Critique(s)/Commentaire(s) de JIPI

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  • TANT QU'IL Y AURA DES HOMMES (1953)
    Les brimades, l’adultère, la séduction et les règlements de comptes entretiennent le quotidien d’une marmite militaire, temporairement préservée d’une attaque surprise japonaise. Chacun en fonction de ses désillusions pleure une maternité non assouvie, une droite trop appuyée ou un arrivisme momentanément à quai. La totalité de ces bilans n’étant bien souvent que des états d’âmes formatés par la récurrence de la vie en caserne. Faute d’adrénaline le soldat se baigne, se saoule ou sort la lame dans des ruelles sombres. Finalement ce sont les femmes qui par leur réalisme ont le dernier mot en prenant la décision de s’assumer loin de ces terres où l’homme immature ou paillard est dans l’incapacité de remplir une fonction de mari ou de père.
  • UN SINGE EN HIVER (1962)
    L’esprit ibérique se délocalise en terre pluvieuse. Un état second livre fiestas et corridas à un vieux soldat, éteint par le bonbon du soir. Dix sept jours de beau temps en été rivalise en vain avec un soleil perpétuel ranimé au picon bière, sur une terre venteuse, n’offrant que la belote et le pastis comme chemin vers les étoiles.La parole donnée est lézardée par la fougue d’une jeunesse refusant dans un premier temps de traverser le corridor d’un ennui profond. Le jeune régénère le vieux, qui le temps d’une soirée, retrouve l’esprit de ses vingt ans voguant sur un Yang Tse Kiang devenu plus mental que féerique.Deux générations, le temps d’une soirée, illuminent un ciel normand désespérément sombre. Un comportement choisi, trop longtemps cumulé, s’applique au mépris d’une faune locale assoupie, ingurgitant du mauvais vin.Le jeune s’entretient par le chagrin d’amour, pendant que l’ancien se régénère à l’écoute de ces férias incessantes contées par ce jeune père aux responsabilités embrumées par la fête."Un singe en hiver" sorte de "Quai des brumes" désopilant montre l’autochtone de base harassé par l’ennui et les vents incessants. Bloqué par une mer omniprésente qu’il ne peut traverser, il ne survit que par un passé commémoratif, la cueillette du bigorneau et la déferlante estivale parisienne.L’œuvre est cynique, la différence entre ces deux nostalgiques et ces légumes endormis est appuyée, presque blessante, irrespectueuse entre un monde méprisant l’autre en s’octroyant par ses perceptions un droit de cuissage intellectuel.Le petit peuple, privé d’une véritable conscience, répète inlassablement sa médiocrité, sur un site désolé, brusquement réveillé par la délivrance d’un excès que l’on ne peut reconduire, une sorte d’orgasme de lumière avant de s’enfoncer dans un long hiver.
  • LA COMTESSE DE HONG KONG (1966)
    On se croirait sur la scène du théâtre Marigny, dans un vaudeville boulevardier pourvue d’une architecture référentielle. Les portes claquent, les placards servent de camouflages provisoires. Mimiques appropriées et courses poursuites s’alternent dans un récit affligeant, tourné pratiquement en huis clos.Ce film nullissime, conduit Charlie Chaplin vers la sortie par la petite porte. Imposant sa manière de faire, mimant toutes les scènes devant ses comédiens, Charlot froisse rapidement Marlon Brando, préférant offrir plus d’intériorité à un personnage superficiel, décoiffé, gesticulant, en robe de chambre et chaussettes noires devant supporter dans sa cabine une comtesse en exil vers l’Amérique.Le maître, âgé de soixante seize ans, au moment du tournage, semble imposer son propre logiciel artistique à un comédien plus cérébral que remuant. Sophia Loren plus respectueuse se soumet aux exigences d’un réalisateur maître à bord d’une œuvre récupérée, ratée, démolie par la critique.Le culte de la personnalité envahit le plateau avec la présence de plusieurs membres de la tribu Chaplin, kaléidoscope de tous âges imposant une seule image, celle d’un homme aveuglé par ses perceptions narcissiques.Cela se ressent dans "La comtesse de Hong Kong" œuvre à oeillères totalement chaplinesque, au budget conséquent, malgré la sédentarité de ses scènes.Le contenu est superficiel, une chute libre entamée depuis "Un roi à New-York", s'achevant par un impact final particulièrement décevant.Un géant fait ses adieux au métier en frisant le produit de série B.
  • BEN-HUR (1959)
    Messala n’est peut-être pas si ignoble que cela, il permet à Ben-hur de s’extraire d’un quotidien bourgeois ennuyeux, en lui offrant un parcours certes viril, accablant sans visiblement de finalité heureuse, mais permettant à un homme meurtri, de se construire au fil de ses aventures et de ses rencontres. Le périple en vaut la peine, la vengeance alimente la force de continuer vers l’avant avec le Christ sur sa route, abreuvant un homme d’une force indélébile, celle de tester un cheminement inconnu menant jusqu'à un pic permettant d’acquérir une énergie projetant vers la case départ un indestructible plan destructeur, entretenu par un hyper motivé ayant conquis un statut d’homme sur le terrain.La numérologie s’en mêle, le numéro 41 porte bonheur. Même enchaîné, il permet d’éviter une mort certaine aux galères, de se faire remarquer par sa résistance, de sauver de manière désintéressé tout en faisant voyager incognito une opportunité un personnage important.Les couleurs d’un réconfort acquises sur des divans romains moelleux revigore une volonté intacte d’en découdre avec un adversaire persuadé que l’on existe plus.A travers un thème basique, celui de la vengeance alimentant une survie dans des contextes offerts à des surhommes, Ben-Hur acquiert une envergure miséricordieuse et rigoriste, hors de terres bienveillantes sans surprises.L’homme s’élabore dans des dimensions existentielles gigantesques préalablement, inconnues. Il souffre, frôle cent fois la mort, sauve une vie, rencontre par deux fois un personnage emblématique, s’interroge sur une condition humaine, fonctionnant à la percussion de plus en plus rapide. Entretient une croyance par une invulnérabilité hors du commun gérée par la divinité.Un privilégié qui finalement loin de ses bases s’embellit intérieurement par l'expérience en côtoyant un monde barbare et inconnu.Rien que pour cela, l’odyssée est payante, tout en devant retrouver sa famille et assouvir une vengeance d’une manière combative et loyale, un homme alimenté par l’endurance, s'enrichit loin de ses terres de toute les richesses du monde collectées par les sens dans des environnement évolutifs extrêmement réalistes.
  • LA GLOIRE DE MON PÈRE (1990)
    "En ce temps là, le bonheur coulait de source, simple comme bonjour". Cet opus est un patrimoine évanoui. Un océan de bonté, de douceur, de patience, d'encadrement, d'écoute, de regards ainsi que de caresses et d'étreintes spontanées, offertes naturellement dans des contacts chaleureux.Le bonheur s'avère d'une simplicité déconcertante. Il suffit d'être ensemble, d'accepter et surtout de se contenter de la présence de l'autre, malgré certaines différences.De ne jamais se poser de questions sur une éventuelle lassitude envers la répétition des choses. De s'adapter à une technologie rustre et rudimentaire, en incorporant à tous ces composants, synonymes de longévité, une fusion intense avec une nature restituée dans son plus simple appareil."La gloire de mon père" est une apologie odorante de la bonhomie. Les merveilles d'une existence familiale protégée, à l'air libre, perçue par des enfants heureux, en pleine croissance, soudainement touchés par un éveil sensible envers des adultes atypiques et protecteurs.Un monde vaincu par un environnement moderne, à l'image de consommables ne faisant que se succéder à eux-mêmes, sans fournir le moindre apaisement durable.
  • THELMA ET LOUISE (1990)
    Plein gaz pour ces deux serviettes de tables, pressées comme des citrons par un mari ou un petit ami avachi, par la bière et la diction pâteuse. Dehors le destin est imprévisible, Thelma passe de l’exploitation abusive à la protection assassine. Louise prend les commandes d’un road-movie traditionnel, ponctué de l’inévitable flic de cambrousse, aux basques des fugitives exaltées par un panoramique offert dans une décapotable brassant vent et kilométrages.Au fil de la route Louise s’éveille, prend de l’assurance, s’éloigne du concept masculin, dans une lucidité confronté à une situation s’aggravant d’heures en heures."Thelma et Louise", récit de route aux paysages vertigineux et hallucinés, libère deux ménagères de la graisse des fourneaux, en leur offrant un territoire sans limites.Cette relation fusionnelle n'est pas sur le fil du rasoir de l'homosexualité, mais ressemble plutôt à une amitié sans le plumard, entre deux femmes hystériquement récupérées par un contexte sans limites, admiré sans retenue.
  • PAULINE A LA PLAGE (1982)
    Pauline en vacances et en pleine éducation sentimentale côtoyant essentiellement des hommes murs écoute attentivement les propos exaltés et sentimentaux de Marion, sa cousine. Henry marié préfère sa liberté d’homme, Pierre désire reconquérir Marion. Un petit groupe animant ses sens le temps d'un congé d'été à l'aide d'une philosophie sur l’amour et ses dangers. Pauline s’instruit, mais ne se sent pas attirée par ces trentenaires désabusés à la recherche de la véritable définition de l’amour. Tout ce petit monde désire le bonheur, mais la dépendance lourde et contraignante, qui en dépend n’est pas acceptée. Le challenge ridicule que s’impose Pierre désirant reconquérir Marion, qui a cédé entre temps à Henry, sans passion, sous le regard de Pauline en pleine école, montre bien la difficulté de se poser à long terme sur une récurrence à deux que l’on préfère remplacer par quelques convoitises savoureuses mais sans lendemain. Le plaisir de conquérir sans s’investir à long terme devient la pitance d’un manque éternel que l’on s’impose éternellement sans lui assigner une fonction définitive. C’est comme si l’on disait que l’on désire connaitre l’amour sans jamais le rencontrer. Pauline jeune et pure n’a finalement pas grand-chose à collecter face à Marion, Pierre et Henry élaborant déjà des bilans d’existence. Ayant largement le temps de positiver devant les perpétuelles errances sentimentales de ces caricatures désabusées, manquant de maturité totale.
