Si ce n'était pas un cliché, je parlerais de "néo-réalisme" à la De Sica. En fait, et comme pour le cinéma egyptien (Salah Abou Seif), la démarche du réalisme social allait ici de soi, car trouvant son origine dans une préoccupation du quotidien et de la société, dans une attitude morale. Dans le cas de De Oliveira, dont l'attirance pour le documentaire était très nette à ses débuts (ses films ultérieurs, plus "théâtre", sont aussi, en quelque sorte, des documentaires sur la représentation théâtrale), la préoccupation pour l'environnement quotidien allait aussi de soi. L'histoire, pour en venir enfin au film, est d'autant plus émouvante que ces enfants sont le reflet (et le produit) d'une société, et qu'ils jouent des situations d'adultes, dans le même contexte de précarité qui était le lot commun. Et trente ans avant "Bugsy Malone" (qui reste le meilleur film d'Alan Parker), nous avons ici un film entièrement joué par des enfants si l'on excepte les personnages de l'instituteur et du vendeur de la "Boutique des tentations" auquel les enfants subtilisent la poupée, etc. Et quelle belle interprétation ! Le film, comme tous les films d'enfants ("Sciuscia", "Los Olvidados", "Pixote", "Ma vie de chien", etc. la liste prendrait des pages...), garde une grande fraîcheur, une éternelle jeunesse.