Critique(s)/Commentaire(s) de JIPI

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  • BORAT (2006)
    Le Kazakhstan, dont les outrances exportées se déchaînent de villes en ville, s implose sur le territoire de l’oncle Sam. Au supplice où au-delà d’un étonnement, chaque module étudié active en relation, avec le conditionnel de sa psychologie, sanctions ou tolérances devant des comportements de brousse.Borat, anobli d’une naïveté d’école, découvre en pétoire agonisante le gay, la secte, le rodéo, le sénateur, le présentateur de J.T, la prostituée et la racaille, en essayant à chaque rencontre d’assimiler des tonnes d’informations nouvelles, en offrant en retour une misogynie légendaire et des attributs hors normes.Le choc frontal de deux principaux acquis terrestres à l’état brut. La viande en sauce fait connaissance avec l’excrément en sac plastique. Une association temporaire entre la contrainte du politiquement correct et la pierre brute, chacun conservant ses marques tout en étant curieux de l’autre.Borat est moustachu, couillu à deux doigts d’une physionomie peu appréciée par les temps qui courent. Transportant dans ses malles un comportement douteux, la visite de certains lieux est à risques. Pugilat hôtelier, nudité exhibitionniste et magasin dévasté sont au programme de cette odyssée initiatique, à l’intérieur d’une terre immense où chaque concept existentiel est différent d’état en état.On quitte Jésus pour la main au panier ceci d’une contrée à l’autre. Les extravagances de Borat, sincères et honnêtes, restent identiques. Le tout s’égrène dans un chapelet cocasse où l’initié de bonne volonté se heurte parfois à l’incompréhension en mimant la gestuelle et la locution d’une couche sociale locale étudiée.Les emblèmes d’une société américaine paralysée par ses institutions sont mises à sac par un individu sans garde- fou livrant sur site un naturel ancestral. Borat à l’inverse d’un voile puritain montre un schéma sans retenu, un avide de découvertes est lâché en pleine nature dans un relationnel de groupes conditionnés par le culte de l'idole.Tout en sombrant dans la dépendance médiatique, Borat dénonce par la mimésis d'un sujet exploré, les dangers d'une récupération sclérosée par la paranoïa et les icônes artificielles.Surtout ne ratez pas le début du film et la présentation du village de Borat. Cà vaut le détour.
  • LE DIABLE S'HABILLE EN PRADA (2005)
    Attention tout le monde sous la moquette, Miranda arrive. La secrétaire en titre croule immédiatement sous la charge des consignes débitées de manière doublement chaloupées par le débit et la démarche d’une responsable au regard vague. Andréa, nouvelle recrue, se doit de lire entre les lignes d’un texte hiérarchique constamment remanié, les classes sont dures, plusieurs urgences sont programmées en une seconde, quinze minutes pour déjeuner, cellulite à bannir, courses folles dans Manhattan bien souvent inutiles, gestion à la volée de fourrures et de sacs à main projetés avec désinvolture sur les bureaux.Rituels à respecter lors de livraisons à domicile, être sur le pont vingt quatre heures sur vingt quatre, Miranda est au fond de votre poche galbée dans la dernière technologie de dépendance en circulation.Il faut penser mode, se munir artificiellement du concept même en exécutant des taches subalternes, se prendre en main, encaisser les remarques désobligeantes, rebondir par l’orgueil, se transformer pour enfin basculer laminée mais conquise dans un univers impitoyable : la soumission à l’enseigne et ceci jusqu'à épuisement.On ne travaille pas dans l’univers de la mode, on est la mode, il faut être à la hauteur vestimentairement parlant même si le salaire ne le permet pas, pour cela il est nécessaire de se laisser rabaisser en espérant des remords d’une personne déterminante ayant accès au stock de robes.A la réflexion, "Ma vie privée ne tient plus qu’à un fil", on entend "Parfait, c’est ce qui se passe quand on fait bien son travail".Le petit copain des années sandwiches est sacrifié, les tentations sont fortes à condition de ne voir que soi, on ne pense plus qu’au job, à L’extérieur de cette sphère, tout est approximatif.Certains reconnaîtront une journée standard de leur quotidien. Cette gentille petite comédie américaine atténue au maximum un sujet dramatique. Les Américains ne savent pas faire des films douloureux, ici tout est soft, plaisant sans conséquences ni vibrations. Néanmoins cette petite oeuvrette transporte dans ses soutes un véritable débat sur l’aliénation professionnelle où la pire des difficultés est d’être soi-même dans un monde ne permettant pas de se construire hors de l’enseigne.Si vous avez quelque chose à dire gardez le pour vous, si vous avez quelque chose à faire, faites le pour moi.Au départ la situation est simple "au job qui paie le loyer" trinquent ces jeunes, avant de pénétrer sur le ring de l’investissement corporel et cérébral, ceci pour toute une vie où il faudra apprendre à se soumettre, puis conquérir afin d'éviter d'être broyer, c’est la loi.A la contemplation d’Andréa libérée, Miranda, un instant éveillée, s’offre un sourire en reprenant sans trop tarder un visage de cire sur la route de l’autodestruction.
  • LA GUERRE DES MONDES (2005)
    Un apprentissage de père s’effectue dans la douleur. Il faut maîtriser les éléments déchaînés, éclore par la prise en charge des responsabilités, abandonner un Territoire égoïste, satisfaire les besoins naturels d’enfants revanchards privés de présence paternelle. Ray Ferrier, projeté soudainement dans la tourmente, se retrouve face à face avec ce planning à priori irréalisable.On ne peut que fuir devant cet effroyable scénario latent, activé selon un processus bien établi. La puissance du mal vient de la terre et s’acharne sur un sol où chacun doit conserver malgré sa peur un comportement digne.L’odyssée de Ray et de ses deux enfants est environnée dans un premier temps d’un conflit permanent, il faut reconstruire patiemment en temps réel un relationnel familial englouti, avec comme toile de fond un pays anéanti irrémédiablement par une force incontrôlable.Des rédemptions semblent s’offrir à certains personnages à la dérive, la brutalité destructrice de ses contemporains permet à Ray d’éviter par un comportement enfin responsable et raisonné, un retour à une condition primaire.Tout s’écroule, les cris et le visage halluciné de la petite Rachel donnent en miroir une projection angoissante de la perception cérébrale d’une enfant au contact d’images inconcevables pour son jeune âge.Steven Spielberg travaille énormément sur l’impact de l’évènement sur certaines minorités. E.T. en son temps montrait déjà la grosse fracture que représentait l’isolement et la dépendance qui en découlait.Rachel est certainement le baromètre de ce film, ce qu’elle ressent doit servir d’exemple et réglementer nos débordements.Un constat négatif punit par l'immensité du ciel peu respectueux d'un petit grain de sable torturé par ses outrances.
