Critique(s)/Commentaire(s) de JIPI

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  • LA BELLE ET LA BÊTE (1946)
    "Belle voulez-vous être ma femme ? ". Cette requête irréalisable exigée par une créature autoritaire et repoussante, se métamorphose temporellement dans la morphologie d'un singe amoureux ou la cuirasse d'un envahisseur sans scrupules.La belle refusant une union atypique engendrée par la force se réfugie momentanément dans le rêve en se laissant emporter tout le long de la découverte d'un site lugubre et endormi dont les rares manifestations sont des yeux aux visages de pierres et aux narines enfumées ou bien les caresses insensibles de quelques rideaux gonflés par des vents surnaturels.La bête sans esprit, rude et maladroite carbonisée par sa solitude exige un impossible amour que la belle malgré sa compatissante ne peut assouvir.Tout en respectant le diktat imposé par un occupant, un cinéaste courageux délivre en catimini un message d'espoir régénérant secrètement grâce à une poésie libre et intemporelle une population éteinte sachant décoder toutes ces images surréalistes.Reprenez-vous, rugissez.En ces termes la belle s'adresse à Marianne sur le flanc miroir d'une bête à l'agonie dont la résistance sera l'ingrédient principal de sa future délivrance.
  • LES AVENTURES DE TOM POUCE (1958)
    Message destiné à tous les enfants petits et grands. Voici votre film celui qui vous suivra pendant toute votre vie. Celui que vous n’oublierez jamais, tant ses images sont enchantées, à l’aide d’un récit aussi naïf qu'attachant, atténuant le tumulte de nos pragmatismes. Un conte traditionnel, respectant à la lettre les ingrédients féeriques nécessaire à un esprit neuf d’avoir encore la liberté de choisir une connexion bienfaitrice avec une virtualité limpide, douce et spontanée, fonctionnant avec un naturel enfantin que nos croissances sublunaires se chargeront de réduire à néant.Magique jusqu’au bout des ongles, ce joyau tissé dans les plus fins trucages que Tim Burton reproduira à l’identique, dans certains de ses films, est un paradis perdu, une œuvre inégalée offerte au plus bel écrin, un enfant roi blotti dans l’heureuse perception d’un univers n’appartenant qu’à lui, coloré, inoffensif, sentimental et chaleureux.Le mal inconnu d’un personnage, pas plus haut qu’un pouce, fait de Tom un privilégié. Un danseur merveilleux à l’unisson de jouets et d’animaux avec lesquels il peut communiquer, tout en s’amusant avec les éléments qu’il manipule avec confiance, sans l’impression d’un danger.Les méchants sont grotesques, caricaturés pour faire rire et ne pas frémir. La naïveté somptueuse du contenu permet à nos ambitions de souffler quelques instants, devant les chants et les chorégraphies magnifiques de jouets animés, donnant l’exclusivité de cette possibilité à un petit garçon à la taille minuscule, pur, joyeux et bondissant.Quel bonheur de parcourir ce territoire rempli d’images manquant affreusement à nos vies. Cent minutes de rêve, sans l’ombre d’un ennui sur une toile que l’on quitte les larmes aux yeux.Un film de début de vie qui peut grâce à tous ses messages ne jamais nous quitter.
  • ORPHEE (1949)
    "Il ne faut pas chercher à comprendre, il faut croire"De l'autre côté du miroir tout n'est que ruines et lenteurs. La progression dans l'autre monde à la recherche de l'être aimée s'avère interminable au contact d'un paysage désolé, foulé en compagnie d'une âme saturée par un décor constamment visité.Un poète en manque d'inspiration se retrouve happé par un au-delà carbonisé, sans chaleur, sombre et méthodique au service de la mort.Ses terres sont annoncées par la fluidité d'un miroir et des messages codés aussi troublants qu'incompréhensibles.Orphée est un opus interrogatif sur les conséquences négatives d'un mal de vivre s'emparant d'un esprit méprisant et détaché des choses terrestres, soudainement attiré par le royaume des ombres.Une œuvre visionnaire presque traumatisante sur notre dernière demeure où tout n'est que lamentations et tristesses.
  • GREMLINS (1984)
    La mise en service d'un processus destructif, loufoque et virulent par une créature originellement douce et sécurisante, déployant sur un territoire ne fonctionnant que par ses procédures répétitives, une progéniture agressive et surmultipliée. Suite à une gestion inexpérimentée, le plus beau des cadeaux de fin d'année se métamorphose en pulvérisateur ingérable, s'acharnant sur une population sclérosée par ses récurrences et ses querelles de clochers.Un recadrage spectaculaire accompli par une faune remontant en surface tous ses excès, se divertissant de toutes ces ressources basiques, ambitieuses, nationalistes ou marginalisées, diluées dans leurs quotidiens, extrêmement fragilisées devant la soudaineté d'un déferlement apocalyptique.Une patate chaude complètement débridée, temporairement entre les mains d'esprits attachants mais immatures, dans l'incapacité d'administrer correctement la plus belle des offrandes, se déchaine sans pitié sur un territoire considéré comme un terrain de jeux.Une punition presque indispensable, destinée à réveiller des citoyens endormis par leurs acquis.Nous ne sommes pas encore prêts à contempler une révélation.
  • QUAND LA VILLE DORT (1950)
    "Quand la ville dort" est un polar social. Un état des lieux complètement bouché aux espérances les plus élémentaires. Sous des tenues correctes se cachent des gangsters abritant eux-mêmes des hommes en bout de courses, désirant se poser définitivement sur des rêves d’adolescents ou des échéances alimentaires, que l’on peut enfin assouvir dans la continuité.Le dérapage d’un processus d’exécution malhonnête est presque inconvenant, tant cette petite communauté mérite, si le sang n’est pas versé, de s’en sortir et d’égrener enfin des jours heureux, loin d’une panoplie endossée pour survivre.Curieusement ce microcosme de mauvais garçons mécanisés par la machinerie de leur système domine un territoire absent d’honnêtes gens. La ville et ses clairs obscurs offre la nuit tombée de derniers engrenages à des personnages usés par le son monocorde de comportements axés sur les braquages, les trahisons et la peur.A l’intérieur d’un traitement sans surprises se détache un film humain, désespérant sur une condition d’existence forcée, ne reflétant pas le véritable visage d’une espérance de vie oisive, calme et détachée, que l’honnêteté ne peut offrir.Dix Handley couvé par Doll Conovan rêve de ferme et de chevaux. Une récompense finale entrevue en son entier, sans être pénétrée, dans une ultime scène pathétique, laissant victorieux une justice sans âme.Lauriers spéciaux pour Jean Hagen et surtout Sterling Hayden dont les traits usés par le désespoir et la crainte sont presque à anoblir.Un film magnifique sur la décomposition inévitable des rêves, qu'un outil de travail tragique et hyper dangereux ne fait qu'entretenir.
  • LES LUMIERES DE LA VILLE (1931)
    Une telle histoire serait-elle encore possible de nos jours tant les critères de rencontres ont changées ? Aujourd'hui notre sympathique et lunaire vagabond des années trente serait à la dérive devant la vision quotidienne de nos clichés médiatiques modernes, ne faisant qu'embellir nos semblables jeunes et beaux le plus souvent dans des situations de réussites et de charmes savourés dans des intérieurs vastes et lumineux.Parachuté dans un contexte de crise ou tout devient insensible, indifférent et moqueur, un homme bon, insignifiant, aux habits en détresse, sans le sou, livré à la rue a-t'il une chance de conquérir sa belle protégée une fois son visage découvert ?L'opus ne le dit pas, préférant botter en touche, filmant des retrouvailles touchantes, mais ne révélant aucune parcelle de continuité entre ces deux personnalités dont l'une dans un imaginatif certainement trop débordant dépeint intérieurement un profil bienfaiteur ne correspondant pas à la réalité.Un exclu, ni riche ni beau, ne mangeant plus à sa faim, vivant au quotidien le concept de sa marginalité, ne possède que sa sensibilité pour déraciner toute une structure hors norme.Un naturel au delà de la misère ambiante dont on ne connaitra hélas jamais la récompense sentimentale.
