Critique(s)/Commentaire(s) de L.Ventriloque

Voir ses 50 films notés

Page 16 sur 18 (900 critiques au total)

  • LE MOUCHARD (1935)
    Note : 17/20
    Méprisé pour son millimétrage excessif, "The Informer" rejoint les productions froides dont la fuite en avant du protagoniste est annoncée d'entrée de jeu. On a vite les pattes coupées et on se sent couvert de poussière après cette affiche "wanted" voletant à ras du sol... C'est beau à l'écran, on passe de la noirceur au clair-obscur, et on va jusqu'à l'illumination quand les dames apparaissent. Pour ce qui est du fond, on voudrait croire que ce type est "un indicateur" acheté par la police, qu'il n'a pas le choix...Voir sous tous les angles la gueule patibulaire de Gypo fascine et horrifie... Vaurien, loser... déchet de la société, exclu parce que vraiment trop c..., et pourtant osant monter encore d'un cran comme si c'était devenu réflexe... En plein le "p... de plomb" de notre quotidien économico-financier ! Bassesse, irresponsabilité, le règne du grand n'importe quoi, revers des économies folles, l'exemple venant du dessus... Echo certain en 2013 ! Avec extrapolation de "l'organisation secrète" à la mafia, chaque régression humaine vomissant les mêmes monstres... La femme entre objet et icône, l'affamé, l'apatride, le bureaucrate borné, le trafiquant d'armes, le psychopathe... Voilà à quoi fait réfléchir ce film qui, sans sa dernière séquence, serait parfaitement sinistre.
  • LA MAISON DU DIABLE (1963)
    Note : 19/20
    On retient son souffle plus d'une fois dans cette maison archi hantée avec cette femme qui entend des voix et cette autre frôlant le saphisme ne serait-ce sa peur bleue qui la rend si petite fille... Une histoire à vous faire préférer cent fois les ascenseurs aux escaliers ! La voix-off empoigne dès les premiers plans et passe le relais aux personnages tous suspects dans leur genre, qu'on ne lâche plus. Une bonne histoire, dans le genre suspense hitchcockien en beaucoup plus fantastique. Film de 1963, une valeur sûre en dvd. L'ensemble est encore remarquable à tous points de vue en 2011 !
  • LES NUITS BLANCHES (1957)
    Note : 18/20
    Blondinette sans doute étrangère qui pleure un amour enfui : il souhaiterait la consoler, tout comme il parle à ce chien errant... Maria Schell (qu'on croirait contemporaine), émotive comme une fillette sautant à la corde, ferait danser et rire sans raison en sortant de la salle si ce manteau tombé sur la neige ne laissait en suspens la question de savoir qui sera le plus aimé. Une intrigue étirée, mais sur le mode intimiste, on nage dans le gris... Ce film, boudé à sa sortie, rappellerait assez les ambiances slaves qui se révèlent en catimini... Patience... De petites touches toujours productives qui font qu'on laisse Visconti se rapprocher, descendre sur les visages de ses acteurs. Aucun mal à s'identifier au trouble qu'ils affichent. Voici du Dostoïevski transplanté dans un faubourg italien de carton-pâte. Des villageois bien planqués derrière leurs murs, la misère au ras des cours d'eau, quelques espaces de rencontres. De cachotteries en confidences, arrive une éclaircie de taille : la séance de rock suivie d'un slow tout aussi envoûtant, le tout fracassé par deux volets bruyamment ouverts. Promenade en barque. Retour case départ. Sans doute avons-nous rêvé ? .
  • NUAGES FLOTTANTS (1955)
    Note : 18/20
    Comme elle a une tête de chien fidèle à mauvais maître, cette silhouette échouée, comme embarrassée d'elle-même. Quant à l'heureux élu, c'est le genre tombeur malgré lui qu'on pressent sur une longueur d'ondes différente. Il est beau, le bougre. Cela donne un étrange duo en perpétuel décalage dans leurs marches clandestines sur des chemins déserts, chacun amoché par la guerre à sa façon. Drôle de préambule, et pourtant on consent à s'abîmer dans ce noir et blanc à l'issue prévisible. Car ils sont au bout du rouleau d'une certaine manière tous, l'épouse légitime tout aussi lugubre que nos deux tourtereaux du temps jadis. Toutes les entrevues commencent par le soleil et finissent dans l'impasse. Mais voilà, on tient le coup grâce aux images peut-être plus parlantes que les quelques paroles implacables... Le plus fort de l'obstination la plus insensée, la plus morbide qui soit, est que le bel inaccessible ramollit, tout ne lui étant pas aussi dû qu'il le croyait... Poignante conclusion que ce flash-back de jeune fille toute printanière qui parvient à effacer l'impression détestable de la maîtresse terne, sans ressort de séduction autre que le suicide à deux. Ce peut être vu encore aujourd'hui en 2012 comme un portrait de Japonaise ordinaire obligée de faire dans le dénuement le plus complet, avec passage par la case prostitution, tout en vénérant un abruti. "Courte est la vie des fleurs, infinie leurs douleurs", conclut Mikio Naruse en droit fil de l'oeuvre de la romancière nipponne dont il s'est inspiré.
  • LA MAISON DE BAMBOU (1955)
    Note : 17/20
    Voilà un film en adéquation avec le stress économico-financier que nous vivons, cette agressivité au quart de tour... Fuller a vécu la guerre plus d'une fois et dans sa chair, il sait l'illustrer en autant de plans vertigineux qui captivent. Aucun ennui à suivre ce polar tourné au Japon dans les fifties. Déjà la soudaineté du règlement de compte, ce train qui s'arrête crée la stupeur nécessaire... Peu après une danse qui fait presque frivole. Une mafia avec son caractériel chef hystérique. Drame, amusement. On en a pour son argent... Superbe picturalement dans sa version cinémascope et pourtant méconnu... Remarquables intérieurs japonais désormais familiers en occident (à croire que rien dans leur design et leurs coloris n'a changé depuis le tournage de ce film). Encore et toujours des combats d'une violence qui fait si authentique qu'on plaint les acteurs ! Et puis cette ultime séquence sur le monument tournant (des décors naturels faisant penser au gigantisme d'Orson Welles). Cela se veut sérieux sur le fond. Du fait de la férocité sous-jacente, le rire peut s'inviter. La raclée à chaque réunion à l'écran devenir "gag"... T'es pas d'accord avec moi je te cogne, la manière primitive de se dire bonjour, réflexe plus que méchanceté (au contraire de celle qui sourd chez Kitano par exemple). Le personnage d'Eddie Spanier (Robert Stack plus ferme que dans "Les incorruptibles") et la belle Mariko (au minois plus eurasien que japonais) sont les civilisés de service. Un rideau tiré le soir entre leurs couchages les interdit de fréquentation, quoique (la scène du bain !)... A eux deux le symbole du fossé entre culture occidentale ascendante et féodalité nipponne d'alors (1955). Le propos universel supporte la transposition. Suffit d'avoir le coeur bien accroché. Les amateurs de vidéo-castagne de 2013 devraient même être à leur affaire.
  • LES GENS DU VOYAGE (1938)
    Note : 18/20
    Long défilé de roulottes se déroulant de nuit d'un village à l'autre où tout bon sportif peut pénétrer par la porte arrière ! La grande famille du cirque présentée comme la longue caravane d'un western. On sent tout de suite ce qu'on appelle "une bonne histoire". Ces artistes vite endormis ou réveillés à la seconde si nécessaire ont peu de temps à eux : on devine vite les attirances comme les haines recuites que favorise la concentration humaine mobilisée 24 h sur 24 autour d'un objectif obligatoire relancé par un leader qui récompense ou secoue les puces. Présence centrale de Françoise Rosay, épouse de Jacques Feyder, aussi magistrale sans doublure avec ses fauves que bouleversante dans les choix à assumer. Ces ribouldingues du spectacle ont comme tout le monde vie de famille, grossesses, joies, accidents, autant de scènes aux dialogues millimétrés, réserve faite de quelques bribes antiques côté diction et choix de vocabulaire de la part du fiston (Fabien Loris). Une affection rude peut virer à l'attendrissement véritable, les coups être rendus au centuple, rien ne doit venir contrecarrer le numéro du soir. Remarquable peste que la petite Yvonne (admirable Louise Carletti !). Est traité, le dilemme des parents d'avant la contraception, le père malgré lui (André Brule très convaincant d'ambiguïté), la toute jeune mère déboussolée et, courageusement pour l'époque (1938), la mère-célibataire ! C'est trépidant à souhait et plein de profondeur, le scandale risquant de compromettre le gagne-pain planant toujours. Un grand classique !
  • LA PENICHE DU BONHEUR (1958)
    Note : 17/20
    Divertissement tout à fait respectable en v.o. (1958) renforcé par l'humour rentré et grinçant qui va si bien à Cary Grant. Cette fois en veuf tout frais courtisé par une blonde belle-soeur insatisfaite et s'estimant première sur la liste de ce "charmé, indécis, échaudé par le mariage". Du côté des enfants dès l'introduction la distance est prise aussi par rapport à la logique, les trois petits flanqués d'un père maladroit doivent ruser et désespèrent. Délicieux chant italien en décapotable, retraite dans une improbable péniche à rénover, la très mate Cinzia (Sofia Loren) se pose là mais doit ménager ses effets. Film dont on retiendra le coup du verre en pleine poire ou le coup de sang avec lancer de chaussures. C'est truffé de gags, tendre et enlevé, à grands renforts de prévenances et de cruautés pour repousser l'attente. Au moment où ça déménage bien entre péniche et extérieur (volonté de l'éclairagiste ?), nuit et jour se confondent à l'image, il fait clair tout le temps !
