le plongeant vers la quête de ses origines.Une intelligence supérieure invisible entretient, degré par degré, nos perceptions instinctives, devenues sens, vers une finalité semblant se répéter, une panoplie destructrice dont la machine s’inspire de plus en plus.Quel est notre destin ? Ne serions-nous que des cobayes de laboratoires expérimentaux contingents, cloués au sol, testant l’intégralité d’une combinatoire sans fin.Une meute scénarisée comme du bétail, dans un roman nommé histoire, en attendant qu’un privilégié découvre la porte des étoiles et nous livre enfin une identité."2001 Odyssée de l'espace" est un majestueux saut de puce dans l'espace et le temps, un impact temporel scientifique en plein devenir offrant à l’aube d’un troisième millénaire la perspective de quelques verstes parcourues rapprochant l'homme de son géniteur universel.