  • JAMAIS LE DIMANCHE (1960)
    Aristote est archivé. La nouvelle Grèce opte pour la liberté de s’éclater ou de se partager dans des situations débridées à des années-lumières d’une philosophie obsolète. Ylia, prostituée et fière de l’être, s’assume dans un métier choisi, exercé dans une joie de vivre permanente.L’intellectuel en perte de repères, venant se ressourcer au pays de Socrate, se retrouve capturé par la nonchalance d’un peuple se moquant bien de toutes ces théories dépassées faisant d’un esprit l’esclave d’une éthique.Le Grec, managé par une femme charismatique et indépendante, s’avère convivial, contrôlable et sympathique en se lâchant sur le port ou dans les tavernes.La philosophie d’antan est remplacée par une chansonnette agréable et douce, poussée dans un don de double vue toujours euphorique.Le pays chavire de gaîté , loin de Platon des usines et des chantiers. Un vrai bonheur fantasmagorique offert à une nation préférant montrer une collectivité rayonnante plutôt qu’un cerveau éreinté par la dialectique."Jamais le Dimanche" malgré un aspect outrancier a le courage d’extraire et d’acheminer un pays marqué par un passé lointain manquant cruellement de joie de vivre, vers la liberté de se livrer tel qu’il se ressent intérieurement, en ayant le courage de s’arracher d’un patrimoine philosophique référentiel mais étouffant.
  • WEST SIDE STORY (1961)
    "Twelve in a room in America"Encore un film sauvé par ses mélopées que l’on fredonne avec nostalgie en pardonnant à ce concept révolutionnaire de n’avoir pas su résister au temps et surtout à l’anéantissement d’une délinquance presque sympathique, sachant retenir ses coups dans des chorégraphies parfaitement ordonnancées. Le peu de matière consistante de cet assemblage musico verbal se dissout rapidement dans une suite de tableaux thématiques, préférant mettre en valeur les possibilités chorégraphiques et musicales d’une œuvre dont la trame romanesque n’est qu’un combustible.Les sentiments de Roméo et Juliette semblent bien isolés face à ces désœuvrés presque efféminés, bondissant sur des terrains de baskets, demeures à temps complets de provocations et d’effleurements physiques entre deux ethnies dont le point commun est de fuir l’intégration.La chanson "America", essence sociologique de l'opus, déverse un texte révélateur sur les conditions d’existence qu’un groupe condamné à l’hérédité, au chômage et à la promiscuité, préfère clamer au second degré dans un humour décapant."West side story", laborieuse alternance entre ce qui se dit et ce qui se chante, demeure une expérience courageuse qu’il fallait tenter au même titre qu’une idée folle dont le monde a besoin pour avancer.
  • BLADE RUNNER (1982)
    "J'ai vu tant de choses que vous humains ne pourriez pas croire. J'ai vu de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir". La nuit et les averses incessantes sont les dominantes de ce film culte, permettant à la technologie de cloner un simulacre d’homme en un vulgaire outil de travail corvéable à merci.Soudainement une perception interne donne l’envie de vivre à des pestiférés pourvus d’une conscience nouvelle, demandant un bonus existentiel.L’amalgame avec l’indifférence de nos sociétés envers une certaine catégorie de nos exécutants est perceptible dans la quête désespérée de ces répliquants, refusant d’être obsolètes après quelques années d’un labeur immonde."Blade Runner" est une œuvre humaine, émouvante sur le sacrifice d’une certaine condition humaine obscure, endurante, robotisée condamnée aux taches dégradantes, vivant dans la peur constante d’être éliminée après trois ans de vie offerte à la production.L'opus est lancinant, sa lenteur permet de s’attarder sur des visages d'androïdes traqués, aux propos poétiques, alternant pouvoir et crainte, dans un contexte futuriste privé d’une luminosité naturelle, remplacée par un immense rayonnement artificiel.Sous une pluie battante des néons gigantesques étouffent une population hétéroclite annexée à la nourriture asiatique, cloitrée dans d’immenses demeures curieusement vides, pendant que des concepteurs vivent hyper protégés au sommet d’édifices pyramidaux.Tout cela ressemble de plus en plus à notre quotidien , basé sur le service et la restauration rapide, faisant de nos contemporains dépendant de ces nouvelles disciplines, des esclaves modernes dont le seul privilège est une espérance de vie plus longue que ces androïdes désespérés.
  • ALAMO (1960)
    "Alamo" est une fresque exceptionnelle, un Massada tragique paradoxalement bénéfique, formatant dans un lieu clos tout un processus humain enfin transcendé par la volonté de s’investir intégralement pour une cause. Aucune continuité n’est perceptible au delà de ses murs contenant les derniers instants d’un patriote à l’état pur prêt à donner sa vie en alternant détente, héroïsme et dévouement sur un site condamné à disparaître.Ce film est magnifique, son processus inexorable n’empêche nullement tous ces sacrifiés en puissance de vivre leurs derniers jours en se chamaillant ou faisant la fête avant d’en découdre dans un affrontement final digne d’Homère.La montée en puissance de l’œuvre est pathétique. Ses derniers instants drainent en surface quelques larmes difficilement comprimées.Avec un peu plus de courage on aimerait presque se tenir à l’intérieur de ces murs pour enfin montrer que l’on possède au fond de soi une valeur endormie, un instinct de sacrifice menant nos corps et nos âmes vers une dimension inconnue. Mais pour cela il faut tout abandonner.
  • LE TROU (1959)
    "Pauvre Gaspard""Le trou" est l’emblème d’un concept cinéma vérité filmant un récit en temps réel montrant chaque action exécutée dans son intégralité. Cette prodigieuse machinerie au verbe compté exécute un plan d’évasion d’une rigueur extrême, le tout dans un chapelet d’images dont chaque contenu et un déploiement procédurier de A à Z.La collaboration est parfaite entre cinq détenus respectueux du comparse, sympathiques volontaires et courtois, préférant faire la belle plutôt que de contempler leurs quatre murs pendant vingt ans.Le processus séquentiel de cette évasion est remarquable. Un authentique mécanisme d’horlogerie qu’il faut avoir le courage d’endurer en comprimant quelques bâillements.L’action est cérébrale dans des manipulations au cordeau. Aucune excentricité ni débordement dans ses gestes d’orfèvre parfaits, automatisés mettant en lumière un formidable esprit d’équipe.Ce qui compte c’est de foutre le camp et pour cela il ne faut être qu'un, puis cogner à en perdre la raison pendant d’interminables minutes sur des parois hypers résistantes.La solidarité de l’ensemble est poignante, elle roule dans la farine des surveillants formatés par le contrôle dans un univers carcéral reconstitué de manière parfaite.Jean Keraudy, revivant pour le cinéma sa propre aventure, déclencha à l’époque de nombreuses controverses entre des spectateurs sympathisants envers ces "Malfrats" courageux et déterminés à vivre en extérieur et d'autres beaucoup plus sentencieux.Un chef-d'oeuvre rien que pour son courage d'imposer des temps morts interminables mais indispensables à la compréhension des efforts de ces forçats grattant la terre à en perdre haleine.
  • LE COLOSSE DE RHODES (1960)
    L’apogée du carton pâte dans une suite de scènes ressemblant plus à un défilé de lingerie colorée couvrant à peine les corps qu’à un reconstitué historique digne d’être validé. Le raz de marée final cache une usine à gaz presse bouton faisant s’écrouler les édifices dans un synchronisme fantaisiste.Certaines pierres et colonnes rebondissant comme des balles de ping-pong montrent les limites d’un agréable spectacle dont la fonction première est de divertir sans prises de têtes.Une retour nostalgique dans l'univers du cinéma de quartier.
  • FELLINI ROMA (1972)
    "Roma", overdose d’images irréalistes dont tous les contenus sont d’une richesse sans pareille, dévoile un délire permanent, offrant une identité à une ville dont la stabilité ne dépend que de ses extravagances. Cet immense paradoxe cache derrière chaque porte un environnement abritant les combinaisons les plus folles. Devant ces visions surréalistes, nous ne sommes plus sur terre, mais dans un monde régit par les énormités d’une cité débridée n’ayant aucune conscience de ses débordements.La machinerie romaine s’exprime dans une exubérance insensée faite de rondeurs, de graisses, d’œillades et de mots orduriers, exécutés à plein régime sur des sites appropriés.Par ses ingrédients les plus disparates cette cour des miracles respire le bonheur dans une liberté de penser hallucinatoire à l’image d’un spectacle permanent s'exprimant dans une désordre festif continuel.Que ce soit dans les restaurants, les salles de quartiers ou les appartements surchargés, la ville sainte en surabondance explose de luminosité bestiale dans une promiscuité quêtant une identité entre sexe et religion.Du fascisme au mouvement hippy, Rome extériorise ses senteurs les plus absolues dans un catalogue de comportements représentatifs d’une douce démence nécessaire à une communication de groupe.Un chef d’œuvre sur l’être humain et ses contenants les plus fous.
