Critique(s)/Commentaire(s) de JIPI

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  • LA GUERRE DES ROSE (1989)
    Comment, tout en vivant à deux, briller par soi-même, pour soi-même, en contemplant sa propre réussite, dans un espace domestique commun ? Ce couple de yuppies, embrumé par l'ennui, consume rapidement ses procédures amoureuses, pour ne voir indépendamment, que lumières et réussites professionnelles, rendant indépendantes deux cellules vivant sous un même toit.On ne peut plus sortir d'un carriérisme fabriqué par l'absence d'une rhétorique vibratoire amoureuse à long terme, tout s'émiette pour ne faire place qu'à un seul concept "le job", offrant la délivrance d'une récurrence saupoudrée d'un statut constructif, hors de la demeure.Parfumés d'indépendance, les "Rose", en pleine embellie bureaucratique, se déclare la guerre, tout vole dans les pièces, pas de quartiers, on frappe la où ça fait mal, il n'y a aucune dépendance, tout ce qui a été patiemment acquis, est détruit sans regrets, dans un acharnement démentiel, ôtant chaque composant à une maison à l'agonie.Ce film exerce une fascination nauséabonde, la perception de ces scènes apocalyptiques sédentaires combinatoires délivre un rire cramoisi, cette destruction mutuelle évolutive semble banale et procédurière, les sentiments ne sont pas entretenus, ils disparaissent rapidement. Les esprits sont au bureau, la hiérarchie s'invite au domicile conjugal du collaborateur, en s'accaparant la table familiale où le mari et les enfants n'apparaissent plus.Les récompenses professionnelles sont des natures mortes, à l'image d'un mobilier détonateur d'affrontements, celui-ci étant paradoxalement carbonisé dans un moment de lucidité mutuelle."La guerre des Rose" n'offre pas une perception comique, les quelques arabesques de Barbara Rose projetée violemment dans les escaliers par un mari hors de tout contrôle, maintiennent un sourire figé. La procédure relationnelle de ce couple moderne moteur dans l'entreprise est scrutée de la passion à la destruction, avec un couperet voyageant incognito, la prise de conscience d'un individualisme menant irrémédiablement à la destruction d'une dualité, la routine familiale n'est qu'un prétexte."Je ne t'aime plus", prononcée par une Barbara au regard glacial, n'est qu'un hymne à un voyage en solitaire.Anéanti par le "moi" rémunéré, en récompense d'un investissement extérieur, les Rose se pâment devant un paraître investissant un domaine privé sans défense.Ces deux machines de guerre, dans l'incapacité de faire un retour arrière, s'autodétruisent, paradoxalement en tentant de sauver ce qu'ils ont vus couler sans réagir : leur maison dans sa définition première.
  • KOYAANISQATSI (1982)
    Le cheminement vers l'impact final au ralenti puis en accéléré des composants naturels et technologiques d'une planète exsangue. Accompagné d’une partition musicale grandiose, détenant dans ses décibels répétitifs le constat d'une production démesurée effectuée par des esprits captifs de leurs contraintes ou de leurs choix n’étant plus que des particules robotisées. Le contraste d'une société ravagée par une méthode aliénante uniquement basée sur l'épuisement et le remplacement de ses ressources qu’elles quelles soient. L’impact révélateur de tous les gros plans de ces visages vides ou pleins, exclus ou intégrés saisis sur le terrain dont la seule alternative est de survivre ou de s’épanouir dans les uniques concepts qu’ils subissent ou qu’ils ont choisis nourrissant la Matrice émotionnelle (le monde) de leur quotidien dans une sorte de microprocesseur urbain dans lequel ils ont été parachutés et dont ils sont l’unique mécanisme collectif. Quatre vingt minutes de Spinoza à l'enseigne. De l'autonomie à la dépendance. De la gestion spontanée à la logistique thématisée sur un site en excès de vitesse n'ayant plus un regard sur l'évolution naturelle de son histoire.
  • LE GRAND BAZAR (1973)
    Finalement "Le grand Bazar" ne vieillit pas si mal. Être la vingtaine pratiquement terminée, encore chez ses parents avec pour les plus chanceux un boulot terne et bruyant à deux heures de chez soi, retrace parfaitement en ce début des années soixante dix le déclin des trente glorieuses testé moralement comme bien souvent par une certaine jeunesse sans bagages, en vrille, camouflant son mal de vivre dans un délire permanent.Un seul équilibre pour une génération presque perdue, se réaliser quotidiennement et sans retenue dans un état second, en se servant de ses décalages les plus fous dont les extrêmes ne sont qu'un cri, une bouteille à la mer destinée à bousculer ses contemporains sous l'emprise du costume trois pièces, congelés par les contraintes de l'apparence.La soif d'aujourd'hui contre l'appât du gain, le boutiquier contre la grande surface, le contact humain contre la froideur de l'enseigne.S'éclater sur les quelques terrains vagues encore restants pendant que le grossiste compte la recette du jour sur fond de transports blindés et de constructions précaires reflète correctement le fumet de cet opus post soixante-huitard désincarnant ses sujets les plus naturels.En les nommant exclus ou robotisés, le seule remède pour survivre entre la peste et le choléra étant de se promener dans la vie comme dans un supermarché, en glanant ça et là sa pitance festive quotidienne.
  • ALEXANDRE NEVSKI (1938)
    Une habile propagande dévoile la détermination d'un empire à conserver, toutes époques confondues, sa terre inviolée. Pendant que le Mongol trépigne d'impatience aux portes de l'empire, des hordes germaniques sont anéantis par la volonté d'un seul homme, décuplant la force défensive d'une masse conditionnée par la peur perpétuelle de l'invasion.Un lyrisme sur fond blanc scrute l'avancée d'un ennemi métallique, sans visage. La froideur des glaces sert de tapisserie à une terre régulièrement assiégée.Le 5 Avril 1542 se projette dans le temps. En 1938 le potentiel teuton, devenu nazi, menace tel une comète, militairement, ces plaines éternellement convoitées.Le courage d'Alexandre voyage dans l'éternité répétitive de conflits aux aspects similaires. Sergei Mikhailovich Eisenstein, en redonnant vie à l'histoire, montre l'éternelle détermination d'un pays à sauvegarder ses terres.La musique de Prokofiev accentue par des notes burinées la menace progressive d'un assaillant sans pitié. L'homme d'église pleutre calfeutre son courage dans des mimiques peureuses et fuyantes. Les vieillards et les enfants sont rayés des listes de l'existence.La bestialité du Teuton est chargée au maximum. Tout ce qui vient d'au-delà de l'horizon n'est pas humain et se combat jusqu'à la mort. Un éternel schéma d'invasion reconduit, déclenchant les mêmes gestes de bravoure, sur de perpétuels assaillis.Cette fresque nationaliste intemporelle anime une procédure ancestrale, invitant toujours une force dévastatrice sur son terrain, afin de mieux la décimer de l'intérieur. Le message est clair, la bataille du lac Peïpous, annonce la stratégie et la déroute de Stalingrad. Le Russe, expert dans l'art de comprimer, dompte avec panache tous les assauts livrés régulièrement par le temps.Sublime dans l'individualité des gestes sur lesquelles la caméra fait parfois son nid, "Alexandre Nevski" sauvegarde la mère patrie, en projetant dans l'avenir un courage façonné sur des doctrines répétitives.
  • HANTISE (1944)
    Une ombre menaçante passe d’une fenêtre à l’autre, scrutée par une aide précieuse, dans un brouillard pesant. Paula simultanément rassurée et laminée en temps réel, par un double regard tendre et fauve, glisse irrémédiablement vers la folie.L’environnement d’un cocon stable et bourgeois se transforme peu à peu en un gite menaçant, constitué d’images vacillantes et de pas répétés que l’on est seule à voir et à entendre.Tout un environnement néfaste s’appuie sur la puissance de l’auto persuasion. Des yeux flamboyants de pitié et de haine entraînent lentement un agneau vers la logistique de l’asile. Le conjoint est froid, mécanique, persuasif en se servant habilement d’éléments domestiques soumis, devenus subitement de redoutables armes de déstabilisation.Le syndrome du marteau, martyrisant un métal soumis à l’enclume, se déchaine dans des pièces où la lumière croit et décroit en fonction de la pression.L’œuvre tutoie les anges de l’angoisse et de l’oppression dans un chantier de démolition tournant à plein régime, entre mobiliers et bibelots. Le contenu d’une maison ordonnée se déforme dans des images défiant une rationalité réduite en cendres, par des coups de massues assénés sans états d’âme, sur une victime acceptant sans combattre ses fausses dérives."Gaslight", must du harcèlement moral en clair obscur, applique les procédures d’un travail de sape palliatif, lent, démoniaque s’acharnant sur une proie piégée par les attraits d’une apparence, masquant la rigidité d’un être presque inanimé.Une œuvre d’atmosphère sans pareille, tenaillante, époustouflante, reconstituant dans les salons un des principes de l’univers. Une dominance planétaire envers un astre qu’il faut adorer et subir en parallèle.