  • 2012 (2009)
    Avec le temps, on perçoit "l'habileté" des géniteurs de cet opus canular, de nous divertir plutôt que de nous angoisser sur la probabilité de la fin de nos vibrations sensitives terrestres, ceci grâce au concours de personnages aussi caricaturés qu'inconsistants. C'est la fête foraine de la démesure, traversée par une petite tribu insignifiante sur mer, sur terre et dans les airs dont le destin est curieusement de survivre au contact de l'extinction quasi permanente de leurs semblables et de leurs environnements.Une bonne thérapie que cette inquiétude de la fin des temps, diluée dans les situations tragi-comiques les plus extravagantes, permettant d'attendre un hypothétique clap de fin dans la sérénité.Devant ce grand guignol convulsant une planète bien heureusement insensible à toutes ces prédictions, parachutés par une quantité d'imaginatifs cobayes de la calculette en tout genres.Un très bon spectacle numérique convulsif et pétaradant, loin de nos récurrentes quotidiennes.On souhaiterait presque de telles images dans la réalité, à condition de tous en réchapper naturellement.Un peu d'exercice ne fait jamais de mal.
  • PHONE GAME (2002)
    Il était grand temps que la providence se manifeste envers Stu Schepard, jeune attaché de presse prétentieux, manipulant son portable avec arrogance dans les rues d’une ville surdimensionnée. L’assurance s’échappe peu à peu de ce mari infidèle, manipulé par une voix déterminée, surgie de nulle part, capturée par instinct à l’intérieur d’une cabine téléphonique, devenant un véritable confessionnal où ses péchés sont extirpés au forceps.Stu devient une marionnette vomissant dérives sur dérives, un esprit nauséabond vidée par la contrainte du repentir, agrémenté d’un pouvoir de manipulation n’étant pas ordinairement le sien.Une faune tout azimuts s’agglutine autour de cette minuscule superficie où un homme se reconstruit sur trois mètres carré, le braqueur reste indécelable, embusqué derrière une de ces innombrables fenêtres que la caméra balaie avec insistance.Toutes les composantes de la société montrent leurs limites, des femmes de plaisir au procédurier policier, tout se dévore de l’intérieur.On peut reprocher à "Phone Game" un coté un peu naïf, ce cobaye pris au filet semble un exemple bien basique.Cette transpiration globale de tous les intervenants parait déséquilibrée en comparaison de l’insignifiance de ce personnage et de sa psychologie emblème de nos sociétés.C’est un peu la limite d’un cinéma outre-atlantique, se positionnant bien souvent sur une âme d’adolescent à qui ce film semble plutôt destiné.La voix se délecte dans la destruction et la reconstruction simultanée sur fond de caméscopes prêts à filmer la bavure policière, une technologie de communication récupérée uniquement par l’évènement, montrent ses faiblesses.Un anonyme se repend sur la voie publique, voilà un bon sujet pour un futur projet de talk show.En outrepassant son approche un peu trop scolaire, "Phone Game" reste une œuvre intéressante, mettant en lumière un concept nous fascinant tous, le huis clos, le montage est nerveux, il dynamise ce petit périmètre que l’ennui ne s’accapare pas.Cette voix, tout en étant déconnectée de Stu, semble être sa propre conscience sortie de son seuil de tolérance et lui demandant réparation pour tous les écarts commis.
  • ELLE S'EN VA (2012)
    La belle Catherine a bien du courage de formater de la sensibilité au contact d'une faune aussi médiocre rencontrée ici et la dans un road movie insensible et désordonné. Quelques états d'âmes cléments offerts à des ressources insignifiantes, mal dirigées faisant de ce boulet pauvre et cotonneux une épreuve ne menant nulle part.A éviter.
  • L'ILLUSIONNISTE (2006)
    Un initiateur se dématérialisant après ses cours, offre à de jeunes yeux ébahis un terrible adversaire au rationalisme, une illusion s’attaquant à des régimes politiques carbonisés par l’arrivisme. Un amour de jeunesse contrarié par un cinglant rappel à l’ordre "Rappelez vous votre rang", permet à un magicien hors norme de progresser en mariant superbement une machinerie à une spiritualité.Des papillons volants soutiennent dans les airs de petits tissus blancs, servant à contenir de belles larmes féminines. Excalibur retourne à la pierre sous l’apparence d’un parquet princier, un oranger majestueux défie la lenteur du temps en poussant instantanément devant un auditoire, ravi devant de si belles démonstrations métaphysiques.Un futur empereur se dévore davantage de mégalomanie, devant les prouesses d’un homme maniant merveilleusement l’autre coté du miroir. Les masses sont conquises, de chers disparus apparaissent sur les planches de théâtres bondés en répondant spontanément aux questions posées par un public aux anges.Le royaume de Vienne est menacé par une république spirituelle, l’illusion, devenue un parti politique, prend l’ascendant sur une monarchie ayant toujours la main sur l’épée prête à réprimer une foule à bout de souffle, suite à la disette.Ce nouveau pouvoir est fulgurant, dans l’impossibilité d’expliquer ces tours défiant toutes rationalités, le magicien devient un Dieu porté vers l’empyrée, par toutes les couches de la société."L’illusionniste", bordé de l’agréable musique répétitive de Philip Glass, se promène sur le fil du rasoir du rêve et de l’analyse rationnelle, il possède d’agréables fausses routes dont les impacts d’arrivées charment nos sens.Eisenheim, lucide de la force persuasive de son métier, préfère se stabiliser aux yeux d’un peuple manipulable par un aveu honnête.Tout se glane par l’apparence, cette bombe nivelle une réalité qu’il faut assumer pour mieux la combattre.Il y a peut-être une vérité dans une illusion, pour le comprendre il faut marcher dans les pas d’une continuelle évanescence.
  • EXAM (2009)
    Pas mal ce "cube" dans une seule pièce, malgré ses stéréotypes et ses quelques essoufflements nous menant entre cabrioles et accalmies, vers un message final émouvant. Un parcours assez basic, efficace et trompeur, dans une asymétrie manipulatrice et nécessaire, consistant à pousser huit cogitos au maximum de leurs arrivismes, dans une épreuve dont le but est de collecter un esprit encore capable de s'intégrer à long terme dans un projet humanitaire.Tout pour le job. Chacun pour soi, alors qu'en réalité il s'agit de tout autre chose, totalement à l'inverse de ces joutes sédentaires, égoïstes, entretenant les panoplies négatives de ces cobayes uniquement programmés pour vaincre sans ressentir le moindre regret.Manipulé par un système en quête de vaillances désintéressées, obliger de pousser au maximum le mauvais côté de candidats, en espérant découvrir dans ce ramassis égocentriques, une âme encore opérationnelle, dans un investissement envers les autres.Un opus éloquent sur certaines imposantes salissures décrassées par l'épreuve.
  • BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS (2007)
    La semaine de promo intensive, précédant la sortie du film, a certainement considérablement aidée la venue au monde de cette sympathique chronique concernant la remise à niveau d’une région bien mal perçue, éternellement habillée par la mine et le coron. Les verres se vident aussi rapidement que les portes s’ouvrent. Le langage ressemble à un état d’ébriété permanent. Les cœurs sont gros comme ça, de toute manière c’est tout ce qu’ils leurs restent à ces exclus, n’ayant pratiquement plus que la poste et la baraque à frites comme gîte relationnel.Paradoxalement, la dépression se subit sous un soleil de plomb, le Nordiste ne regarde plus un ciel invariable. Il maintient sa différence par des locutions à la limite du langage étranger, des produits du terroir presque nauséabonds et des liqueurs frisant le goût du sans plomb. Toutes ces particularités finissant par entamer la curiosité, puis la conversion d'un pédant.Sans se tenir les cotes d’un bout à l’autre de cette réhabilitation humaine, chaleureuse, naturelle et surtout indispensable, le produit possède certaines scènes amusantes avec en particulier ce road-movie professionnel de la journée type d’un postier pur site, scruté à la loupe par une hiérarchie bien molle, se convertissant avec brio à l’ingurgitation de godets reconstitués en permanence, de visites en visites.Cette fable ayant le mérite de glorifier le comportement de gens simples, porteurs d’une camaraderie protégée par l’évolution d’un groupe sur un même niveau, se déroule comme un agréable divertissement.Des clichés, au-delà d’une caricature faisant de tous ces personnages de véritables icônes régionaux.Un film sur les attraits d’un ciel bas chapeautant une nuit blême sous une pluie intense. Dans un tel contexte, l’autochtone s’accapare sans peine l’intérêt d’un visiteur décontenancé, presque à l’image d’un Colomb découvrant une terre inconnue.Néanmoins quelques défauts apparaissent, avec en tête de gondole la laborieuse prestation de Line Renaud, ayant bien du mal à rendre crédible, un personnage de mère faussement possessive.La globalité est satisfaisante, surtout en nos temps de disette de tempérament vrai. Le chti c’est du bonheur, on le quitte en pleurs, pour un peu on mettrait la carte de France à l’envers en faisant carillonner le bleu méditerranéen par un beffroi amoureux et transi, délivrant spontanément des demandes en mariage. Les nantis du sud n'ont certainement jamais vus ça.
  • V POUR VENDETTA (2005)
    Le pouvoir absolu est la relation éternelle entre le poison et le contrepoison. Le seul moyen d’en venir à bout est un idéal sans visage, survivant intemporel de tous ces sacrifiés morts sur le terrain d'un renouveau hypothétique, tout le long d'une l’histoire dominée par le culte et la soumission. L’Angleterre déjà largement éprouvée par la prose de Georges Orwell redevient le champ de bataille d’un immense complot dont la finalité est le chaos. Dernier cas de figure non testé de toute une liste de pouvoirs politiques passant et repassant sans essaimer grand chose. L'ultime concept ne peut être qu’explosif. Une radicale remise à niveau effectuée dans le sang par un Edmond Dantès des temps modernes, définition de la nécessité que représente une solution finale au service de la liberté. Ce cocktail humain de terrorisme et de justice exécute une refonte complète, en instaurant une nouvelle procédure de lutte contre le totalitarisme. L'embrasement et la destruction d'un concept en vrille plusieurs fois millénaire.Le seul moyen d'en finir avec tant de siècles de dominances et de mensonges politiques qu'il faut éradiquer dans un immense brasier rédempteur. V n’est plus qu’un Robocop déchaîné, une machine à tuer, n’ayant plus de leçons morales en magasin. Son masque devient le symbole d'un immense troupeau en marche que rien ne peut stopper. L'avenir se dessine dans une lumineuse partition musicale, une supernova régénératrice pleine d'espoir malgré sa monstruosité. Un état flamboyant consommant tous ses travers en révélant dans la férocité de ses braises un monde nouveau.
  • FROM HELL (2001)
    "From Hell" c’est tout d’abord la nécessité d'arroser par la résurrection d’une sensibilité presque consumée, un territoire violent, irrespectueux annonçant le contenu d’un vingtième siècle sanguinaire, par une série de crimes au-delà de toutes définitions. Le millésime 1888 londonien est au dessous de tout. Crasseux, puant, oppressant, mal famé. Le danger est au mètre carré. La prostituée terrorisée par le proxénète crève de faim, dans une vie courte dépecée, subitement à l’arme blanche par un illuminé insaisissable, dont les méfaits sont intuitionnés à l’aide de l’absinthe, par un enquêteur tourmenté.Quelques êtres à la dérive tentent de s’extraire de ce bouillon destructif en remettant sur pied quelques notions de bontés mêlées à une lucidité instinctive, permettant de vibrer par quelques projets, tout en entretenant l’espoir de voir le soleil se lever le lendemain.Débarrassé de son hyper violence, cet opéra gothique est un film sensible, attachant dont les quelques pépites émotionnelles paraissent irréelles dans un tel bourbier.Avoir la force d’offrir la douceur d’un regard parait surréaliste dans un contexte où les coups pleuvent en continus. La perfide Albion est au fond du trou, carbonisée par le mépris de ses dirigeants, la noirceur de ses beuglants et la folie de ses criminels.Johnny Depp se révèle émouvant entre dépendances et courages.Distribuant paroles réconfortantes et gestes tendres, dans une faiblesse maîtrisée par le réalisme de son métier, il ramène du fond de l’enfer une flamme vacillante presque éteinte vers les sentiments.L’entretien d’un avenir familial au bord de l’océan refait surface pendant qu’un fou furieux étripe à tour de bras une faune avinée, édentée appâtée au raisin dans une ville sordide, sans cœur privée de caresses.
  • DARK WATER (2002)
    Inutile de se morfondre en attendant désespérément quelques hypothétiques scènes de terreurs dans un climat soporifique à l'extrême. Comme bien souvent la vérité est ailleurs tissée entre les lignes d'un travail d'une lenteur éprouvante laissant notre épiderme constamment sur ses gardes reposer sagement malgré quelques tentatives clairsemées se voulant terrifiantes, mais n'atteignant jamais les hauteurs éthérées.L'essence de cet opus est sans aucun doute son énorme sensibilité.Le pays du soleil levant nous dévoile sa face cachée, son désespoir et sa solitude à l'intérieur d'un immeuble triste et sombre dont les couloirs et les plafonds sont inondés de larmes.Le site pleure son silence et son isolement sur ses murs et ses toits.L'enfant fantôme se sert de la terreur pour approcher ses semblables en dissimulant dans ses apparences floutées un manque profond.Le besoin impératif de se blottir dans les bras d'une mère de passage dont les sens s'éveillent devant tant de souffrance."Dark Water" est un film poignant sur le mal du siècle, l'abandon et l'indifférence faisant de ses principales victimes des ressources vivantes fragiles, isolées, livrées à elles-mêmes, dans un monde insensible managé par la procédure ou à des créatures de l'au-delà, condamnées à la panoplie terrorisante, paravent d'un état insoutenable, le manque d'affection.
