Dans un même espace les vices et les préjugés s’affrontent sans retenue. Jessica, jeune lycéenne, s’éclate par le sexe. Annie Wilson, cartomancienne, fortement consultée par deux cas extrêmes, est harcelée par Donnie Barksdale (Keanu Reeves), violent et armé, véhiculé par une pétoire à bout de souffle.Ce territoire est terrifiant, les cas sont extrêmes de Valérie Barksdale rouée de coups à Buddy Cole, névrosé au bord de la rupture, Annie doit maîtriser certains abandons, en gérant du mieux possible, ces soudaines images cauchemardesques qui ont élues domiciles dans son esprit.Cette Amérique sudiste, géorgienne, est abandonnée par la raison. Les composants humains sont à l’état brut, la condamnation sans appel d’Annie considérée comme une sorcière, est effectuée par des personnages rivés dans les premiers cercles de l’entendement.L’agressivité cérébrale est accentuée par la pauvreté naturelle des lieux, à peine déconnectés du rang de broussailles. La beauté est absente de ce site poussiéreux, les intérieurs sont ternes, les personnages habillés sommairement, les femmes sont frappées devant les enfants, certains hommes hirsutes font la loi en extériorisant leur bestialités par des condamnations morales.Les visages sont éteints, rivés à leur mauvais sort, on pense à "Trois enterrements" de Tommy Lee Jones, un parcours dans la froideur de la pierre.Les cartes sont un faux espoir, entretenu, habilement ou non, par une femme dépassée par les évènements. Rien ne change, si ce n’est cette violence constamment reconduite sur les corps."Intuitions" est un film dénudé, un balbutiement intellectuel insuffisant, ne suffisant pas à calmer l’ardeur de poings déchaînés.L’atmosphère fantastique ne semble être là que pour dénoncer une dérive de groupes.