  • GRAND HOTEL (1932)
    Plusieurs composants en rupture de normalisation tentent de se ressourcer dans des connexions temporaires, offertes par la logistique d’un grand hôtel de luxe berlinois. Dernières folies, pleurnicheries et caprices côtoient maitres, courtisans et ambitieux, dans un lieu où les dernières cartouches, les remises à niveaux et les acquis ne projettent aucun avenir en commun à long terme, entre les différents protagonistes.Tout n’est qu’une tranche de vie où chacun, en fonction de son bilan, plastronne ou s’effondre dans un lieu froid sclérosé par la thématique du service et l’attrait de l’argent semblant gommer toutes les différences.La caméra dévore le profil, les mimiques et les déplacements d’une divine, formatée de film en film, par la perception d’un autre monde nommé solitude, sous les yeux d’un Wallace Berry, à l’allure de Kaiser."Grand Hôtel" établi un catalogue microcosmique de tout les mécanismes de notre société. Une prestation passagère entre ce qui est sûr de soi et ce qui doute, avec comme conclusion la constitution des malles et la porte de sortie pour tout le monde, une fois la représentation terminée.
  • PSYCHOSE (1960)
    Le temps semble réduire au maximum l’impact final et tragique de Marion dont le trajet menant de son origine vers une enseigne noyée sous la pluie ne semble jamais finir. Une femme en fuite inhale dans la lenteur d’un conversationnel courtois, les premières senteurs d’un repentir, avant d’être exterminée de la pire des manières par un cerveau squatté. De nombreuses parcelles sensitives glanées l’espace de quelques confidences brutalement annihilées par un esprit à l’écoute se dupliquant soudainement en tueur implacable.
  • L'EMMERDEUR (1973)
    L'assimilation contrainte et laborieuse d'un boulet par un exécuteur minuté, pur et dur, contraint d'abaisser sa garde devant les assauts répétés d'un pleurnichard collé aux basques. Une alchimie curieusement opérationnelle, le temps de quelques confidences, dans un premier temps, farouchement combattues entre un délaissé sans envergure et une figure de cire impassible, calibrée uniquement pour la mission.La brutale apparition d'une complémentarité semblant à long terme entre une machine à gémir et un silencieux rigide et procédurier.Un opus drôle, alerte et tonique sur le relationnel forcé de deux esprits extrêmes, fournissant par leurs différences de la matière festive et décalée.
  • LA GRANDE BOUFFE (1973)
    Alors la le cinéma fait un grand pas, Marco Ferreri prend de force un marché sclérosé, avec des idées métaphysiques pour l'époque. Une génération de comédiens vieillissants accepte de se fragiliser dans un nouveau concept hyper dérangeant, détruisant une décennie de rôles plutôt conventionnels.La nourriture, principale ingrédient de cette déferlante de victuailles, devient une arme suicidaire. On n'ingurgite plus pour subsister, mais pour le gain d'une souffrance exigée, menant au trépas.Ces esprits délirants, suite aux hectolitres de vins absorbés, sombrent volontairement vers la nuit éternelle.Parasités intérieurement par le mal de vivre, ils se suppriment en malmenant leurs corps qu'ils veulent punir d'avoir pris le pouvoir sur une ligne de conduite d'esprit responsable.Cet hymne à la bouffe absorbée en masse est révolutionnaire, l'audace prend le pas sur une conventionnalité cinématographique lassante. Un nouveau voyeurisme s'exprime sans limites. Volontairement abject, "La grande bouffe" met en lumière un cinéaste hautement épicurien, hautain, paradant sur les marches du festival de Cannes, fier de son travail.Insulté, frappé, c'est un chemin de croix pour l'équipe du film, endurant jusqu'au bout le déferlement critique d'une foule menaçante et hystérique, non préparée."La grande bouffe" va permettre à certains comédiens de se remettre en question notamment Michel Piccoli, inaugurant en ces années soixante dix un changement radical dans le choix de ses personnages, acceptant des rôles complexes tel que dans "Grandeur nature" de Luis Garcia Berlanga."La grande bouffe" est un film bénéfique, novateur, tout est remis en question. Réalisateur et surtout comédiens renaissent par la provocation, un mot merveilleux, mouvementant des esprits endormis par les procédures basiques et sans surprises du métier.Un incontestable progrès cinématographique, une œuvre d'art surréaliste, emblème nauséabond d'une profession osant enfin titiller l'intolérable.
  • LE FLEUVE (1951)
    Le fleuve, opus quasiment inerte, associe habilement le documentaire au romanesque, dans des couleurs flamboyantes, principales étincelles d'une action bien souvent somnolente. Inutile de glaner un dynamisme dont l'oeuvre n'a nullement besoin. Tout n'est que lancinance et lenteur distillées dans un ennui profond, faisant d'un site managé par ses rituels et ses croyances, le contenu d'une seule journée, où tout ne fait que se reproduire à l'identique sous une chaleur accablante.Trois jeunes filles sortent de leur adolescence, en s'éveillant au choix culturel et à l'amour antinomique, envers un pays où un grand blessé de guerre, incapable de positionner son émotif au dessus de son handicap.Un monde enfantin protégé et paisible s'estompe devant le brusque besoin de conquérir et de plaire à un indécis de passage, déconnecté d'une véritable perception émotionnelle, pendant qu'un immense pays écoule ses jours dans son quotidien, son histoire et ses traditions.Un film sublime, sécurisant, apaisant, mais dérangeant par son immobilisme presque hypnotique.
  • LE DICTATEUR (1940)
    "Adenoid Hynkel dictateur fantoche managé par sa mégalomanie et ses maladresses possède une copie antinomique. Un barbier juif lunaire, farfelu, froussard, inadapté aux procédures militaires.L’un postillonne et vocifère sur des micros craintifs des théories extrémistes pendant que le second rase et dépoussière sa rare clientèle sur des danses hongroises de Zoltan Brabek.Deux mondes façonnés sur un même moule expriment leur différence dans un univers buriné conservant curieusement une certaine fantaisie.Le contexte tout en étant préoccupant par la montée en puissance de ses doctrines et la virulence de sa répression ne sombre jamais dans la barbarie.Un burlesque qui tout en étant lucide l’emporte toujours sur le mélodrame.Il s’agit de dénoncer mais toujours dans une sorte de bonne humeur dont le spectateur ne doit jamais se séparer malgré la rudesse de certaines images.Les gags sont nombreux, lumineux, indulgents envers certaines caricatures ridiculisées sur la pellicule tout en étant hyper dangereuses dans la réalité.Une fusion intelligente entre un réalisme invivable et l’audace de s’en divertir.".
  • FANTOMAS SE DÉCHAINE (1965)
    En mille neuf cent soixante cinq, les Américains se sont copieusement moqués de cette bourrade involontaire et bien maigrelette infligée à son "Alter égo "sorti la même année. Comment peut-on comparer "Fantômas se déchaîne" à "Notre homme Flint" de Daniel Mann, opus au budget titanesque, lui-même en orbite autour de quelques James Bond le précédant dont les contenus sont déjà bien grassouillets en gadgets."Fantômas se déchaîne" s'auto-nourrit de ses élucubrations délirantes.N'hésitant à aucun moment à exhiber joyeusement les lacunes d'une usine à gaz hexagonale complètement désordonnée, assurant miraculeusement par ses comportements rocambolesques l'avancement d'une enquête dont la finalité n'est que la reconquête de son origine.Fantômas, matière fuyante, négative, apporte paradoxalement de l'énergie communicative à toute une gamme de poursuivants hors normes, vitalisés par un désordre permanent, leur permettant d'être constamment connectés.Finalement Fantômas, volontairement insaisissable, est un saint homme, il offre à tous ses détracteurs la plus belle des tapisseries, l'assemblage et la continuité dans le temps d'un groupe soudé par son décalage, ceci dans une poursuite éternelle.
  • PLEURE PAS LA BOUCHE PLEINE (1973)
    Dans ses campagnes encore peuplées de toutes tranches d'âges, chacun tient son rang. Cela démarre de la jeune adolescente à la jupe microscopique, découvrant ses premières lectures impures, par l'intermédiaire de Guy des Cars, père spirituel de tant de jeunes filles à la recherche d'expériences amoureuses, en passant par le dragueur en blazer, haute cylindrée, ajouté à la sympathique grand-mère, préposée aux épluchures et à la bonne tenue des latrines, pour finir par le père à l'envie soudaine de plaisir, distribuant l'argent de poche de sa fille, au compte-gouttes.Cette agréable compagnie s'exprime à l'air libre aux bord d'étangs, cannes à pêche en mains ou dissimulés en meules de foins. Chacun en fonction de sa génération active ses procédures. Le père surveille, conseille, réprimande. La fille s'exhibe, aguiche, permet, puis interdit, soudainement certaines déterminations.On se lave en bassine où l'on urine sur le seuil de la porte. L'apéritif se déguste sur des tables dressées au soleil. Le curé vient se rincer la glotte afin de rougir davantage, un visage déjà bien entamé.Tout est bon enfant, les moqueries sont saines, respectueuses, tout le monde se connaît, s'apprécie dans une collectivité structurée par le bon air, les visages ont des couleurs, loin des mauvaises humeurs citadines.Les mains baladeuses entreprenantes, mais condamnées à l'exploration réduite, sont positionnées sur des territoires restreints toujours identiques.Faute de mieux, les bouches s'unissent, en attendant l'inévitable passage à l'acte. Les préliminaires sont lassants, trop répétitifs, aux portes de cette première fois, tant désirée autant que redoutée.Cette jeunesse rurale, protégée encore pour un temps de la contrainte d'une destinée, profite à plein temps de ses sensations programmées dans une nature lumineuse, épanouie par la bonne humeur et l'équilibre de ceux qu'elle accueille.On se roule dans l'herbe, en riant aux éclats, c'est du bonheur de haute cuvée, dans un temporel émouvant nommé fraîcheur et naturel.Oh ! temps suspend ton vol.