  • LA NUIT DU CHASSEUR (1955)
    Le noir et blanc sublime et surréaliste de Stanley Cortez, épaulé magistralement par la musique envoutante de Walter Schuman, décore le plus abouti des clairs obscurs cinématographique. La luminosité traversée semble irréelle, calquée sur l'œuvre meurtrière qu'elle abrite.Confrontés à un double challenge crise/traque, John et Pearl deviennent opérationnels et indépendants dans la douleur, en se fabriquant par la résistance, une ossature physique et intellectuelle adaptée à cette poursuite tenace, qu'il faut gérer parallèlement à un besoin de se nourrir, afin de ne pas s'affaiblir.Le procès des adultes est flagrant, une enfance crasseuse, abandonnée par un environnement incapable de lutter devant une crise tenace, se retrouve en pleine nature livré aux environnements les plus hostiles.John devient invincible, malgré un visage cerné, façonné sous une lune flamboyante et une eau scintillante, abritant une faune animale indifférente au désespoir des hommes.Première et unique œuvre de l’excellent comédien Charles Laughton, "La nuit du chasseur" est une émeraude extra-terrestre située sur les alpages d’une contemplation éternelle. Une adoration inconditionnelle, sur un travail hors du commun, que l’éternité ne pourra jamais reproduire.
  • VACANCES ROMAINES (1953)
    Harassée par le protocole, la ravissante princesse Ann, en visite officielle en Italie, file à l’anglaise dans les rues de Rome, le temps d’une journée. "Vacances romaines" est une œuvre rafraichissante, sur une aventure éphémère, impossible en temps réel, entre un reporter légèrement carnassier et une princesse frustrée d’être absente de la vraie vie.Un joli conte de fées détournant les contraintes d’une logique empêchant ce genre de rencontres. Un film de midinettes plein de charme et de grâce, par sa désinvolture.Une princesse chez Monsieur tout le monde, qui n’en a pas rêvé ?Audrey Hepburn coquine, naïve et curieuse, à deux pas d’une beauté cristalline, en initiation urbaine, ouvre de grands yeux ébahis dans la ville du scooter, devant la découverte d’un monde bruyant, bigarré totalement inconnu.Cette agréable promenade amoureuse dans Rome ferait presque envier Stendhal, tant chaque découverte est pittoresque et attachante. La plus belle des visites touristiques, par l’intermédiaire d’un regard tout neuf, prenant pour quelques heures la poudre d’escampette.De la place d’Espagne, en passant par le Colisée, le palais de Victor Emmanuel II et la fontaine de Trevi, un billet d’avion est économisé tellement les rues romaines des années cinquante sont filmées de manières frétillantes et sans retenues."Vacances romaines" film romantique, avec un cœur gros comme ça, nous offre une seconde chance, celle des premiers émois, une renaissance bienfaitrice dans le territoire des sentiments.Une œuvre évaporée de naïveté, par un contexte émotionnel, un phantasme espéré de tous.Bravo et vive l’amour, même si celui-ci ne dure qu’une journée.
  • CALME BLANC (1988)
    "Calme Blanc" est une complémentarité violente et esthétique réussie, entre deux éléments totalement opposés, servant de support à une aventure effroyable, endurée sur une mer d'huile. Ce cauchemar maritime, éloigné de tout, augmente sa volumétrie angoissante dans une photo superbe, partenaire idyllique et indifférent d'une odyssée dramatique.L'ensemble intègre terreur et beauté, dans une temporisation aussi lancinante qu'artistique.Un travail exemplaire, faisant de cet opus, d'une apparence démunie, une œuvre d'art aussi démoniaque qu'apaisée.
  • LA NUIT DES GÉNÉRAUX (1966)
    L'opus est daté. Le jeu de Peter O'toole ampoulé mais l'ensemble n'en demeure pas moins une fois sa rigidité accepté, un ensemble grandiose considérablement dilaté suite à ses possibilités budgétaires. Ceci ne l'empêchant pas de se ressaisir, quand il le faut en fournissant la dose psychologique nécessaire afin d'en conserver l'essence de base tout le long d'un traitement attrayant mais un peu froid.A signaler la présence d'une pléthore de comédiens Français populaires de l'époque, dans des apparitions météorites dont chacun jugera avec humour ou sévérité les facies un peu trop franchouillard, condamnant la plupart d'entre-eux à des rôles de faire valoir.
  • WEEK-END À ZUYDCOOTE (1964)
    La poche de Dunkerque, malgré son paroxysme, permet à certains de se recadrer dans des perceptions de bases corrigées en fonction d’un vécu hors norme. Maillat désabusé s’en prend à un Dieu absent, donc consentant de tous ses massacres de bord de mer, minimisé par Pierson, rivé désespérément à ses doctrines théologiques de plus en plus contestées sur un terrain aveugle de générosité et de bonté, que seul Alexandre parvient à maintenir à flots dans le pire des contextes.Sous les bombes, l’absurdité à pignon sur rue. Aucun mérite n’est récompensé. La mort frappe où elle veut, éradiquant les bons comme les méchants.La guerre est le meilleur des endroits pour remettre à jour des concepts appris en temps de paix. Ici on crie sa douleur, son arrogance et son mépris, devant une punition incessante venue du ciel."Week-end à Zuydcoote" permet d’admirer une remarquable reconstitution logistique guerrière, juxtaposée à des conversations, permettant à des morts en sursis, d’élaborer quelques constats philosophiques personnels sur le sens de la vie.Un site pathétique de bout de courses réunit une faune de tous bords, maintenue opérationnelle par des parcelles de moralité sévèrement traquée par une boucherie inutile.L’un s’accroche par ses convictions religieuses, pendant que l’autre ne croit plus en rien, en maintenant malgré tout une mécanique serviable, l’ensemble est couvé par une mère poule éliminée impitoyablement malgré sa bonté.Ces plages initiatiques offrent la soudaineté d’un départ à certains et des morceaux de bravoure finaux à d’autres. Chacun est pulvérisé en fonction des circonstances, sans préférence ni modèle.Le seul message que l’on laisse est un destin tragique dont l’échéance, atténuée par quelques rapports intimes, ne fait que sommeiller.Un grand film spectaculaire sur un état des lieux terrestre et cérébral, complètement abandonné.
  • VIDEODROME (1982)
    Combien de temps la petite lucarne va- t-elle encore tenir, victime de sa conception poubelle, pendant que le sexe sado maso se contente pour l'instant d'être en démonstration sur VHS. Les ondes violentes et perverses cathodiques du futur ne vont-t-elles pas s'emparer un jour de nos esprits demandeurs de pulsions hallucinogènes?C'est ce que semble dénoncer cette démente descente aux enfers hallucinatoire et répugnante réduisant en miettes la réalité libertine au départ presque acceptable d'un voyeur, victime de l'expansion démesurée de son propre concept télévisuel, dont il devient l'esclave.Un opus irréel, d'une imagination extrême montrant dans des images phantasmatiques, la quatrième dimension imaginaire d'un converti essuyant les plâtres d'une nouvelle télévision sans filet, prédatrice d'un ensemble précédent débile et ronronnant.