  • CASINO ROYALE (1967)
    Cette désopilante comédie écrite par Woody Allen, parcourue de fond en comble par l’agréable musique festive d’Herb Alpert, se charge dans un casting de rêve, d’effectuer une refonte complète du célèbre agent 007, montré dans cet opus comme un retraité maniéré, reclus, moqueur et bégayant, rapatrié manu militari dans le monde de l’action. Ce territoire de doux dingues s’avère succulent, sans éviter toutefois le risque d’une lassitude devant ces numéros d’acteurs, thématiques ratissant large dans une avalanche de scènes aussi cocasses qu’irrésistibles d’incrédibilités se moquant de manière burlesque d’un concept original, ne manquant pas lui non plus de situations hilarantes, irréalisables en temps réel.Inutile de tenter de découvrir un ensemble cohérent dans cette suite de situations flirtant avec le concept du film à sketch. Chaque scène de cet opus lunaire dévoile un chapelet de comédiens débridés se lâchant allègrement dans une histoire dont l’homogénéité se trouve uniquement dans un délire permanent.Deborah Kerr, acceptant de se ridiculiser dans un rôle à contre emploi, est succulente de drôlerie."Casino royale" territoire loufoque et décalé abreuve nos esprits d’un monde parallèle condamné au grand écran pour exprimer le contenu caché de nos pudeurs répétitives, nous empêchant de sortir de nous-mêmes.
  • UNE FEMME SOUS INFLUENCE (1974)
    Ce film est une épreuve. Un cataclysme local composé de longs plans séquences à la limite de l’écœurement, tissant dans une même déchéance un groupe limité, prisonnier de formules primaires, incapables d’atténuer la longue descente aux enfers d’une mère au foyer, vaincue par le désintérêt et le désœuvrement d’un environnement sclérosé par la médiocrité. Aucune aide extérieure ne semble susceptible d’enrayer l’anéantissement de ce mécanisme cérébral en vrille managé par des états d’âmes s’accaparant le territoire d’un faciès rongé par les tics."Une femme sous influence", implacable et grosse cylindrée sur les limites intellectuelles d’un site ne fonctionnant que par la bière et la grosse bouffe, couronnée d’un langage pulsionnel en fréquence avec un monde professionnel rudimentaire, dénonce les retombées inévitables s’acharnant sur un esprit cloisonné, réduit aux corvées, n’en pouvant plus et cherchant à s’extérioriser par la provocation.Un site, sous l’emprise de ses propres dysfonctionnements, administre des individus sur le fil du rasoir de l’équilibre, dont une femme durement touchée par l’absence d’une véritable envergure représente la pierre angulaire.Un film hors du commun, dont on ressort complètement vidé. Du jamais vu qu’il faut impérativement absorber dans sa totalité sans le condamner malgré un réel malaise devant ces images hallucinantes.
  • GERVAISE (1955)
    "L’hérédité est le seul Dieu dont nous sachions le nom" Oscar Wilde. "Gervaise" est l’arbre cachant la forêt d’un sordide étalé à perte de vue. L’image individuelle d’un destin malchanceux associé à une dépendance quotidienne que l’on finit par accepter.Cet univers crasseux géré par la paresse, le taudis et le mauvais vin est terrifiant. La femme forte ou faible, noyée sous une progéniture affamée, fait de maigres courses, trime au lavoir en essayant vainement d’acquérir un petit bonheur à long terme.Le peuple ravagé par les privations ramène en surface son contenu le plus mauvais et s’en accoutume dans une dépendance perverse. La promiscuité, l’oisiveté et l’ébriété quasi permanentes dominent l’intérieur de logements insalubres au bord de l’effondrement."Gervaise" reconstitution très réaliste d’une époque s’acharnant sans pitié sur les classes populaires est l’emblème d’une fatalité sournoise, récurrente que l’on croit anéantie par quelques rayons de soleils relationnels.Un environnement azimuté par un quotidien déplorable permet à une faune intellectuellement limitée d’extérioriser encore davantage une hérédité malsaine dans des comportements débridés dont la thématique est bien souvent au dessous de la ceinture.Des images impitoyables sur les comportements d’une catégorie aux mœurs primaires qu’un contexte délabré permet d’entretenir.
  • LES NERFS À VIF (1962)
    Ce harcèlement moral, déversé diaboliquement par une entité au sang froid sur tout un système de protection incapable de rebondir devant les piqures morales démoniaques incessantes d’un seul homme envers un autre, est terrifiante. Cette guerre des nerfs démontre les faiblesses d’un encadrement de répression manipulé par les agissements lucides et calculés d’un être pervers conscient de sa force de destruction.Une bête féroce pulsionnelle ivre de vengeance s’avère beaucoup plus efficace et dangereuse que toute une machinerie en plein doute, dépourvue de textes punitifs, abandonnant une proie et sa famille aux déchainements d’un personnage incontrôlé.Max Cady est une épreuve, une contrepartie violente et isolée narguant un système juridiquement correct, offrant à ses intégrés une jolie femme, de beaux enfants, une belle maison et un joli bateau dans un univers chaleureux.Toutes ces récompenses existentielles sont remises en question par une face obscure, démoniaque, exclue d’un système secrètement convoité. Un être oublié que l’on ne pensait jamais retrouvé bien au chaud dans un cocon protecteur."Les nerfs à vif" est un film admirable, montrant les contraintes d’un citoyen honnête et respecté, abandonné par toutes les enseignes protectrices de son environnement, encaisser puis rendre les coups face à un être pervers, terriblement efficace, contournant avec délices les faibles ripostes qu’il reçoit.Mention spéciale à Robert Mitchum et à sa magnifique prestation, dévoilant un personnage cynique au plein pouvoir, réduisant à néant l’ordonnancement d’un système limité devant le logiciel interne, pratiquement inviolable d’un monstre parachuté afin de montrer les limites protectrices d’une société menant irrémédiablement vers l’autogestion.
  • UN SI DOUX VISAGE (1952)
    Diane machiavélique, jalouse et manipulatrice sévèrement sous l’emprise d’un complexe d’Œdipe conduisant à la tentative de meurtre prémédité, capture à l’aide d’un air de piano mélancolique un cobaye de passage paresseux, machiste et désabusé succombant sans résistance à une manipulation perçue et acceptée comme susceptible de lui délivrer un éveil sentimental. Voila certainement la scène choc entamant une inexorable descente aux enfers, menant un homme sans idéal ni envergure vers un destin tragique managé par un ange noir au regard froid, fixe et éteint.L’œuvre sans être parfaite demeure exemplaire dans sa progression dont l’on pressent la conclusion dramatique le long d’un récit un peu lent, mais démontrant habilement l’impossibilité d’un homme conscient du marécage dans lequel il se trouve de s’échapper suite à un tempérament faible prenant toujours le dessus sur une lucidité temporaire.Le mécanisme d’une créature vénéneuse prête à toutes les bassesses et à toutes les séductions intéressées pour continuer à maintenir son emprise sur une entité privée d’un organisme de défense, se déploie de manière magistrale dans un contexte de dominances et de soumissions dont les deux protagonistes ont besoin pour s’affirmer.A travers un dispositif de destruction destiné à récupérer un père idolâtré, romancier sans inspiration entretenu par une belle-mère aussi avare qu’indifférente , un esprit malheureux glisse de la désespérance à la contemplation jouissive.Un parcours initiatique menant violemment deux personnages antinomiques vers une même demeure.
  • MONDWEST (1973)
    Impressionnante image que cette caricature de l’Ouest câblée de la tête aux pieds, toute de noire vêtue étrangement semblable à l’un des sept magnifiques se libérant soudainement de tout contrôle par une procédure passant du pas déterminé à l’allure forcenée, dans une traque où la proie convoitée n’a pratiquement aucune chance d’en réchapper. Des machines supposées sans âmes passent subitement du néant à la perception. L’état corvéable n’est plus accepté, la détermination meurtrière remplace une soumission programmée. La robotisation docile laisse sa place à une électronique interne soudainement indépendante, en révolte contre ses concepteurs.La créature, préalablement soumise aux directives d’un programme, s’autodétermine en révélant sans sommations une puissance implacable. Ce que l’homme a conçu se retourne contre lui."Mondwest" représente avant tout la frustration de ne pouvoir assouvir une domination dans un monde réel contraignant. Certains frustrés comblent ce manque dans les attraits d’un parc d’attraction thématique où des éléments virtuels détonateurs de conflits sont planifiés pour tomber sans résister. Un monde faux, mais sécurisant temporairement des refoulés en manque de prosternés.Dès que les rôles s’inversent, l’homme ne vaut plus rien. Il court comme un lapin. Une robotique désaliénée transforme des circuits dociles en prédateur impitoyable, imposant un regard scintillant, une endurance perpétuelle et une peur inconnue à un pourchassé baigné de sueurs et d'incertitudes devant une architecture lassée de subir.Les robots de "Mondwest", par l’intermédiaire d’une révolte soudaine, testent l’extrémité inverse d’une soumission. La découverte d’une autonomie ne déclenche qu’une envie de tuer, occasionnée par un rapport de forces devenu intolérable.