  • BRIGADOON (1954)
    L'impact de ce film n’appartient plus à ceux qui l’on découvert en son temps. Comment vont réagir nos jeunes générations, rationalisées à l’extrême, par un monde pragmatique, ne ceinturant qu’un essentiel froid. Métallique sur le terrain, comme dans les esprits, notre époque s’éloigne irrémédiablement de cet opus chaleureux, émouvant champêtre où soudainement, sans sommations, une logistique préservée ouvre les yeux, anime les cœurs qui spontanément, chantent et valsent dans une contrée, réveillée une journée tous les cent ans."Brigadoon" est une fable lumineuse sur tout ce que nos perceptions égoïstes et alimentaires ont détruit. Un challenge hors du commun, offert à l’homme de se recadrer, en pleine campagne par les sentiments, en fuyant la ville.Découvrir de nouveaux rituels, se vêtir d’une nouvelle source de vie en frissonnant devant un amour éphémère, imposant un processus sensible, déterminant, afin de tenter de le conserver pour l’éternité.Avoir la force de devenir absent des retombées d’un temps structuré par la foule et le bruit, en se ressourçant par l’aubade et le mouvement dans une nature ordonnée et sans limites.Le message est fort, l’amour rien que l’amour, envers un être et un territoire restauré que la force des sentiments aideront peut-être à ne pas repartir dans le néant."Brigadoon", fable écolo-réformatrice de comportements de plus en plus éliminés de nos sociétés, est un chef-d’œuvre, une école, un parfum nommé amour, un joyau inestimable favorisant une indispensable remise en questions, à l’aide de la restauration d’un contexte oublié, générateur de respect et surtout de sédentarité envers un modèle de vie.A voir, avec un cœur d’enfant, plein d’espérancesQuand on aime quelqu'un avec assez de forces, tout est possible.
  • LA CHARGE VICTORIEUSE (1951)
    Pour devenir courageux, il faut d'abord avoir peur, en étant dans un premier temps illuminé par un patriotisme bien éloigné du réalisme des combats. Une fois sur site, l'angoisse devient insoutenable et l'on détale comme un lapin devant un enemmi déterminé, grossissant à vue d'oeil.La lâcheté permet bien souvent d'accéder à une méditation interne, permettant de constituer un capital courage au contact des siens, complètement délabrés qui eux ont fait face sans déserter.Il suffit de s'enrober de leurs sacrifices et de leurs confidences, puis de revenir briller dans un état transcendant, là où l'on ne désirait ne plus être."La charge victorieuse" est un film grandiose. Le basculement réussi d'un bipolaire incapable de s'assumer sur un site hyper violent, se mettant temporairement en retrait, pour revenir presque invincible sur un terrain dont il n'a plus peur.
  • LA LUMIÈRE BLEUE (1932)
    Junta est une enfant de la pleine lune. Un esprit maquisard et insaisissable partageant sa vivacité naturelle avec une nature traversée au pas de course sans aucune protection loin de contemporains effacés, médiocres et sentencieux, terrorisés par de lourdes croyances endurées sans être étudiées. Une escalade périlleuse vers une lumière bleue tout près du ciel offrant ses parures nocturnes à une élue temporaire découvrant de nouveaux ressentis dans une révélation finale atteinte et contemplée grâce une volonté hors du commun.La détermination d’acquérir une autre perception entre détermination et transcendance.Un écrin éphémère dangereux malgré son offrande qu’il ne faut pas contempler jusqu’à l’ivresse sous peine d’être emporté.
  • CHACAL (1972)
    "Chacal", parcours minutieux des préparatifs d’un attentat contre un chef d’état, par un tueur mécanisé, sans chaleur, tout en ne possédant qu’une sensibilité microscopique, détient l’efficacité d’un processus déterminé, appliqué à la lettre sans états d’âme. Le traitement est aussi froid que le tueur est beau. Seule la mission accompagnée de la validation de chaque degré de son exécution compte. Ceci n’élimine pas la casse, des innocents en font les frais.Le cogito policier, en traque contre un professionnel du contrat, est à son paroxysme. Une course contre la montre entre un système répressif et un exécutant mandaté s’égrène, le temps d’un unique rendez-vous entre un prédateur déterminé et une proie mise en danger par la cérémonie et le protocole."Chacal" expose brillamment les contenus procéduriers nécessaires à l’application, ainsi qu’à l’opposition en parallèle d’un assassinat commandité. Un double confrontation interne, en miroir, où chaque camp doit prouver la valeur de sa manière de faire par une protection parfois laborieuse et administrative, en lutte contre la rigueur d’une entité robotisée.
  • DUEL AU SOLEIL (1946)
    Un sénateur, patriarche aigri et revanchard, ventile ses humeurs sur une épouse soumise et effacée. Chacun d'eux charge et contre les assauts en fonction de la psychologie de chacun de leurs deux fils. Violence et emportement, contre calme et mesure, se combattent du matin au soir. Le tout sur fond de chevaux galopant sur les collines et dans la plaine.Les psychologies bibliques de Jacob (Jesse) et d'Esau (Lewt) sont restaurées sur fond de western et de chemin de fer en construction.L'un est conçu pour la tente et l'administration du domaine, l'autre pour l'immaturité et les chevauchées fantastiques, avec comme admiratrice, en alternance, une sauvageonne indécise, entre la sédentarité d'une maîtresse de maison et l'attrait d'une instabilité héréditaire pulsionnelle.Un trophée potentiel domestique pour Jesse se mesure à un produit d'assouvissement temporaire pour Lewt.De majestueux levers de soleil rouge sang annonce la fin logique et tragique d'un gène déplorable menant une jolie métisse recueillie vers un ultime rendez-vous.Un dernier face face sublime, loin de tout sous un astre brulant que l'on subit, blessé et meurtri. La fusion dans une lucidité soudaine de deux amants apaisés, donnant à un site de pierre le rang de sanctuaire."Duel au soleil" possède pour l'éternité la conclusion la plus flamboyante du septième art. Un combat final violent et passionnel. Une détermination féminine hors du commun, rampant dans la poussière. Un éclair démoniaque visant un amour impossible qu'il faut punir, en se punissant soi-même.
  • LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT (1958)
    Aujourd’hui c’est jour de lessive dans ce domaine cossu où sur fond de cœurs asséchés, jalousies, mensonges, frustrations et dissimulations vont s’affronter par l’intermédiaire d’une famille en décrépitude, sous les yeux d’une marmaille criarde et provocatrice. Maggie la chatte, curieusement embellie par l’abandon lutte pour reconquérir un mari homosexuel refoulé, au tiers de sa capacité physique, imbibé par le contenu d’un verre constamment reconstitué.Aucune descendance ne pointe à l’horizon, dans un contexte ou implorations et indifférences se succèdent à rythme soutenu. Les grossesses inexistantes font de l’appareillage enfantin des monstres sans coups perturbateurs et insolents.Le climat est âpre, de la cave au grenier tout le monde se livre, s’affronte sous les yeux d’un mort-vivant soudainement requinqué par les reproches d’un fils égrenant le contenu d’un passé, sans amour paternel.Cette joute époustouflante de bout en bout révèle des cœurs meurtris, livrant en permanence des rivalités et des blessures profondes, que l’alcool se charge de colmater à chaque instant.L’ambition, l’absence et l’égoïsme d’un père condamné ont laissé des traces sur une progéniture en révolte, privée d’un chêne sécurisant et protecteur.Un manque additionné à la non cicatrisation d’une perte festive, perturbant la normalisation sexuelle d’un sportif de haut niveau, dont les pensées dissimulées préfèrent restaurer l’ambiance des douches et des sorties d’antan entre copains, plutôt qu’un mariage conventionnel privant un casse-cou de la promiscuité masculine et de l’émoi du terrain.Maggie la chatte, sur le gril, aux portes de la dépression, ferraille sur tous les fronts avec comme espoir d’oasis un apaisement conquis par l’épuisement de troupes, vaincus par la douleur, n’ayant plus la force de lutter.Ceci ayant l’avantage suprême d’offrir à certains une remise à niveau de fin de parcours.
  • GHOST (1990)
    Les seconds couteaux sont quelquefois bien plus performants que leurs maitres, détenteurs dans la durée de l'image et de ses ressentis. L'épisodique fantôme du métro est poignant, désespéré. Un esprit malheureux, privé de la matière et de son toucher.Condamné à la contemplation passive et éternelle de ses contemporains, dans des allers retours en boucle ne servant à rien, sinon à se lamenter sans fin sur un territoire perdu.Un regard décharné, perçant, agressif, revanchard, sevré de communication, imprégné de désespoir, maudissant le temps de l'avoir congédié cruellement de l'existence avant son heure.Des moments de solitudes intenses, en compagnie d'anonymes endormis, évasifs ou plongés dans leurs lectures quotidiennes, dans l'impossibilité de communiquer avec un invisible à perpétuité.Les meilleurs moments d'un opus espoir, gommant nos craintes de néantisation, suite à notre disparition.On est toujours là, mais condamné au voyeurisme.