  • SIGNES (2002)
    Ce film mérite réflexion. Est-il une habile composition masquant un manque de moyen flagrant ? De ce fait, représente-t-il l’ingéniosité artistique de manipuler, avec des bouts de ficelles, nos peurs ancestrales, tel que le battement frénétique d’une poignée de porte, par une main improbable, surgie de nulle part ou bien est-ce l’éclosion d’un lancinant cinéma fantastique nouveau, renvoyant l’être humain à ses angoisses d’enfant ?Plusieurs éléments domestiques, l’écran de télévision, par exemple, servent à véhiculer de réels moments de peurs. Night Shyamalan, heureux papa du "Sixième sens", donne de belles parures à la sobriété d’un traitement dépouillé.Le résultat de ce huis-clos est impressionnant. Les extra-terrestres semblent être la gangrène cérébrale des Américains, un état d’esprit terrorisé par ces petits hommes verts, concept éternellement arlésien des temps modernes."Signes" est un film concept haletant et paradoxal. Finie la débauche d’images à la "Moulin rouge". Ici tout est calme, progressif, pesant.L’atmosphère du film l’emporte sur un scénario s’épuisant en progressant, ce qui ne dénature pas l’identité première de cette œuvre nécessitant un regard attentionné, sur des visages perturbés par un évènement surnaturel.La conclusion tant attendue semble terne et inaboutie, elle estompe brutalement certaines de nos espérances en laissant derrière elle de nombreuses interrogations.Il est préférable de reporter son attention sur cette famille minée par la peur, suite à son environnement soudainement bousculée par l’irrationnel.Cloîtrés par des procédures ancestrales de protection (volets et portes fermées), ce père ayant perdu la foi, son frère et ses deux enfants se mettent intérieurement, encore plus en péril, en déclenchant une détermination externe qu’ils subissent en retour par une angoisse ingérable, accentuée suite à leur cloisement.Les éléments extérieurs se déchaînent contre une tour d'ivoire, qui refuse de communiquer.Les enfants bien souvent perçoivent des mondes parallèles nous échappant, leurs présences dans "Signes" est indispensable, le concept d’angoisse leur appartient. Ce sont eux qui souffrent devant ce qu’ils ne comprennent plus.Un extérieur devient subitement incompris. Le champ de maïs frissonne en pleine nuit, l’homme tente de se rassurer par des paroles incertaines, accuse ses semblables de le persécuter, puis à bout d’arguments, s’enfuit devant cette nature subitement insoumise, pour se terrer à l’intérieur d’une forteresse oppressante, sa propre terreur."Signes" possède une seule et même porte, assumant une double fonction, une oppression externe de l'irrationalité perçue comme ennemie par l'homme, devenant à son tour oppressé, par ses démons intérieurs, tout en essayant de mener en parallèle la reconquête d'une foi perdue.
  • CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR (1997)
    Certainement la plus belle des images relationnelle entre la femme et l'homme. Respect, assistance, humour, analyse et détermination toujours formatés entre indépendances et retrouvailles.Ici il n'est pas question d'amour mais uniquement de vibrations communes le temps d'une aventure.
  • INTUITIONS (2000)
    Dans un même espace les vices et les préjugés s’affrontent sans retenue. Jessica, jeune lycéenne, s’éclate par le sexe. Annie Wilson, cartomancienne, fortement consultée par deux cas extrêmes, est harcelée par Donnie Barksdale (Keanu Reeves), violent et armé, véhiculé par une pétoire à bout de souffle.Ce territoire est terrifiant, les cas sont extrêmes de Valérie Barksdale rouée de coups à Buddy Cole, névrosé au bord de la rupture, Annie doit maîtriser certains abandons, en gérant du mieux possible, ces soudaines images cauchemardesques qui ont élues domiciles dans son esprit.Cette Amérique sudiste, géorgienne, est abandonnée par la raison. Les composants humains sont à l’état brut, la condamnation sans appel d’Annie considérée comme une sorcière, est effectuée par des personnages rivés dans les premiers cercles de l’entendement.L’agressivité cérébrale est accentuée par la pauvreté naturelle des lieux, à peine déconnectés du rang de broussailles. La beauté est absente de ce site poussiéreux, les intérieurs sont ternes, les personnages habillés sommairement, les femmes sont frappées devant les enfants, certains hommes hirsutes font la loi en extériorisant leur bestialités par des condamnations morales.Les visages sont éteints, rivés à leur mauvais sort, on pense à "Trois enterrements" de Tommy Lee Jones, un parcours dans la froideur de la pierre.Les cartes sont un faux espoir, entretenu, habilement ou non, par une femme dépassée par les évènements. Rien ne change, si ce n’est cette violence constamment reconduite sur les corps."Intuitions" est un film dénudé, un balbutiement intellectuel insuffisant, ne suffisant pas à calmer l’ardeur de poings déchaînés.L’atmosphère fantastique ne semble être là que pour dénoncer une dérive de groupes.
  • INCASSABLE (2000)
    Night Shyamalan, cinéaste de l’épuré, possède le privilège, grâce à ses films concepts de nous faire réagir, monter au créneau, crier au génie ou battre de la semelle devant un processus de traitement fastidieux, mais tellement prenant. Concevoir un super héros, carburant au diesel dans un contexte sombre, progressif, lent, amputé d’énergies, est ingénieux. L’éclosion de perceptions nouvelles, tintées de fantastique, d’un individu extirpé d’un destin tragique, est traitée de manière magistrale par un cinéaste habile, efficace dans la simplicité de messages délivrés en vitesse réduite."Incassable" est l’antimatière universelle tant recherchée. Une révolution visuelle au repos, privilégiant dans un contexte d’action devenu secondaire, la réaction des sens.Une énergie recyclée baigne de larmes les yeux d’un enfant, devant un père différent.Des déplacements nonchalants, millimétrés, valorisent les observations intenses d’un individu soudainement surhumain, projeté sur un territoire où il est enfin possible de limiter localement la déferlante du malheur.Un homme indestructible, chamboulé par ses nouveaux pouvoirs, matérialise sur le terrain les lectures d’un enfant brisé. Le limité formate sans états d’âme une partie externe murée, suite à une architecture quasiment détruite.Les fiches cuisines cinématographiques de Night Shyamalan sont bien souvent des substances intégrant des sensibilités éprouvées par des pouvoirs nouveaux à résonances fantastiques.Le sujet, touché par la mission, navigue entre détermination et débordements sensitifs, difficilement gérables, liés à la traversée d’un territoire inconnu.Un esprit fragile compense son handicap par une morphologie indestructible. Le don de changer les destinées navigue parallèlement avec une laborieuse prise de conscience d’un nouveau paramètre.Une violence côtoyée quotidiennement, par une fonction de surveillance et de protection, devient bestiale par l’imaginatif avant de se matérialiser dans l’existence.
