Vu dans sa version originale avec sous-titres français en novembre 2007 (Festival des Trois Continents).Le regard sur les choses du sexe commence innocemment, de la joie dans l'air, tous les personnages voient d'un oeil naturel les plaisirs charnels, chacun à des degrés divers, tout semble permis dans cette bonne maison... Le patron et une de ses employées, tous deux mariés, se plaisent, il semblerait possible de composer avec cette excitante situation. Voici une escalade peu banale, inspirée d'une histoire vraie survenue en 1936... Oshima serait homosexuel, ce qui expliquerait sa volonté de rendre de plus en plus attachant l'homme dans cette histoire, attendrissant par son côté "viveur", tolérant avec sa maisonnée, il a une bonne tête en plus d'un corps désirable, donc on marche à fond. Moins "névrosable" que sa partenaire, sexy et encore bien jeunette... Situé parfois à la frontière du torride et de l'obscène, mais sans jamais fermer les yeux ou quitter la salle. Chaque scène est composée avec beaucoup de soin. Loin du côté clinique de Catherine Breillat, rien à voir avec un autre érotique comme "La Vie Secrète de Madame Yoshino" de Masaru Konuma (1976) tout aussi "chaud" mais où l'homme est physiquement sans attrait (film massacré par la censure japonaise, alors que celui-ci devrait beaucoup à la protection de la Fance). Tout un art que de côtoyer le plaisir véritable. Pourtant à cent lieues d'un porno pour se mettre en jambes, c'est autre chose, les mouches volent dans la salle... Car il y a de la poésie, de l'humour dans le huis-clos où le saké coule, la crainte monte en même temps que ces jeux malicieux. Image ultime du couple se promenant encore euphorique sous la pluie... Et après c'est la descente, un bien mauvais trip. Le plus émoustillant aura bien été cette montée en puissance de l'intrigue, des raffinements qui peuvent alimenter tout couple en mal d'invention. Mais après, le spectateur est renvoyé aux affres de toute possession mal maîtrisée. On est au Japon, pays où la monstruosité est bannie et parfois vénérée en même temps... Certes, on a son compte de coïts où Sada se pâme à grand fracas, au contraire de Kichizo d'un silence admirable... Mais comme c'est amené avec une totale maîtrise, spectateurs et spectatrices sont retournés mais se rassurent : il s'agissait bien d'un fait divers, une situation rarissime. Réservé aux initiés.