  • BLOW-UP (1967)
    "Blow-up" est un enchaînement singulier, presque incongru de faits et gestes quotidiens, complètement démarqués d’une logique temporelle. L’espace n’appartient plus qu’à l’incommunicabilité entre des êtres farfelus, assoiffés de libertés décalées. Les rapports, tout en étant disloqués d’un assemblage rationnel, donnent des résultats constructifs, dans une absurdité commune.Sur fond d’underground londonien, des personnages liées par un métier, se plient à des procédures professionnelles froides, à peine respectueuses, doublées de rencontres pulsionnelles, dans des espaces naturels presque déserts.Les femmes sont belles, jeunes, insouciantes, rapidement cicatrisantes dans le jeu suite aux contrariétés formatées par un boulimique de la photo. Le contexte extérieur est surprenant, les contacts ne sont farouches que pour la forme, les êtres se lient facilement dans des mimiques absentes d’un catalogue normalisé.Ces images curieuses unissent un voyeurisme presque dément dans une virtualité dissoute, subitement dans un réalisme meurtrier. L'asservissement envers un monde conditionné est gommé par la volonté de se lâcher, que ce soit par ses extravagances soudaines ou un mépris des conventions.Le cap d’un intéressement est conservé péniblement, grâce à une intrigue policière à laquelle Brian de Palma rendra hommage. Malgré ces quelques antibiotiques "Blow-up" est une œuvre difficile, lassante, offerte à une science cinématographique devant évoluer en se fragilisant, par certaines nouveautés visuelles.Une partie de tennis particulière révèle la prise de risques effectuée par un maître, récompensé à Cannes, libre de toutes contraintes, préférant lâcher sur le terrain un délire jubilatoire, plutôt qu'un conformisme sans surprises.Pour public averti.
  • QUE LA BÊTE MEURE (1969)
    La vengeance la plus juste devient parfois la source des plus grands maux.  Diderot. Une vengeance qui tout en étant au départ légitime se transforme au fil d’une quête laborieuse en une sorte de rapport machiavélique entre un père accablé et un rustre millésimé.Brutal et odieux régnant sur une maisonnée triste, lâche et servile désarticulée devant les dévastations quotidiennes qu’elle subit de la part d’un froussard, abject et prétentieux n’existant uniquement que par ses emportements injustifiés.Un monstre vulnérable que l’on manipule tout en faisant semblant de se mettre en danger de manière à mieux le mettre sur le flanc par un faux pouvoir que l’on efface le moment venu.Tout en restant déterminé un homme encore debout malgré l’immense tragédie qu’il vient de subir transforme une détermination naturelle en une transaction malsaine.Supprimer un assassin oui mais de manière décalée tout en refusant d’en assumer les conséquences préférant laisser une descendance maltraitée payer à sa place une mise à mort que l’on a certainement soi-même opérée.Une génération montante miraculeusement préservée qui tout en voulant par tous les moyens se soustraire d'une existence insoutenable n'hésite pas à se servir du paradoxe en sacrifiant son avenir dans une sorte d'offrande que l'on dépose devant un homme brisé.Rattrapé par le repentir dont l’ultime décision est de laisser la nature décider de son sort.
  • LE SEPTIEME SCEAU (1956)
    " Le vide est le miroir de mon visage, je veux savoir pour ne plus croire. Je veux que dieu me tende la main, qu'il me dévoile son visage et qu'il me parle".Antonius élabore à l’aide de ses valeurs de l'instant la mise en pages de ses réflexions.L'espoir d’une révélation consciente. Une approche religieuse pure découverte sur le pré ou lors de la traversée de villages tuméfiés.Une nouvelle perception faisant de cet indécis un référant convertit par une image, un comportement ou un mot révélateur contre vérités d'une époque souillée par la démence les épidémies et les malédictions.Les yeux exorbités d’une sorcière au bûcher scrutés intensément afin d’y percevoir une illumination au seuil du passage dans l’au delà s’avèrent décevant.Qui a-t-il après la mort ? A quoi sert la vie ? Quelle est notre mission sur terre ?Le contexte médiéval extrêmement épuré de toute sensibilité assèche les âmes à la recherche d’une autre dimension que celle d'un monde ou chaque rencontre ne fait qu'entretenir un territoire dévasté aux portes de l’aliénation.L'époque est nébuleuse, croupie dans ses superstitions, pillent les cadavres, rôtissent les illuminés, sarabande sur les crêtes.Un monde à la dérive sombre dans la folie tout en quêtant sa rédemption pendant qu'un interrogatif recherche désespérément une réponse afin d'apaiser ses méditations métaphysiques.Ou sont nos repères? Qu'est ce que la vérité?Antonius vivant au jour le jour désire tout connaitre, tout ressentir dans une vie éphémère rongée par la guerre, le rituel, la sorcellerie et les épidémies.Comment conquérir une autre échelle au contact de contemporains soumis ou déstabilisés par le monde qui les entourent ?Ne serions nous pas finalement que des Antonius des temps modernes.Des êtres désirant en savoir plus mais empêtrés dans une imagerie quotidienne décevante privée d'éléments porteurs leur permettant d'acquérir une nouvelle grandeur.
  • LA FORÊT D'ÉMERAUDE (1985)
    La forêt d’émeraude raconte le déclin d’un espace vital hors du temps. Quarante pour cent de l'oxygène mondial sur un territoire unitaire rassemblant des milliers d’espèces animales et végétales alimentant en flore ou en nourriture des centaines de tribus indigènes vivant en harmonie loin de la civilisation.Capturé par un sourire Tommy sept ans accepte de grandir loin des siens dans une métamorphose calme et sereine.En prenant le statut d’invisible un citadin encore influençable se retrouve préservé de la poussière des chantiers, éliminant chaque jour des milliers d’hectares de forêts amazoniennes repoussant dans des sous-bois de plus en plus comprimés, rebelles, trafiquants et souteneurs cohabitant chaotiquement avec l'indien.Les premières scènes sont révélatrices d’un basculement annoncé.Un jeune garçon positionne son regard sur une action millénaire réservée aux silences des forêts.Des fourmis construisent leurs territoires en transportant des feuilles tombées des arbres ceci depuis toujours de manière naturelle sans l'apport de la raison.Sur le bord du monde, frontière entre le centre du monde et le monde mort, Tommy bascule de son plein gré sur un site inconnu et préservé ne fonctionnant que par ses propres règles à quelques mètres d'une civilisation à l'agonie.L'acte de bravoure final à distance, en osmose entre un père ressourcé, épaulé par un fils sous l'emprise de la méditation transcendantale, recule temporairement la destinée d'une "faune" abandonnant inéxorablement l'arc et la flèche au profit de la bouteille et du révolver, avec l'enseigne et le béton comme environnement quotidien.Comment devant un avenir aussi sombre contourner le bidonville, la rapine, le vol, la prostitution et l’alcoolisme ?Quelle société sera capable de repositionner dans une chaîne d’esprits ces indispensables ressources écologiques détruites par l’âpreté du gain.Le film est daté, qu'en est-il aujourd'hui ? Silence radio.
  • QUINZE JOURS AILLEURS (1962)
    Charité, stress, caprices, colères, névroses, banqueroutes, somnifères, drogues, alcool, orgueil, manipulations, sont au menu contemplatif d’un acteur en décomposition tentant de se ressourcer dans une ville festive, remplie d’enfants. "Quinze jours ailleurs" établi un constat réaliste autant qu’alarmant sur un milieu dont la finalité se nomme déstabilisation, oubli et dépression. Des métiers d’ensorcelés où le copinage n’est bien souvent qu’une bouée jetée sur une épave, ayant visitée toutes les pièces d’un environnement manquant totalement de structures morales sécurisantes.Du vieux metteur en scène au jeune comédien parano, tout un système de façade est scanné de manière déprimante, sur fond de ville éternelle imprégnée de nuits reposantes et joyeuses.Toutes les facettes thématiques de ce milieu bien particulier perdent pied ou surnagent dans un contexte où quelques révélations porteuses d’espoir montrent un léger puzzle d’humanité.Il y a par moments un peu de Doc Holliday dans l’interprétation de Kirk Douglas, pour qui ce rôle semble être une aire de repos où le comédien ne fait que restaurer un jeu d'acteur collant le mieux possible aux contraintes du scénario.Le cheminement, un peu trop classique de la globalité de ce film moyen, attise l’appétit d’une vision des ensorcelés dont quelques images judicieusement choisies apparaissent dans cet opus manquant un peu d’électricité. Par contre la toile de fond romaine, vivifiante et indisciplinée, est la bienvenue.
  • LA VIE PASSIONNÉE DE VINCENT VAN GOGH (1956)
    "Je veux toucher les cœurs par mes œuvres"Boulimique de coups de bâtons, que ce soit sous terre ou en pleine nature, Vincent Van Gogh se construit dans ses jeunes années à l’aide d’une énergie mal jaugée, recadrée par un frère protecteur omniprésent. Tout n’est que précipitations envers un monde uniquement perçu par le bas. Un jeu de questions sans réponses envers des opprimés accablés par le charbon, incapables d’expliquer les raisons profondes de leurs misérables existences.Ce premier morceau de vie n'est qu'un besoin unique de collecter une sous-estimation de soi même, en testant le négatif quotidien de couches sociales défavorisées à laquelle on pense à tort appartenir.Libéré temporairement de l’autodestruction, l’homme, en attendant l’automutilation, la folie et l’illumination du tournesol, gravit un à un les degrés d’une délivrance provisoire axée sur une production saine, menacée par les contraintes d’une inspiration parfois déficiente, transformant un esprit vif en tempérament instable toujours terrorisé par la peur de ne rien pondre.A l’écoute de propos éclairés, les toiles s’illuminent. Des couleurs enfin sereines envahissent des surfaces primitivement blanches et sans vie.Le soleil restitue sur la toile sa lumière et sa chaleur.La continuelle quête de la paix de l’âme se récolte dans une nature reposée ou battue par les vents, sous les yeux d’un artiste exalté battant la mesure d’un monde unifié par une clarté commune, à l’aide d‘un pinceau chauffé à blanc.Les conflits avec Gauguin sont âpres et passionnés. Ces deux tourmentés n’ont qu’un seul but, offrir par la restitution d’un identique une identité intellectuelle à une nature n’ayant aucune notion de sa perfection.L’art est à son apogée. Les êtres se détachent d’une œuvre divine soumise à un processus inconnu, pour se centraliser sur une réflexion aléatoire, basée sur des jugements considérés comme posés.Le rendu l’emporte sur la réalité. L'esprit devient le seul outil créateur.Vincent Minnelli signe un travail parfait sur l’âpre volonté d’un passionné de mettre les lumières du ciel en bouteille, afin de vivre et d’assimiler au bord de la folie les mystères de l’univers, en luttant au maximum contre l'autodestruction terminologie d'une mission insurmontable.