  • FREAKS LA MONSTRUEUSE PARADE (1932)
    Note : 19/20
    Vu le film à l'adolescence à la télé (du mal à le regarder à l'époque) et revu (en v.o. sur dvd) en 2007, beaucoup mieux assumé, et encore, l'idéal serait de le visionner en compagnie d'au moins un(e) handicapé(e) moteur ayant "toute sa tête" comme ceux de ce film. Car ce qui rebute c'est bien le fait qu'ils peuvent être, en plus, amochés côté cerveau, ou au moins "simplets", on a aussitôt un minimum de recul... Ici, malgré les rires francs de moquerie, impitoyables, bien des aspects de la question du handicap sont adoucis (réelle tendresse du cinéaste dirigeant ses acteurs, qui n'ont pas l'air malheureux, et ne surjouent pas pour autant). Ces deux lilliputiens encadrant toute l'action, ont l'air d'enfants (gracieux, ils rappellent le couple du film "Le Tambour" pas si lointain...) Le monstrueux qu'on renferme en soi est mis à mal, mais dans une limite supportable finalement, les "monstres" étant intelligents, malins, solidaires, capables de cruauté à leur tour... et même si l'image finale est envoyée comme un dernier coup de poing aux supposés normaux (il faut bien enfoncer le clou !). J'ai beaucoup beaucoup aimé ce regard sans complaisance du cinéaste. Aujourd'hui, imaginons des cirques ambulants pour tous les éclopés de la vie, avec encouragement à rire pour le public richissime en face, il est permis de rêver une seconde à une mondialisation où chacun trouve son créneau.
  • DE MAYERLING A SARAJEVO (1939)
    Note : 18/20
    Le titre compare le sort à Sarajevo du couple épris de François-Ferdinand et Sophie Chotek avec le spectre de l'ascendant, cet archiduc Rodolphe héritier direct qui se suicida à Mayerling en compagnie d'une... jeune complice de lit. Malédiction familiale présumée. Avant d'en venir au rendez-vous (réputé à l'origine de la seconde guerre), Ophüls déploie les préparatifs à toute manifestation officielle, immortalise le couple Edwige Feuillère/John Lodge. Le "rien que neveu" et l'empereur qui règne campent le choc conservatisme et démocratie, ennemis héréditaires... Seule la mère du jeune homme concède, forte de sa liberté de vieille originale, d'autant que sa future bru lui plaît. C'est palpitant à suivre (et toujours tellement vrai ce genre de considérations entre régulières de naissance et illégitimes patentées en 2012 !). Un vrai remue-ménage précède chaque scène qui va compter tandis que se tisse le lien "morganatique", un barbarisme qui fait déchoir les descendants. Il y a bien un peu la poussière des ans dans les démonstrations affectives (la scène du train), un son frôlant les abonnés absents aussi à certains endroits du dvd. Entre la joute de principe du début, les voitures dans la foule plusieurs fois et ce travelling bras-dessus/bras dessous, véritable salut d'acrobates, le spectateur est gâté. Le film commencé en 1939 connut une interruption pour cause de guerre pour de vrai. Le tournage reprit vaille que vaille en 1940... Outre montrer que sentiments personnels et affaires d'un pays répondent à des injonctions particulières, c'est une toujours ardente défense de la sincérité dans le marigot politique !
  • JOUR DE COLERE (1943)
    Note : 18/20
    l'austérité ambiante rapppelle les premiers Bergman, la manière de "sonder" la jeune femme aussi, elle ferait assez années soixante avec sa chevelure échappant des bandeaux, cette souplesse d'allure plus elle se décontracte, c'est sûrement la plus humaine du lot. Bon point pour les tenues vestimentaires, en particulier le grand col du pasteur... Assez vite, on assiste à la description détaillée d'une moyenâgeuse hérésie : supplice, cérémonial, choeurs d'enfants (1623, ça correspondrait à Louis XIII et Richelieu, Molière aussi, chez nous)... Ce pasteur danois est rongé par un caprice bien humain, ça le rendrait plutôt sympathique si l'on ne pénétrait dans l'intériorité de cet obsédé du péché, sur lequel la mère veille furieusement, aux côtés d'une jolie épouse plus jeune que le fiston en visite, issu d'une première union... C'est plein de symboles picturaux ou sonores. Du grand art, que ce soient les prises de vue en intérieur, ou les échappées en extérieur, ces dernières étant parfois un peu plus riantes. Subtils jeux d'ombre et de lumière,la caméra suit les intervenants à la trace, avec une préférence pour les visages, le point de mire restant ces jeunes yeux féminins hérités d'une génitrice posant question... A voir ou revoir en version originale. Et à conseiller aux jeunes ingénues de nos mâles sociétés actuelles, promptes à dire la vérité, toute la vérité, parfois le vague a son charme.
  • TERRAIN VAGUE (1960)
    Note : 16/20
    Découvert en vidéocassette. Bien se remémorer les sixties en France, où la Nouvelle Vague commençait à balbutier... La majorité encore bien cantonnée au conservatisme de la pensée ! Les cinéastes classiques restaient prudents pour figurer "les bandes de jeunes", cette inquiétude perpétuelle des sociétés industrialisées : à l'époque, des groupes perturbants le temps que l'âge les range en les obligeant à "gagner leur croûte" par eux-mêmes plutôt que de demander de l'argent de poche, autrement dit "du fric", d'un air bravache... Commencement des HLM sans âme. On a repeuplé la France... Il y avait vertige pour les rejetons issus des rebâtisseurs avant tout matérialistes de l'après-guerre. Ce film rappelle d'entrée de jeu l'atmosphère de "La Fureur de Vivre" de Nicholas Ray avec James Dean, au pur contexte américain du nord) : hormis ce lien de parenté évident ajouté à l'horreur du vide commun, c'est la France de De Gaulle à plein nez ici : grincement du paternalisme hexagonal, la mère disant au fils de demander à son père s'il a droit au fromage, le père nourricier plongé dans son journal, mais qui seul autorise fiston à sortir après dîner... J'ai bien aimé le traitement qu'en fait Marcel Carné (d'après un ouvrage littéraire). Ces jeunes acteurs "se la jouent" comme on dirait maintenant, avec leur parler désuet, "bath" et autres termes poussiéreux, remplacés par le langage tribal de 2009... Charmant de suivre la coriace Danièla, chef de bande ou vitrine commode ? Son tir de carabine "en jette", mais un mâle affirmé est tellement plus simple à suivre. Le sort fait au jeune Babar, novice enflammé souligne la lubie d'absolu de l'âge adolescent... Une musique désagréable, comme souvent dans les films des années soixante, on a fait mieux depuis... Photo noir et blanc efficace (Claude Renoir), le décor des clapiers de banlieue que trop vrai. J'ai passé un bon moment.
  • ATLANTIC CITY (1980)
    Note : 17/20
    Le synopsis annonce une intrusion dans les dessous d'une ville défigurée. On se dit que le vieux beau qui fricote et traficote (Burt Lancaster) croisant la jeune paumée qui frime sur la bonne vieille France (Susan Sarandon) va barber, les seventies ayant mordu la poussière... Or, miracle, une fois dépassé l'hommage douteux, les détails en terre dénaturée s'avèrent croustillants, quoique parfois lents à se déployer. N'empêche, démangent l'envie de se masser les pieds, d'observer avant d'engager sa curiosité sans possibilité de repli, de puiser chez l'individu lambda le plus déchu, le plus malmené, l'adaptabilité qui sauve de la déchéance. Enfin, tant que peut se projeter une vie rêvée ailleurs dans ses conversations. Surtout bien se positionner sinon... Le film s'en tiendrait au bercement d'illusions seventies foudroyé par la délinquance prédatrice si le bonus n'invitait à regarder à la loupe Atlantic City (personnage central), ce prototype urbain qui, depuis, semble répandu comme traînée de poudre. Il serait parti d'un projet de loi d'abord rejeté, puis approuvé six ans plus tard... Resorts International en aurait émergé en 1978, premier Casino de l'ex-station thermale suivi d'autres industries à ras de plage qui ramenèrent le tourisme, ce magma avide de tous les jeux possibles.
  • CRIA CUERVOS (1976)
    Note : 19/20
    redécouvert en vidéocassette (v.o.) en novembre 2007. Avec presque autant de saisissement qu'à sa sortie sur grand écran. A posteriori, on voit encore mieux les deux discours en un seul, mixture savamment remuée pour que la censure n'y voie que du feu : film réalisé sous le régime de Franco quelques mois avant sa fin. Chansonnettes refuges, ça ne rigole pas pourtant, la scène se passe chez un militaire, tout un protocole qui va de soi... A force égale, une étude post-traumatique : zoom sur trois fillettes après la perte de leurs parents à très peu de distance. Survivre à pareil désastre si jeunes... D'office on est avec elles. La cadette accroche d'emblée par le troublant monde intérieur qu'elle s'est forgé, yeux noirs adultes avant l'heure et silhouette de jeune chat farouchement indépendant (prodigieuse petite Anna Torrent). Une oeuvre qui ne prend pas une ride, même la mode vestimentaire, jupes plissées très sages et chaussettes noires de l'uniforme pourraient dater d'aujourd'hui ! Carlos Saura fut récompensé en 1976, mais mériterait bien une nouvelle reconnaissance pour ce film, il n'est jamais trop tard. Une technique déjà très au point, le sens de la narration, une alternance de grave et de léger, mais toujours sa révolte contre le pouvoir arbitraire, il s'attarde sur les affres du protocole, la souffrance qui couve sous les mascarades au quotidien. Il ose montrer en particulier combien l'adulte le plus aimant se sert de son rejeton dans certaines tensions qui le dépassent, comme lors de la promenade au bois, ce coup de grâce qu'est le baiser... Autre scène sidérante : la mère gémissant sur son lit (Géraldine Chaplin) égarée par la douleur et qui "ne prend plus de gants". Monstruosité de ce père égoïste, macho délibéré, peu soucieux du malheur des siens. Un peu plus tard, esquive de la tante lors de confidences des fillettes près de la baignoire. Aucune violence insupportable néanmoins, la curiosité du spectateur est piquée, mais espère, grâce à cette voix off, l'assurance que le dénouement ramène du côté de la vie... A propager largement.