  • L'HOMME QUI RÉTRÉCIT (1957)
    Sous des traits pathétiques, un homme brisé, écartelé entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, tente de comprendre dans une lutte incessante contre des éléments surdimensionnés, les lois de l’univers. La dramatique expérience de Scott Carey, durement touché par une nouvelle condition, lui offre l’immense privilège d’activer au maximum les composants d’un esprit méthodique, tributaire d’un environnement hostile, établissant en parallèle des constats sociologiques, philosophiques et scientifiques suite à la découverte d’un nouveau monde.Ciblé par l’expérience initiatique, un homme hirsute cogite et s’adapte sur un territoire dont il ne distingue plus les hauteurs.L’homme qui rétrécit est un film exceptionnel. On devine dès ses premières images qu’il va tutoyer les anges en acceptant cependant, après cette première constatation, d’endurer une première vingtaine de minutes un peu mornes ne reflétant nullement un contenu spectaculaire qu’il faut sagement attendre.La force de cet opus intelligent se situe au niveau de l’éveil d’un esprit quelconque anéanti dans un premier temps par une perception inconnue, puis faisant face avec un courage lui permettant de découvrir de nouvelles valeurs physiques et morales dans une envie de comprendre tout en se dirigeant vers un destin hors norme transformant une tragédie en révélation.Le plein d’aventures et d’émotions, dans un film sensible sur une condition humaine dégradée permettant à des sens avides de connaissances de collecter de l'information dans un voyage sans retour.
  • LE POISON (1945)
    Jamais une auto destruction ne fut aussi admirablement filmée que dans cet opus pathétique absorbant dans le néant un romancier raté, mal rasé, hirsute, violent et alcoolique partenaire indélébile d’un vice côtoyé quotidiennement dans un état second alternant le temps d'un week-end effondrement et lucidité précaire. Privé de motivation existentielle et d’inspiration littéraire Don Birnam abonde d’ingéniosité et de sournoiserie afin d’assurer la longévité d’une association destructrice le menant au dernier degré avant enfin de rebondir dans un ultime sursaut.Les origines du mal sont inconnues. Dans une mégapole indifférente, les premières images dévoilent dans un leitmotiv crispant l’environnement d’une loque durement touchée ne percevant plus un encadrement chaleureux.La remarquable scène de la crise de délirium, de l’errance citadine en quête d’une bouteille introuvable et de la prise de conscience finale déterminant un renouveau suite au soutien et à l’endurance d’un environnement à l’écoute font de ce film magnifique et poignant un ensemble hallucinant de décrépitudes et de compréhensions.Une dépendance désespérée envers un faux ami déterminant une trajectoire infernale stoppée avant l’impact final par un dévouement à toutes épreuves et un esprit enfin retrouvé.Un chef-d’œuvre.
  • EDOUARD ET CAROLINE (1950)
    "Edouard et Caroline" est une plaisante comédie sur la gestion de deux espaces, l’un infiniment grand, bourgeois pédant et maniéré, l’autre infiniment petit, en désordre permanent, managé par la promiscuité alimentant continuellement la casse, les disputes conjugales et les réconciliations. En ce début des années cinquante, on est possédant ou démuni. La définition de ces deux états complètement à l’opposé détermine la vision d’un intérieur luxueux et garni ou d’un logis en furie constamment sous pression.Le parcours est drôle. Jacques Becker filme brillamment les différences de classes dans un parisianisme partagé par les répits et les combats d’un jeune couple atypique et fauché, perpétuellement en altercations essayant de s’affirmer dans un logis presque microscopique pendant que sur d’autres terres des nantis acerbes et aigris entretiennent leurs vanités par la provocation et le bon mot sur un territoire presque infini.Un très bon constat amusant, jamais vulgaire ni revanchard sur nos deux principaux composants éternels. Une richesse acquise ne nécessitant plus aucun développement opposée à une pauvreté dont les turbulences perpétuelles sont synonymes de vie.
  • À BOUT DE SOUFFLE (1959)
    "A bout de souffle" reste un ovni même de nos jours, une révolution cinématographique fournissant dans une aisance folle des images vives, hachées ne respectant ni règlement ni contrainte. Ce film référence à le mérite de tout chambouler, un éléphant dans un magasin de porcelaine, renvoyant au néant un néo-réalisme français trop statique, épuisé par les répétitions d’un fatalisme, écrasé dans des décors populaires reconstitués trop absents d’une véritable respiration, celle de la rue.Ici tout est simple, le marginal à la dérive froid et distant, filmé caméra au poing, fume au lit et se la pète en décor naturel dans un parcours tangentiel chaotique, impossible à contrôler.Icône de l’immaturité et de l’oisiveté "A bout de souffle" est un opus libre, filmant et montrant ce qu’il veut, comme il le veut, dans une indépendance et une indifférente nécessaires à la survie de ce nouveau style privilégiant la déstructure du mouvement dans une aventure chaotique en milieu urbain.L’intrigue s’avère peu importante, encastrée dans une suite de joutes verbales ne faisant qu’entretenir l’investissement impossible de deux marginaux se toisant par une réplique inconsistante mais auto-protectrice.Par contre le traitement est révolutionnaire. Toute une ville et sa technologie participe de près ou de loin aux tribulations d’un électron libre sans respect ni morale, projeté épisodiquement et sans états d’âme d’un lieu à l’autre avec qu’un seul but profiter de la collectivité afin de nourrir son dégout du conformisme.Un chef-d’œuvre non, une révolution oui.
  • LES CHIENS DE PAILLE (1971)
    Pour combattre les loups il faut être soi-même un loup. "Les chiens de paille" est un brûlot abject. Un retour aux sources très violent, vers une perversité de terroir oubliée le temps d'une délocalisation.Seule la verdure de ce site campagnard est apaisante. Le reste n'est qu'une débauche ancestrale décadente d'esprits réactivée par le comportement aguichant et immature d'une autochtone de retour sur les terres d'un site animalier.Le besoin d'être traitée virilement est flagrant de la part d'une jeune fille s'estimant délaissée par un mari un peu trop puritain, préférant les attraits de la formule mathématique.Un homme simple, naïf et inoffensif quitte une violence quotidienne pour la récupérer de manière encore plus brutale sur un site analphabète et aviné dont il devra s'inspirer pour survivre.Au début des années soixante dix l'apparition de cet opus nauséabond est une véritable bombe. Une férocité méconnue sur grand écran apparaît soutenue par des images insoutenables."Les chiens de paille" dénonce le désœuvrement d'une faune locale dont les uniques perceptions sont la violence, la bière et la fesse.Un regard effaré devant des comportements de chimpanzés passe du statut de victime à celui de séquestré combatif, en s'inspirant des concepts de l'auto-défense.La très éprouvante scène du "viol" est une montée chromatique partant de la répugnance en passant par la révolte, la soumission et le consentement.En ces lieux désertés par la douceur tout passe par la force et cette force apporte du plaisir.
  • L'AGE DE CRISTAL (1976)
    En l’an 2274 aucune ressource fille ou garçon ne dépasse sa trentième année, ceci offre l’avantage d’un agréable défilé d’ouverture de jeunes et ravissantes créatures revêtues d’un mince linge coloré sur le fil du rasoir de la nuisette. Ce futur est bien tentant, pour ceux du moins ne désirant que chasser, tuer et aimer à temps complet. Les compagnes temporaires se programment en se transformant illico presto d’hologrammes en créatures réelles prêtes à la consommation."Logan’s Run" œuvre futuriste s’ébat plutôt dans des décors rappelant par moments Roissy ou l’entrée sortie d’un immeuble de la Défense aux heures de bureaux.Les décors malgré quelques ingéniosités font maquettes avec des transports mal calibrés par des vitesses excessives, ce n’est pas grand-chose, mais la fusion entre le spectateur et ces temps qu’il ne connaîtra pas, s’en ressent.L’attrait se dissipe à la vitesse de ce convoi se dissolvant à vive allure dans des paysages urbains que "Blade Runner" rendra bien plus adulte.Les coiffures des personnages ressemble étonnamment aux passagers de "La croisière s’amuse", certains brushings ferait pâlir Sue Ellen, tout en méritant le Guinness.Le contexte est plus seventies que futuriste, avec entre autres la présence de Farah Fawcett, égérie bien oubliée de ces années de plus en plus lointaines.Un rouge vif tutoie un vert pâle dans d’immenses salles métalliques où une technologie peu crédible se gère par un presse bouton en pleine maturité. Bref dans sa partie sédentaire l’œuvre a bien du mal à s’extraire du contemporain des années de son élaboration.Par contre la découverte de l’extérieur par les fugitifs réveille une machinerie futuriste bien plus à l’aise à l’air libre. Là au moins quelques trouvailles bienheureuses illuminent des pupilles préalablement en berne.
  • ORANGE MÉCANIQUE (1971)
    Un holocauste dévastateur assumé jusqu’à l'ivresse par une jeunesse désœuvrée se divertissant par le vandalisme spontané, l’ivresse des coups et la possession des corps de tout un "cheptel" de rencontres considérés comme n'étant qu'une ressource temporaire de pouvoir, de délire et d'apaisement. Tout se possède et se détruit sans pitié en s’acharnant sur des protagonistes jugés comme inutiles, parasités par des intérieurs froids et luxueux, parsemés de toiles et de bibelots décadents défendus bec et ongles contre l’assaillant. L’opus dénonce de manière austère et euphorique toutes formes d'aliénations violentes ou curatives qu’elles soient délinquantes, policières, juridiques, psychiatriques ou religieuses. Un système binôme assaillant ou soignant de manière identique l'agressé et son agresseur en ne faisant d'eux qu’une seule et même entité.