  • LE ROI DES ROIS (1961)
    Ce film malgré sa bonne volonté reste désespérément fade et incomplet. Quelques personnages, hautement complémentaires, ne divulguent que des faciès surchargés de transcendances, imposés par l'offrande du plan unique et la contrainte d'évoluer dans des bases soumises à une morale de forteresse. Judas, mort dans les bras d'un Barabbas idéaliste et révolutionnaire trop filmé, frise le canular de premier ordre. La danse limitée de Salomé devant un roi médiocre et dépendant ne mérite pas la tête du Baptiste.Marie n'offre que des parcelles de tendresse naïve, sans décoller comme d'habitude d'un rôle de mère emmurée désespérément dans le faire valoir. Marie Madeleine, iconisée par la génuflexion permanente, n'est condamnée qu'à l'adoration et au baise main.Toutes ces surcharges cloisonnent hélas plusieurs ressources primordiales dans des scénettes simplistes où le ravissement de certains visages illuminés par la révélation respectent trop un créneau officiel.Nicholas Ray opte pour un Christ visible, beau et aux yeux bleus, se promenant dans un best-off de vie reproduit dans un cinémascope luxueux de combats et de scènes intimistes en alternance.Les arrêts sur images de certaines plates-formes d'un parcours emblématique sont fournies sans aucune prise de risque, ce qui valorise l'intuition d'un film de commande.Le casting reste curieux pas de grosses cylindrées à part Robert Ryan, physiquement trop imposant pour un rôle d'éclaireur sacrifié.Mention spéciale pour Franck Thring, Hérode Antipas halluciné, qui grâce à un personnage complètement débridé, peut en faire des tonnes, en offrant un peu d'aération à ce film long, presque ennuyeux, annonçant dans un déclin à son rythme, la fin du concept péplum.
  • ZABRISKIE POINT (1969)
    Fuir la prolifération des enseignes, la brutalité policière et la contestation désorganisée estudiantine, mène à une extrémité naturelle où se trouve en vrac un soleil éclatant, pierre angulaire d’un paysage de pierre. Dans un tel climat, deux jeunes esprits presque calcinés, par les perspectives désastreuses de leurs temps, n’offrant que l’espérance d’un petit jardin payable en vingt ans, claquent la porte, déroule un ruban menant vers nulle part en restaurant, amour, jeux et roulades poussiéreuses, dans un contexte naturel, n’ayant pas progressé depuis des millénaires.L’œuvre offre quelques sublimes plans larges, dénudés, des potions magiques indispensables, destinées à de jeunes yeux pouvant enfin contempler un vide sans contraintes.Le droit de consommer sans retenue les délires imposés par les dysfonctionnements d’un jeune âge, lutte éternellement contre une répression toujours souveraine.Une certaine jeunesse provocatrice américaine des années soixante dix ne rêve que de chambouler les institutions, que ce soit sur les campus, dans les classes ou dans les airs.Michelangelo Antonioni, dans l'air du temps, fixe sur la pellicule un road-movie apparenté par instants à "Easy Rider", sans pour autant tomber dans le piège de la drogue.Son travail est pathétique, une jeunesse désemparée, ne veut en aucun cas déployer une existence programmée par ses pairs. Elle ne désire qu'une seule chose, jouir de ses propres besoins, dans de sublimes morceaux de vies brefs et spontanés, déconnectés de toutes responsabilités.La terrible conclusion de cette œuvre magnifique montre dans des riffs et des ralentis lancinants seules possibilités d’en finir avec une vie toute tracée, que l’on ne désire pas connaître.Un champignon presque atomique, révélateur d’une génération traumatisée par la bombe et la privation des libertés individuelles.
  • CELUI PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE (1960)
    Bienvenue au Texas. Les voitures changées chaque année sont conduites à cent à l’heure en pleine ville, avec au moins neuf fusils de chasse sur les banquettes. La mission première étant, à l’aide de cet attirail métallique, de plaire à ces dames, en entretenant la détermination d’en découdre de maris jaloux.Dans les bois, le chasseur ne poursuit que le reflet de lui-même, une peur à terrasser par la crainte du sanglier. Le fils trop couvé glisse lentement vers cette nouvelle configuration en testant les attraits du fusil, dans un salon délaissé au profit des étangs et des forêts.Il y autant d’incompréhension entre deux parents, que la longueur d’une table séparant un couple détruit, dont la progéniture ne représente plus que l’unique satisfaction mutuelle.La femme s’insère difficilement dans un contexte de putois, mère possessive, outil d’apaisement pour certains, initiatrice pour d’autres, elle tente d’exister en imposant un triple processus naturel.Méchoui, bière quotidienne et bain du samedi se succèdent, tissés dans des paysages grandioses, filmés abondamment.L’omniprésence de l’univers de la chasse, parfois momentanément privé de gibiers, devient un terrain de confidences touchant, permettant l’établissement d’un contact entre un bâtard et un demi-frère, quêtant le cadeau d’un père qu’il a sauvé d’une mort certaine.Les chiens sont primordiaux, combatifs, respectés et soignés. En forêt comme devant l’âtre, ils deviennent l’égal des humains disposant des lieux aux mêmes niveaux.L’œuvre est imposante, aucune minute d’ennui ne se profile à l’horizon.Le message sur l'enfance abandonnée, au profit d'un égoïsme personnel, est très fort.Robert Mitchum est remarquable, conquérant en espaces naturels, coureur de jupons invétéré, il subit la loi femelle en domesticité, en implorant presque le déverrouillage d’une porte conjugale fermée. Alternant force et faiblesse, peu scrupuleux de la casse occasionnée, il n’est qu’un homme à prendre, comme il est sans justification ni jugement.Une phrase magnifique résume parfaitement ce grand film."Ma mère est souffrante parce qu’elle hait mon père"Un climat complémentaire, entre une liberté de penser faussement éloignée d’une moralité revancharde, ne vous laissant plus de repos.
  • LE PARRAIN (1971)
    "Un homme qui ne se dévoue pas à sa famille, n'est plus un homme"Cette phrase résume parfaitement ce film fleuve. Don Corléone adapte sans le savoir la doctrine d'Alexandre le Grand. Tout pour la famille, qu'elle soit de sa chair ou professionnelle. Conquérante en externe, loyale et soumise à son seigneur et maître, en interne. Le tout prédispose au respect et au partage. Une structure rassurante pour un vieux chef ivre de conformisme, sachant sécuriser et récompenser des lieutenants efficaces, dans un job particulier, soumis à la récurrence des procédures, le tout assurant le bon fonctionnement d'une usine à gaz toujours convoitée.Le parcours ne s'écarte jamais de scènes intimistes et conviviales, brusquement archivés par un processus répressif, énergie combative d'une trahison omniprésente.Don Corléone, usé par des années de combats incessants, cache une vengeance implacable dans des phrases larmoyantes. Une sanction douce, prononcée par un timbre de voix à peine audible.Les morceaux de bravoure s'exécutent au cordeau. Il faut quérir par l'action sa future armure de dirigeant ou disparaître subitement, en faisant couler le sang, nerf de la guerre, d'un environnement rarement au repos.Certaines vies sont sommaires, abattues par des armes ne s'assoupissant jamais longtemps."Le parrain" est un cours assez succinct sur un monde obscur, la maffia et sa logistique. Un territoire hyper violent, humainement fragile où les règlements de comptes surgissent sans sommations, dans les rues ou dans les bars.Dans son genre l'œuvre frise la fresque, une tenture lente et sanglante d'un univers parallèle, ignoré d'honnêtes gens bypassés de ces trahisons et punitions répétitives.Cette visite d'un contexte malhonnête, inconnu, est ahurissante, Le territoire est attirant par l'équilibre d'un organigramme intérieur familial, respectueux de ses devoirs envers un patron estimé.Un courant limpide entre un dirigeant lucide sur le départ et sa garde prétorienne, dans un univers impitoyable.
  • LA FORTERESSE NOIRE (1983)
    Au moment de la rédaction de ces lignes, "la forteresse noire" ne figure sur aucun support commercial ce qui fait de cet opus rare une curiosité que de nombreux heureux ayant eu la chance de visionner réduiront en cendres suite à la somnolence quasi permanente de son parcours. Ca passe ou ça casse.Quelle déception ou quelle fascination devant ces images amorphes et ces trucages simplets que la musique éthérée de Tangerine Dream n'arrive pas à colorer.Une peau de chagrin passant peu à peu d'un statut de piste intéressante à celui de bouse conséquente suite à l'anéantissement progressif de la plupart de ses neurones énergétiques.A voir néanmoins dans la mesure du possible afin de visiter une terre inconnue aussi translucide qu'hypnotique.Parfois le vide sans le savoir s'habille d'une lumière intense.Certainement un film culte entretenant sa valeur à l'aide de ses contradictions à découvrir à l'aide de ses deux antonymes l'euphorie ou la déprime.