  • LA CEREMONIE (1971)
    Note : 14/20
    vu en v.o. sous-titrée français et anglais (Festival 2007 des Trois Continents Nantes). Un quart de siècle d'Histoire à travers les nombreux rituels d'une famille japonaise. On commence par suivre un jeune couple adulte attaché par la connaissance réciproque, constatons qu'ils peinent à se rendre sur une île après la nouvelle d'un suicide. S'imbrique ensuite le récit de l'homme (Masuo enfant), depuis son arrivée en 1947 de la Mandchourie vaincue au Japon victorieux. C'était un petit garçon posé, pris en charge par le patriarche et ses adeptes, auxquels s'ajoutent, plus surprenant, quelques jeunes audacieux osant la défiance : cousins s'adonnant au flirt (le tournage date de 1971). Il y a aussi cette tante, d'abord équivoque, et qui embellit, devient fascinante, posée en quasi-rivale de la petite cousine Ritsuko... On observe que Masuo adulte a changé de caractère, il est devenu l'indécision personnifiée. On se demande aussi ce que veut dire le base-ball abandonné, repris, au fil des suicides successifs, ou l'appendicite, qui donne une noce à mariée invisible. Le symbole du bébé enterré vivant en dit long. Un enchevêtrement de désirs de mort et de tentatives d'union. Remarquable passage érotique, amené de façon qu'on retienne son souffle. Une oeuvre d'emblée ardue pour nous autres occidentaux. La féodalité japonaise, pesante par son archaïsme, est égratignée par la nouvelle génération. Les quelques débordements dans la boisson de tout ce joli monde font oublier un instant l'enfermement dans les doctrines. Une femme d'un certain âge rit beaucoup aussi, ça atténue l'austérité qui pourrait gagner... J'ai trouvé la musique effroyable de bout en bout, elle passe bien en sourdine. Non-stop, une lumière qu'on dirait veloutée, avec cette caméra s'approchant en douceur sur ce qu'il faut mettre en exergue... Couleur générale exceptionnelle (chocolat plus que sépia). A voir à titre de curiosité mais plutôt réservé aux fans d'Oshima.
  • L'AVVENTURA (1960)
    Note : 18/20
    Découvert en dvd sur mars 2009 en v.o. Une peinture de moeurs italiennes à travers des histoires de couples croisées, desquelles il ressort une infinité d'angles offerts à la réflexion du spectateur. La photographie d'abord, en noir et blanc, particulièrement élaborée, d'un esthétisme constant mais jamais gratuit, chaque plan de la caméra soulignant le désir de co-dépendance sans cesse contrecarré par l'envie d'être soi-même, ce piège qu'est le besoin de séduire. Tous sont majoritairement des nantis un peu pourris par la facilité matérielle, sauf Claudia (Monica Vitti) censée apporter une note plus généreuse : qu'elle incarne une jeune femme issue d'un milieu populaire est imperceptible, tout aussi racée, élégante, et même plus à l'aise que celle qui l'invite, Anna (Léa Massari), une maniaque du cache-cache. L'angoisse monte dans l'île où ils sont partis canoter, que de points d'interrogation ! On nage dans ce que Beauvoir commença à nommer "le malentendu entre les sexes". Antonioni tâche de "franchir le seuil de l'alcôve", direction la félicité à deux. Prône l'oubli pour avancer et ne rien regretter. Il sonde le mystère féminin comme rarement au cinéma, que ce soit l'absence à l'autre (en sa présence pourtant) qui débouche sur la disparition... Ou le poids des regards mâles permanent qui fait de toute jolie femme sans homme une proie... Point culminant du film : l'attente du partenaire, ces petits gestes affolés, la terreur d'une fin. L'Avventura, c'est l'âme féminine doucement démasquée (on sent l'amour porté par le cinéaste à Monica Vitti) : ce qui fait qu'on lui pardonne de faire de ses acteurs mâles des gros chats en quête perpétuelle de souris ou presque.
  • L'EMPIRE DES SENS (1976)
    Note : 16/20
    Vu dans sa version originale avec sous-titres français en novembre 2007 (Festival des Trois Continents).Le regard sur les choses du sexe commence innocemment, de la joie dans l'air, tous les personnages voient d'un oeil naturel les plaisirs charnels, chacun à des degrés divers, tout semble permis dans cette bonne maison... Le patron et une de ses employées, tous deux mariés, se plaisent, il semblerait possible de composer avec cette excitante situation. Voici une escalade peu banale, inspirée d'une histoire vraie survenue en 1936... Oshima serait homosexuel, ce qui expliquerait sa volonté de rendre de plus en plus attachant l'homme dans cette histoire, attendrissant par son côté "viveur", tolérant avec sa maisonnée, il a une bonne tête en plus d'un corps désirable, donc on marche à fond. Moins "névrosable" que sa partenaire, sexy et encore bien jeunette... Situé parfois à la frontière du torride et de l'obscène, mais sans jamais fermer les yeux ou quitter la salle. Chaque scène est composée avec beaucoup de soin. Loin du côté clinique de Catherine Breillat, rien à voir avec un autre érotique comme "La Vie Secrète de Madame Yoshino" de Masaru Konuma (1976) tout aussi "chaud" mais où l'homme est physiquement sans attrait (film massacré par la censure japonaise, alors que celui-ci devrait beaucoup à la protection de la Fance). Tout un art que de côtoyer le plaisir véritable. Pourtant à cent lieues d'un porno pour se mettre en jambes, c'est autre chose, les mouches volent dans la salle... Car il y a de la poésie, de l'humour dans le huis-clos où le saké coule, la crainte monte en même temps que ces jeux malicieux. Image ultime du couple se promenant encore euphorique sous la pluie... Et après c'est la descente, un bien mauvais trip. Le plus émoustillant aura bien été cette montée en puissance de l'intrigue, des raffinements qui peuvent alimenter tout couple en mal d'invention. Mais après, le spectateur est renvoyé aux affres de toute possession mal maîtrisée. On est au Japon, pays où la monstruosité est bannie et parfois vénérée en même temps... Certes, on a son compte de coïts où Sada se pâme à grand fracas, au contraire de Kichizo d'un silence admirable... Mais comme c'est amené avec une totale maîtrise, spectateurs et spectatrices sont retournés mais se rassurent : il s'agissait bien d'un fait divers, une situation rarissime. Réservé aux initiés.
  • L'INHUMAINE (1924)
    Note : 18/20
    Une curiosité que cette "féérie" muette datant de 1924, oeuvre réchappée d'un naufrage et qui aurait été sonorisée et colorisée en 1986 ?... L'ensemble, cet étrange graphisme à partir duquel les scènes se déclinent, avec cette touche fantastico-scientifique, tout cela mis savamment en musique. Un peu saugrenu, mais ça réjouit le spectateur, d'autant que le cinéaste capte des expressions croquignoles de l'auditoire pâmé, il y a bien ce maharadja au regard ténébreux, qui se détache du lot... C'est quand on découvre le reptile que les aperçus de laboratoire prennent sens. Le jeune homme (timoré mais au visage assez peu amène !) n'osait pas franchir l'encadrement de la porte, silhouette pathétique face à la diva usant de ses talents de cantatrice (et on se dit qu'elle est forcément richissime pour avoir autant d'indépendance même pendant les Années Folles !). Nouvelle attitude timide répétée quelque temps plus tard, la jeune paysanne passant également avec peine la porte derrière laquelle Madame s'égosille... Morale implacable : hausser les épaules et se croire à l'abri du besoin alors que le coeur est apte à chavirer peut jouer des tours, attention.
  • DOSSIER SECRET (1955)
    Note : 14/20
    Une note moyenne parce que j'ai maudit ce cadrage d'Orson Welles le magnifique, armoire à glace photographiée du dessous pour bien conditionner le spectateur, un peu lourdingue, sans doute aujourd'hui trouverait-on quelques variantes pour le même résultat ? Dommage aussi que l'acteur détaché pour les investigations et dernier de la liste soit aussi quelconque du début à la fin, ce qui oblige à faire retomber le soufflé lamentablement... Et pourtant la fille de l'amnésique a beaucoup d'éclat, son père reste une sorte d'ogre ! A part ça, le récit balade dans tous les sens, il faut patienter, on sent l'invincible mis à mal, les scènes mémorables sont bien celles autour des différents témoins avant leur suppression, et ce petit avion continuant à voler sans pilote a beaucoup de charme.
  • CITIZEN KANE (1941)
    Note : 15/20
    Pendant toute la lecture du dvd, je me suis répétée que Welles avait 25 ans lorsqu'il a tourné cette épopée. Eu du mal à accrocher à sa mégalomanie, son goût prononcé pour les châteaux, ces grandes salles sinistres ou Monsieur et Madame se chamaillent, pouah !... Et cette voix off du début déclamant la situation comme un ulcéré de son sujet (ne pouvait-il l'énoncer calmement ?). Idem pour les manoeuvres du chef opérateur illustrant le gigantisme par tous les moyens. Ce décor-là aujourd'hui ferait croire à une quelconque satire. Une fois habituée à cet univers propre à Welles, j'ai réalisé que la caméra était aussi très virtuose pour les années Quarante, et qu'il y avait de l'idée ! Bien aimé les notes romantiques, ce fameux "Rosebud" qui humanise l'ensemble... On peut se repasser quelques scènes familières franchement hilarantes, ce banquier qui émerge suite à une chute ou bien le cinéaste lui-même qui casse tout chez lui... Donc, plus on avance en besogne, à grands renforts d'effets visuels qu'on comprend mieux, plus le récit captive. Ce businessman malgré lui est donc un être humain comme vous et moi. Sûr que Citizen Kane a beaucoup compté puisqu'il visait une personnalité qui en fit un foin indescriptible... Drôle d'impact en 2008 que ce portrait d'un gamin jeté dans les affaires par Môman... "A la poussière tu retourneras"... Que les grands argentiers du vingt et unième siècle - tous confondus - en prennent de la graine !
