"Nous sommes devenus des fous au service de Dieu"Dracula est la poursuite d'un amour perdu à travers les siècles par un homme meurtri. Un désespoir continuel, entretenu par la haine envers la croix et les hommes que l'on méprisent, tout en gardant au fond de soi le potentiel d'une luminosité émotive soudainement opérationnelle, suite à la contemplation d'un portrait.Dracula est une œuvre antinomique. Une sensibilité enrobée de fureur. Une destruction pulsionnelle, cohabitant avec le besoin de retrouver quelques parcelles humaines, en se ressourçant malgré sa monstruosité sur des comportements perdus.Un monstre retrouve, tout en gardant une panoplie destructrice, un visage baigné de larmes.Le geste et la parole sont restaurés. Le regard redevient doux et attentionné. La bestialité abandonne pendant quelques instants ses concepts en laissant sa place à un esprit retrouvant miraculeusement l'envie de séduire.La mélancolique partition musicale de Wojciech Kilar accentue encore davantage la perception d'un environnement sombre, mélancolique dominés par le tourment incessant d'un déconnecté de Dieu, complètement dévasté, retrouvant son besoin de détruire, en concurrence avec la restauration subite d'un tempérament émotif.Dracula est un opus de souffrance, un manque indélébile, assouvi par des crises de démences, dans une symphonie gothique reproduisant magnifiquement les conséquences démoniaques d'une déchirure.