  • LAME DE FOND (1946)
    "Michel, Michel"Il y a par moments dans "Undercurren"t l’empreinte de "Rebecca" et de "Soupçons" d’Alfred Hitchcock. Une présence invisible et mystérieuse plane sur les jeunes années d’un couple. Une femme, tout en idolâtrant un mari, se pose de plus en plus de questions à son sujet.Un souvenir de famille particulièrement néfaste prend racine en squattant le bon équilibre d’une union dont l’un des maillons, après une difficile adaptation envers un milieu inconnu, tente de comprendre et surtout de repositionner l’esprit d’un mari soi-disant perturbé.Quel est donc ce frère mystérieux dont l’empreinte démolit à distance la stabilité d’un jeune ménage?"Undercurrent" œuvre d’emprise, d’investigation, de mystère et d’atmosphère, s’avère particulièrement réussie. Par l’intermédiaire d’un poème et d’un leitmotiv classique langoureux, une femme se sent irrésistiblement attirée par un personnage qu’elle va tenter de matérialiser en débroussaillant des zones énigmatiques, antérieures à son apparition.L’épilogue, à l’inverse d’une mauvaise piste de départ, apporte une note finale surprenante. Le face à face fraternel montre un seul être fragmenté par la vengeance et l’arrivisme, pendant qu’une femme lutte pour ne pas tomber amoureuse d’une obsession.Encore un rôle en or pour le ténébreux Robert Taylor, dont le visage s’assombrit de plus en plus au fil de l’action.Vincente Minnelli filme une analyse freudienne passionnante, sans être dans l’ombre d’œuvres parallèles que le maître du suspense tournait à la même époque.Un metteur en scène ingénieux filme avec expérience les noirceurs de l’âme.Le bon, c’est certainement celui qui apparaît à la fin.Au fait "Aimez-vous Brahms" ?
  • LES PARAPLUIES DE CHERBOURG (1963)
    Ils sont bien émouvants ces parapluies de Cherbourg répartissant leurs décibels mélodieux dans des intérieurs aux couleurs surprenantes par leurs différentes associations dont la complémentarité s’avère parfois douteuse. La soporifique scène finale des retrouvailles, où l’on a pratiquement plus rien à se dire est l’exemple parfait de la pire et de la plus sécurisante des conclusions.Certes on se construit avec d’autres personnes, mais les visages n'ayant plus de fraicheur juvénile sont devenus fades et impersonnels.Deux jeunes oisillons originellement promis l'un pour l'autre se séparent sans une allusion sur leur amour perdu remplacé par leurs nouveaux acquis n'étant plus qu'un recadrage fait de fourrures et de patrimoines.Un traitement réaliste sur une époque dénonçant une domination matriarcale intolérante ne voguant plus que sur les flots de son conformisme ainsi qu’une nation implosant par ses contraintes l'avenir de nombreux jeunes couples séparés momentanément n'ayant pas la patience de s'attendre.La vision réaliste d'un territoire de plomb autant que ces papiers peints et ces meubles étouffants et lourdauds dont l’essence n’est qu'une agression permanente assénée à une génération montante pleine de vie devant endurer l'environnement austère et le règlement incontournable d'un pays fragilisant par certaines de ses obligations temporelles l'avenir sentimental de ses enfants.
  • MORT À L'ARRIVÉE (1987)
    Quelques mots sur ce polar intelligent, manquant un peu de structure continue dans son déroulement. L’idée est géniale. Un homme empoisonné ne dispose que de quelques heures pour remonter à la source d’un cauchemar vécu la veille en état second. Rassembler ses souvenirs dans une action morbide en continue; carburant à plein régime et le challenge de ce mort en sursis; avançant en plein brouillard pendant que ses forces rongées par le poison s’amenuisent peu à peu."Mort à l’arrivée", triste et mélancolique cheminement vers la nuit éternelle, permet à un condamné de distiller ses dernières heures dans une volonté tenace de comprendre les raisons d’un départ de plus en plus à l’approche au fur et à mesure que les nuages se dissipent.Un compte à rebours désespéré entre un pourquoi et son explication.
  • L'ESPION QUI VENAIT DU FROID (1965)
    "On ne peut pas toujours être une machine, on a besoin parfois de se divulguer comme être humain" Avant d’entamer sa dernière mission, Alec Leamas, agent secret au bout du rouleau, traine la savate dans les rues d’un Londres sombre et pluvieux. Amer, frigide, titubant, l’œil glauque, sa violence verbale et physique envers ses contemporains n’est peut-être qu’une couverture, afin de produire de dernières étincelles professionnelles dans une ultime chorégraphie avant de s’endormir, usé par les aspects procéduriers de son métier."L’espion qui venait du froid", lourdement critiqué pour sa lenteur lors de sa sortie, mérite certainement une seconde vision. Ces images interminablement lentes donnent à cette œuvre étrange le statut de film d’auteur.L’intérêt pénètre avec de grandes difficultés cette configuration logistique d’espions statiques, automatisés par une mission inlassablement répétée. Une écoute intensive de propos maussades altère davantage le contenu de cette besogne cinématographique obscure.Une lassitude entretenue de manière royale par une récurrence en boucle.L’œuvre possède une valeur, c’est sûr, mais notre entendement n’est pas à la hauteur de telles exigences. Le passionnant contexte de guerre froide n’est ici qu’une toile de fond. Elle cède le pas devant le choix douteux d’un conversationnel trop abondant, argumentant le besoin d’en finir devant ce bourdonnement verbal sans fin.Quelques scènes d'un faux procès illumine un peu les bornes de cette mécanique complexe dont les rouages nécessitent un livret explicatif d'accompagnement.
  • CHARADE (1963)
    Talonnée par plusieurs personnages énigmatiques, Reggie se réfugie vers Peter Joshua, premier bastion d’une série de patronymes potentiels, mis en service en fonction des besoins. Seul point positif de toutes ces identités successives, un statut de divorcé, encourageant une magnifique persécutée, à effectuer une drague intensive envers ce protecteur mystérieux toujours là au bon moment."Charade" est un chef-d’œuvre policier à se repasser en boucle sans déceler l’ombre d’un ennui. L’intrigue est passionnante, son récit teinté d’humour reste soutenu de bout en bout. Démêler ses nombreux rebondissements apporte joies et bonheurs.Audrey Hepburn est magnifique, insérée entre des instants festifs basculant soudainement dans une terreur toujours digne et respectueuse, malgré les contraintes d’un climat à respecter.Deux des plus beaux fleurons hollywoodiens sont happés, le temps d’un film, par un Paris au look sixties dont chaque composant n’est plus qu’un souvenir.Une course-poursuite bénéfique dans les Tuileries, sur les quais ou dans le métro redonnant vie le temps d’une escapade à toute une technologie obsolète."Charade" est le joyau d’une décennie heureuse. Une comédie policière savoureuse, baignant dans un suspense haletant. Une perle temporelle déposée sur une terre encore préservée de disettes.La belle traquée fait face avec courage, sans altérer le périmètre d’un visage sublime, toujours protégé par une naïveté de princesse. Le danger, devant une telle armure, ne peut que battre en retraite.A ne rater sous aucun prétexte.
  • FRONTIÈRE CHINOISE (1965)
    Anne Brancroft, médecin au verbe haut, coiffée à la Elvis, fumant cigarette sur cigarette, verre de scotch en main, dans une culotte de cheval cintrant au maximum une taille qui n'a pas besoin de l'aide, vaut vraiment le détour. Elle est vraiment magnifique, volontaire, assidue, décisionnaire dans une mission dont les initiatives sont ensevelies sous des tonnes de procédures théologiques, inadaptées en ces terres conquises par le soudard roteux, au propos presque inaudibles.L'autorité passe d'une besogne administrative répétitive, employant continuellement le rappel à l'ordre, à la mise en pratique de procédures rapides sans préambules interminables.Lentement, une ancienne dominante glisse vers une refonte complète en adoptant la nouvelle peau d'une désespérée, sans envergure presque hystérique.Ce dernier opus fordien, sans grande surprise, se procure son lingot d'or, dans une dernière scène magnifique, mêlant bravoure et résignation dans un acte sublime jamais vu au cinéma, permettant à un groupe remis sur les rails, d'élaborer une feuille de route existentielle, grâce à un sacrifice tenant presque de l'immolation.Rien que pour cette dernière luminosité intense "Frontière chinoise" mérite les éloges intarissables d'esprits marqués à vie par la dernière image d'un film unissant l'abandon de soi dans une rage de vivre offerte aux autres.