  • LA RUE ROUGE (1945)
    Note : 19/20
    Ce film, d'une facture irréprochable si l'on excepte la patine sur le dvd (version non restaurée), serait une énième version de "La Chienne" de Renoir. Admettons pour ce qui est des principaux ingrédients. Lang se reconnaît immédiatement, à son ironie venue des tréfonds émaillée de quelques signes laconiques, au choix des acteurs évidemment aussi... L'étau s'ébauche, ce héros à voix douce vanté par son supérieur a vraiment une trop bonne tête ! Le pot de travail en introduction est écourté par la vision éclair d'une créature qui émoustille ces fonctionnaires avant de rentrer au bercail. Voici deux hommes sortant de l'entreprise, dont ce débonnaire caissier qu'une épouse acariâtre tient notoirement en tenaille. Soudain la caméra fonce sur une femme à terre au loin. De plus près, son imperméable bon marché allié à d'autres détails alertent sur ses goûts. Et c'est l'engrenage de l'homme d'office perdu pour avoir cru que "tout ce qui brille, etc."... Le spectateur croyant deviner l'issue n'a pas fini d'être baladé entre la grande bringue et son comparse tout aussi coloré. Bassesses de la chair et argent-roi, le vertige fatal... Cette oeuvre ciselée de 1945 est pur délice en 2012 !
  • LE PETIT GARÇON (1969)
    Note : 18/20
    déjà vu des bribes télévisées, mais réellement découvert en v.o. au Festival des Trois Continents en novembre 2007 : petit inconvénient, les sous-titres français très rapides et en vert, sont une épreuve de lecture, pour cause de couleur générale très claire... L'image, bleutée sur le chaos final, oscille entre rose et violine, la couleur s'intensifie lors des embellies, prudence, c'est une fausse vie en rose... Faire semblant d'être renversé par les automobiles : les temps sont durs, donc deux adultes décrètent que c'est un jeu à retenir, l'aîné des fils peut bien prendre la relève de la mère... Le fait que deux enfants tiennent la vedette dans ce film lui confère un charme exceptionnel (pas une ride en 2007 !). Car ils sont dirigés de main de maître, leur naturel prévaut (le petit frère qui répète ce que le plus grand, âgé de 10 ans, lui enseigne (tous deux en gros plans), l'univers qu'ils se forgent ensemble afin d'échapper à l'absurdité des deux parents sans les quitter, il faut bien inventer un monde pour "tenir" en attendant des jours meilleurs. Poignantes petites têtes redressées qui ripostent, ou scrutent les violences parentales, se blindent, sages, responsables jusqu'à protéger le bastion familial une fois assiégé. Les scènes finales, le visage figé de l'automobiliste, le petit qui trotte, cette botte rouge récupérée, en quelques secondes, une série d'émotions inoubliable ! Pertinent regard sur l'enfance par un cinéaste ayant perdu son père à l'âge de six ans, on sent la volonté de montrer que l'être humain, si nécessaire tout jeune, peut s'arranger de circonstances extrêmes par pur instinct de conservation.
  • ANIKI-BOBO (1942)
    Note : 18/20
    Découvert en 2008 cette charmante vidéocassette v.o., certes du noir et blanc, mais c'est un perpétuel clair-obscur dont on ne souffre pas une seconde. Ombres et lumière alternent dans cet été portugais, l'image est un raffinement constant et la caméra offre toutes sortes d'angles : la baignade à même le port, les galopades dans les ruelles avec ces matrones ébahies, les hauteurs d'où on nargue le tortillard, on court au rythme de ces galopins en ébullition... Un conte réaliste ? Le style suggère à la fois les films italiens de l'après-guerre ou les tire-larmes espagnols avec Joselito. Sauf que c'est encore plus profond, plein de gags audacieux, aucune ride pour ce qui est du message éducatif, je pense à l'évolution des personnages du couturier ou de l'instituteur : face aux erreurs juvéniles, éduquer de bonne heure paierait plus que réprimer... Des gosses singeant leur entourage sans le savoir. Ils ont une conscience s'ils dérapent, réclament d'être démasqués, aucune bondieuserie cependant... Manoel de Oliveira préfère montrer l'apprentissage en forçant le trait sans que ce soit jamais surjoué (cette manie de s'étaler du plus petit par exemple, la trotte périlleuse sur les toits ou bien le faux-pas décisif).La fillette, petit elfe dans sa robe d'été, la reine parmi les garçons, campe toute l'ambivalence féminine, désir d'hommages, ralliement au groupe majoritaire en cas de pépin, confidence rapide à l'adulte, avec toutefois la capacité à ressentir les mérites de l'un ou l'autre de ses prétendants.Un ensemble très tonique pour parents qui se respectent et enfants espiègles ! Si seulement ce petit bijou intemporel revenait à la surface en ces temps troublés !
  • QUAND PASSENT LES CIGOGNES (1957)
    Note : 18/20
    "Quand passent les grues" littéralement, mais ce mot aurait fait tache en sous-titre français... Amour et guerre : les astuces du cinéma russe pour être sûr d'être tranquille, car il était encore périlleux en 1957 sous Khroutchev et sa soi-disant "destalinisation", de se risquer hors des balises... L'actrice Tatiana Somoilova, jolie frimousse slave, silhouette pleine de promesses, crève l'écran par les pressentiments qui émanent de sa personne. Etonnant comme son Boris et elle se frôlent plus qu'ils ne se tiennent, il doit faire son devoir ("volontaire" ou "désigné", je me le demande encore), elle court beaucoup vers lui une fois qu'il a monté son escalier, elle questionne "et moi dans tout ça" ?... Contrairement aux fréquents résumés du film, je trouve qu'elle subit ensuite les assauts du pressant cousin Marc plus pour éviter le scandale, bien davantage que par faiblesse. Sa mine révèle qu'elle est complètement défaite après le premier bombardement. Sentiments piétinés par cette soudaine violence qui déferle... C'est beau et ça fait pleurer plus ça avance, on est renseigné sur ce qu'une guerre chavire dans le quotidien des populations. Mikhaïl Kalatozov montre bien que, sous tout régime, aussi dur soit-il, on perd pied jusqu'à devenir l'ombre de soi-même dans certains cas. Quand le sort frappe trop dur, mieux vaut s'occuper à aider les rescapés en attendant que ça se passe... Techniquement, c'est un noir et blanc d'une netteté parfaite, la caméra est virevoltante pour l'époque, la musique peut vriller les tympans dans les crises traversées, on sait pourquoi... Mais c'est surtout ce couple promis, d'emblée trop enclin à louvoyer qui maintient l'intérêt du spectateur... Issue confondante, simultanément liesse + détresse dans les fleurs, léger sourire, on sent le bon côté du collectivisme... Silence sur le pacte germano-soviétique, on marche dans la boue sous la mitraille, mais rien ne peut faire qu'on identifie l'ennemi une seule fois. Accent mis sur le courage collectif du peuple russe... L'avenir se tient tout entier dans le personnage de Veronica. Ce film multiprimé, qui m'avait fortement impressionnée quand j'avais quatorze ans par l'émotion qu'il dégage, trouve le moyen d'encore bien me remuer au-delà de cinquante !
  • LES GENS DE DUBLIN (1987)
    Note : 17/20
    Découvert en v.o. dvd décembre 2007. Le long commentaire de Michel Ciment en prime est précieux : ainsi, John Huston octogénaire très malade, tournait avec tuyaux et oxygène sur le plateau, rien d'étonnant que tout, ou presque, se soit déroulé dans cette grande maison ! D'emblée, l'histoire (librement adaptée d'un roman irlandais) pourrait rebuter : entrons dans un intérieur de la bonne société irlandaise de 1904 où une petite communauté a l'habitude de se retrouver chaque début d'année. Présentations très "soft" ambiance presque piano-bar de ce temps-là... politesses, petites gênes vite réprimées par l'humour mais avec une pointe d'agacement... Quelques retardataires, vite, la principale maîtresse des lieux demande un peu d'animation en attendant que l'oie rôtisse : un couple danse parmi d'autres en causant fort comme s'ils étaient seuls, un poème est déclamé, une chansonnette amène l'émotion, tandis que la caméra serpente dans l'escalier jusqu'aux manteaux à l'étage, station sur les bibelots de ces dames, pas un gramme de poussière... Redescendons à table, où les conversations deviennent de plus en plus animées, parfois piquantes... C'est déjà l'heure de flamber le pudding, avec un dernier petit verre... Fort bien, que va t-il pouvoir arriver de plus croustillant puisque tous ces braves gens sont sur le perron à prendre congé ? Que fait Gretta (Angelica Huston) en statue sur les marches alors que son mari l'attend ?... Il m'a fallu visionner deux fois pour réaliser que le chant venait bien de l'étage... Pour terminer, une petite balade en calèche vers l'hôtel, magnifiques images de ce cheval longeant la rivière dans la nuit après la neige (que de patience ce cinéaste demande !)... Huis-clos sur deux solitudes face à face, la minute de vérité.
  • LA CHASSE AUX PAPILLONS (1992)
    Note : 14/20
    D'un style apparenté à Tati, en plus foisonnant. Il est permis d'être d'emblée désarçonné d'entendre la langue de Molière et de la lire sur les bouches, car majoritairement acteurs français... Je m'attendais à une v.o. géorgienne sous-titrée, déception donc... Heureusement, il y aura ensuite un pan soviétique, non traduit mais très expressif, en droit fil du cinéma muet de l'est. Donc, cela se trame entre Moscou et le centre de la France. Bizarre mais agréable somme toute, très animé, avec quelques bons mots, des étincelles culottées même, mixées à une forme d'anachronisme destabilisant. A retenir, une remarquable scène musicale, des choeurs au milieu de perruches et perroquets qui ajoutent leurs trilles... Chants, danses, messes, obsèques, banquets générant l'affluence, satire de la vénération mortuaire aux intérêts sous-jacents (valable sous toutes latitudes), un religieux aux allures de fonctionnaire bon vivant. Au quotidien, on souffle dans des cuivres pour se défouler et le château entier se brade, avec une suspicion vite désarmorcée... En fait, l'idéal serait de voir ce film un peu allumé par un bon verre de gnôle, histoire de privilégier l'aspect anecdotique sans se poser de question sur la finalité... Outre les Enfants de Dieu qui s'ébrouent là ou ailleurs, sont également à l'honneur les belles vieilles guimbardes et le vélo, une incitation à faire en sorte que le sang circule dans les veines : slaves, franchouillards ou japonais défilent, chacun imprimant sa marque. Otar Iosseliani dit adieu à un monde d'iconoclastes révolu, en y glissant déjà (1992) le spectre de la mondialisation.