  • LA CORDE (1948)
    Une partie d'échecs entre deux jeunes étudiants et un professeur astucieux ayant nourri volontairement leur écoute sur l’élaboration d'un meurtre parfait pour mieux le démanteler le moment venu. Cobayes endimanchés passant à l’acte sans soupçonner un seul instant qu’ils ne sont que les ressources d’un plan machiavélique dont le chef d'orchestre n’est qu’un enseignant impétueux avide de démontrer en public qu’il possède encore une puissance intuitive. Une expérience programmée dans le temps renforçant la dominance d'un maitre de jeu astucieux disposant ses cartes maitresses dans une logique presque machiavélique.
  • INTOLERANCE (1916)
    « Joies et peines fin tissage ». William Blake. Sans cesse se balance le berceau reliant le passé à l’avenir. Des grappes humaines en révolte sont corrigées au canon, des tours s’embrasent au pied des murailles d’une ville momentanément épargnée. Le Christ se prépare à la passion. Babylone trahi par ses religieux offre à l’envahisseur ses murs éventrés. Le chômeur à bout de ressources détrousse l’éméché. Il y a toujours un prêtre pour vendre une ville à un empereur. En costumes ou bardés de fer, les hommes ne font bien souvent que se trahir, souffrir et guerroyer. Ces quatre exemples alimentent parfaitement la récursivité d’un concept ne fonctionnant que par ses accalmies et ses bouillonnements successifs. Assoupis ou pathétiques en alternances s’exprimant bien souvent au coup par coup dans un contexte toujours incertain à long terme. Une Monade thématique constituée d’une même substance disposée sur toute sa surface assurant dans son ensemble les différentes vibrations de son archétype. Un clair-obscur indélébile n’étant que les divers aspects d’une même réalité déroulant dans son histoire son antinomie répétitive sur diverses parcelles toujours prêtes à s’enflammer. L’être des êtres, l’âme universelle, une pensée unique en accord avec chacun de ses objets. La violence et la charité d’un ensemble ne formant qu’une seule et même image malgré toutes ses métamorphoses. Intolérance est notre éternité.
  • À L'OUEST RIEN DE NOUVEAU (1930)
    "Pourquoi nous ont-ils fait cela, on ne demandait qu’à vivre""A l’ouest rien de nouveau" dénonce la propagande patriotique démesurée d’un pays en transe menant de jeunes étudiants survoltés par un discours enseignant frisant la démence vers l’engagement et la désillusion devant la fureur des combats qu’une virtualité enfantine en pleine extase ne peut déceler. Une boucherie innommable éteint brutalement la fougue de jeunes appelés, constatant sur le terrain que la sauvegarde de la patrie n’entraine qu’une violence insoutenable insérant quelques convivialités entre deux attaques.L’opus est d’un pathétisme guerrier jamais égalé, on s’y croirait et ces mots valent leurs pesants d’horreurs. Quelles images! Sur un site infernal le soldat mené à la dure, liquéfié par la peur, est poignardé ou mitraillé comme un lapin.Les corps à corps d’un réalisme époustouflant montre l’homme devenu bête féroce frappant son semblable comme un forcené ou au contraire, miséricordieux et prévenant, une fois sa rigueur retombée.La survie, le dégout, le repentir, les larmes et la folie cohabitent dans un contexte pathétique anéanti par les bombes. Une page d’histoire sanglante éteignant des esprits loin de leurs terres dans la boue et le barbelé."A l’ouest rien de nouveau" est un rendu magnifique, incorporant unréalisme thématique stupéfiant, dont l’avancée inexorable est freinée par quelques cris de désespoir offrant à l’homme anéanti par la peur l’offrande d’un révélé insoutenable qu’il peut vomir dans des plaintes interceptées par un silence céleste indifférent.Une fresque infernale à la disposition de quelques privilégiés temporaires, leur permettant d’extérioriser dans un univers cauchemardesque, une transcendance maléfique inconnue en temps de paix.Un chef-d’œuvre grandissime aux portes de l’icône.
  • JASON ET LES ARGONAUTES (1963)
    Talos, victime de la technologie image par image, préfère impressionner plutôt que d’en débattre, par des envolées inconcevables à l’époque. Son imposante apparition n’en reste pas moins culte, ainsi que quelles autres faisant de cette aventure une très agréable promenade à l’intérieur d’une mythologie grecque oisive, manipulant les humains considérés comme du consommable par des dieux terrassés par l’ennui.Les Argonautes se battent, rament et transpirent dans une suite de rencontres dominées par la féerie et les métamorphoses pendant que les dieux de l’Olympe visualisent la gloire et le trépas de chacun de leurs représentants dans un voile aquatique ressemblant curieusement à nos petites lucarnes."Jason et les argonautes" ancêtre de la télé réalité, managé par des dominants en retrait, est un magnifique film de jeunesse. Un parcours merveilleux sur des terres garnies de créatures aussi dangereuses que dépaysantes, faisant de privilégiés les protagonistes d’un récit fantastique initiatique et inoubliable.Les accalmies succèdent aux épreuves dans un déroulé enchanteur et poétique que chaque enfant en son temps à rêver de fouler. Une ballade génératrice à l’intérieur d’un jardin dangereux mais surmontable par son endurance et son courage.De magnifiques rencontres entre l’homme et le surnaturel tissées sur des contrées gérées par la thématique de l'odyssée.Une petite merveille que l'on tient par la main pendant toute sa vie.
  • BEAUMARCHAIS L'INSOLENT (1995)
    "Vos vers sont détestables, ils n'expriment que votre érudition, rien de vous même"Beaumarchais est un contenant pourvu de tous les contenus. Une lumière éclatante libertine et visionnaire, énergisée par un verbe aussi tranchant qu’une épée, acclamé par une assemblée vicieuse et passive, adulant un esprit montant au front, en constante représentation, conscient de ses possibilités déstabilisatrices envers un pouvoir que l’on peut fragiliser par l’arrogance. Un prédateur cynique sourire en coin, enivré par ses textes et ses bons mots, s’amuse de son temps en se délectant de l'irascibilité, de l'inquiétude et du plaisir qu’il suscite de la part d’une institution immobile et corrompue.Libre dans ses actes comme dans ses écrits, un esprit lucide et fantasque selon les environnements traversés, montre de manière éclatante et ininterrompue sa liberté en s’abreuvant de toutes les opportunités de son temps.L’Amérique et sa revendication du bonheur conditionnent l’épopée d’une virulente machinerie consciente de tous les dysfonctionnements d’un pays vieillot, hyper coincé, qu’il faut impérativement aérer par un comportement novateur.Pour cela il faut provoquer et recevoir de plein fouet tout ce que l’on déclenche en le considérant comme la réaction hypocrite de contemporains amusés ou irrités par les manipulations d’un personnage diverti par un entourage décevant, mais laboratoire indispensable de ses débordements.Un bon film, sur une âme de passage jouissive et consciente de son emprise sur l’art et la manière de dominer le temps d’un éclair, par une pensée neuve une faune servile ou impétueuse.Fabrice Lucchini, au pic de sa carrière, est remarquable.
  • BARABBAS (1962)
    "Barabbas", péplum intelligent, relate remarquablement l’éveil d’un esprit conquis par un rustre au contact de la foi. Ce parcours intimiste et spectaculaire révèle l’ascension lente et maladroite d’un personnage sanguinaire et festif, vers une perception divine finale, certes erronée, mais permettant malgré tout à instinctif hyper violent d’acquérir les balbutiements d’une mission.L’opus est soigné, valeureux dans une réalisation irréprochable. Un véritable modèle du genre, admirablement proportionné dans ses approches discursives et combattives.Une sobriété exemplaire se dégage de l’intégralité d’un ouvrage passionnant n’atteignant jamais le moindre excès.Le choix d’un peuple revanchard se métamorphose par paliers, en annulant ses acquis, dans un exposé magnifique, propulsant vers la révélation un immortel se devant d’être la continuité antinomique d’un sacrifié.Un film de référence tissé dans un calme intensif.
  • CONTE DE PRINTEMPS (1989)
    "L'espace est une forme a priori de la sensibilité"Ce n'est pas pour rien que la photo du plus grand philosophe du XXème siècle figure dans l'un des plans de ce "Conte de printemps" essentiellement axé sur le langage et la pensée, denrées humaines indispensables, pour que le monde continue d'être et que cet opus calme et doux se charge magistralement d'entretenir et de sauvegarder. Les conversations sont sensibles et reposantes. Elles apportent quiétudes et apaisements, dans des propos appropriés à une thématique simple, mais jamais dérisoire, malgré les apparences.Tout se structure dans le regard et la confidence. Ce n'est qu'une étape, une rencontre entre une voix et une écoute, dans une atmosphère bourgeoise, protégée combustible récurrent pour bien comprendre le travail d'Eric Rohmer, filmant un univers féminin faussement banal et ennuyeux, toujours positionné sur la luminosité des choses baignées de craintes et d'espoirs en alternance.Ces belles jeunes filles se parlent longuement dans des environnements culturels et maniérés. Un vrai bonheur pour ceux qui aiment la nature, les livres et surtout la Philosophie, le tout dans un contexte chaste et pur.A travers ces légers dévoilements sur les craintes d'un présent ou d'un avenir se forme un groupe générationnel, tentant avec brio d'atteindre dans un climat léger l'acte pur de pensée, dans une ambiance feutrée, privilégiant une dialectique saine et protégée, loin d'un bruit extérieur obéissant aux déterminations d'un monde pragmatique.