  • DUEL (1971)
    Un dépassement mal perçu, effectué par un camion au bord de l’asphyxie, déclenche un impitoyable jeu vidéo en temps réel, entre un paisible voyageur de commerce, bercé par les battements auditifs d’un auto-radio et un chauffeur invisible, frustré, dont la détermination vengeresse se manifeste à travers le soutien d’une mécanique soumise et infernale. Après un départ un peu lourdaud, l’opus se déchaine. Une course poursuite haletante, les délices de la traque en milieu rural, entre deux composants débridés déconnectés de toutes responsabilités.L’œuvre est prenante, certains plans presque démoniaques. L’image grossissante d’un camion fou, fonçant sur un débris trahi par ses durites, est terrifiante.Un être insignifiant collecte sur un site désolé une personnalité nouvelle, une panoplie d’attaques et de défenses, formatées suite à une angoisse soudaine, faisant d’un homme traqué, un survivant maintenu en vie par des raisonnements nouveaux."Duel", téléfilm somptueux, invité de manière royale à sévir dans les salles obscures, suite à ses qualités, est une œuvre hors du commun. Un éventail d’images extrêmement efficaces, masquant habilement les contraintes d’un low budget.Pas de répit pour les sens, tout le long de ce trajet hallucinant, aux décors dépouillés. L’efficacité de certains plans travaillés remplace une enveloppe budgétaire pratiquement vide. Le contenu s’immortalise par des angles de référence, immortalisant un travail loyal et soigné.Ovni cinématographique, sa vision laisse toujours pantois. On se demande quelle substance extra-terrestre a imprégné un jeune metteur en scène de vingt trois ans d’une telle maîtrise.Effarant.
  • NIKITA (1990)
    La récupération intéressée et corvéable à l'infini d'un esprit poubelle privé de féminité, violent, animal, analphabète et meurtrier reformaté par le maquillage et le sport de combat en machine à tuer. L'acquisition lente et laborieuse d'une nouvelle perception de soi féminine et combative n'étant que l'offrande d'un système punitif dont la dette à rembourser n'est qu'une perpétuelle mise en danger d'une nouvelle identité en service commandé.
  • LE KID (1921)
    Les taudis pullulent, la nourriture est rare. Cet enfant abandonné découvert lors d'une promenade matinale est d'abord rejeté par un marginal ne désirant pas s'investir.Les circonstances imposent à ce personnage détaché l'éducation de ce petit être vif et malicieux qui en grandissant s'avère intuitif, énergique et débrouillard.Un fardeau devenant rapidement un intérêt majeur qu’il faut encadrer dans le dénuement le plus complet uniquement supportable grâce à l’ingéniosité d’un esprit sachant rendre opérationnel les éléments domestiques les plus décharnés.La vie reste un jeu au contact des situations les plus pénibles qu'il faut côtoyer chaque jour tout en gardant un coté farceur et enfantin.Ce duo que plus rien ne peut séparer devient ingénieux et constructif.Il n'y a rien de plus amusant que de briser des vitres qu’un père adoptif surgit de nulle part répare à la volée en papillonnant autour de la ménagère abandonnée par un mari récupéré par la taverne.Un vagabond au début réticent se démène corps et âme pour la protection d’un modèle réduit audacieux et entreprenant adapté à survivre dans un monde en miettes.Une vivacité dont il ne peut plus se passer lui redonnant l'énergie de combattre.
  • LES VITELLONI (1953)
    Vitelonni est l’épopée immature d’une certaine classe moyenne ayant échappée à la déchéance sociale, préférant camoufler une grande détresse existentielle dans des comportements détachés de toutes responsabilités, plutôt que d'offrir ses bras à un pays ayant besoin de se reconstruire. La nuit la fête est quotidienne, la récupération s’effectue le jour après un réveil bien souvent pénible, les traits tirés, le regard interrogatif et légèrement lucide sur un état parasite au repos, mais de nouveau opérationnel la nuit tombée.Le culte de la paresse rayonne dans l’esprit de petits bourgeois miteux avec comme unique perspective la récurrence de l’ennui. Pendant ce temps-le maçon trime sur les routes en tentant de ramener par la sueur une nation exsangue à la vie."I Vitelonni" premier chef-d’œuvre de Federico Fellini, montre l'association contrastée d'un territoire dont les seuls composants ne sont plus que l'existentialiste et le travailleur de force.Un rapport quotidien dédaigneux entre le désoeuvré en lutte contre la pelle et la pioche sur un territoire en miettes.
  • LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS (1956)
    "Le tour du monde en quatre vingt jours" est une petite merveille, une agréable potion permettant à un aristocrate Anglais aigri et taciturne, de s’éveiller par l’aventure. Phileas Fogg et son fidèle Passe-Partout se balladent tout le long d’un trajet autour du monde, offrant à chaque pays le loisir de se présenter, en montrant ce qui le fait vibrer en interne.Voyage en montgolfière, corrida espagnole, cowboys, indiens et vache sacrée s’en donnent à cœur joie, en s’intercalant dans un parcours dépaysant et riche en couleurs.Garni de nombreuses et de succulentes apparitions surprises, "Le tour du monde en quatre vingt jours", film de jeunesse, se retrouve avec bonheur le temps venu, quand toutes nos ambitions consumées avec l’âge, appellent au secours, un recadrage d’adolescent.
  • LE CIEL EST À VOUS (1943)
    Un naturel sensitif féminin est récupéré par une virilité masculine. La machine volante offre une voie de sortie à la pire des scléroses, l’ennui existentiel d’un couple combattu et vaincu par les attraits du ciel. Le mari, entre azur bleuté et terre contraignante, laisse sa femme se ronger les sangs sur le plancher des vaches. Suite à une révélation, le concept, tout en restant identique, s’inverse, le mari cloué au sol fait connaissance à son tour avec les affres de l’inquiétude, pendant que Madame s’offre un intérêt et une indépendance dans les airs.Le couple Gauthier éteint par une petite vie, se dynamise à tour de rôle, en craignant pour la vie de l’autre."Le ciel est à vous" est avant tout le cadeau offert à une mère éjectée de ses fourneaux, ayant la possibilité de vivre une passion découverte, suite à une illumination. Une femme en bleu de travail, rivée aux manettes dans les airs, apprend la ténacité et l’ambition menant vers l’élaboration d’une identité teintée d’égoïsme, surtout envers une progéniture, rêvant également d’une autre vie, mais dans une autre discipline.On pense que pour soi, en délaissant les devoirs ménagers et les besoins de ceux que l’on distingue de moins en moins. Un mécanisme d’autodétermination s’établit sur un monceau de préjugés et de contraintes. Les incertitudes d’un vol sont plus salutaires qu’une vie familiale sans surprises.Thérèse Gauthier redécouvre ce que d’autres ont offertes à la résignation, une peur et une inconscience livrée à une mécanique incertaine, mais garante de sensations, un contexte d’homme, conquis brillamment par une femme ne subissant plus de choix imposés par la distribution des rôles dans la société.Pierre Gauthier devient féminin, cloisonné dans un espace réduit, harcelé de reproches, rongé par l’anxiété, un transfert logique, suite à l’acquisition d’un nouveau statut sédentaire.La mère n’est plus là, elle est dans les nuages et porte le nom de femme.
  • L'HOMME DE RIO (1963)
    "Les femmes, il leur faut toujours quelque chose et toujours ce que l'on a pas""L'homme de Rio" est le doux parfum d'un cinéma populaire dynamique et plein d'esprit, hélas disparu, montrant la complémentarité conductrice et farfelue de deux esprits décalés, dans une aventure hilarante au bout du monde. Une atmosphère agréable et colorée tout le long d'un parcours mêlant un suspense bon enfant, dans des situations aussi drôles qu'exotiques.Ce fleuron d'un concept obsolète est une réussite de fond en comble, permettant à des comédiens récupérés par des itinéraires de bandes dessinées, d'entretenir leur vivacité dans le bon mot, en se servant de l'extravagance comme véhicule conducteur.Un film d'un autre âge, dont le seul but était de divertir, en offrant loin d'une France engourdie, un dépaysement alerte et généreux.