  • LES FRAISES SAUVAGES (1957)
    Note : 16/20
    Vu en 2007 à la télé (dans une version française supportable)... On ne s'ennuie pas une seconde en compagnie de ce vieil observateur voyageant dans ses pensées. L'image, en noir et blanc est très soignée, formidablement bien cadrée, c'est un plaisir de tous les instants, j'ai été constamment sous le charme de la lumière d'été (dans les cheveux des personnages, elle semble les éclairer de l'intérieur). Il est permis de se demander si Bergman ne s'est pas inventé un paradis terrestre où se plonger en cas de besoin, de manière à gommer une enfance assombrie par l'austérité paternelle. Curieux va-et-vient entre passé et présent, entre réalité et onirisme. Il y a un franc-parler entre les personnages qui se disent des vacheries puis se rattrapent (la belle-fille au début, souriante mais soudain peu amène, en voiture avec Isak). Une manière de masquer l'affection, cette froideur, ce ton bourru, toutes ces esquives, que ce soit la vieille bonne plus dévouée qu'une épouse et qui se défend, ou le fils qu'on croirait à deux doigts de laisser la future mère. Cet intrusion familiale porte à réfléchir à la solitude humaine, aux points de convergence toujours possibles malgré les obstacles. Un Bergman bien réconfortant.
  • LA FLIBUSTIERE DES ANTILLES (1950)
    Note : 16/20
    Très divertissante (si en v.o. car je n'ose imaginer le doublage maniéré de l'époque), cette histoire de pirates obéissants à une femme inflexible sauf sur un point (quelle idée aussi d'essayer cette satanée robe !). Le beau jeune traître embarqué, plutôt que de passer par-dessus bord, a le malheur de tenter un ralliement à la tigresse : on a l'impression de lire un illustré des années cinquante. Pour les enfants très éveillés en anglais et à la lecture à partir de 10 ans et tout autant pour les adultes avides de joutes aimables agrémentées de mutineries et de sagesse doctorale sur fond de caravelles, c'est tout à fait plaisant à suivre et la morale reste, bien entendu, on ne peut plus sauve !
  • MAX ET LES FERRAILLEURS (1970)
    Note : 19/20
    Polar noir et psy a priori de facture "has been", d'intérêt moindre tant les années soixante dix passent pour ringardes, révoltantes de laxisme. avec leur utopie post-soixante huitarde. Trop linéaire, trop poussiéreux ?... J'ai été agréablement surprise ! Point n'est besoin de louer la technique, les effets de caméra car le réalisateur avance dans la fluidité, laissant le spectateur se délecter des dialogues, que germe sa petite idée sur ce qu'une fantaisie de police peut avoir comme répercussion sur des malfrats par l'intermédiaire d'une femme. Pour autant, si l'on se doute que l'une des deux têtes d'affiches va "dérouiller", impossible de deviner à quel point ce sera gratiné. On accroche parce que c'est incroyablement familier, universel, avec ce formidable recul pris par rapport aux situations, la passion de décrire le sordide pour en extraire la face cachée, ce je ne sais quoi sous la dureté de façade. Ainsi, c'était la débrouille déjà en ce temps-là pour certains, une misère parfois organisée, sans commune mesure avec le chômage de masse qui déferla depuis. Michel Piccoli et Romy Schneider sont non seulement très sexy, mais particulièrement touchants dans leur cheminement de faux-durs... Mais non, ils ne font pas démodés, au contraire ! Et tandis que les lieux accrochent, cette banlieue parisienne aujourd'hui en miettes, la voix-off plaquée des ferrailleurs en action aux flics par d'efficaces travellings fait qu'on ne lâche aucun des personnages secondaires. C'est profond, généreux et jamais larmoyant (cet art de considérer la prostitution indépendante, de quoi elle résulte et ce qu'elle apporte de bien au plan de l'insertion dans un groupe social). Même quand la trahison arrive par paliers jusqu'à l'explosion, s'ensuivent des rebondissements pour qu'on en ait pour son argent... Le regard de Claude Sautet, outre des décors précis qui marquent la mémoire, traite une intrigue tarabiscotée, sans omettre la vacherie du destin. C'est d'une grande maturité sur les travers humains et prendrait presque du galon en 2013 !
  • LIFEBOAT (1944)
    Note : 18/20
    Découvert au "Cinématographe" nantais en v.o. en juin 2008 et tout de suite conquise, le temps de s'habituer au style de tournage, visiblement en studio, mais plus l'action avance, moins on s'en souvient. Sûr qu'il en a fallu des astuces techniques pour figurer cette mer, omniprésente, j'en ai encore le tournis... Une oeuvre dite "de propagande", plébiscitée puis aussitôt décriée à sa sortie (pas de quoi puisque le nazisme y est condamné au profit de la solidarité humaine dans l'ultime) ! La "patte" du maître est bien là, son espièglerie, chacun devrait en prendre pour son grade... Au départ, quelques nappes de brouillard, des signes brefs de naufrage et focus sur une lady fumant cigarette, son bas a juste filé (énigmatique Tallulah Bankhead), s'approche un premier rescapé qu'elle filme (très beau et intemporel John Hodiak), d'autres mains venant ensuite s'agripper au rafiot... Le spectateur embarque pour un peu plus d'une heure et demie de chaloupe avec ces neuf tourneboulés... Dépouillement progressif, drames mais aussi quelques gags (l'envol des cartes, la cuite du futur opéré)... Une excellente confrontation de caractères, non plus à la guerre mais "au milieu de rien", avec des dialogues de Steinbeck qui renforcent au centuple la malice hitchcockienne !
  • L'ENFANT DE L'HIVER (1989)
    Note : 16/20
    Même si le traitement fait un peu "has been", ces valses-hésitations ont toujours cours en 2010. Le culte de la mère célibataire n'est plus, depuis qu'on s'est trop rendu compte que nombre d'enfants sans pères disjonctaient. Mais ce film, intimiste comme le serait un Rohmer mais avec des dialogues moins académiques, fait bien le tour de "comment préserver l'attrait sans se renier". Assommants pourtant, ces couples indécis, dont l'un court après l'autre qui cavale après sa chimère et revient à son port d'attache, détestables immatures pour qui (homme ou femme) n'a pas traversé l'intensité d'une grossesse. Deux personnages sont embarqués dans un rôle au-dessus de leurs forces, trop satisfaits de jouer à séduire : la décoratrice de théâtre, vraie tête à claques, fait basculer dans la dramaturgie, tandis que le "père malgré lui" cherche à s'amender, au début en cachette... Des situations fort bien retranscrites, certes crispantes dans d'incessants chassés-croisés (et que dire de ces contractions en pleine solitude !) mais toujours aussi humaines. .
  • CASQUE D'OR (1951)
    Note : 17/20
    Toujours très agréable de retrouver ce classique où le surnom "Casque d'Or" de la blonde Marie très convoitée (Simone Signoret), sauf endormissement de ma part à chaque séance, n'est jamais prononcé. Cela fleure les guinguettes par temps chaud ainsi que la prostitution féminine sous-jacente, qu'on croirait un naturel accompagnement de ces Messieurs tous plus ou moins trempés dans de sordides tractations... Etonnant départ, avec cette chanson au fil de l'eau, choeurs limpides, quel contraste avec la rudesse qui suit ! Une alternance entre le romantisme et la crapulerie signent cette oeuvre de Becker. La scène de chatouille champêtre, ou l'effroi de cette montée à l'hôtel au petit matin resteront à jamais hantés... Le rôle a immortalisé Simone Signoret ! Quant à Reggiani, encore jeune et impétueux, il fait oublier un instant l'image de chien battu qu'on garde de lui. Tous deux relayés par une galerie de rôles secondaires qui pourraient être remis au goût du jour en 2008, baffes ou pommade selon les enjeux économiques... (remarquables Claude Dauphin et Raymond Bussières). Grande qualité de photo et de son, très peu d'archaïsmes dans les dialogues, des moments irrésistibles, l'espièglerie de la chatouille ou de la valse avec ce bras masculin qui reste ballant, mais aussi cette scène autour de la jeune précieuse qui ne sait si elle doit accepter de danser.
