Long défilé de roulottes se déroulant de nuit d'un village à l'autre où tout bon sportif peut pénétrer par la porte arrière ! La grande famille du cirque présentée comme la longue caravane d'un western. On sent tout de suite ce qu'on appelle "une bonne histoire". Ces artistes vite endormis ou réveillés à la seconde si nécessaire ont peu de temps à eux : on devine vite les attirances comme les haines recuites que favorise la concentration humaine mobilisée 24 h sur 24 autour d'un objectif obligatoire relancé par un leader qui récompense ou secoue les puces. Présence centrale de Françoise Rosay, épouse de Jacques Feyder, aussi magistrale sans doublure avec ses fauves que bouleversante dans les choix à assumer. Ces ribouldingues du spectacle ont comme tout le monde vie de famille, grossesses, joies, accidents, autant de scènes aux dialogues millimétrés, réserve faite de quelques bribes antiques côté diction et choix de vocabulaire de la part du fiston (Fabien Loris). Une affection rude peut virer à l'attendrissement véritable, les coups être rendus au centuple, rien ne doit venir contrecarrer le numéro du soir. Remarquable peste que la petite Yvonne (admirable Louise Carletti !). Est traité, le dilemme des parents d'avant la contraception, le père malgré lui (André Brule très convaincant d'ambiguïté), la toute jeune mère déboussolée et, courageusement pour l'époque (1938), la mère-célibataire ! C'est trépidant à souhait et plein de profondeur, le scandale risquant de compromettre le gagne-pain planant toujours. Un grand classique !