Le film aurait été mal accueilli à sa sortie parce que Guitry supposé pétainiste, sortait de prison (faute de preuve), mais avec une réputation sérieusement entachée, il n'était pas le seul artiste à avoir accepté de travailler sous l'Occupation, période louche, où la délation régnait... Donc, on lui en voulait d'endosser la personnalité de Talleyrand, cette girouette. Vu en vidéocassette en cette fin 2007, où se banalisent, entre autres positionnements fumeux, la "droite virant très à droite", une gauche bien réelle mais décapitée, des stars autoproclamées de tous bords, quelques "transfuges" certifiés prêchant la bonne parole, la finalité de chacun étant "servir la France". Fort bien, mais la vue se brouille devant les résultats : alors, aujourd'hui, entendre un notable dire à ses subalternes "j'ai pris la décision de vous augmenter à la fin du mois : désormais, vous serez cinq au lieu de quatre" fait presque progressiste ! Sacha Guitry cultivait le bonheur qui passe, sans illusions sur les accommodements quotidiens, le pouvoir et l'asservissement sans cesse en parallèle. Pour rentrer dans ce film, il convient de passer sur certains aspects visuels empruntés au théâtre, le laisser plutôt se dévider comme une suite de sketches à la "Pierre Dac" en s'accrochant au texte, aidé par cette voix off semblant revenir parfois d'outre-tombe... Au bout du compte, le personnage martial du début fait place à un fantaisiste plus qu'à un traître, bien que par moments il pousse le bouchon... Un réalisateur/acteur incroyable d'inventivité, génial organisateur d'ambiances loufoques, et surtout brillant dialoguiste.