  • QUAND HARRY RENCONTRE SALLY... (1989)
    Le meilleur moyen de savoir, si l’on est fait l’un pour l’autre, est de se consumer, chacun de son coté, dans des tranches de vies, argumentant par leurs doutes et leurs échecs la programmation d’une connexion naturelle, opérationnelle avec le temps. Pour cela il suffit d’attendre patiemment, à l’aide d’une providence, ayant déjà tout élaborée, que les sentiments montent en puissance, en partageant, le temps d’un relationnel compté, ressentis et expériences.On se perd quelques temps, en testant l’extérieur, puis on se retrouve, avec dans ses bagages pleins d’arguments propices, permettant de se réaliser ensemble.Harry et Sally apprennent à se connaître, dans une montée chromatique vers l’amour, passant par la confidence, et surtout le constat inconscient d’un bonheur inexistant, sans l’association de leurs deux noms.L’amitié n’est qu’une pose, dans un processus émotionnel prenant de l’envergure, au fil des rencontres. Ces retrouvailles épisodiques sont bénéfiques, elles élaborent apaisement et tumultes, dans un prologue en boucle, testé par un couple en devenir.Loin l’un de l’autre, leurs expériences personnelles, semblables à des pétards mouillés, alimentent les prémisses d’une union incontournable, bâtie par ces manques.Eros se finalise enfin, dans un compromis raisonnable, se déclarant sur les hauteurs. Une finalité somptueuse, offerte de nuit, à une Grosse Pomme, répondant par ses lumières, à une heureuse conclusion."Quand Harry rencontre Sally" film concept sur une nouvelle théorie constructive amoureuse, est un merveilleux catalogue, contenant des données permettant à un couple de s’offrir l’un à l’autre, dans un chantier amoureux évitant le piège du coup de foudre.Une nouvelle approche, offrant discours et réflexions, à de jeunes générations un peu trop survoltées par le galbe du corps. Ici on s’affronte dans une dialectique embellie par un paradoxe donnant de l’ampleur à des divergences.L’amour n’est plus une pulsion immédiate, démunie de tests conditionnels, il se construit lentement, on commence par fuir, puis on s’interroge, pour enfin se soumettre et s’apercevoir que l’autre est soi.Pour cela il faut deux des plus belles vertus, la patience et la révélation.
  • LOVE STORY (1970)
    "Love Story" opus assez banal, perçu par un public conditionné plusieurs mois avant sa sortie, par un battage médiatique conséquent, reste certainement le résultat d’une bonne affaire commerciale. Rien de bien folichon dans cette histoire d’amour adaptée d’un roman d’Erich Segal, où l’on décide, on se demande bien pourquoi, de sacrifier l’un des composants subitement dans une descente palliative propre, amputée au maximum de toute la logique d’un effondrement moral et physique rationnel.Un conte tragique, inexploitable en dessin animé, et rapatrié sur pellicule, dans un récit s’étirant mollement sans faire d’étincelles.Entre parcelles de bonheurs et colères froides, l’œuvre surnage grâce à l’esthétisme des adorables tenues d’Ali Mc Graw, effigie d’une nouvelle femme réfléchie, par un ton novateur libre et intelligent.Finalement c’est elle la pépite secrète de ce film, habile et récupérateur.Le but de l’entreprise semble certainement de remplir les tiroirs caisses, dans un climat larmoyant, faisant dégainer les mouchoirs à l’aide d’un ramassis d’images récupératrices, parfois douteuses sur une union fauchée prématurément.Dans cette entreprise tout le monde semble avoir fait son beurre, de l’image à la musique, en offrant un produit spécialisé, accepté par des spectateurs, oubliant un instant que le rire est le propre de l’homme.
  • JOUR DE FETE (1948)
    "Jour de fête" est plus un divertissement concept, qu’un produit standard structuré. Calée de fond en comble sur l’arrivée et le départ d’une fête foraine dans un petit village, cette très agréable comédie arrive fort à propos afin de relancer sur un territoire en berne, rires et mouvements.Après toutes ces années de conflit, tout est à réapprendre. Le facteur s’en charge, dans d’hilarantes scènes de solidarités, offertes à la volée, en état second.Les gestes précipités de François, influencé par un documentaire novateur, annonce les chamboulements que va subir dans son fonctionnement une manière de faire ancestrale, gommée par une nouvelle production, uniquement basée sur la rentabilité.Pour l’instant, ce dynamisme complètement décalé amuse un public, ayant besoin de se recadrer dans la nervosité d’une mobilité perdue.Cette tournée à l’américaine, testée en France profonde, tout en étant révélatrice d’un changement de perceptions et d’exécutions de taches professionnelles, démontre déjà une dépendance envers nos libérateurs et leurs modes de vies.Une terre, menacée par la désertification, vit ses dernières années de ruralité, par l’oisiveté et la fête, tout en basculant lentement vers des fonctions automatisées, qu’il faudra avec le temps exécutées en ville.L’œuvre est guillerette, champêtre, drôle, à condition d’être un adepte des péripéties de ce lunaire d’école, à la diction approximative.Une heure quinze de délire, dans le plus beau des endroits, où l'homme, son vélo et la nature ne font qu'un.Le départ de la fête, tout en rassurant les enfants, par son retour cyclique, ne laisse planer aucun doute sur le destin de ces terres, de plus en plus pénalisées par leurs immobilismes.
  • LE VOLEUR DE BICYCLETTE (1948)
    Porte-drapeau du néo-réalisme italien, ce film culte, emblème d’un pays dévasté, brisé par une guerre tout juste achevée, montre admirablement la terrible humiliation d’un homme, ne pouvant assumer normalement son rôle de chef de famille et de père, envers un enfant lucide du désastre de son temps, tout en étant protégé par un imaginatif enfantin. Bruno, en pleine croissance, se construit avec force et courage, une dimension digne de temps futurs plus qu’incertains. Que se soit dans son déroulement ou dans son message final, "Le voleur de bicyclette" ne laisse que peu d’espoir d’amélioration.Le constat social, de la fin de ces années quarante, est plus que navrant. Plus rien dans les assiettes, les draps sont au mont-de-piété, une seule paire de chaussures et l'eau à des kilomètres.Propreté, dignité et respect se sont évaporés, comme cette bicyclette indispensable pour gagner quelques lires, suffisant à peine à se maintenir à flots.L’opus est pathétique, plus que tragique. Il se consulte au bord des larmes tant l’enfance est sabordée, affamée et en guenilles.Le père est bon, doux et à l’écoute. Un miracle dans un tel contexte.Cet abattage de kilomètres, ne servant à rien, dans une ville en pleine reconstruction, où chacun lutte pour manger, possède une force fraternelle, se concluant par le regard porteur d’un enfant encourageant un père à tenir, dans un dernier plan, qui sans pour autant être optimiste, incite à regarder de l’avant.Un film admirable, blindé d’injustices, se regardant la gorge nouée. Un pays pansant ses plaies ne reconnait plus les siens.