  • LA VIE ET RIEN D'AUTRE (1988)
    Note : 17/20
    Enquête sur l'origine du fameux "soldat inconnu", une lâcheté pour gommer les autres, innombrables "morts pour la patrie" à la guerre de Quatorze, sortez ou je tire... Oeil de lynx de Tavernier, à travers le portrait d'un officier honnête mais écoeuré de ce que sa fonction exige. Tout le contraire de funèbre, ce film a donné le vertige aux producteurs (ils prétextaient que la mort planait ou craignaient plutôt de remuer la m...). Quoi qu'il en soit, depuis le ministère de l'identité nationale sarkozyste, ce film interpelle comme jamais... Ce n'est pas guerrier (aucun combat interminable comme dans "Capitaine Conan" par exemple) et on est aidé par la petite intrigue injectant du romantisme, jamais trop non plus car tempéré par la relative fidélité des militaires : houleuse intrigue s'il en est, dureté de la situation, infinité de détails historiques autour de l'administration des disparus, le tunnel aux abords de Verdun, cette usine épargnée par l'ennemi, etc. Une reconstitution cinématographique saluée par des éminences comme reflétant au plus juste l'endroit ainsi que les événements de 1920. Certes un peu troufion au début, "La digue du...", mais ça s'humanise, on en bave et on festoie dans le cadre des recherches autour de la table à reliques, les personnages sont à vif... Scénario plein de profondeur grâce à une pointure de la télé repérée par Bertrand Tavernier, le méticuleux Jean Cosmos. Jargon du coin repris (pur bonheur) ainsi que cet orchestre de dixieland avec Zanini... Duchaussoy en grinçant supérieur, le regretté Noiret déchiré entre devoir et penchants, Azéma hors de son faciès de minaude, ici en suffragette de milieu privilégié, fondante sous la voilette, la voix à la limite d'être étranglée, une actrice mise en valeur par une caméra de peintre. Outre la matière historique qu'il dispense sur un pan de notre Histoire, ce film, plus de dix ans après sa création, devient en dvd "un excellent Tavernier" !
  • BARBEROUSSE (1965)
    Note : 15/20
    Vu le dvd en version complète d'affilée, inclus entracte musical sur écran noir : ce fut une erreur d'appréciation, mieux vaut deux séances tellement c'est ardu. Savant jeu d'ombres et de lumières en noir et blanc. Comporte des scènes à couper le souffle. Un propos riche d'une infinité d'angles. J'ai trouvé que c'était une épreuve à cause de la forme choisie, théâtrale avec parfois ces rituels japonais qui, pour nous autres Européens, s'étirent dans le vide en amenant une austérité fatigante. En fait, tout en suivant l'évolution du jeune médecin auprès de Barberousse, j'ai vraiment accroché à partir de la petite Otoyo, il faut voir comment Akira Kurosawa l'a filmée, toute en ombres avec ses yeux luisants. Elle apporte beaucoup d'humanité à tout le reste. Des scènes sidérantes donc, entre autres cette audace de borborygmes d'un agonisant, l'opération sans anesthésie (on ne voit pas de sang) mais aussi cet instant capital de la conversation d'Otoyo avec le "petit rat" Chono, tandis qu'une soignante pleure dans le coin droit de l'écran..."A-t-on jamais vu les politiques s'attaquer à la misère et à l'ignorance ?" : cette question du Docteur Barberousse vient contrebalancer le parfois discutable "rien n'est plus sublime que les derniers instants"
  • L'INNOCENT (1976)
    Note : 16/20
    Vu sur grand écran en version française (doublage correct). L'image est particulièrement accrocheuse, on sent le regard du peintre qui a étudié le moindre détail. Il est bon de revoir ce film trente ans après sa sortie, en cette fin 2007, où semblerait justement s'ébaucher une nouvelle "décadence". Rien d'étonnant que cette oeuvre féroce, malgré son esthétisme indéniable (à l'époque française de la loi Veil permettant l'avortement, et bien avant le sida), ait embarrassé une foule de gens, encore plus du fait de la mort simultanée de Visconti : inspirée d'un livre écrit par D'Annunzio, connu pour son esprit fascisant, cela aussi a dû jouer. De tous temps, l'homme et la femme rencontrent souvent des difficultés dues à leurs différences morphologiques et à l'évidence que c'est la femme qui porte l'enfant. Troublante question posée au Casanova de service, libre jusqu'à l'os ici, quitte à s'infliger lui-même une sanction (irrésistible Giancardo Giannini en monstre, alors qu'il est issu du comique italien). Une question filtre : "pourquoi faut-il que vous placiez les femmes parmi les étoiles ou, au contraire dans la boue, et pourquoi ne nous laissez-nous pas marcher à vos côtés ?". L'escrime symbolise à la fois la perpétuelle joute amoureuse et ce rival potentiel qu'il faut éliminer. L'homme devise sans trop d'états d'âme, admet certains de ses travers, dit comprendre que son épouse soit libre de ses mouvements mais... Pas de quartiers, la toute-puissance du petit garçon d'abord. D'entrée de jeu, c'est à croire que la musique flageole pour indiquer que tout cela tangue (ou est-ce dû à la vétusté de la bande-son ?). La tenue vestimentaire du mari fait étrangement 1976 comparé aux chapeaux féminins surmontés de bouquets sophistiqués, avec ces gants difficiles à ôter, ces robes de la vieille époque, avec voilettes devenant un fichu rose irisé passé en travers de la face, comme quoi jouer à cache-cache peut s'avérer une arme purement féminine à ne pas détourner... d'autant plus qu'ici le mari, coureur impénitent, retombe amoureux fou de Madame... Faussement romantique, assommant à certains moments tellement on est promené d'un excès à l'autre, ce film (malgré ce petit jésus au frais dont je me serais bien passée) met en exergue le côté altier de Visconti, et un autre beaucoup plus instinctif, nous valant quelques passages érotiques fort joliment tournés. Pour familles ouvertes à tout dialogue ou couples revenus du glamour.
  • LE MAITRE DE LA PRAIRIE (1946)
    Note : 16/20
    Macho peut-être comme le voulaient les bonnes moeurs d'antan, mais tyrannique pas si sûr si on considère la fin du film... Etrange résonance écologique en 2009 que ce dvd dans sa version originale... Je trouve le résumé du film très "vaches grasses"... Une belle prairie sous le vent vaut son prix aujourd'hui, ainsi que d'y laisser paître nos bovidés, sinon on fait table rase des monocultures appauvrissant sols et populations locales, en tous cas si l'eau est insuffisante... Et du côté intrigue amoureuse aussi ça reprend du service au vingt et unième siècle ! Ici, le dérapage féminin est dû à un déséquilibre affectif chez ces deux passionnés dont l'un veut que l'autre lui soit soumis afin de faire simple (remarquables Spencer Tracy et Katherine Hepburn)... Ce film a peut-être accumulé la poussière durant "Les Trente Glorieuses", où divorce rimait avec disgrâce. Mais à présent, les familles recomposées sont presque devenues la norme, ainsi que les frictions au sujet des géniteurs... Tourné comme un western peinard, on sent bien la fibre psychologique d'Elia Kazan, homme de caractère, à vif sur la notion d'exil, séparation entre frères et soeurs, débrouillardise, revers de fortune, toutes choses pouvant desserrer ou resserrer les liens... Bref, un film reprenant des couleurs, en tous cas pour ceux à qui la vie présente de gros défis à relever.
  • ENQUETE SUR UN CITOYEN AU-DESSUS DE TOUT SOUPCON (1969)
    Note : 16/20
    On en prend plein les oreilles tout le long de ce grand classique projeté à Univerciné italien de Nantes en février 2011. Des prises de vue toujours impeccables. C'est bavard, très vitriolé mais toujours bien ficelé et traversé du sarcasme indiquant la jubilation sur le plateau. Gian Maria Volonté le machiavélique, des cravates bleues aux draps noirs, un spectacle à lui tout seul. Exception faite des otages requis pour la torture, les démocrates défilant sous nos yeux sont corrompus jusqu'à l'os, pas dupes mais liés par des intérêts identiques. Ne pas faire de vagues est le maître-mot. La femme se rebiffe bien un peu mais c'est pour la forme, elle campe le jouet qu'on finit par casser puisqu'elle aura tout fait pour. Un défilé d'extrême-gauche annonce les années de plomb à venir. Pas vraiment la joie donc... Musique d'Ennio Morricone agaçante, rien à voir avec ses autres tubes... Un breuvage italien des seventies dont on ressort bluffé mais un peu écoeuré en pensant que ce film a fait des petits depuis, non seulement au cinéma mais dans la réalité de tous les jours !
  • LES AMANTS DIABOLIQUES (1942)
    Note : 19/20
    . On comprend que cette oeuvre (qui faillit être totalement détruite !) ait été malmenée à sa sortie en 1942 pour mille raisons (et notamment à cause de son doublon américain adapté du même roman).Troublant aussi de savoir que Mussolini en était fou au point de l'avoir sauvée de la censure italienne... Visconti, 35 ans, ex assistant réalisateur de Jean Renoir, se devine déjà dans son envie de montrer l'indicible, pour peu qu'une bonne histoire en offre l'occasion. Profondeurs de champs précédant des descentes "en piqué" sur la campagne au ras de cette auberge ou lancée dans cette côte de tous les départs, c'est un splendide noir et blanc où s'ébrouent cinq personnages de rêve : le mari (un genre de Galabru italien) et sa femme (fatale-vénale), le vagabond nonchalant mais tenté par la douceur d'un nid et monsieur le curé, symbole de la morale communautaire. Pour pimenter un peu, cet inconnu se portant garant dans le train... Des scènes croustillantes pour un dénouement d'une double cruauté.
  • L'OMBRE DE LA TERRE (1982)
    Note : 16/20
    Splendide fiction tunisienne en v.o., on jurerait un documentaire. Rappelle les Indiens d'Amérique par ses réunions de vieux sages pour débattre des meilleures attitudes à tenir. Mais on est bien à l'orée du désert arabe, la grande ville se devine pas très loin... Une vie rude, solidaire, très organisée pour cette famille de nomades, qui doit se répéter depuis quelques siècles ? Chacun(e) son rôle, ses talents (le magnifique tapis), les traditions sont claires, le patriarche est écouté, parfois contré, mais maintient une certaine tenue côté moeurs (les épanchements amoureux de la télé, ouste !).Ces gens savent sourire et s'amuser, mais prisent le silence, seul le pleur d'un bébé indique l'angoisse générale. Il faut soigner les moutons, en abattre certains... Visites régulières de camionnettes dont le tracé se repère de loin, on sent, à la différence des camelots de passage, qu'ils accourent pour mettre de l'ordre. Papiers d'identité de tous refaits. Deux grands fils partis voir ailleurs... On est de tout coeur avec l'équipée plus l'étau se resserre. Et on imagine le choc de cette épouse à voir débarquer, comme n'importe quel container, une boîte oblongue, pas tout à fait comme les autres.
