Découvert au "Cinématographe" nantais en v.o. en juin 2008 et tout de suite conquise, le temps de s'habituer au style de tournage, visiblement en studio, mais plus l'action avance, moins on s'en souvient. Sûr qu'il en a fallu des astuces techniques pour figurer cette mer, omniprésente, j'en ai encore le tournis... Une oeuvre dite "de propagande", plébiscitée puis aussitôt décriée à sa sortie (pas de quoi puisque le nazisme y est condamné au profit de la solidarité humaine dans l'ultime) ! La "patte" du maître est bien là, son espièglerie, chacun devrait en prendre pour son grade... Au départ, quelques nappes de brouillard, des signes brefs de naufrage et focus sur une lady fumant cigarette, son bas a juste filé (énigmatique Tallulah Bankhead), s'approche un premier rescapé qu'elle filme (très beau et intemporel John Hodiak), d'autres mains venant ensuite s'agripper au rafiot... Le spectateur embarque pour un peu plus d'une heure et demie de chaloupe avec ces neuf tourneboulés... Dépouillement progressif, drames mais aussi quelques gags (l'envol des cartes, la cuite du futur opéré)... Une excellente confrontation de caractères, non plus à la guerre mais "au milieu de rien", avec des dialogues de Steinbeck qui renforcent au centuple la malice hitchcockienne !