  • LA NEUVIÈME PORTE (1999)
    "La neuvième porte", opus rébus tiède et mollasson, entretient quelques clartés initiatiques, surtout autour de ces intrigantes figurines fil rouges, pensives d'un trajet dépourvu d'audaces. L'ennui n'est pas absent de cette quête démoniaque, menant un chasseur de livres rares, opportuniste et indifférent, vers l'apparition du démon.Une œuvre inactive et décevante, s'évaporant dans une dernière image frileuse, incapable de fournir le piment d'une révélation.
  • HANNIBAL (2000)
    Le point fort d’Hannibal est visuel par les quelques convaincantes images du fief des Médicis, mais surtout auditif et au combien avec l’extrait du fabuleux mini opéra de Patrick Cassidy "Vide cor meum" composé en 2001 s’appuyant sur un extrait de la Vita Nuova de Dante. Je cite :"Vibrant, poignant, cet air magnifique confié à un chœur et deux chanteurs, la soprano Danielle De Niese et le ténor Bruno Lazzaretti, semble tout droit venir du ciel... ou inspirée des grandes œuvres opératiques italiennes comme celles de Puccini". Légèrement délaissé par une action partie provisoirement se restaurer au bar, les sens soudainement se réveillent et se pâment devant cette musique céleste. Tout s’arrête pendant quelques minutes pour laisser la place à une oreille enfin respectée par un son digne d’être entendu.Hannibal possède l’avantage de permettre à des yeux connectés au sujet, de s’évader en parallèle dans tous les contours de ces immenses bâtisses et ruelles sombres florentines.L’œuvre est soignée, la trame policière se connecte parfaitement avec les vestiges d’une ville alter ego lourdement chargée par l’arrivisme, le complot et le crime.Certains visages et scènes d’horreur presque maximales sont éprouvantes tout en laissant à cet opus l’appellation d’un esthétisme récupérateur dans le bon sens du terme, permettant tout en parcourant un climat surréaliste, de s’émerveiller devant les merveilles d’une cité bienfaitrice, comblée par son architecture et sa musique.La griffe gothique de Ridley Scott déjà positionnée dans "Alien", "Traquée" et surtout "Blade Runner" est une nouvelle fois envoutante. Ceci faisant d'Hannibal une oeuvre d'auteur.Les derniers moments sont hallucinants.
  • A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (2001)
    L'amour calciné par le néon voit ses procédures naturelles s'éteindre au profit d'un environnement thématique criard et récupérateur. Malgré un mécanisme émotionnel parfait, une machine reste une machine dans l'impossibilité de remplacer ses circuits par des organes battant à l'unisson d'un sensitif spontané.L'accomplissement d'un besoin collectif pulsionnel érotico-violent devient la propriété d'une programmation détenant sur commandes l'intégralité de nos fantasmes.L'amour câblé tout en étant opérationnel, en fonction des demandes, montre ses limites, en interceptant rapidement une récupération insoutenable.Le pouvoir procédurier et inconditionnel d'un concept incorporé et exécuté dans une machinerie sans âme.Le monde privé d'une véritable luminosité se retrouve sous l'emprise d'expédients jouissifs et temporaires, pendant qu'une mécanique écorchée vive tente désespérément de conquérir une identité émotive basée sur le comportement d'un esprit.Intelligence artificielle, opus étrange et bouleversant, délivre une émotion intense, projetée sur une toile de fond futuriste époustouflante.Une œuvre magnifique, sur l'extinction de nos ressentis purs, mis en bouteille dans une robotique destinée à l'exécution d'un sujet sans en ressentir l'authenticité.Finalement, qui est esclave de l'autre, l'homme ou la machine?
  • INSTINCT (1999)
    "Je t'ai pris tes illusions"Une œuvre humaine et méditative sur un esprit passionné, préférant s'extraire d'une civilisation en détresse pour entretenir son émotif au contact d'une montée en puissance affective offerte par de grands singes passant séquentiellement de la méfiance à la confiance envers un savant doux et motivé, sachant se prosterner en acceptant la dominance d'une force physique naturelle et instinctive. Un film exemplaire sur de nouvelles envergures qu'il faut glaner en pleine nature et par tous les temps, au coup par coup, en attendant patiemment que l'animal baisse sa garde et se rapproche, en offrant sa main loin d'un monde sec, incertain, violent, dément, carriériste dont la perception ne peut être que le mutisme et l'enfermement.
  • LE TOMBEAU (2001)
    Malgré des lieux et des composants de départs aussi curieux que disparates cet opus est un échec. Néanmoins quelques clichés saisissants sur la faune d’une ville hors du commun parviennent à capturer quelques attentions, ne parvenant pas hélas à sauver un ensemble tétanisé par la peur d’entreprendre.Le seul intérêt, de cette mise en images ratée et ennuyeuse, se situe dans les pulsations hétérogènes d’une cité hyper dangereuse où chaque mètre carré correspond à une perception différente, imposée bien souvent par la force.Le sujet mérite vraiment d’être revisité de manière plus convaincante.
  • LE PACTE DES LOUPS (2000)
    Fougueux, moderne et sensitif "le pacte des loups" ne craint pas d'incorporer dans une renaissance érodée par sa misère et ses mythes, un kung fu anachronique. Une palette décalée, réunissant dans un récit robuste et élégant, ironies, indifférences et bon mots envers une capitale bien lointaine, permettant à des provinciaux pervertis de garder leurs distances, en régnant sur leurs gens par la superstition et la secte.Des moments forts positifs passés en compagnie d'un labeur esthétique et soutenu.De belles images significatives, malgré leurs décalages sur un mythe éternel habilement modernisé.Sans extravagance, permettant à une histoire de garder ses bases historiques, tout en picotant sans excès les terres, d'une manière de faire impossible à mettre en lumière dans un temps dominé par un obscurantisme brillamment transformé en spectacle.