  • LE MAGICIEN D'OZ (1939)
    Film culte, borne indispensable à ne surtout pas contourner, "Le magicien d’Oz" devient avec le temps et les expériences lucides de la vie, une excellente réminiscence. Toute génération confondue ressentira une attirance envers cet environnement et surtout ces personnages propulsés, d’une terre imprévisible, vers un monde enchantée, fait de routes, de briques jaunes et de palais d’émeraude.L’initiation s’exécute dans des couleurs magnifiques. Un parcours insolite et décalé fusionne un cœur, un courage et une intelligence, espérés en bout de course, dans une collecte d’évènement, permettant d’acquérir par soi-même, sous des roses vêtues de neige, ses précieux ingrédients."Le magicien d’Oz" est un film fabuleux. Soixante neuf ans à ce jour, sans une seule ride, dans sa partie couleur. Les effets spéciaux, à couper le souffle, semblent narguer nos plus belles avancées numériques.Ce film, d’une autre planète, unique potion politique, éradiquant par sa sensibilité toutes nos doutes, permet de rédiger, par une dernière phrase, en leitmotiv, un constat extrêmement fort, sur toute une vie, accompagnée d’un unique encadrement familial et amical."Le magicien d’Oz" est un hymne à la sédentarité, à l’initiative d’une prière finale, demandant comme amour et protection, un seul groupe composé d’êtres chers, que l’on ne quitte jamais.Un message certes moralisateur, un peu parano, bien américain, démontrant qu’un danger est toujours présent, en dehors de ses frontières.La féerie de l’ensemble est bien plus forte qu’une dangereuse rationalité récupératrice, inconnue des enfants, qui eux adhère à la seconde, à ce monde merveilleux.Faisons-en autant, en maîtrisant, à la fin de la projection, un réveil à la réalité, presque douloureux.
  • ELLE COURT, ELLE COURT, LA BANLIEUE (1972)
    Marlène et Bernard sont représentatifs d'une jeune génération aux poches vides expulsée d'un centre névralgique, remplacé par un nouveau concept s'étendant irrémédiablement vers l'extérieur de la capitale. A l'instant où ils peuvent enfin se poser après d'innombrables recherches, ils constatent avec plus ou moins d'amertume que leur petit nid d'amour se situe à 50 kms de Paris.Réveil à cinq heures du matin hiver comme été, transport par car et train pour Marlène, voiture pour Bernard, représentant en produits dentaires.Epuisés par ces déplacements quotidiens que les ambiances de bureau de Marlène sont loin d'atténuer, le couple se liquéfie lentement.En cette année 1973, la construction est encore prospère.La société de consommation dévoile ses premières clartés.L'accession à la propriété tente ces jeunes couples n'hésitant à acquérir des appartements loin de la capitale.Les débats commencent à s'amorcer sur la positivité de positionner la classe moyenne loin des villes, en leur inculquant un épuisant challenge répétitif.Les courses à l'hypermarché le samedi, l'achat du programme télé et les débuts d'une délinquance délocalisée.Le tout enfariné de voisins sommaires et bruyants ainsi que d'innombrables paquets de lessives seul plaisir du week-end faisant rutiler les voitures sur les parkings le dimanche.Tous ces gens "déculturés" par nature ou obligation sont l'image révolue de l'ancien Paris ouvrier, ils ne répondent plus au critères friqués et intellos de la capitale.Chassés comme des malpropres, leur simplicité populaire n'a plus la cote.Avec comme conséquence, l'absurdité d'ingurgiter quotidiennement une rafale de kilomètres usant à court terme l'énergie d'une catégorie de citoyens amorphes, s'éloignant de plus en plus d'une sphère de décision.
  • TOUT L'OR DU MONDE (1961)
    René Clair offre dans ses dernières cartouches une farce paysanne désopilante dénonçant le délire promoteur du début de ces années soixante, consistant à déplacer sur un site calme et vivifiant un concept citadin, fossoyeur à long terme d'un vie longue, offerte à la soupe et à la terre. "Tout l'or du monde" est une agréable pause rurale et champêtre, mettant à l'épreuve deux manières de penser.Une paysannerie immobiliste et sommaire se voit moquer et chahuter sur ses terres par un parisianisme pédant et costumé.Une joute amusante, tout en restant limitée où chaque partie s'affronte en employant les procédures de ses habitats respectifs. L'entêtement et la robustesse pour les uns, la flatterie et l'hypocrisie pour les autres.
  • RUNAWAY TRAIN (1985)
    "La bête la plus féroce connait la pitié. Je ne la connais pas, je ne suis pas une bête. " (Richard III William Shakespeare) / Carte postale hyper violente et glaciale, "Runaway train" est une fusion austère et sordide entre une nature froide et désolée, toile de fond de quelques esprits dégénérés, confinés ou à l'air libre, dont les différents environnements ne sont que la reproduction et l'entretien de leurs déserts sensitifs.Un panorama rude d'un blanc apocalyptique, déroulant une seule image à des individus aux portes de la barbarie, sur un tas de ferraille livré à lui-même.De la survie temporaire, dans un relationnel tendu, tapissé d'un contexte sauvage, extrême et insensible.
  • VISAGES D'ORIENT (1937)
    "La terre est notre vie"Un film admirable, dans une réalisation somptueuse, montrant avec tendresse ou fureur les rapports conflictuels, que l'on doit accepter de la part d'une terre mère généreuse ou avare, dépendante au même titre que les hommes, des éléments qu'ils soient atmosphériques ou historiques. Un chef-d’œuvre rural et citadin d'une intensité dramatique exemplaire, reproduisant sur des visages harassés par le labeur, une résignation magnifique envers un héritage ancestral, fait de sueur et d'incertitudes.Les scènes de panique sont époustouflantes.A voir absolument.
  • UN ETE 42 (1971)
    "Aucun des êtres que j'ai connu n'a autant fait pour me rendre plus sûr de moi et plus incertain, en me persuadant de mon importance et de mon insignifiance. "Merveilleusement nostalgique, "Un été 42" repositionne, le temps d'un souvenir, un adulte sur son adolescence, en lui restaurant le parfum de la plus belle aventure amoureuse de son existence.L'éveil contemplatif d'un rêveur sensible et voyeuriste à s'affirmer en découvrant et réalisant sur le terrain, après une consultation attentive sur papier l'unique thème de conversation que l'on peut avoir à la puberté, l'amour et surtout disposer des ingrédients appropriés pour qu'une première expérience s'installe à jamais, dans un esprit voué au changement.La chance inouïe de ne pas bâcler sa première fois en ayant le privilège de serrer dans ses bras une femme magnifique, légèrement allumeuse, disponible temporairement, suite à des circonstances dramatiques.Chaque homme reverra dans ses images douces et initiatrices ses premiers troubles d'adolescent amoureux à travers celle que l'on scrute comme un forcené, que l'on anime de son imagination, puis que l'on possède dans une sensibilité éthérée en pensant la garder pour toujours.Une durabilité impossible, un rêve que seul le souvenir réanime."Je ne devais jamais la revoir ni savoir ce qu'elle est devenu. En ce temps là les jeunes étaient différents. Nous n'étions pas comme ceux d'aujourd'hui. Il nous fallait beaucoup plus de temps pour comprendre ce que nous éprouvions. La vie est faite de changements petits ou grands. Pour chaque chose que l'on acquiert on en abandonne une autre.".
  • SILENT RUNNING (1972)
    "Je jure de sauvegarder et de protéger du gaspillage les ressources naturelles de mon pays, sa terre, ses forêts, ses eaux et sa faune"Sans être un film culte, "Silent Running" demeure une curiosité à découvrir, en étant bien conscient d’être sur le territoire d'un low budget. Sa visite s'avère intéressante dans des effets spéciaux extérieurs très corrects, cohabitant avec un habitacle plus chaotique, dominé par quelques faiblesses techniques démontrant que l'opus financièrement est limité.Tout cela se regarde dans un épiderme au repos, loin d'être tutoyé par ces images esthétiques, manquant d'intensités à l'image d'un cosmos endormi.A voir uniquement pour posséder un élément supplémentaire dans son catalogue d'images cinématographiques de l'univers. Certaines demeurent très honorables, c'est déjà ça.A noter que certains reflets de l'odyssée de cet exilé volontaire, solitaire, écolo amoureux et protecteur de la nature semblent interceptées par "Moon" dans un ensemble parfois similaire.Hasard ou coïncidence.
