Vu en 2007 à la télé (dans une version française supportable)... On ne s'ennuie pas une seconde en compagnie de ce vieil observateur voyageant dans ses pensées. L'image, en noir et blanc est très soignée, formidablement bien cadrée, c'est un plaisir de tous les instants, j'ai été constamment sous le charme de la lumière d'été (dans les cheveux des personnages, elle semble les éclairer de l'intérieur). Il est permis de se demander si Bergman ne s'est pas inventé un paradis terrestre où se plonger en cas de besoin, de manière à gommer une enfance assombrie par l'austérité paternelle. Curieux va-et-vient entre passé et présent, entre réalité et onirisme. Il y a un franc-parler entre les personnages qui se disent des vacheries puis se rattrapent (la belle-fille au début, souriante mais soudain peu amène, en voiture avec Isak). Une manière de masquer l'affection, cette froideur, ce ton bourru, toutes ces esquives, que ce soit la vieille bonne plus dévouée qu'une épouse et qui se défend, ou le fils qu'on croirait à deux doigts de laisser la future mère. Cet intrusion familiale porte à réfléchir à la solitude humaine, aux points de convergence toujours possibles malgré les obstacles. Un Bergman bien réconfortant.