  • LE TOUR DU MONDE DE SADKO (1953)
    A quoi bon fendre les mers dans des aventures tourmentées si tout ce que l'on découvre ne sont que des êtres violents, opportunistes, irascibles ou pervers.La quête de l'oiseau de bonheur s'avère décevante, en révélant après bien des péripéties un concept déprimant, basé sur l'endormissement des masses.Le message est clair, rien ne vaut la terre natale, inutile de parcourir un territoire rempli de chimères ne débouchant sur aucun apaisement.Malgré les contraintes d'un régime imposant des critères incontournables, Alexandre Ptouchko, cinéaste du merveilleux, réalise une œuvre distrayante, exotique et surtout imposante.L'opus reste regardable, sans pour autant s'extraire d'un contenu moraliste, bien pensant, d'une naïveté colossale, embellie par des stéréotypes imposés par une idéologie politique favorisant l’héroïsme, la fidélité, le courage et l'amour, qu'ils soient envers sa patrie, sa bien aimée ou sur les mers.Ce film initiatique, sur la recherche avortée d'un bonheur improbable, s'avère de qualité malgré une propagande bien dodue, surtout dans le message final.Une grande sensibilité se dégage de ces très très beaux visages de princesse des ondes ou d'une promise attendant patiemment le retour d''un exilé temporaire, cherchant au quatre coins du monde ce qui se trouve sur ses terres.Une œuvre de grande allure, dans une conception subordonnée.
  • AMERICAN BEAUTY (1999)
    Tout être fragilisé intérieurement par la manière de conquérir une véritable personnalité sera tenté de fuir au galop, devant cette déprime localisée, réunissant dans un microcosme collectif, la névrose domestique, l'adolescence hargneuse, le voyeurisme curieux, la sécheresse sentimentale, le bureau productif et la violence paternelle. Tout est au cordeau. Que ce soient les beaux jardinets et les belles demeures, ils ou elles ne sont qu'un paravent masquant un douloureux mal de vivre, que seule une imagination hallucinatoire occulte par quelques clichés pervers.On se remet en forme physiquement, manipulé par ses fantasmes, dans un monde qui est uniquement le sien, où il faut néanmoins insérer son quotidien.Une luminosité artificielle matérialiste gîte et carburant de la médiocrité de ses semblables.Tout semble déréglé dans un contexte moraliste beaucoup trop prononcé, ceci ne faisant qu’apparaître la confession, l'envie d'en finir et une perversité revancharde, devant tout un catalogue d'éthiques et de paraître presque vomitif.Comme d'habitude ce sont les jeunes qui en font les frais, menés à la baguette dans des intérieurs froids et cossus, entraînant leurs premiers troubles psychologiques.Une certaine Amérique sur un bateau ivre se réalise par l'excédent, pendant qu'une jeunesse matériellement comblée ne se détecte aucun repère existentiel pur.Un beau film révélateur et déprimant, sur notre réelle difficulté d'extraire de nous mêmes, ce que nous sommes réellement.Une éternelle question que se posent tous les individus, en lui donnant les réponses les plus farfelues ou les plus pathétiques.Qu'est-ce qu'on fout là?
  • COURS LOLA COURS (1998)
    Du bon travail alerte et passionnant de bout en bout. "Cours Lola cours" évite avec brio le piège de la récurrence en fournissant dans chacun de ses plans une énergie faisant oublier que l'ensemble est sous la dominance d'une répétition.Une suite d'images pétaradantes sur la finalité non acceptée d'une odyssée minutée, trois fois renouvelée dans un paysage traversé au sprint.Un Trajet constitué des mêmes éléments croisés aux mêmes endroits dont les apparitions et les destinées sont à chaque fois réactualisés.Une pépite urbaine rarissime et intelligente menée à un train d'enfer.Cà c'est du cinéma.Bravo.
  • FANDO ET LIS (1967)
    La thématique du cheminement vers Tar, ville mythique où les souffrances n'ont plus cours, se sert de ce qu'elle est censé éradiquer en bout de course. Ce périple dans la poussière, sous un paysage de pierres, laisse apparaître des personnages hallucinés, pervertis, destructifs ou auto destructifs, transcendés par la liberté d'en jouir à l'extrême.Peur de la mort, violences corporelles, parodies sexuelles ne font que se déchaîner en utilisant le fouet, la boue, la prise de sang interminable, la peur du tombeau dominée par la mascarade d'un faux enterrement, l'ingurgitation abusive d'aliments le tout dans une progression extrêmement laborieuse en fonction des situations rencontrées.Une vieille dame s'offre à une génération montante sans aucune retenue, joue aux cartes en se barbouillant la bouche de pèches au sirop. Tout est en miettes, managé par l'unique motrice encore en fonction, la luxure, compagnon de route à temps complet de ces deux esprits en rédemption temporaire.L'œuvre est difficile à deux doigts du traumatisme, ce n'est qu'un ramassis d'images surréalistes presque nauséabondes, si le surréalisme n'était pas un art. La dominance et la pitié s'exercent en alternances sur un ou plusieurs corps normaux ou en ruptures.Lis, portée en fagot par Fando écartelé entre dévouement et maltraitance, est caressée, étreinte de force, consolée, traînée, menottée, véhiculée à grand peine entre un tambour et un gramophone, sur des sols rocailleux. Tout le catalogue humain, allant de l'assistance à la perversion, est scanné sous un paysage aride et distant.Livrée à elle-même ou récupérée après avoir testée la terreur de l'abandon, elle livre, en fonction de ce qu'elle subit, repentir, imploration et larmes, à un abus de pouvoir positionné sur une médiation permettant à ses deux esprits en quêtes initiatiques de continuer vers cette ville Mythique, ne semblant être que l'anéantissement d'une conscience pervertie.Le contenu est théologien, sado masochiste, ce n'est que de la souffrance insoutenable offerte ou endurée, de l'auto destruction destinée aux autres, mais que l'on subit de plein fouet. Ces corps qui souffrent sont les nôtres. Un chemin de croix où tout nos comportements antinomiques sont visités, plutôt vomis sur la pellicule par un esprit fou aux allures de génie, du mal, ambassadeur de notre poubelle humaine, oscillant entre miséricorde, rigueur, bestialité, dominance et soumission, le tout juxtaposé par pulsions soudaines activées au hasard des rencontres.Tout est horrible, hallucinatoire, initiatique de ce qu'il faut absolument fuir. "Fando et Lis" est la visite d'un parc d'attractions nommé abandon de soi et de ses valeurs, n'ayant comme spectatrice qu'une pierre muette elle-même en décomposition.