  • UN JUSTICIER DANS LA VILLE (1974)
    "Dans la vie, il ne faut jamais regarder derrière soi de peur de voir quelque chose vous rattraper"Sordide et violent "death wish" dénonce les méfaits d'une mégapole dominée par la thématique du braquage soudain évaporant dans une violence extrême quelques composants d'une famille chaleureuse et intégrée. Durement touché, Paul Kersey suite à la découverte des armes, passe de l'effondrement à la vengeance en imprégnant celle-ci de provocation et de sadisme.Lâché la nuit tombée dans la ville de tous les dangers, un loup grimé en agneau, dans l'impossibilité de retrouver les responsables de son malheur, tue au fil de l'eau toute une faune décalée, ciblée au hasard.Une grande lessive accompagnant le parcours nocturne d'un honnête citoyen ayant pris conscience de son pouvoir, en parcourant graduellement un chemin menant de l'impuissance à la jouissance extrême.
  • LES DIABLES (1971)
    Pédérastes poudrés, libertins en soutanes, médecins bouchers, courtisanes en chaleurs et religieuses transcendées se partagent un monde médiéval en cendres sous l'emprise de la peste. Des instants démoniaques, intenses et incontrôlés maintiennent les sens d'une faune extravagante jalouse et débauchée continuellement pourchassée par la guerre et la mort.Un décalage incessant dans un délire récupérateur masquant les immondices d'un territoire n'ayant plus aucune lucidité.La folie devient le fil conducteur quotidien d'esprits terrassés par les horreurs de leur environnement.Un film exceptionnel tout en restant la propriété d'un auteur excessif.
  • LACOMBE LUCIEN (1973)
    L'ascension prétentieuse, perverse et naïve d'un porte flingue illettré à qui il suffit de fournir un costume de bonne coupe pour en faire l'instrument temporaire d'un dominant. L’acharnement d'un personnage insensible, brutal et maladroit, dont les persécutions irréfléchies sont entretenus par une population éteinte par la peur.L'éveil à la sensualité et aux délires d'un jeune âge atténuent par instants l'inexpérience d'un adolescent grisé par la récupération d'un rapport de forces.Pierre Blaise est effarant. Il n'est plus Pierre Blaise il est Lacombe Lucien.
  • L'AINÉ DES FERCHAUX (1962)
    "Il m'accorda son attention à défaut de son estime". "L’aîné des Ferchaux" est la visite d'une Amérique profonde dans un road movie initiatique et mélancolique réunissant un vieux chêne et un instable.Ceci permettant à deux esprits démunis de sensibilités de s'ouvrir lentement à une connaissance de l'autre par l'équilibre d'un rapport de force.Un opus dans un premier temps déprimant sur le rejet d'un monde que l'on méprise en le dominant par les affaires ou par l'opportunité.Un environnement que l'on fuit par peur ou par désœuvrement pour enfin extraire loin de chez soi les premières parcelles émotives d'un relationnel insensible, ne fonctionnant que par le dédain camouflé dans la procédure.L'un des plus beaux rôles sinon le plus beau de Jean-Paul Belmondo baignant dans les sons pathétiques de l'harmonica d'Albert Raisner.
  • LA GARÇONNIÈRE (1960)
    L'opportunité de contourner un concept promotionnel d'entreprise extrêmement lent se présente à Baxter, ressource anonyme noyée dans un open space gigantesque et bruyant. Pour cela, il faut être conciliant en s'éclipsant, le temps de quelques soirées d'un domicile laissé à la disposition de ses chefs et de leurs compagnes du moment.Ceci s'avère rapidement incomplet dans la mesure où une véritable personnalité s'occulte par un arrivisme plus automatisé que réellement désiré.Une midinette naïve et un employé obscur n’intéressant leurs hiérarchies que par la bagatelle et le service, vont lentement s'éveiller et s'apercevoir qu'ils se doivent d'exister que pour eux-mêmes.La garçonnière est un merveilleux opus d'éveil aigre doux sur un assentiment intéressé donnant comme finalité, un bureau personnel, une ligne directe et un nom sur une porte. Le tout sans aucune perception d'une valeur morale ou professionnelle, on prend c'est tout.Un patron offre des cadeaux de Noël bien enveloppés à sa femme et cent dollars à sa maîtresse.Il suffit de capter sa différence, de s'apercevoir qu'elle ne changera jamais et d'offrir après avoir frôlée le pire, son intérêt à un personnage certes soumis au concept d'appartenance hiérarchique mais lunaire, drôle et farfelu.Il suffit de se parler, de s'apprécier tel que l'on est, puis de tracer sa vie ensemble en étant uniquement dépendants que de soi-même.Un film étonnant entre la comédie et le drame sur l'éclosion de deux personnages manipulés, enfin libres ayant rassemblés leurs obscurités pour en faire un luminaire éclatant.
  • LE SIGNE DU LION (1959)
    Curieux de dérouler une telle déchéance dans un contexte où tout les voyants économiques sont au vert. Une capitale croulante de positivisme est visitée, à pied, de long en large, par un exclu soudainement réduit à la rue et à son indifférence."Le signe du Lion " néo-réalisme italien à la française, tourné pratiquement en décor naturel, restitue dans un concept nouvelle vague le décalage d'un esprit livré à lui-même, face à un environnement respirant bonne humeur, confort et santé.Cette solitude insoutenable, vécue par un festif devenu un pestiféré sale et ordurier côtoyant en spectateur des marchés croulants sous les victuailles, annonce dans des clichés pathétiques un cataclysme social programmé pour s'éveiller cinquante ans plus tard.Un message prophétique angoissant touchant une individualité formatée pour se dupliquer par milliers dans un temps encore assoupi.
  • GIGI (1958)
    Un film de qualité devenu obsolète. Une curiosité permettant d'intercepter un concept de l'époque consistant à intégrer des personnages chaleureux dans des environnements somptueux, dont la mission était d'acquérir une attention au même niveau que tous les protagonistes de l'histoire. Des comédiens dont les motricités et les états d'âmes sont accentuées par des décors somptueux.C'est un foisonnement continuel de couleurs, de gaîtés et de joie de vivre dans un scénario insignifiant bypassée rapidement par un visuel conséquent sur de biens agréables féeries citadines et champêtres, que cette triplette de comédiens français mettent très correctement en valeur.Les mélopées ne laisseront pas un grand souvenir, mais elles ont l'avantage d'entretenir la tenue d'un produit montrant un cinéma en très très bonne santé financière.Dans de merveilleux costumes, du bois de Boulogne en passant par chez Maxim's, une avalanche de figurants assurent la luminosité de certains endroits mythiques de la capitale.Tout ceci permet de passer un agréable moment, en éteignant un instant son monde, le temps de ces dîners mondains, de ces ballades parisiennes et de ces parties de campagnes bien naïves.