  • HISTOIRES EXTRAORDINAIRES (1967)
    Note : 15/20
    Trois sketches de pointures du cinéma (qui n'auraient pas dû être celles-là au dire du dvd en bonus)... Ils sont singuliers mis bout à bout ces trois numéros, et très inégaux en portée. Pour qui lit Edgar Poe, déjà plus intéressants à étudier. "Metzengerstein" est très critiqué. Pourtant si l'on accepte la fantaisie hors-temps des tenues, l'obsession de Vadim à exhiber sa femme du moment, ici Jane Fonda en souveraine Frederique, c'est tout à fait regardable. Certes caricatural du relâchement des seventies vues par les bobos d'alors, diction bien ar-ti-cu-lée, théâtrale, ici avec un éros style orgiaque médiéval virant à l'amour courtois à partir d'un excès de cruauté qui ferait renaître un homme (Peter Fonda, vrai frère de Jane) en cheval... Ne pas oublier la gymnastique que c'est de figurer les animaux dont Edgar Poe abreuve ses récits. J'ai trouvé jolie la mise en scène dans sa progression machiavélique, apprécié l'ironie du regretté Maurice Ronet en voix-off... Des limbes de ce premier sketch émerge on ne sait par quel miracle "William Wilson" orchestré par Louis Malle. On devine tout de suite l'issue au nombre de sauts de clocher qui s'esquissent. Le point culminant est la partie de cartes montrant Bardot brune (juste, attendrissante) face à l'intraitable assoiffé de sang obnubilé par son double, beau et horripilant comme il se doit (Delon jeune). S'imbrique le plus monstrueux sketch sur ce saut de l'ange... "Il ne faut jamais partager sa tête avec le diable" par Fellini, une pépite pour ses prouesses techniques outre son scénario déjanté (genre repris largement en noirceur comique par Alex da Iglesia depuis !). Imaginons mettre dans un avion un acteur britannique (Terence Stamp) drogué dur se rendant sur un tournage de western en Italie. Autant dire un type complètement groggy bientôt changé en reste d'humain rêvant d'une Ferrari. Troublante fillette à la balle blanche rebondissante, elle vient mettre la poésie nécessaire à cette danse macabre sur quatre roues. Bien que de facture admirable, le bruit et la fureur jettent un froid. A moins d'être sémiologue (ou en état second ?) on en ressort amoché.
  • ARSÈNE LUPIN DÉTECTIVE (1937)
    Note : 10/20
    Parce que tout réside dans l'étonnante "présence" à l'écran de Jules Berry. Un charmeur, pour très jeunes femmes en quête de flatteries et de sécurité (un jeu qui avait son charme en 1937 mais devenu, sauf exception, assommant en 2007). Défilent tous les clichés du vieil irrésistible, que ce soit auprès du copain ou des belles dames tombant toutes comme des mouches dès qu'il apparaît. On en perd les pédales dans l'enquête, ça piétine sérieux... Entre le rôle du détective et du malfrat, il y a quelques bonnes scènes, mais le va-et-vient devient tellement embrouillé, avec ce surplus de blabla qui parasite le fil, que j'ai eu mille peines à tenir les yeux ouverts jusqu'au bout.
  • QUINZE JOURS AILLEURS (1962)
    Note : 18/20
    Voilà un film flamboyant, deux semaines en tout, qui dévoile les coulisses du cinéma dans toute leur ambiguïté. Un vibrant milieu, axé sur les intérêts du moment. Une fabrique de girouettes influentes qui fait se sentir fauve dans des cercles de feu. Les défis manquent à Jack Andrus (Kirk Douglas) dans son repaire d'ex-alcoolique qu'un coup de fil intrigue. Assez pour désirer inconsciemment repasser ses épreuves à l'envers ?... D'abord il part en éclaireur, pour ensuite replonger tête la première. On assiste à différents vertiges, particulièrement celui du couple de "gens de cinéma" avec l'ambivalent Kruger (Edward G. Robinson). Les amours, les amitiés de haute lutte sont sur la sellette. A malin malin et demi. Pareil marigot exige qu'on vende son âme à force de repousser ses limites. Si les péripéties sont dures sur le fond, ce n'est jamais insupportable car adouci en permanence par une jeune beauté brune enchanteresse (Dahlia Lavi). Elle est comme Jack à un carrefour, l'effet du poison en moins. On ne s'ennuie pas entre Carlotta, véritable pieuvre à combattre et le jeune homme au scooter. La scène majeure, une balade nocturne en décapotable particulièrement décoiffante, met les nerfs à vif, divisant ensuite les spectateurs quant au choix fait par le protagoniste. Excès de cynisme pour certains et hommage à la liberté individuelle pour d'autres.
  • LE PROCÈS (1962)
    Note : 16/20
    Généralement rebutée par les incessantes contre-plongées de Welles, j'admets qu'elles vont à ravir à cette adaptation du Procès de Kafka. On est servi en profondeur de champ, en portes démesurées et en espaces labyrinthiques. Y pullulent les sautes d'humeur, litanies doucereuses autant que sadiques, bref, on reconnaît le brillant technicien à ses petites manies. Acteurs tous au sommet de leur art tant ils sont bien mis en valeur, si l'on excepte les papillons qu'y sont les femmes. Fracassante entrée de Romy Schneider éclatante de jeunesse et d'espièglerie avec ses doigts palmés. Madeleine Robinson et Jeanne Moreau percutantes aussi, et puis cette autre à voix sensuelle qui terrasse, pfff... toutes évaporées. Seul continue de s'agiter le présumé coupable (Anthony Perkins, on s'identifie tout de suite) et les ombres de ses observateurs dont Welles lui-même, dans son lit. C'est esthétique, assez éprouvant, chargé plus que de raison, adaptable à n'importe quel totalitarisme, y compris celui-que nous vivons présentement au plan mondial avec "TINA"... Y manquerait juste à mon goût, dans le dédale d'effets non-stop, davantage d'émotion.
  • LES YEUX SANS VISAGE (1959)
    Note : 16/20
    Fantastique et poétique aussi, grâce à l'innocence animale, je pense au symbole de fin, cette libération tous azimuts, qui permet de reprendre une grande bouffée d'oxygène, il était grand temps... La présence des acteurs donne beaucoup de force au propos, ils sont complémentaires chacun dans leur obsession. Le scénario de Boileau et Narcejac ne laisse rien au hasard. Une ambiance assez étouffante que cette affection morbide d'un père en recherche de visages à découper. Au bord de la folie furieuse, ne serait-ce la prétendue réussite d'une autre greffe, sans quoi on craindrait d'aller aussi loin qu'un certain Docteur Petiot. Le masque de la jeune défigurée ajoute de l'innocence, avec ses grands yeux, elle s'apparente au faciès de Pierrot (ou Colombine), heureusement ! La "patte" de Jean-Pierre Mocky en coulisse est également perceptible... Un dvd visionné une seule fois en ce qui me concerne, car c'est terrible de s'attarder sur cette valse de scalpels si on n'est pas de la profession, sauve qui peut, l'instinct de conservation sûrement !
  • LA FEMME INFIDÈLE (1968)
    Note : 19/20
    Drame bourgeois de 1968, tragédie antique transposée France pompidolienne ... Quel palpitant huis-clos ! Un Chabrol d'une justesse absolue, bien avant qu'il ne cède à la facilité du trash dans ses caricatures. Au contraire, ce classique gagne en saveur plus le temps passe (dvd visionné en 2012). On sent venir la contraception, le bannissement des corsets rappelant combien on se désaltérait dans les bureaux l'été avec de bons mots sur la jupe courte de la standardiste tellement troublante. Monsieur et Madame c'est autre chose. Ils sont établis sous contrat, réellement attachés si l'on en juge par leur dialogue (certes de sourds par moments), bien à l'abri matin et soir dans leur maison sous les arbres, distraits par la mini-télé qui grésille. Il y a bien cet écho sépulcral hors la chambre et les dix ans d'écart entre l'homme d'affaires qui ne s'en laisse pas conter et sa femme assignée au foyer quoique libre de ses journées supposées cosmétiques. Michel Bouquet finaud à tomber raide, le trop tôt disparu Maurice Ronet, Stéphane Audran implacable autant qu'émouvante, trois pointures dirigées de main de maître et qui s'amusent sans cabotiner ! Le discours du cinéaste peut s'étendre à tout couple une fois passée la fusion sexuelle, cette tendresse qui oscille entre sécurité et étouffement. Qu'une sanction se profile et voilà le duo resserré dans une complicité qui sent le soufre ! Jusqu'au dernier souffle ou pas reste à l'appréciation du spectateur.
  • JE VEUX SEULEMENT QUE VOUS M'AIMIEZ (1975)
    Note : 18/20
    Projeté à Univerciné Cycle Allemand Nantes 2011. On pressent la désillusion du personnage central dans sa vie d'adulte. Trop bon, trop c... D'emblée, le petit rire secoué de Peter alerte sur sa fêlure. Des dialogues justes, relayés par une caméra qui parle au spectateur. Dans une intrigue simple, minimaliste, très super téléfilm du genre Maigret mâtinée de Haneke au début (la raclée pour avoir volé des fleurs), bien moins âpre dans son développement. Tout à l'image du visage de Peter cadré exactement dans la glace chez la grand-mère. Des projections de ce dont il a manqué quitte à se damner. Des bouquets, au risque qu'ils tombent des bras de l'épouse. Un petit préservé comme un insecte précieux dans un giron féminin de rattrapage. Tout le confort ! Vertige que ce premier grand travelling qui balaie plus large qu'il ne faudrait... En plus de cet arrêt sur une main à quincaillerie affriolante à la poste. Plus grave, les vitres défilant comme une vache voit passer les trains. Enfin ce pont invitant vers les voitures au loin tout en pointant notre homme qui traîne ses guêtres en face. On passe parfois brutalement d'un contexte à un autre et pourtant, c'est un téléfilm exceptionnel. Quand arrive la transgression, c'est curieux, on peut s'en vouloir de le penser, mais le pire semble évité... Ne plus jamais "avoir honte" mais toujours "avoir l'air". A nouveau très contemporain !