  • MULHOLLAND DRIVE (2001)
    Envoutante et lancinante, cette œuvre d’auteur se pare de moments sublimes. Des instants rares, délectés jusqu'à l’extrême, dans une fourmilière d’images improbables, chères à un metteur en scène complètement décalé d’une production traquant le billet vert, dans une profusion de clichés à la mode que l’on ne peut à peine distingue, r tant leurs vitesses de passages est inconsistante et rapide.Ici tout est long, mesuré, scruté de manière intensive. La caméra devient l’œil de personnages découvrant épouvantés ou émerveillés des lieux communs ou métaphysiques.Ce travail d’expert tisse, dans une trame que l’on peut suivre sans se répandre, tout un climat psychique halluciné, fabriquant des cobayes fragiles, pervers complètement dégénérés, victimes de leurs sens et de leurs dérives.Certaines scènes sont pénibles, surtout pour ceux qui les ont tournées, mais ces sacrifices sont essentiels, elles portent la pierre angulaire d’une œuvre forte, digne de hanter nos mémoires pendant très longtemps par leurs dégénérescences.David Lynch est certainement une sorte de nouveau messie cinématographique, offrant des images d’une beauté machiavélique, donnant naissance à un nouveau genre humain extrême, hallucinatoire, perverti dans une débandade de comportements assujettis aux plaisirs et à la destruction.Un être humain en perdition ,azimuté par le crime, la luxure, la trahison, la folie dans un monde devenu un gigantesque délire visuel, menant nos devoirs au bord du gouffre.Aux portes du chef d’œuvre, "Mulholland Drive" perce l’abcès d’une jouissance trop retenue par nos contraintes et nos pudeurs ,en déversant une surabondance jubilatoire, que nos interdits nous empêchent de vivre.Un film exceptionnel, sur notre face cachée, celle qui éprouve les pires difficultés à s’exprimer.
  • VIRGIN SUICIDES (1999)
    « Virgin suicides » n'est pas si mauvais. Certes on s'y ennuie sauvagement sans bien comprendre par moments le contenu de cette bouteille lancée à la mer.L'oeuvre est confuse, se disperse trop, s'agglutine dans les lenteurs. La perception s'en ressent, on décroche.La force de cet opus réside dans un immense paradoxe.De belles jeunes filles au top de leurs clartés juvéniles se fabriquent en interne un mal de vivre pesant.La famille démolie par les devoirs de l'éthique conduit sa descendance vers des excès qu'un encadrement psychiatrique normalisé ne peut empêcher.Une génération montante, inertielle, scotchée dans sa détresse psychologique dont la face visible n'est qu'un sourire trompeur."Virgin suicides" est une mise en garde sur l'indispensable maitrise qui faut avoir sur son adolescence en attendant la douce fréquence de l'équilibre.
  • COMMENT J'AI TUÉ MON PÈRE (2001)
    Maurice Borde refait soudainement surface, après vingt ans d’absence, dans l’univers de ses deux fils, dont l’un Patrick, malchanceux, est subordonné dans un rôle domestique à l’autre Jean-Luc, gérontologue renommée. Le regard de ce père est froid, hautain, sans remords, presque diabolique. Par un sourire narquois, il semble imprenable, au dessus de tout jugement. Son arrogance attire Isa (Natacha Regnier) femme de Jean-Luc, bourgeoise intérieurement lassée de toutes ces procédures basiques liées à la réussite de son mari.Maurice s’amuse en manipulant sournoisement cette famille repositionnée subitement dans un échange verbal consistant. Patrick est pathétique dans ses sketches sur l’absence du père. Jean Luc retrouve une borne oubliée où tout s’est arrêté, ses reproches n’entament nullement un homme qui ne voit que lui-même et qui le dit à son fils de la manière la plus horrible."La nature ne me force pas à t’aimer"L’affection d’un père plus proche d’un collaborateur africain que de ses propres fils, additionnée à une demande d’argent plus ou moins malhonnête, rend nauséabond ce climat d’une famille détruite qui au lieu de se recomposer, sombre en se fracturant de l’intérieur.Maurice n’est pas un modèle, Jean-Luc non plus, en se positionnant dans les ingrédients de sa condition (belle situation, belle femme, belle maîtresse, belle maison, belle voiture avec chauffeur), il a certainement volontairement bypassé la principale lumière d’une réussite : la présence d’un enfant.Dans une des nombreuses présentations du film de Marcel Carné "Les visiteurs du soir" on peut lire "Le Diable vint sur la terre pour se divertir des humains". Le personnage de Michel Bouquet me fait penser à Jules Berry impitoyable broyeur de ressources poussant les êtres à s’entretuer.Le regard presque lubrique de Maurice, devant cette famille qui s’effondre, est un aveu de la consistante première de ce père sans statut : le pouvoir de détruire par la force de l’indifférence.Les rues vides et tristes de Versailles, arpentées par Maurice, sont une sorte de désolation de lucidité.
  • LE PLACARD (2000)
    "Le placard" tout en montrant les variations dans le temps de certains sujets tabous, naguère inacceptables, devenant protecteurs, dénonce avec humour les faiblesses d'un ordinogramme d'entreprise, manipulé du sol au plafond par un opportuniste. Un bureaucrate effacé, sur le point d'être éjecté, managé par un revanchard, prend de la volumétrie contemplative, au contact du débile mental, de l'indifférent, du plaisantin et de l'hypocrite, dans une cocote minute professionnelle, sous la crainte permanente du licenciement.Un régal quotidien, pour une ressource jugée insignifiante par ses collèges, se divertissant de l'obscurantisme de ses semblables, ne pensant qu'à durer dans un relationnel de bureau mesquin et superficiel.La mise en lumière d'un anonyme ignoré, moqué, puis peu à peu remarqué, apprécié et consulté par une faune enfin apte à la métamorphose.
  • ÇA COMMENCE AUJOURD'HUI (1998)
    La lente agonie des institutions environne Daniel Lefebvre, directeur de maternelle, obligé de créer de nouveaux paragraphes à visages humains, dans un règlement d’état froid et rigoureux. Hernaing, près de Valenciennes est sinistrée, les trente glorieuses ont fait leurs paquets, les portes-monnaies sont vides, certaines mères ont élues domicile de manière définitive dans la bouteille et ne peuvent plus assurer de prestations familiales.Daniel doit parfois prendre l’initiative de ramener des enfants chez eux, après la classe, dans des intérieurs frileux et sans lumières, dévastés par des déchets de toutes sortes.La famille se meurt, privée d’une denrée indispensable à son épanouissement : l’intégration dans un système par l’emploi.L’état dans un discours rhétorique accuse presque ces autochtones d’être responsable de leurs malheurs, il encourage les esprits à ensoleiller les terrils et à gommer le look Germinal de cette région, mais comment ? Les subventions n’arrivent plus, les dernières ressources motivées sont au bord de l’épuisement.L’abandon total est encore un potentiel mais pour combien de temps ?La masse privée d’emploi n’est pas capable de détruire l’amalgame entre la société de consommation et le devoir.La famille semble anéantie, si les biens désertent les foyers. Les enfants en font immédiatement les frais, ils deviennent responsables de l’effondrement social de leurs parents, par les charges imposées que l’on ne peut plus assumées.Daniel refusant d’abandonner le navire s’épuise, au cas par cas. Certains profils sont trop exigeants en demandant un assistanat outrancier.Les comportements usés par la faim deviennent dangereux, la sévère mise en garde policière envers l’avenir de ces adolescents, aux visages aux frontières du primate, pris en flagrant délit, est significative de l’impuissance de nos sociétés, plus les reproches sont accentués, moins il y a de solutions, ces gosses sont perdus.Les actions deviennent basiques, on casse tout, dans un contexte de rappel à l’ordre des autorités, uniquement verbal donc sans danger.Où tout cela va s’arrêter ?Ces régions ne méritent pas de vivre que par l’air du temps, les patrons ont importé le travail par la mine qui a noircit les "gueules" pendant des décennies, au détriment de l’accès à un savoir, ces régions le paient chèrement aujourd’hui par une distance considérable à rattraper.L’assistanat est au delà du besoin, c’est un point de non retour, une carte d'identité.