  • LA BATAILLE DU RAIL (1945)
    "La bataille du rail" image d'une résistance surgonflée frisant par moments la caricature, dévoile dans un parcours documento-fictionnel fascinant l’héroïsme inconditionnel d'un microcosme hyper motivé luttant toutes griffes dehors contre un occupant montré comme un airain vociférant et bestial. Sans pour cela refléter une réalité certainement beaucoup moins épique, cet opus possède le mérite de dévoiler des énergies certes romancées mais poussées à leurs maximums par un groupe de travail solidaire et déterminé.L'ensemble s'absorbe comme un spectacle de qualité qu'il faut surtout ne pas mettre en relation avec une propagande embusquée semblant indispensable afin d'éclairer d'une manière somptueuse une partie méconnue de la résistance française.Tout en demeurant des comportements virtuels, ces héros courageux s'imprègnent remarquablement dans le contexte historique de leur époque. Ils pensent, bougent, développent de la matière sur des sites dangereux où la vie peut s'arrêter à tout moment.Certains sacrifices pathétiques habillent ce rendu exemplaire d'un lyrisme presque insoutenable. Épaulés par quelques cadrages intelligents l’œuvre délivre une essence volontaire et soutenue tout le long d'un trajet sans failles ni essoufflements.René Clément filme un patriotisme flamboyant, une fusion temporaire magnifique unissant des individus presque transcendés, prêts à tous pour restaurer leur pays d'une liberté absente."La bataille du rail" est une brillante actualité reconstituée, dont l'atout principal reste l'action dans une démonstration remarquablement calibrée mettant en lumière des comportements fraternels que nos années de paix ont endormis.Ici c'est un pour tous et tous pour un.
  • LES QUATRE CENTS COUPS (1958)
    "La recherche de l'absolu vous a conduit droit au zéro"Voici certainement le flambeau du cinéma vérité, celui explosant la sédentarité de décors pyramidaux et sédentaires comprimant des comédiens prisonniers dans une surface imposée. Les plateaux de cinémas volent en éclats. La caméra s'installe dans la rue en filmant à la dérobée un nouvel espace de liberté offrant à des comédiens enfin oxygénés une suite de mouvements incorporés à la réalité des choses dans un concept scénarisé fusionnant merveilleusement avec la technologie de son époque.Antoine Doinel, premier cas social citadin de l'histoire du cinéma français, vit ses dysfonctionnements à l'air libre ou en milieu exigu, en gérant en alternance traversées de rues à haut risque et promiscuités contraignantes.Le rendu de la fin de ces années cinquante, rigides et austères, est remarquable parce qu'il est tout simplement vrai. Ce Paris aux façades noires pardonne pratiquement les écarts d'un jeune esprit vif prisonnier d'un contexte familial, étroit, instable, indifférent, sévère et punitif.Si l'on demande mille francs, c'est que l'on espère récolter cinq cents francs en ayant vraiment besoin que de trois cent francs, on obtient donc que cent francs.Cette équation paternelle pitoyable montre parfaitement la contrainte d'un adolescent de s'enfuir d'un tel contexte et de conquérir sa luminosité dans les rues accompagné de ses propres règles.Les adultes sont perçus comme procéduriers, limités, inintéressants dans leurs médiocrités moralistes et leurs manques total d'écoute et d'affection envers un adolescent en plein trouble.Sans être le composant d'une génération perdue, Antoine Doinel se construit par une opportunité libératrice, éloignée d'une société fonctionnant à la blouse grise, à la gifle et au sifflet.Courage Antoine, Mai 68 n'est plus si loin.
  • TAXI DRIVER (1975)
    "Taxi Driver" est la remarquable montée en puissance d'un esprit privé de repères et de sommeil passant d'un voyeurisme détaché à une prise de conscience déterminée suite à la vision d'une mégapole en perdition. Dans un premier temps, il s'agit de se divertir de nuit, en analysant une faune locale rude et pervertie, manquant complètement de sensibilités ou de morales, sur un site dominé par la violence et la perversion.De quoi perdre une raison déjà bien entamée, devant tout ses clichés brisant lentement le seuil de tolérance d'un dragueur un peu lourd, excédé par les excès de contemporains programmés pour pousser une conscience dérangée vers la destruction."Taxi driver" est un opus sanguinaire et punitif envers une mégapole apocalyptique, nettoyée par un de ses composants devenu sans contrôle.
  • MON ONCLE D'AMÉRIQUE (1979)
    "Un être vivant est une mémoire qui agit"Pour apprécier cet opus audacieux et inclassable, il faut le considérer comme un cours dont le laboratoire d'études est constitué de plusieurs cobayes servant de matière aux théories du professeur Henri Laborit, grand philosophe du comportement animal et humain. Le début est laborieux, en annonçant des minutes interminables d'un ennui profond, mais soudainement tout s'anime en devenant passionnant.Dans une tapisserie de références cinématographiques quelques comportements spécifiques sont étudiés et commentés dans le contexte de leurs époques.Que ce soit dans un milieu romanesque ou professionnel, l'attitude humaine n'est qu'un archétype basé sur une manière d'être et de ressentir que le cerveau dans une "évolution" en relation avec son environnement se charge de rendre le plus similaire possible au cours de l'histoire.Malgré l'apport d'une pensée évolutive, nous semblons posséder un comportement référentiel qu'il faut rapprocher de celui d'un animal platonicien.Que se soit en noir et blanc ou en couleur, l'homme projeté dans la phénoménologie de son temps, s’interroge ou vocifère à l'aide de mêmes mimiques unissant l'instinct et la raison.Un film original sur la réminiscence, faisant de nos ressentis une fusion intelligente entre des théories scientifiques et des comportements sociaux, dont le fil rouge est de se résoudre à considérer l'homme comme un animal doué d'une raison, dont les mêmes causes produisent les mêmes effets, ceci depuis et pour l'éternité.
  • DOUBLE DÉTENTE (1988)
    L’avenir de la plus grande contrée du monde se désagrège. La cocaïne s’apprête faire des ravages chez le petit père des peuples. L’ours soviétique se meurt, sa mutation passe par l'arrosage de son territoire d'une nouvelle poudre de couleur blanche, naguère réservé à une élite.Ivan Danko passe de la rigueur administrative au bordel monstre d'une mégapole corrompue sans battre un cil. Art Ritzik, flic paillard et débraillé, guide un métronome procédurier, dans des hôtels sordides, n’offusquant nullement un officier habitué aux rudiments moscovites délavés.A travers un scénario conventionnel, le problème est alarmant. Une population, tétanisée par l’alcool pendant des décennies, glisse lentement vers une seconde dépendance, une drogue saupoudrée au quatre coins d'un pays changeant lentement de visage politique.Les marchés sont juteux, la parade bien dérisoire.Danko, militaire de carrière, dernier vestige d’un monde en train de disparaître, lutte par son endoctrinement à sauver son pays du naufrage.Projeté dans un Chicago, appartement témoin d’un Moscou en construction, Danko s’acclimate immédiatement au banditisme, celui n’ayant qu’un seul visage combattu de manière identique dans la plupart des pays du monde."Double détente" est un film surprenant. Avec un Schwarzy en uniforme, sidéré d'être reconnu par les passants, dans une scène tournée sur la Place Rouge en 1988, un an avant la chute du mur de Berlin.Une réelle nouveauté faisant date dans le relâchement des autorités soviétiques, permettant enfin à des caméras occidentales de fouler ses terres, doublée de la satisfaction pour un comédien occidental d'être célèbre dans un pays sans médias.Le contraste de deux civilisations est saisissant, Chicago est une prostituée clochardisée. Un esprit structuré par l’économie planifié, spécialiste des jeux d'échecs et d'une littérature officielle, découvre dans un état d’indifférence prononcée, un Sodome et Gomorrhe hyper dangereux, bourré de marginaux armés d'un potentiel, les yeux fixés vers l’est.
  • LA GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE (1965)
    Voila un exploit que le grand Leslie n'est pas près de réussir. "Tout le prologue de cette course autour du monde ne tourne qu'autour de parades désopilantes, exécutées de manière parfaite par une caricature de mode, le grand Leslie, perpétuellement combattues par un revanchard désordonné et grimaçant condamné aux gamelles perpétuelles.Celui qui est beau, riche, performant et célèbre peut-il ressentir le désespoir continuel de son inverse et ne faire qu'un avec lui?Le noir contre le blanc n'est finalement que le noir et le blanc osmose indispensable dont le déterminisme de cette aventure a absolument besoin pour se réaliser, ceci sur des milliers de kilomètres par tous les temps dans un circuit n'étant qu'une unité parfaite entre performances et désastres.Ce film extrêmement drôle de bout en bout est presque Kantien, il définie comme grandeur négative l'échec se débarrassant d'une antinomie pesante pour devenir l'égal aussi performant mais inversé de la réussite.La révélation du logis de l'infiniment petit. Une monade quantique asymétrique élaborant sa thèse et son antithèse en parallèle à l'aide de leurs antonymes respectifs.Finalement, l'échec n'est que le palindrome de la réussite.".
