D'un style apparenté à Tati, en plus foisonnant. Il est permis d'être d'emblée désarçonné d'entendre la langue de Molière et de la lire sur les bouches, car majoritairement acteurs français... Je m'attendais à une v.o. géorgienne sous-titrée, déception donc... Heureusement, il y aura ensuite un pan soviétique, non traduit mais très expressif, en droit fil du cinéma muet de l'est. Donc, cela se trame entre Moscou et le centre de la France. Bizarre mais agréable somme toute, très animé, avec quelques bons mots, des étincelles culottées même, mixées à une forme d'anachronisme destabilisant. A retenir, une remarquable scène musicale, des choeurs au milieu de perruches et perroquets qui ajoutent leurs trilles... Chants, danses, messes, obsèques, banquets générant l'affluence, satire de la vénération mortuaire aux intérêts sous-jacents (valable sous toutes latitudes), un religieux aux allures de fonctionnaire bon vivant. Au quotidien, on souffle dans des cuivres pour se défouler et le château entier se brade, avec une suspicion vite désarmorcée... En fait, l'idéal serait de voir ce film un peu allumé par un bon verre de gnôle, histoire de privilégier l'aspect anecdotique sans se poser de question sur la finalité... Outre les Enfants de Dieu qui s'ébrouent là ou ailleurs, sont également à l'honneur les belles vieilles guimbardes et le vélo, une incitation à faire en sorte que le sang circule dans les veines : slaves, franchouillards ou japonais défilent, chacun imprimant sa marque. Otar Iosseliani dit adieu à un monde d'iconoclastes révolu, en y glissant déjà (1992) le spectre de la mondialisation.