vu en v.o. sous-titrée français et anglais (Festival 2007 des Trois Continents Nantes). Un quart de siècle d'Histoire à travers les nombreux rituels d'une famille japonaise. On commence par suivre un jeune couple adulte attaché par la connaissance réciproque, constatons qu'ils peinent à se rendre sur une île après la nouvelle d'un suicide. S'imbrique ensuite le récit de l'homme (Masuo enfant), depuis son arrivée en 1947 de la Mandchourie vaincue au Japon victorieux. C'était un petit garçon posé, pris en charge par le patriarche et ses adeptes, auxquels s'ajoutent, plus surprenant, quelques jeunes audacieux osant la défiance : cousins s'adonnant au flirt (le tournage date de 1971). Il y a aussi cette tante, d'abord équivoque, et qui embellit, devient fascinante, posée en quasi-rivale de la petite cousine Ritsuko... On observe que Masuo adulte a changé de caractère, il est devenu l'indécision personnifiée. On se demande aussi ce que veut dire le base-ball abandonné, repris, au fil des suicides successifs, ou l'appendicite, qui donne une noce à mariée invisible. Le symbole du bébé enterré vivant en dit long. Un enchevêtrement de désirs de mort et de tentatives d'union. Remarquable passage érotique, amené de façon qu'on retienne son souffle. Une oeuvre d'emblée ardue pour nous autres occidentaux. La féodalité japonaise, pesante par son archaïsme, est égratignée par la nouvelle génération. Les quelques débordements dans la boisson de tout ce joli monde font oublier un instant l'enfermement dans les doctrines. Une femme d'un certain âge rit beaucoup aussi, ça atténue l'austérité qui pourrait gagner... J'ai trouvé la musique effroyable de bout en bout, elle passe bien en sourdine. Non-stop, une lumière qu'on dirait veloutée, avec cette caméra s'approchant en douceur sur ce qu'il faut mettre en exergue... Couleur générale exceptionnelle (chocolat plus que sépia). A voir à titre de curiosité mais plutôt réservé aux fans d'Oshima.