  • SOLARIS (1972)
    Allons-y gaiement. Lent, interminable, ennuyeux, épuisant, crispant. Voilà le papier peint de cette œuvre hors du commun nécessitant une longue préparation avant l'absorption d'images s'étirant bien au delà d'un seuil de tolérance."Solaris" est un changement de cap. Un traitement révolutionnaire ne dépendant d'aucune contrainte de rentabilité. L'opus tiré du passionnant roman de Stanislaw Lem étant son royaume à l'aide de scènes ne semblant jamais avoir de fin.Cette nouvelle et surprenante mise à l'épreuve permet à des sens asservis par des productions standards d'être confrontés à des ingrédients complètement neufs."Solaris" quantifie à son rythme le douloureux dilemme entre un homme pénalisé par un sensitif trop chargé et une planète à la recherche d'une identité pensante qu'elle puise et reproduit sans forcément la comprendre.L'amour, principal garniture du Prométhée, sert de pierre angulaire entre une entité reconstituée à la recherche d'émotions inconnues et un savant perturbé subordonné émotionnellement à une apparition mise en ligne par une planète enfant angoissée par un externe inconnu, déclenchant en interne des comportements désordonnées.Une surface uniquement constituée d'eau quête désespérément une personnalité dans d'incessantes remises en questions, pendant qu'un scientifique récupéré par une virtualité sombre dans la nostalgie, le désespoir et un renouveau impossible.Le contenu dépourvu de scènes chocs laisse la primeur à des visages d'exprimer toute la détresse d'un parcours raté que l'on ne peut recommencer."Solaris" planète désespérée montre les mêmes symptômes que l'être humain, un besoin impératif de savoir ce que l'on est, avant de savoir ce qui est dans des apparats tristes et mélancoliques.Un chef-d'oeuvre irritant mais novateur.
  • LA LETTRE (1940)
    Existe-t-il une aussi grande comédienne que ce lingot d'or personnifié par Bette Davis capable en fonction des rebondissements d'une enquête, de passer de l'assurance d'un regard de glace aux plaintes les plus persuasives mêlées d'évanouissements judicieux afin de manipuler au maximum un environnement soumis ou respectueux, non conscient du mécanisme d'une créature vénale. "La lettre" tout en restant une œuvre lente et souffreteuse déblaie habilement les faux vêtements de lumière d'une créature froide et coupante voguant habilement entre un mari naïf et la faiblesse d'un avocat.Le choix de montrer une faune locale servile ou corrompue, toisée par un colon croulant sous le service, n'est pas du meilleur goût. Nous sommes dans les quotas de l'époque où tout ce qui vient de l'orient est jugé comme décalé et fourbe donc à manager par l'ordre et le mépris.La scène de la remise de la lettre est un moment grandiose. Deux femmes s'affrontent par une dominance vengeresse déclenchant une soumission calculée.Le remarquable prologue et épilogue lunaire, fil rouge porteur de toute l'œuvre, valorise l'alpha et l'oméga d'un contenu bien souvent terne. Il faut lutter contre quelques risques de somnolences afin d'atteindre, en pleine possession de ses moyens, dans l'ombre de l'astre de nuit, un dénouement fantastique presque extra terrestre par son esthétisme.La sublime est d'une beauté machiavélique en clamant ouvertement son adultère. Elle ne manque pas d'humour non plus par l'intermédiaire de cette phrase surprenante"J'ai voulu me faire belle, ça m'a pris du temps".
  • SENSO (1954)
    Venise offre ses reflets ondins sur des murs effrités, orgueil et lâcheté déclenchent jalousie et vengeance dans une ville capiteuse occupée par un uniforme d’une blancheur statique venu du Nord. Une passion féminine l’emporte sur le mépris collectif de l’Autrichien gommant peu à peu par cette approche les motivations de lutter contre un envahisseur calfeutrant dans des registres de séduction une personnalité négative. Les perceptions d’une comtesse avide de sensations sont bouleversées de manières amoureuses puis vengeresses.Livia, enivrée d’artifices masquant une réalité en devenir, brosse ses longs cheveux pendant qu’un destin dramatique monte en puissance.Le Vénitien se bat, rêve d’indépendances. La comtesse Serpieri offre à sa passion corps et esprit. La bataille de Custozza s’exécute sous des battements de cœurs patriotiques que Livia répète à l’identique par des envolées transcendées dans des chambres capitonnées loin des combats.Les corps s’effondrent, touchés à mort sur le pré d’un environnement remarquablement filmé, pendant que des lits veloutés emprisonnent des unions interdites. Livia entièrement capturée pas un esprit de jouissance s’éloigne d’un contexte patriotique.La détermination, la volupté, la jalousie et la vengeance s’unissent sans se côtoyer. La lutte et la reconquête d’une liberté perdue se regarde de loin, récupérée par une passion dévorante damant le pion de l'investissement à une cause.Il y a deux ennemis similaires, l'un sur le terrain qu'il faut combattre, l'autre dans son lit dont l'emprise vous brûle les entrailles en vous entraînant vers le déshonneur."Senso", mélodrame somptueux, est une œuvre passionnelle intégrée dans un contexte guerrier, un schéma purement viscontien montrant l’inévitable parallélisme entre un mécanisme historique lié à un processus passionnel non autorisé suite à l'état des lieux d'une ville sous emprises.Le patriote défend chèrement sa ville, pendant qu’une femme inassouvie passe à l’ennemi sous l’emprise de ses sens grisée par une caricature militaire à la façade aux intérieurs suintants de cynisme. La finalité d’un tel parcours ne pouvant se terminer que par la trahison et la folie.
  • LE PLUS SAUVAGE D'ENTRE TOUS (1962)
    Quel rustre que ce Hud encornant les maris, carburant à la décapotable dans des immensités vides et poussiéreuses, garnies par quelques têtes de bétails malades. Un instinct de propriété continuellement inassouvi s'exprime dans une violence irrespectueuse envers hommes et femmes utilisés comme un consommable d’apaisement.Hud ne peut canaliser des comportements outranciers générés par la faute. Idole d’un jeune frère en construction, apprenant la rudesse d’un traitement équilibré par un amour adolescent envers une servante convoitée comme une bière, il ne peut qu'assombrir une nature fragile n'ayant qu'un seul modèle.Des psychologies tourmentées ou en élaborations s’expriment dans une nature sans vallons. Un plat traumatisant, qu’il faut combler par des excentricités, calmant un ennui de terroir rythmé principalement par la dépendance quotidienne envers les bêtes.Ces longues rues tristes, accablées de soleil où apparaît de temps en temps une âme au débit limité, font de ce trou du cul du monde un site ne fonctionnant qu’à l’aide de quelques procédures sommaires que l’éternité semble conforter."Le plus sauvage d’entre tous" est remarquable, sobre, adapté parfaitement à un noir et blanc, mettant parfaitement en valeur quelques impacts matériels et caractériels humains dans un espace silencieux filmé parfois de haut où l’homme n’est plus qu’un grain de sable torturé.Paul Newman, clone de Marlon Brando, semble être la projection de la violence de l'écorché vif Stanley Kowalski, héros d'un "Tramway nommé désir" dans un monde rural éloigné de tout.Son intérêt envers les autres ne s'exprime que par un rudoiement extrême implorant caresses et affections. Un sentimental refoulé doté d'une armure ne pouvant exprimer ses besoins que par des maladresses répétées.
  • CITIZEN KANE (1941)
    Charles Foster Kane s’éteint en solitaire dans un Xanadu gothique surdimensionné bâti à l’image d’un Kublaï Khan décentralisé dans le nouveau monde. L’énigme Rosebud est en marche, accompagnée d’une nécrologie faisant de ce magnat de la presse un détenteur de la totalité des combinaisons universelles de son temps. Fasciste, démocrate, communiste, belliciste, sympathisant nazi, volage, philanthrope. Quantités d’opinions n’ayant qu’une seule image, Charles Foster Kane clone de William Randoph Hearst, le célèbre industriel multimillionnaire.Différents flashbacks nous montrent que l’homme à aussi de l’esprit. "Je ne vous fait pas de promesses, car je n’ai pas le temps de les tenir" ou bien encore "A quoi aimeriez vous ressembler ? A tout ce que vous détestez".Le retrait brutal d’un cocon familial opère un branchement conditionnant une entame de vie nostalgique, vengeresse d’ébats stoppés soudainement. La maison sous la neige ainsi que la luge d’un adolescent sont cruellement abandonnées en cours d’usages. Ce traumatisme d’adolescent élabore la construction d’un personnage déterminé, complexe rupté trop tôt d’un parcours séquentiel menant tranquillement par des jeux d’enfant de l’adolescence vers le monde des adultes.La démesure effrite peu à peu un homme ambitieux écrasé par son propre gigantisme, la voix ne porte plus, il faut presque hurler dans des pièces gigantesques pour se faire entendre, Kane ne maîtrise plus son espace.Tout est haut de plafond, infini en profondeur. Pris de folie il saccage soudainement, en fin de vie, le contenu d’une pièce représentant symboliquement tout ce qui a été matériellement conçus depuis son déracinement d’enfance pour ne sauvegarder que ce dôme sous la neige porteur de son dernier mot.Charles Foster Kane bâtit son empire sur un éclectisme psychologique faisant de lui un caméléon articulé par toutes les procédures politiques en vigueur. Récupérable au moins par un des composants de ses multiples facettes son parcours de départ, élaboré de force, fait de ce déraciné un goûteur universel anéanti par ses propres concepts."Citizen Kane" considéré comme le meilleur film de tous les temps est une rivière de diamants innovatrices pour son époque. L’œuvre croule sous la charge. L’aspect terrifiant de Xanadu, les hauteurs alpestres des pièces, les profondeurs de champs, les miroirs, les raies de lumières dans la pénombre, etc... tout est neuf ce qui fait de "Citizen Kane" une œuvre plus référencée sur ses conceptions nouvelles que sur son traitement nécessitant une attention particulière. L'oeuvre est plus technique qu'émotionnelle.