  • LA JEUNE FILLE AU CARTON A CHAPEAU (1927)
    Note : 19/20
    Pour ceux qui croient ne pas pouvoir tenir devant un film muet plus de trente minutes : essayez celui-ci, il dure presque une heure et demie, vous allez vous extasier, exquis de bout en bout grâce au naturel qu'il déploie. Tics, manies des acteurs en sont l'agrément, on est dans le comique de situations. Ce cinéaste s'amuse comme un petit fou avec trois fois rien, sans dénigrer leurs petits embêtements, il s'attache à la spontanéité des braves gens, leur culture du bonheur, avec quelques outrances comme dans les dessins animés (exemple, renverser l'importun venant en sens inverse sur un pont glissant, se relever d'une lutte dans la neige en rallumant sa cigarette après avoir été jeté dehors par une dame...). La jeune fille aux grands yeux clairs avec ses mimiques qui font qu'on a l'impression de la connaître, encore en 2008, le vieux papa débonnaire, le couple des patrons chapeliers (ces deux derniers irrésistibles). Je n'en reviens encore pas que l'image en noir et blanc soit aussi nette, la musique et les commentaires on ne peut plus fluides... Le générique annonce pourtant, un peu comme s'il fallait s'attendre à une oeuvre mineure, voire de goût douteux, un "film de propagande russe dans le cadre d'emprunts" ! De quoi sauter au plafond quand on réalise la qualité de l'ensemble ! A voir et revoir pour rire tout seul ou accompagné.
  • LET'S GET LOST -CHET BAKER- (1988)
    Note : 17/20
    Remarquable biographie en noir et blanc, et en sons jamais discordant, enseignement précieux sur le bonhomme et son époque (archives très foisonnantes, on ne s'ennuie pas), une splendeur photographique de tous les instants, et qui donne envie de replonger dans cette ouate propre à Chet Baker, toujours plus ou moins bercé par une ou deux dulcinées, mais attention : si de jeunes chiots folâtrent à un moment au premier-plan pour évoquer sa fraîcheur de base, le virtuose est décrit plutôt du genre félin, c'est à dire trop doux pour ne pas cacher aussi des griffes, du moins si l'on en croit Ruth Young, qu'on jurerait son double féminin au plan vocal... Toutefois,l'ambiguïté règne dans ce film. Trop peu de tapage sur cette rétrospective à mon avis, dommage, car elle ravive bien le mythe (un peu comparable, dans un style différent à celui de James Dean). Chet Baker était un irrésistible comme lui et sa musique perdure sans une ride, je vous la conseille les matinées de gueule de bois par exemple.
  • GEORGIA (1982)
    Note : 17/20
    Ce film sorti en 1982, récompensé par un Golden Globe, retrace les années soixante américaines d'immigrants yougoslaves à travers la biographie du scénariste Steve Tesich, montée de manière excellentissime par Arthur Penn. En arrière-plan, assassinat de JF Kennedy, guerre du Viet-Nam, réhabilitation du peuple noir, premiers pas sur la Lune, vague hippie, accompagnés de frictions diverses avec les autorités... La dureté paternelle focalisée sur le matérialisme d'après-guerre est pressentie dès la première image, malgré l'embrassade bourrue, le petit arrivant cultiverait-il l'hésitation ?... Mais voici que le spectateur tangue sur "Georgia" de Ray Charles, idéalisme juvénile au paroxysme, scènes musicales renversantes, valses-hésitations autour et à distance de la délurée jeune fille. Une féminité redoutable pour quatre copains, dont un gaillard destabilisé de longue date par papa (Georgia identifiée au mythe Isadora Duncan = jeu du chat et de la souris). Attendez-vous à UNE scène ahurissante au moment où on serait proche de croire chacun casé dans le contraire de ce qu'il lui faudrait... A voir dans sa version originale à la première occasion, sous-titres en français ou pas du tout, c'est suffisamment expressif avec des dialogues réduits au plus simple.
  • LE DIABLE BOITEUX (1948)
    Note : 15/20
    Le film aurait été mal accueilli à sa sortie parce que Guitry supposé pétainiste, sortait de prison (faute de preuve), mais avec une réputation sérieusement entachée, il n'était pas le seul artiste à avoir accepté de travailler sous l'Occupation, période louche, où la délation régnait... Donc, on lui en voulait d'endosser la personnalité de Talleyrand, cette girouette. Vu en vidéocassette en cette fin 2007, où se banalisent, entre autres positionnements fumeux, la "droite virant très à droite", une gauche bien réelle mais décapitée, des stars autoproclamées de tous bords, quelques "transfuges" certifiés prêchant la bonne parole, la finalité de chacun étant "servir la France". Fort bien, mais la vue se brouille devant les résultats : alors, aujourd'hui, entendre un notable dire à ses subalternes "j'ai pris la décision de vous augmenter à la fin du mois : désormais, vous serez cinq au lieu de quatre" fait presque progressiste ! Sacha Guitry cultivait le bonheur qui passe, sans illusions sur les accommodements quotidiens, le pouvoir et l'asservissement sans cesse en parallèle. Pour rentrer dans ce film, il convient de passer sur certains aspects visuels empruntés au théâtre, le laisser plutôt se dévider comme une suite de sketches à la "Pierre Dac" en s'accrochant au texte, aidé par cette voix off semblant revenir parfois d'outre-tombe... Au bout du compte, le personnage martial du début fait place à un fantaisiste plus qu'à un traître, bien que par moments il pousse le bouchon... Un réalisateur/acteur incroyable d'inventivité, génial organisateur d'ambiances loufoques, et surtout brillant dialoguiste.
  • LA FRACTURE DU MYOCARDE (1990)
    Note : 12/20
    L'histoire, très connotée année 1990 par le langage, les façons, a vraiment mal vieilli... Surtout le début, entrer dans cette maison avec une mère morte subitement, son visage immobile sur le lit, ouille... Vraiment, ça fait trop délirant ces écoliers qui prendraient tout en charge pour épargner la DDASS à leur copain. Trop invraisemblable, ou bien trop mal envoyé pour qu'on gobe à l'hameçon ? Ces enfants jouent trop en vase clos des scènes qui devraient se voir comme les yeux au milieu de la figure. Ce qui fait que l'émotion continue à se diluer et finit par faire espérer que quelqu'un vende la mèche... Une chance que l'ensemble soit un tantinet racheté par le dénouement, enfin du réalisme venant supprimer cette tension que l'on sentait vaine de toute manière. Quelques moments de copinage assez frais. En dehors du petit orphelin (le jeune acteur fait de son mieux), le meilleur rôle reviendrait à Dominique Lavanant en mère à l'écoute de sa fille en résistance comme on l'est souvent à cet âge, j'ai bien aimé sa bonne volonté à la contrer, surtout son ferme "mais je suis responsable de toi". Le personnage (très insistant) de la grande pubère maternante finit, fort heureusement, en image suspendue. Maladroit bien qu'il s'y glisse, par ci par là, quelques secondes qui accrocheraient, mais avec un autre scénario.
Notes de L.Ventriloque
(par valeur décroissante)
FilmNote
FREAKS LA MONSTRUEUSE PARADE (1932) 19
CRIA CUERVOS (1976) 19
LA JEUNE FILLE AU CARTON A CHAPEAU (1927) 19
LES AMANTS DIABOLIQUES (1942) 19
LA MAISON DU DIABLE (1963) 19
LA RUE ROUGE (1945) 19
LA FEMME INFIDÈLE (1968) 19
MAX ET LES FERRAILLEURS (1970) 19
JOUR DE COLERE (1943) 18
LE PETIT GARÇON (1969) 18
L'INHUMAINE (1924) 18
ANIKI-BOBO (1942) 18
LIFEBOAT (1944) 18
L'AVVENTURA (1960) 18
QUAND PASSENT LES CIGOGNES (1957) 18
LES NUITS BLANCHES (1957) 18
JE VEUX SEULEMENT QUE VOUS M'AIMIEZ (1975) 18
NUAGES FLOTTANTS (1955) 18
LES GENS DU VOYAGE (1938) 18
DE MAYERLING A SARAJEVO (1939) 18
QUINZE JOURS AILLEURS (1962) 18
LES GENS DE DUBLIN (1987) 17
CASQUE D'OR (1951) 17
LET'S GET LOST -CHET BAKER- (1988) 17
GEORGIA (1982) 17
LA VIE ET RIEN D'AUTRE (1988) 17
LA PENICHE DU BONHEUR (1958) 17
ATLANTIC CITY (1980) 17
LE MOUCHARD (1935) 17
LA MAISON DE BAMBOU (1955) 17
L'EMPIRE DES SENS (1976) 16
LES FRAISES SAUVAGES (1957) 16
L'INNOCENT (1976) 16
LA FLIBUSTIERE DES ANTILLES (1950) 16
L'OMBRE DE LA TERRE (1982) 16
TERRAIN VAGUE (1960) 16
LE MAITRE DE LA PRAIRIE (1946) 16
LES YEUX SANS VISAGE (1959) 16
L'ENFANT DE L'HIVER (1989) 16
ENQUETE SUR UN CITOYEN AU-DESSUS DE TOUT SOUPCON (1969) 16
LE PROCÈS (1962) 16
LE DIABLE BOITEUX (1948) 15
CITIZEN KANE (1941) 15
BARBEROUSSE (1965) 15
HISTOIRES EXTRAORDINAIRES (1967) 15
LA CEREMONIE (1971) 14
DOSSIER SECRET (1955) 14
LA CHASSE AUX PAPILLONS (1992) 14
LA FRACTURE DU MYOCARDE (1990) 12
ARSÈNE LUPIN DÉTECTIVE (1937) 10