Découvert en dvd sur mars 2009 en v.o. Une peinture de moeurs italiennes à travers des histoires de couples croisées, desquelles il ressort une infinité d'angles offerts à la réflexion du spectateur. La photographie d'abord, en noir et blanc, particulièrement élaborée, d'un esthétisme constant mais jamais gratuit, chaque plan de la caméra soulignant le désir de co-dépendance sans cesse contrecarré par l'envie d'être soi-même, ce piège qu'est le besoin de séduire. Tous sont majoritairement des nantis un peu pourris par la facilité matérielle, sauf Claudia (Monica Vitti) censée apporter une note plus généreuse : qu'elle incarne une jeune femme issue d'un milieu populaire est imperceptible, tout aussi racée, élégante, et même plus à l'aise que celle qui l'invite, Anna (Léa Massari), une maniaque du cache-cache. L'angoisse monte dans l'île où ils sont partis canoter, que de points d'interrogation ! On nage dans ce que Beauvoir commença à nommer "le malentendu entre les sexes". Antonioni tâche de "franchir le seuil de l'alcôve", direction la félicité à deux. Prône l'oubli pour avancer et ne rien regretter. Il sonde le mystère féminin comme rarement au cinéma, que ce soit l'absence à l'autre (en sa présence pourtant) qui débouche sur la disparition... Ou le poids des regards mâles permanent qui fait de toute jolie femme sans homme une proie... Point culminant du film : l'attente du partenaire, ces petits gestes affolés, la terreur d'une fin. L'Avventura, c'est l'âme féminine doucement démasquée (on sent l'amour porté par le cinéaste à Monica Vitti) : ce qui fait qu'on lui pardonne de faire de ses acteurs mâles des gros chats en quête perpétuelle de souris ou presque.