  • JE HAIS LES ACTEURS (1986)
    Somptueuse distribution pour ce film tourné en noir et blanc à l’américaine, look "The intouchables", voix off comprise. Le repère hollywoodien des années quarante tisse producteur parano, scénariste fliqué, gourou opportuniste, réalisateur dément, recruteur carriériste, star déchue, avocat véreux, flic incompétent et poule prétentieuse, sans talent.Tout ce joli monde s’ébat copieusement en famille pendant que le GI meurt sur les plages normandes. Divertir ses contemporains n’est pas une mince affaire, il faut gérer les caprices, les menaces, les limites et les prétentions des uns et des autres, dans un milieu où l’énergie inutile se ventile au maximum.La famille de l’image vogue sur des lames d’absurdité, non loin des frontières qu’il faut parfois traverser en toute hâte, afin d’éviter les barreaux."Je hais les acteurs" est une agréable surprise. Un ton neuf, que les deux couleurs de base, n’altèrent aucunement. S’essoufflant légèrement sur la fin, le bilan reste largement positif avec une atmosphère remarquablement reconstituée.Les comédiens, positionnés sur des registres maîtrisés, s’en donnent à cœur joie, en frisant pour certains le numéro de cabaret.Les bons mots, caractérisant tous les métiers du cinéma, pullulent, habillant l’œuvre d’ironie. Les cartes et le révolver ne sont jamais bien loin de ces cinglés du septième art hyper stressés, gouvernant un bateau ivre fonctionnant aux annonces tragiques captées par téléphones.Le producteur s’épuise entre rivalités de comédiens et retards de tournages, en ingurgitant de force la star imposée.Des apparitions surprises augmentent l’intérêt envers la visualisation de cette agréable comédie grinçante et voyeuriste de métiers destinés à des illuminés.
  • COUP DE FOUDRE (1983)
    En ces années cinquante, la pression masculine est forte, le sexe faible est figuratif, étouffée dans un rôle de second plan. Pour la femme un temps inutile s’égrène, assise à coté d’un chauffeur de mari faisant vomir un fils malade en auto. Il y a tellement d'autres choses à faire, à ressentir. La femme se meurt de ne pas être femme. En contrepartie, l’homme reste fidèle à lui-même en entretenant son intellect au garage, tout en convoitant la femme d’autrui.Dans une telle précarité d’avenir, deux femmes s’éloignent lentement de leurs maris, en prenant conscience de leur féminité, elles se confient, fument, sortent au cabaret, s’achètent des robes, se maquillent pour elles-mêmes, adoptent un vocabulaire sans tabous, oublient dans leurs nouvelles consciences d’exister, la gestion maternelle de leurs progénitures.De nouveaux territoires sensoriels sont perçus, analysés, mis en pratiques par deux êtres venant au monde précédemment gommés de sensations d’indépendances. Les expériences nouvelles s’enchaînent sur des airs de mambos que l’on danse entre filles.La femme se libère à fond les manettes, un corps avide d’interdits s’offre dans un train, le mari est occulté, il n’est plus indispensable ni primordial, ces colères n’y change rien, une mère devient femme dans des sentiments offerts à son propre sexe, sur le fil du rasoir de l’homosexualité."Coup de Foudre" dépeint une époque d’après-guerre, lourde de dépendances envers le sexe faible devant se plier à la cartographie de ménagère et de bonne d’enfants.L’homme récupéré par la caisse à outils ne sait que gifler une nouvelle ouverture d’esprit, certes incompréhensible et décalée, en ces temps où un pays se relève péniblement d’un conflit, en se devant de conserver une morale digne d’un redémarrage.La dominance masculine est éradiquée, un mari vaincu fond en larmes devant une froideur ayant enfin acquise une liberté hors norme pour l’époque.
  • MISSISSIPPI BURNING (1989)
    "Vous connaissez les états du sud, on épouse le premier type qui vous fait rire". "Mississippi Burning" est en grande partie l’enlisement nauséabond d’un microcosme raciste local, anti papiste effrayé par des doctrines communistes sans dangers, lointaines d’un état abandonné, non respecté par une tour d'ivoire politique sélective, protégée de ces bassesses rurales par l'immensité du kilométrage.Dans ce trou perdu, les ventres sont déformés par le beurre de cacahuète, le sheriff et quelques notables font la loi en imposant une unique force celle des éléments, possédant uniformes et battes de baseball, s’inspirant d’une loi se trouvant sous nos pieds.Le feu domine un sous sol en ébullition, dans un rituel reconduit sans sommations. Les pendaisons improvisées se succèdent en martelant une dialectique constructive commune, complètement close.La haine se construit sur les décombres d’un désoeuvrement, les coups assénés sur le plus faible ne sont qu’un constat. Une collectivité multiraciale détentrice d’un esprit universel commun, maître de sa terre, ne peut constituer aucun groupe de travail. Une seule couleur voit le jour, celle qui abreuve nos sillons. Cet état sudiste ne se délecte que d’un seul principe, celui des croix enflammées, des cagoules et des brasiers.Une minorité en traque une autre, celui qui pense sommairement terrorise celui qui ne pense plus. Toute une procédure existentielle est bâillonnée, anéantie par un verdict blanc condamnant une couleur opposée à la destruction.Au lieu de remettre ensemble sur pieds un état sinistré, ses principaux composants entretiennent mutuellement la longévité d'un enfer similaire par la violence et la peur.Les femmes soumises sont battues, les maris ingurgitent à toutes heures des sandwichs graisseux. Le Noir est terré, les traits de visages cachés sont dévoilés par des voix rauques débitant de vulgaires lois de dominants."Mississippi Burning" est un brûlot étonnant, magistral dans sa réalisation, le maître du monde vomit enfin de l’intérieur un de ses organes hors normes.L’eau de rose n’est pas par ici, le site se contorsionne dans l’échec d’une intégration commune, à qui seule l’intolérance donne un nom.Par des pulsions instinctives antinomiques, l’homme, toutes couleurs confondues, sombre dans une déchéance commune.
  • TERRAIN VAGUE (1960)
    Le taudis s’estompe devant le grand ensemble avec le terrain vague comme corridor. Une jeunesse, les poches vides, tente de trouver ses repères dans cette transition. Les dimanches sont formatés pour l’ennui. Le cinéma est inaccessible, les dîners familiaux ternes, il ne reste plus que la bande, l’épreuve d’admission, le sang échangé et la fête foraine. Une nouvelle famille de la nuit gommant les incompréhensions et les humiliations parentales. Les aînés défavorisés ne peuvent faire face aux besoins de leurs descendances. Dehors un béton démesuré sort de terre accompagné d’un semblant de végétation. Les menus larcins en boucles ne rapportent que l’attendrissement bienfaisant d’un receleur compréhensif.En ces temps de plein emploi, cette jeunesse en lutte contre un conformisme ancestral ne désire que sensations, plaisirs et désoeuvrements. Le père trime à l’usine, la mère fait la cuisine pendant que le rejeton dévalise le prisunic.Certains sexagénaires de l’an 2000 se reconnaîtront dans cette panoplie existentielle et ces conflits de générations du début des années soixante où le fils refusant de baisser les yeux dans une altercation avec le père clame la détresse de toute une jeunesse."J’en ai marre de vous, du boulot, du quartier, vous ne pouvez pas comprendre"Marcel Carné, cerné par le courant de la nouvelle vague, fut dans l’obligation de tâter de ces sujets neufs afin de rester connecté dans les tuyaux cinématographiques.En fonction de cette alternative le résultat est correct avec les contraintes d’un sujet difficile à traiter sombrant souvent dans des clichés supportables grâce à une bien belle Danielle Gaubert se battant comme un homme, mais sachant récompenser le méritant par des mots rarement prononcés dans un tel contexte "Je t’aime bien".
  • LA 317ÈME SECTION (1964)
    "La France est notre mère qui nous nourrit avec des pommes de terre et des fayots pourris". Les yeux de Pierre Schoendoerffer, par l’intermédiaire de la caméra à hauteur d’homme de Raoul Coutard, scrutent un noir et blanc crépusculaire, noyé sous les eaux. Un enfer vert, sans couleurs potentiel d’une dernière demeure, dévoile un ennemi lointain presque invisible, réglant ses tirs de mortiers pendant qu’un Saint Cyrien et un baroudeur s’opposent mollement en débattant de stratégie.Les Rombiers managés à la dure ont des visages identiques que ceux que l’on combat à distance. Ils creusent les tombes de leurs congénères et de leurs maîtres. Soumis par une complète absence de conscience de soi, ils s’activent sous des ordres plus éducatifs que destructifs.Un visage presque adolescent se met spontanément à l’écoute d’anecdotes guerrières reformatées entre deux angoisses de disparaître. Il est possible néanmoins dans ce contexte où la lumière du jour peut s’éteindre à chaque instant de pouvoir sourire en devisant une bouteille de vin à la main.Les tensions entre différentes manières de faire sont atténuées par l’élaboration naturelle d’une affection protectrice mutuelle. Les hommes continuent d’exister dans un cauchemar éveillé omniprésent.Quand l’un deux sait que son tour est venu de s’en aller, ce n’est plus la peur du "Viet" qui le paralyse, mais une faune animale encore plus dangereuse."La 317eme section" évite une fiction outrancière napalmisée pour ne montrer que l’implacable réalité de faits d’armes filmés en temps réel, un flash historique reconstitué à l’authentique où personnages et comédiens fusionnent dans des situations extrêmement exposées, tout en restant d’une sobriété exemplaire. Ce que l’on voit c’est la guerre, la vraie, le spectateur n’est plus témoin, il est incorporé dans les progressions, les transports de blessés, les rivières à traverser, les pauses, les contacts radios et les morceaux de bravoures finaux.Par un contexte thématique incontournable le contenu de "la 317eme section" se rapproche du titre d’un film tourné par un célèbre cinéaste mexicain, "La mort en ce jardin".