  • L'ARGENT DE LA VIEILLE (1972)
    "L'argent de la vieille" est un phénomène cyclique réunissant chaque année pendant quelques heures d'éternels "repassés" rêvant d'une victoire impossible contre un concept social ne faisant d'eux que des envieux à long terme. La vieille gagne toujours sans être forcément plus forte, ce n'est qu'une question de positionnement relationnel, défini certainement au départ de façon philosophique, trouvant sur le terrain une façon de s'exprimer de la même manière que sa définition première.Tout est prédéfini depuis le départ. Le riche reste riche, quelque soit l'espace et le temps.Le pauvre, aiguillonné par la convoitise, est mentalement mal structuré pour s'éjecter de sa condition.La vieille, se sachant protégée par une relation Alpha Oméga toujours à son avantage, positionne le deuxième composant toujours au rang de perdant et de subordonné.Celui-ci étant condamné à évoluer que temporairement dans un environnement luxueux irrécupérable à temps complet.C'est un peu l'image d'une certaine oligarchie démocratique où le système semble laisser une chance hypothétique à des nécessiteux, tout en consolidant son propre schéma protecteur, reconduit à son avantage à chaque confrontation entre les deux extrémités de notre société.Le pauvre, humant quelque temps la bienheureuse odeur des salons, retrouve inévitablement à long terme sa motocyclette pétaradante et délabrée.
  • LA VIE EST BELLE (1946)
    Plein de projets, Georges Bailey s’apprête à visiter le monde, sans s’apercevoir que tout ce qu’il désire connaître, existe déjà localement. Une amitié profonde est à savourer à deux pas, grâce à l’immense bonheur de contempler les transformations dans le temps d’une faune accompagnatrice.Du policier au chauffeur de taxi, en passant par le pharmacien et le premier et unique amour, tout pousse en même temps que soi dans un univers où les comportements évoluent en même temps que les morphologies.Ici le malheur est le bienvenu, car il déclenche une solidarité à toutes épreuves, appuyée par des analyses célestes démontrant que chaque vie est indispensable.Le refus d’exister carbonise des schémas de vies. L’absence est terrible et ne dois pas être. D’une manière ou d’une autre, faire ses bagages ne sert à rien, il suffit d’avoir la force de se fondre dans un environnement où tout ce qui vous entoure, se répète en réclamant votre soutien.Ici, voir les mêmes visages chaque jour, est un gage d’équilibre.Ensemble, il faut vivre et lutter afin d’empêcher le déploiement d’une ville perdue, avec comme apothéose finale la concentration d’un magma gigantesque d’amis de toujours venus spontanément vous sortir du bourbier."La vie est belle" est une œuvre magistrale, un constant rappel à l’ordre de tout ce que nous ne savons plus ou ne pas faire, regarder les autres au plus près, en sacrifiant toutes envies de briller hors de ses terres.L’indifférence est à des lieues de ce travail hors du temps, consistant à reformater, à l’aide d’un groupe sédentaire, un esprit à terre.Le contenu offre une démolition sans pitié, contrée par un panorama solidaire somptueux. Les prières montent au ciel, le cas Bailey étudié, émeut des ressources contemplatives, se décidant enfin à intervenir.Sur la terre comme au ciel, un plan d’urgence se met en marche.L’homme bon est béni des Dieux et des siens, dans un contexte de vie répétitif qu’il a su percevoir comme le parcours d’une existence entière entourée de ceux que l’on voit grandir et vieillir, le tout n’étant finalement que soi-même.
  • LES QUATRE CAVALIERS DE L'APOCALYPSE (1961)
    La mort, la peste, la conquête et la guerre annoncent dans un prologue éblouissant les fissures d'une famille éclatée par les attraits d'une conjoncture historique nouvelle, réduisant à néant les destinées internes d'un continent soumis à la botte. Les passions interdites et les neutralités oisives côtoient à distances les alertes à la bombe, les attentats et les règlements de compte, dans un Paris occupé, filmé remarquablement en surface comme sous terre, par un cinéaste déployant sans retenue l'investissement de certains quartiers, porteurs de résistance, d'une cité provisoirement à l'agonie.L'aspect mélodramatique, tout en étant souvent à son paroxysme, s'incorpore entre des mouvements de foules brillamment coordonnés, indispensables à l'aération d'une œuvre d'atmosphère.Des réunions festives dégradantes montrent les faiblesses d'une certaine catégorie de citoyens, n'ayant plus le mécanisme d'une révolte. Tous ces abus et ces manques étant conditionnés par la réactivation régulière de quatre cavaliers programmés dans des temps constamment répétitifs, suite à la folie des hommes.La détresse et la lâcheté ont la possibilité de s'estomper devant la détermination et le courage d'une nouvelle perception, gommant un statut méprisant les déchirures de contemporains, inaptes à rendre les coups.Le film défile à son rythme, il faut s'en accommoder sans se moquer de ces situations et de ces profils obsolètes, provisoirement au placard grâce à nos bienheureuses années de paix.Une famille désagrégée, par des approches conjoncturelles différentes, tente de sauver ses derniers rameaux, dans un voyage réaliste sur fond de couleur sang, dans un final où une détermination enfin retrouvée, tout en sciant des branches intestines, redore un blason.
  • LES RÉVOLTÉS DU BOUNTY (1962)
    Une rafale de procédures maritimes outrancières, entre en conflit avec un management plus souple, respectueux, tolérant presque bon enfant le tout dans une surdose de tamourés révélateurs et de paysages exotiques somptueux. On comprend plus aisément, en fonction de la seconde partie, concernant les fessiers en mouvement et la faune idyllique que le beau Marlon ait tout fait pour retarder la fin du tournage de cet affrontement hiérarchique basique au grand air, où la luminosité éclatante du site incite à prendre racines.Les sites sont grandioses. La belle Tarita convaincante à souhait. Ce paradis permet à l'équipage d'un bateau sombrant dans les châtiments corporels à répétition, de souffler dans la délectation de fruits délicieux et de pêches miraculeuses.Le contenu prend parfois l'aspect d'un documentaire complaisant, montrant des indigènes stéréotypés accostant la rigidité britannique, en distribuant sous des chants mélodieux, des couronnes de fleurs véhiculées dans des embarcations pilotées par des bras et des jarrets puissants.L'uniforme terne du capitaine Bligh, pantin grotesque, désarticulé par une danse imposée, est absorbé par les couleurs chatoyantes d'un dominant local complètement débridé.Rigueurs disciplinaires et comportements inconditionnels débonnaires se partagent la manne d'un paysage de carte postale."Les révoltés du Bounty" est la perception d'un ailleurs lointain, embelli d'images scénarisées, aussi abstraites qu'improbables. Trois heures de carburant conventionnel fortifiant nos besoins d'évasion.
  • UN DRÔLE DE PAROISSIEN (1963)
    "Nous sommes une goutte de paresse dans un océan de labeur. "Cette phrase, au combien significative d'une aristocratie moribonde, désirant conserver par tous les moyens une oisiveté ancestrale, oblige les protagonistes, d'une diction parfaite, préservée de la phraséologie du laborieux, à se remonter les manches, sans avoir pour autant la perception de travailler.Voir une police en sureffectif, ridiculisée par un personnage en harmonie entre ce qu'il prend et ce qu'il offre, ressemble à une course poursuite entre un malicieux et des limités, cloisonnés dans des stéréotypes aux aspects poussiéreux et ventripotents.Jean-Pierre Mocky, comme bien souvent, se pâme en filmant de manière anarchiquement douce, les limites intellectuelles d'une certaine catégorie de ses contemporains, en les affligeant de physionomies presque felliniennes.L'intégralité est servie dans des situations cocasses où le poussif, aux frontières de la cirrhose, en tenue de ville ou déguisé de manière grotesque, applique des initiatives farfelues, surclassées par l'analyse froide et efficace d'un penseur dont les actions malhonnêtes sont argumentées comme des missions divines.Policiers et ecclésiastiques servent de boucs émissaires à un cinéaste ravi de manipuler des rouages jugés comme ridicules, détenteurs de procédures plus dominantes qu'idéologiques, explorées par un drôle de paroissien, plein de compassion et de tolérance envers ces ressources de société qu'il faut accepter dans son quotidien.
  • VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS (1954)
    La mise en images de cette lecture incontournable d'adolescent est attrayante, colorée. Un parfum d'intrigues et d'évasions nécessaires à nos jeunes années, parfois tristes et indécises. Un merveilleux, chassant nos ancestrales craintes de basculer dans le monde austère des adultes, dans des aventures à vivre sur papier ou sur pellicule, en attendant les joies et les peines de l'entreprise.Il y a tout pour être momentanément absent de son temps, dans un virtuel accompagné de monstres marins terrifiants métalliques ou non, de trésors accumulés, de combats titanesques et de morceaux de bravoure finaux.Le schéma n'est pas nouveau, un scientifique misanthrope revanchar, d que se soit dans l'espace ou sur les mers, détient un pouvoir destructeur inimaginable.Une détermination vengeresse, impitoyable envers ses contemporains, atténuée par les bons mots d'un professeur humaniste, émerveillé par un assemblage technologique inconnu, supérieur, mais hélas pointé vers le mal.L'intégralité respire une ambiance thématique distrayante, accompagnée de quelques messages écologiques, de mises en gardes sur nos dérives terrestres.Le beau Kirk ne lésine pas sur le torse nu, en mettant habilement en évidence la désinvolture et la joie de vivre d'un acteur en pleine bourre physique.A l'aise au harpon, au chant, en partenariat animal ou en rupture avec la fourchette, le comédien prend plaisir à alterner la gaudriole et le combat.L'univers de Jules Verne consiste à délivrer l'analyse de mystères toujours rationalisés, par un esprit humain se devant de conserver une analyse cartésienne. Ici la tradition est respectée, ce qui se divertit ou inquiète n'est qu'humain.