  • LA TOUR INFERNALE (1974)
    Un opus catastrophe bien ficelé, avec en prime la constitution, le temps d'un incendie mémorable, de quelques grosses pointures hollywoodiennes, imposantes en leurs temps, puis laissées pour compte, pour être enfin rapatriées temporairement dans le produit concept de référence de ces années soixante dix où les cinéastes américains consacrent leurs pellicules à la destruction en tout genre. Le récit tient bien la route, en intégrant intelligemment une action soutenue, formatée par le désastre d'une construction au rabais, ceci alimentant parfaitement malgré sa virtualité le concept de la magouille, élément bien présent dans nos sociétés.Ceci permet, malgré quelques clichés psychologiques un peu lourd, d'adhérer pleinement à cette aventure dramatique, pleine de suspense, montrant tout près du ciel un catalogue humain hétéroclite comprenant entre-autres le pompier lucide et visionnaire, des conditions de plus en plus déplorables de l'exécution de son métier, de l'architecte honnête, de l'ingénieur alcoolique manipulé, pour se terminer par le patron véreux et carriériste en rédemption.Un bon film montrant nos chers contemporains dans une thématique leurs permettant de se vêtir de tous les états.
  • TENUE DE SOIRÉE (1986)
    "Tenue de soirée" tient la route surtout dans une première partie amusante, envahie de bons mots, servant à éveiller la partie féminine d'un marginal colérique et délaissé, apaisé par les mots tendres d'un gros balourd, amoureux d'une copie insignifiante de son propre sexe. Soudainement courtisé, un profil quelconque, d'abord réticent, s'abandonne aux mains d'un amoureux persuasif, lui démontrant avec force qu'il existe, malgré un morphologie hors norme. Hymne à la marginalité et à la révélation d'une personnalité, cet opus décapant, essentiellement basé sur les différentes dérives d'un mal de vivre, managée par l'irrespect et l'ironie, dénonce l'effondrement d'une pensée traditionnaliste, vaincue par le nomadisme et un paraître sans âme.Boosté par la dérision, calciné par l'ennui, le nomade et le sédentaire n'ont plus que la perversité pour ressentir une modulation de fréquence en commun.Certainement plus un film d'auteur, qu'une vérité profonde.
  • LES MINES DU ROI SALOMON (1950)
    Cette vivifiante ballade romanesque dans la savane, permettant de capter tout son contenu animalier pratiquement en un seul regard, prête à sourire. Néanmoins le produit est de qualité en possédant tous les ingrédients nécessaires à une évasion temporaire dans une mise en page captivante et exotique.L'intérêt envers ce parcours de brousse reste constant, sans engendrer la moindre lassitude. Voir Deborah Kerr citadine délocalisée en milieu hostile, en débattre avec une faune soudaine et agressive, est un vrai régal.Les paysages magnifiques traversés représentent un renouveau appréciable pour des esprits tourmentés par un conflit mondial à peine terminé.Tout est mis en œuvre pour se détendre en appréciant des territoires grandioses, soumis à la bête fauve ou aux lois tribales, avec comme conclusion un happy end enrobant l'opus d'une essence chaleureuse.Un très très bon film.
  • DERSOU OUZALA (1975)
    Cet adorable petit trappeur mongol est chez lui sur ce territoire qui ne semble pas avoir de fin. La troupe l’adopte sur le champ, tant son expérience du terrain est valorisante. Nous sommes en 1902, les temps changent, il faut se ressourcer, explorer de nouveaux territoires en attendant d'inévitables bouleversements politiques. Un esprit de groupe vit ses derniers instants de communion naturelle en compagnie d'une nature instinctive, distribuant verdicts et récompenses sur un site dépolitisé. La solidarité fonctionne à merveille, la progression est semée d’embûches, Arseniev, en pleine école, valide sans contraintes la perception naturelle, possédé par ce petit bonhomme aux phrases incomplètes.Ici c’est le froid, le vent et la neige qui dominent, les livres sont impuissants, il faut pactiser, faire allégeance, exécuter sans broncher les procédures dictées par les rigueurs du climat. Derzou est un roi, son territoire est perspicacité, présence d’esprit, rapidité d’exécution dans une nature annonçant toujours à l’avance ce qui va arriver, une fois les symptômes décryptés il faut agir vite afin de conserver un potentiel de gratitude envers un homme bon.La Taïga est une force contre laquelle on ne peut rien, elle ne décline pas, son relief s’impose par la normalisation de ses composants. Ici tout est éternel. Aucune traîtrise de la part d'un environnement contenant déjà une cause finale qu'il suffit de maîtriser par une raison mêlée d'instinct.Derzou ne peut plus maintenir la gestion parfaite des lieux, diminué par ses sens et ses superstitions il sent que cette collaboration naturelle touche à sa fin.Cette immense contrée possède une clause impitoyable, elle congédie de manière brutale ce qui ne peut plus être son égal. Pour être l’hôte de ces lieux, il faut sentir, voir et chasser de manière parfaite, si l’une de ces puissances vous abandonnent, c’est la fin. L’homme en ces lieux est l’égal de la bête et subit le même sort.Derzou est une initiation offerte à des hommes qui n’ont plus que quelques années de liberté contemplative à assouvir avant de crouler sous les slogans politiques. Arséniev et ses hommes sont bons, reconnaissants, soumis sans contraintes aux jugements naturels d’un esprit converti à la clémence ou à la sévérité d'un territoire infini.La Taïga devient une terre fraternelle où chacun est l'image de l'autre. Arseniev, préservé des contraintes citadines, réveille en serrant dans ses bras deux termes endormis, chaleur et amitié, détenus par un être naturel, luttant de toutes se forces, afin d'éviter l'aliénation d'une pensée programmée.
  • LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA (1951)
    L'énergique recadrage final verbal de Klaatu avant son retour vers son étoile, tout en appartenant à une histoire sous l'emprise de la guerre froide, n'en possède pas moins une apparence intemporelle dont chaque époque semble concernée. Un jour ça va mal finir pour nos matricules.A force de convulser en permanence la planète bleue par nos conflits depuis des siècles, nous allons finir par désordonner la tranquillité d'un système planétaire, se contentant de tourner sans histoires autour d'un astre dominant.Nous sommes scrutés, analysés par une intelligence bien supérieure à la nôtre, sur le point de sanctionner nos intolérances.Klaatu l'affirme, dans une détermination sans détours, assistée d'une coopération encore complaisante, n'hésitant pas à compléter dans un calme encore Olympien, des formules Mathématiques stimulantes.Susceptibles de remettre sur pied un bipède pensant, élimé par un profit indélébile mettant en danger l'équilibre de l'univers.En tout cas nous voila prévenus. si nous continuons à régresser, nous allons avoir de la visite.
  • MIRACLE EN ALABAMA (1962)
    "Miracle en Alabama" est un remarquable affrontement entre une enfant rebelle, insensible à toute aide extérieure et une éducatrice ayant besoin de se ressourcer par la perception de sentiments incorporés dans une méthode de travail. Il s'agit de soigner en ressentant de l'affection pour un cas extrêmement difficile, que seul l'émotion collectée, au fil des défaites et des victoires de cette lente et harassante thérapie d'éveil, peut entretenir dans la durée.Un film admirable, sur une volonté indestructible d'éveiller, éradiquant lassitude et abandon, en ne faisant fonctionner qu'une seule enseigne, son cœur.Anne Brancroft et Patty Duke sont admirables, en alternant querelles et apaisements, éléments antinomiques indispensables, menant vers une fusion éternelle deux esprits épuisés, mais enfin sur une même longueur d'ondes.
  • JE SUIS UN ÉVADÉ (1932)
    "Je suis un évadé" est un film rude, particulièrement brutal dans sa partie carcérale. L'homme, qu'il soit maton ou prisonnier, est au plus bas. Même si les chaînes sont fausses quand on les prend dans la figure, l'impact est fort, ceci dans tous les sens du terme qu'ils soient physiques ou psychologiques.Au bagne, l'environnement n'est qu'un distributeur automatique de brimades et de sueurs récurrentes distribuées à du bétail sans nom.Trahi par les siens, James Allen possède un potentiel, un désir d'entreprendre dans une volonté hors du commun, maintenant sur le cap de la compétence, un esprit de valeur privé de clémence, diminué par la crise, mais transcendé par la rage de survivre.Un opus exceptionnel sur un homme dont l'intégrité parvient à se maintenir au contact de rustres ou d'indifférents anéantis par la rudesse d'une époque d'airain, dont les principaux critères ne sont que froideur et acharnement.Paul Muni est remarquable.
  • MORT A VENISE (1971)
    L’âge de toutes les découvertes et de tous les émois fixe sans détour un visage usé, en plein doute, inquiet, solitaire venant quêter une inspiration incertaine, dans une ville suffocante, associant beauté et laideur dans de mauvaises odeurs persistantes. La beauté est une abstraction des sens, elle se traque désespérément dans des notes de musiques aux combinatoires mathématiques infinies, alors qu’elle s’abrite sous les traits d'un adolescent presque androgyne, insouciant masquant une sureté de soi dans des jeux de plages basiques.L’artiste bouleversé par une pulsion émotionnelle soudaine s’émiette lentement dans des perceptions naviguant entre homosexualité refoulée et contemplation au bord de la syncope..La perfection n’est plus sur une toile ou dans un son, elle est blonde et masculine. Provocatrice, elle se laisse admirer en s’ajustant au regard d’un intellectuel au portes de la vieillesse éveillé, par une sublime apparition de chair et de sang remettant en question l’approche d’une beauté considérée comme impalpable, si elle n’est pas en rapport avec les arts.Lent et peu bavard, "Mort à Venise" accompagné de la somptueuse et désespérante musique de Mahler, touche par la grâce un personnage hautain, contemplatif, éloigné d’un site de vacances déroulant ses procédures internes communicatives jugées dérisoires et sans âmes par un intellectuel en quête de la révélation suprême.Un film extraordinaire, magnifique, sensitif à l’extrême sur l’emprise des sens et son mécanisme d’aliénation et de destruction, s’acharnant impitoyablement sur une machine à penser déclinante, complètement périclitée par une image sublime, qu'elle ne peut saisir que par l'extase.
  • JUDEX (1963)
    Tout est calme, reposant. La parole est calibrée, jamais abondante. L'image esthétique et sobre. Tous ces composants réunis permettent de passer un agréable moment en compagnie de personnages automatisés par leurs lenteurs d’exécution, dans un opus concept, froid, d'une langueur vengeresse et paisible.Une nouvelle manière de montrer de l'action sans action avec un redresseur de tort new look complètement inerte..Si l'on accepte d'être managé au pas, l’œuvre a du charme.
  • LES VISITEURS DU SOIR (1942)
    "C'est si simple les échecs"Deux êtres insensibles au service du malin viennent divertir les humains, en les manipulant par de fausses illusions. L'ensemble austère et sans espoir se dirige malgré quelques ouvertures sensitives vers une conclusion négative, voulue par le maître des ténèbres, ici et ailleurs, en même temps venu en urgence recadrer ces troupes sur le point de sombrer dans les sentiments.Tout est volontairement distant, irrespectueux, obscur et froid dans un moyen âge sans vie, propice à tous les désenchantements où seul le chant est susceptible de drainer quelques sensibilités.Certains visages sont laids, déformés par une époque triste où l'on s'ennuie à mourir. Ceci représente un territoire royal pour un perturbateur, mesquin, expert en discorde, tenant le monde entre ses deux mains.Les naufrages, les orages, le vent, la pluie c'est lui.Les maladies, la guerre, la peste, la famine, le meurtre, la haine, la jalousie c'est encore lui.Il faut un rien pour le distraire, le malheur du monde par exemple cela n’empêche pas un voyeur sinistre et détaché, responsable de tous les maux, de souffrir de solitude, en se délectant seul de ses méfaits.Comment dans ces conditions, espérer la moindre indulgence d'un concept revanchard, livré à lui-même, n'ayant aucune pitié pour tous ces humains fragiles et prétentieux, soumis docilement à leurs fausses perceptions sans combattre."Les visiteurs du soir" est un complexe défaitiste et ténébreux, baignant dans une temporalité et une énergie quasiment nulles, à l'image de l'insensibilité de ces envoyés du Diable, aux regards éteints, complètement vidés de toutes émotions.Une sorte d'apocalypse diabolique et sentimental, combattu farouchement par la détermination absolue de deux adeptes d'Eros, désireux de conserver le seul élément qui rende la vie supportable, l'amour, même si celui-ci est destiné à deux êtres de pierres.Le principal est d'avoir gagné en sculptant dans l'immobilisme éternel, l'image de sa victoire.
  • LE PRÉSIDENT (1961)
    Un film intemporel faussement endormi, voyageant incognito dans l'histoire par un passage emblématique, toujours prêt à renaitre consistant à ramoner, violemment dans un hémicycle ou ailleurs une classe politique vieillissante, ronronnant dans ses abus. Le président Beaufort (Beau, fort) court-circuite dans la détermination les excès de Politiciens austères et barbus, parant par une riposte aussi pédante que détachée les boulets rouges courageux d'un dénonciateur transcendé.Un moment noble et majestueux de la part d'un esprit enflammé au soir de sa vie, n'étant pas le serviteur quotidien d'un système carriériste privant la plupart des composants d'une classe politique corrompue, d'une véritable vision de l'autre et de ses espérances n'étant au fil du temps que des illusions.
  • LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD (1973)
    Ray Harryhausen est gourmand lorsqu'il s'agit de garnir ses films d'évasions, de nombreux trucages, ceux-ci certainement assez onéreux. Cette décision a pour avantage et conséquence d'imposer au maître absolu des effets spéciaux des années soixante et soixante dix, un metteur en scène aux ordres, ainsi qu'une figuration fortement clairsemée.Le merveilleux l'emporte devant une rationalité réduite, tentant de glaner quelques regards de la part d'esprits bien plus captivés par des monstres de bois s'activant soudainement ou des temples de pierres démesurés.Le septième art aborde un courant important. C'est l'homme qui devient la toile de fond de ses aventures et non l'inverse. De ce fait aucun acteur de notoriété accepte de se glisser dans ces suites d'images le reléguant au rang de faire valoir.Le comédien au service de la valorisation des effets spéciaux, ça c'est nouveau, et annonce un concept plus dévorant encore en sommeil, un numérique dévastateur ou plus rien n'est réel.En attendant soyons demandeurs de ces belles aventures exotiques bien distantes de nos quotidiens, en acceptant sans l'ébauche d'un rictus moqueur, la vision d'une autre manière de faire obsolète sans être pour autant ancestrale.Du bon cinéma populaire, ressuscitant l'ambiance de nos jeudis, éteint à jamais.
  • PEPE LE MOKO (1936)
    Pépé le Moko, malfaiteur calfeutré et protégé dans un labyrinthe sécuritaire lui ôtant tous repères sensibles, redécouvre l’art d’aimer et ses procédures, suite à une vision sublime. Un appât rapatrié sur site par un inspecteur de police revanchard.Un malfrat condamné au placard éternel se fragilise jusqu'à l’extrême, en se libérant d’une enveloppe environnante méfiante et agressive, fabriquée par des accompagnateurs poisseux, paresseux, possessifs, sales, toujours prêt à trahir pour se répandre à l’aide d’un paroxysme émotionnel, vers un sacrifice amoureux, faisant d’une bête aux abois, un homme reconstruit par l'attirance.Un beau film sur le réveil des sens, dans un environnement carcéral protecteur, mais isolant une ressource d'un patrimoine quitté précipitamment, que l'on redécouvre à deux le temps d’un souffle.