  • DIAMANTS SUR CANAPE (1961)
    "Breakfast at Tiffany's" remarquable comédie douce amère aux accents felliniens draine irrévocablement par les attributs contenues dans une sphère thématique, toutes les excentricités d'une faune luxueuse, protégée, immature, égrenant lourdement superficialités et débordements. Dans cette prison dorée, les prénoms se confondent, le whisky coule à flots, les chapeaux s'enflamment dans l'indifférence générale.Les placards abritent une luxure débridée, pendant qu'un troupeau carbonisé par l'alcool, roule sous les tables après minuit.Quelques larmes de lucidité annonçant une construction mature encore lointaine se manifestent enfin sur un quai de gare.Un visage privé de sens profond passe lentement de l'ébriété à la perception.Une thérapie permettant à deux paumés de refaire surface par une attirance dans un premier temps imposée par l'un subit par l'autre, dont la finalité est un retour fracassant vers les sentiments."Breakfast at Tiffany's" est un opus extrêmement attachant, drôle, cynique, provoquant.Une fable magnifique sur la liberté d'user de soi dans divers compartiments dont certains ne sont pas les bons.Pour s'en apercevoir, il faut être deux, se parler, apprendre à se connaître, retrouver ses vraies valeurs grâce à quelques confidences et boire le champagne d'un challenge réussi dans un bonheur durable, conquis lors d'une scène finale ou l'ont est enfin soi-même.
  • LA FORET PETRIFIEE (1936)
    Singulière destinée que celle de ce clone du Vigan du "Quai des brumes" illuminé, sans le sou, en bout de course, quémandant avec fougue sur un site décharné, son anéantissement de la part d'un fugitif sommaire. Légèrement éclairé par les propos d'un Philosophe itinérant et indécis, désirant porter au plus haut le paroxysme de ses sentiments, avant de disparaître.Une perle méconnue, originale, mystique sur la volonté d'un esprit tétanisé par l'intégration de bouleverser un site sensitif intérieur aride et grippé, en acheminant tel un volcan de l'ombre vers la lumière, une transcendance sentimentale enfin révélée.Bette Davis et Leslie Howard sont magnifiques.
  • ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (1951)
    Quelle chance tout en gardant la maitrise de soi de pouvoir contempler le temps d'un songe de fin d'après midi l'apparition d'un félin microcosmique dont l'unique particule se déplaçant d'un endroit à un autre à l'aide d'un tunnel quantique duplique un rictus festif dont l'apparence sécurisante déclenche en parallèle une perception angoissante. Une nouvelle dimension déroulant ses arcanes déstabilisants à une jeune fille réfléchie, entreprenante et déterminée ne lâchant rien dont la curiosité alimentée sans cesse par des images nouvelles ne demande qu'à se répandre davantage tout le long d'une configuration n'offrant qu'une énergie surprenante et dématérialisée.Libre d'incorporer sa mixture incohérente dans l'intégralité de ses délires simultanés bien au delà de notre réalité et de la récurrence de ses concepts.Ce monde n'est pas fou, il est neuf libre de se vautrer dans son désordre permanent.Une aubaine non négligeable de s'assumer tel qu'on le souhaite sans crainte ni honte de se sentir dévalorisé par le verdict intérieur d'une lucidité que l'on ne possède pas.Alice est la pour analyser, apprendre et fusionner tous ses acquis dans toutes ces situations nouvelles ne fonctionnant uniquement que par leurs incohérences.L'unification temporaire et tant convoitée entre un microcosme souterrain déconstruit et un macrocosme terrestre structuré par son éthique.L'infiniment petit et l'infiniment grand. le délire et l'ordonnancement. L'incohérence et son recadrage réunis le temps d'une visite intemporelle.Gremlins et Gizmo sur une même fréquence dans des images décousues n'adoptant aucune logique servant de réflexion initiatrice et intensive à un esprit endormi ayant l'immense privilège de visiter la vacuité transcendante et euphorique de sa conscience.
  • 2010 (1984)
    Pourquoi n’avoir pas laissé reposer éternellement en paix l’emblématique fin du premier opus. Cette suite n’explique rien, pire elle dénature par son parcours sans éclats un premier jet révolutionnaire, provoquant, presque jouissif dans sa refonte complète d’un cinéma éradiqué par ces nouvelles images hors du commun. Le contenu de cette mission de sauvetage pâlotte se réduit à un laborieux et lassant parcours vers la mise en lumière d’un phénomène local, bien basique pour un univers infini.Le message semble plus philosophique qu’autre chose. Un soleil supplémentaire est offert à la contemplation d’une terre sans repères, menacée par un douloureux conflit mondial pendant qu’un ordinateur rédempteur, jadis hyper dangereux, est reconnecté afin de remettre sur les rails du retour, une mission en danger.Le potentiel de la luminosité nouvelle d’un soleil raté permet au deux maîtres du monde de se positionner dans les étoiles en qualité de scientifiques raisonnants, uniquement par les procédures intellectuelles de leurs métiers, pendant que des militaires et des politiciens en viennent aux mains sous leurs pieds.Russes et Américains, isolés de la poudre et du discours, se rapprochent les uns des autres, par l’équation commune, seule puissance capable de les unir dans l'unique royaume irréfutable, les mathématiques.Une procédure éternelle, passionnelle, vraie dans l'incapacité d'être déstabilisée par l'ivresse d'un contexte terrestre passager.
  • L'ARRANGEMENT (1969)
    La réussite entretient parfois un curieux paradoxe, un manque, une liberté passée, restaurée par des flashbacks courts, puissants. Les choix, alimentés par l’air du temps, s’avèrent matériellement payants, mais génère un mal de vivre menant vers la consultation fréquente d’une caverne interne secrète, sur le fil du rasoir, entre ce que l’on est, ce que l’on fut et ce que l’on aurait aimé être, le tout soudainement, en vrac, sans respect chronologique.Evangélos, dépressif suite à l’accumulation de déceptions engendrées par un choix plus alimentaire que naturel, tutoie la folie, entre rêves et réalité, dans un luxe sans âme.Ce qui est, malgré le confort et les baies vitrées, se révèle insupportable et ennuyeux. La scène d’ouverture, montrant un couple mécanisé dans ses procédures quotidiennes, est déprimante, presque drôle.Un fiasco quotidien, drainant des échappatoires sécurisantes ou à risques, tout dépend l’endroit où le processus se déclenche."L’arrangement" alterne quelques longueurs, que des retours en arrière, courts et vifs, arrivent à colmater. Elia Kazan n’a pas fait simple, en donnant le jour à cette œuvre curieuse, nécessitant avant de l’ingurgiter, une bonne nuit de sommeil.Faire les bonnes connections, en pleine possessions de ses moyens, en jaugeant bien l’utile et l’agréable, afin de ne pas en payer le prix fort plus tard, est sans nul un des accès de ce film très spécial, long et laborieux où le visage creusé et blanchi d’Evangélos montre à quel point le parcours d’origine choisi n’engrange qu’un mal de vivre tenace, que quelques moments d’irréalités presque hystériques parviennent à dissiper.
  • L'OUTRAGE (1964)
    Comment ne pas anéantir vos appétits de découvertes concernant ce remake de "Rashomon" qui, vu son niveau, attise la pression de découvrir ou de redécouvrir son illustre prédécesseur. Paul Newman, en bandit mexicain suant et mal rasé, momentanément abandonné par la synchronisation de Marc Cassot, est parfois savoureux dans ses différentes refontes caractérielles d'un unique évènement tragique dont le processus est revu et corrigé selon les divergences de trois témoignages, plus le sien.Le sourire n'est pas rare devant la minable prestance, la violence ou la bêtise d'un rustre envers un sexe faible soumis ou manipulateur, selon les versions de trois témoins divers et variés, en attente d'un train annoncé par des éclairs lointains."L'outrage" est une correcte mise en bouche, avant d'absorber son seigneur et maître nippon.
  • MIRACLE À MILAN (1950)
    "Tout se meurt, car il n'y a plus de vrais patrons"Toto naît dans un chou. Recueilli par Lolotta vieille dame lunaire et excentrique, il passe une enfance heureuse en devenant à son contact pur, naïf et joyeux à temps complet. Lolotta disparaît. Toto envoyé dans un orphelinat en ressort quelques années plus tard, paré d’une bonté raffermie à l’image d’un bon vin.A l’extérieur pendant son absence une misère colossale s’est emparée des rues. Le froid et la faim sont les maîtres. L’exclu se loge le long de la voie ferrée dans le baraquement ou la tôle.Au contact de tous ces défavorisés, Toto devient un médiateur et un patron, distribuant à chacun, courage et organisation. Le groupe, grâce à ses conseils et sa bienveillance, reprend des couleurs. Une logistique redémarre, en régénérant une morale disparue.Toto, aimant tout le monde, s’adapte naturellement par le geste et la parole à chaque cas rencontré. Cette déferlante inespérée de douceur génère un site responsable, ayant redécouvert une valeur humaine et un esprit de combat contre la spéculation.Pur chef-d’œuvre "Miracle à Milan" conte magique sur la volonté de survivre et de reconquérir un statut humain ne possède qu’un seul prédicat "L’amour des autres".En voyant l’investissement de ce merveilleux personnage, on assiste au premier acte moral désintéressé de tous les temps.Toto, n’attendant rien en retour, aime spontanément toutes les architectures de son environnement."Miracle à Milan" n’est pas un mélodrame, loin de là, l’humour omniprésent illumine des visages sauvegardés par un optimisme à toute épreuve, au contact de ces situations farfelues et ingérables, subies quotidiennement. La misère en devient presque supportable.A signaler la délicieuse et horripilante scène de la prise de température extérieure qu’un patron caricaturé à l’extrême effectue à l’aide d’un de ses employés.