  • MAGNOLIA (1999)
    Un audacieux opus bazar sur toute une faune délirante, presque aliénée, en manque de repères, récupérée par la secte en tous genres. Otage d'artifices de bas étages, fortin de jeux débiles ou de démonstrations narcissiques encensés par un public débile, manipulé, satisfait de se miroiter dans les concepts les plus médiocres, en regardant s'enfuir sans aucun regret toutes leurs libertés individuelles, à condition d'en avoir bien entendu.Un constat de société alarmant sur la paresse d'entreprendre, engloutie par le voyeurisme et le mensonge, suite à l'absence d'énergies pompées par le n'importe quoi, contemplé avec une immense saveur par un étalage versatile.Le pouvoir devient celui du spectacle, de l'animateur agonisant au prêcheur fragile, maintenu à flots par une thématique polarisant un auditoire surexcité.Une bien triste époque pour celui ou ceux en quête de vérités profondes, constamment obligés de zapper devant ces tonnes d'infos aussi inutiles que tenaces, élaborées aux frontières de la démence par toute une tribu terrestre incapable de s'évacuer du danger de ses propres idées.Un très bon film sur l'indispensable reconquête de son soi, même sans toile de fond récupératrice.
  • LAUREL ET HARDY CONSCRITS (1939)
    Une perception nouvelle envahit un contexte dur et contraignant, le burlesque par l’intermédiaire de Stan Laurel et Oliver Hardy, entamé par un chagrin d’amour, s’attaque à la guérison des blessures d’Eros en titillant discipline et procédures. La légion est un met de choix pour mettre en pratique une approche personnelle du relationnel militaire hiérarchique, qui pour nos deux compères ne signifie pas grand-chose.Le bureau du commandant est envahi, on pille ses cigares en discutant du montant de sa solde, Stan et Oliver se ballade dans la caserne comme dans un supermarché, critiquent l’organisation, brûlent par maladresse l’intégralité de la lingerie, on est aux anges devant cette faune militaire bafouée jusque sur ses terres par cette double inconscience, ne répondant qu’à une perception interne et personnelle du relationnel.Rien ne les arrêtent, le camp militaire est en plein naufrage, les gags s’amoncèlent, Stan et Oliver dont la négligence naturelle du règlement est un vrai régal, s’en donnent à cœur joie, la caserne devient un parc de jeux où tout le monde court dans tous les sens afin d’enrayer au maximum cette inévitable chute de dominos, la où ils passent rien ne repousse.Le déclic de la cruelle déception amoureuse parisienne de départ permet à Oliver, grâce aux circonstances, de se rattraper sur site du dédain de la belle présente en ces lieux, la déferlante vengeresse ne s’en prend pas aux individualités, mais à l’organisation complète qui paie pour la moquerie féminine envers un gros balourd amoureux et sincère.Le respect envers le gradé est ridiculisé dans la joie et la bonne humeur, le spectateur se pâme de voir la hiérarchie militaire manipulée par deux civils déchaînés.En cette fin des années 30 (sortie du film) et de ses nombreuses diffusions dans les années 60 à la télévision française, le climat est lourd, le respect militaire est pesant, la discipline dure, Les extravagances de Stan et Oliver se payant le luxe de démissionner de l’armée amusent tous ces jeunes appelés en partance, appréhendant un service militaire de 18 mois à l’époque."Les conscrits" n’est pas un film mineur, il montre, certes par le rire, une certaine rébellion naturelle et inconsciente envers la servitude.
  • CUBE (1998)
    Incompréhensions et rivalités s’opposent à l’intérieur d’un mécanisme vide et silencieux, automatisé à l’extrême. Une expérience dramatique mais valorisante permettant à six neurones d’avoir la possibilité d’étudier dans la survie une terre inconnue, à l’image d’un créateur absent et insensible, laissant volontairement ses ressources surnager dans un complexe imprévisible.En associant, en fonction de leurs origines différentes, diverses équations et perceptions menant un laborieux parcours initiatique vers une révélation hypothétique.Un fiasco ne révélant que la face cachée violente et parano d’un groupe démoli par des expériences personnelles, incapables de rapatrier dans un lieu clos une démarche commune sereine et réfléchie.Six personnages se déchirent, en laissant lentement monter en puissance leurs côtés négatifs.A l’énoncé du nombre 17 576 certains initiés feront le rapprochement avec le nombre 26 valeur numérique du tétragramme Hébraïque dont la triple multiplication donne le résultat de l’intégralité de ce labyrinthe gigantesque.Cube, aubaine méditative toujours incertaine, ouvre à l’infini des connexions apaisantes ou terrorisantes, tourmentant en alternance plusieurs cobayes rapidement rattraper par leurs travers, plutôt que par une analyse lucide.Le créateur semble offrir dans la douleur l’étude de son intérieur à quelques parachutés, s’avérant rapidement indignes, suite à l’apparition et à l’entretien constant d’une bestialité, constante de la contemplation finale d’une lumière blanche dont le dernier survivant s’imprègnera sans la comprendre.
  • LUCIE AUBRAC (1996)
    Faut-il une guerre pour voir un paroxysme s’exprimer ? Le pire, c’est quand tout va bien. Les cœurs s’éteignent dans la routine du quotidien où il ne se passe plus rien, les passions, depuis longtemps consommées, ne sont plus qu’un lointain souvenir.N’est-il pas salutaire d’être soudainement fragilisé, d’avoir peur de tout perdre, de combattre afin de conserver le bien le plus cher au monde.Lucie, projetée en pleine guerre, lutte sur deux fronts, La résistance et la sauvegarde de son couple.La résistance, ce sont des amis sûrs, déterminés à chasser l’arrogance de l’occupant piétinant un patrimoine, ces hommes luttent afin de récupérer leurs libertés de citoyens, en encadrant à la perfection Lucie, femme aimante et aimée de Raymond son mari, arrêté puis anéanti physiquement par la question.L’imagination déployée par Lucie et son groupe afin de récupérer Raymond est d'une détermination presque surnaturelle.A travers la résistance, un macrocosme responsable se déploie sur un terrain dessinant en parallèle un microcosme nommé amour et amitié, envers un homme dans la peine, que l’on désire absolument sauver, tout en exécutant un engagement de base.Le respect de l'homme et de la mission.C’est le cœur qui parle à travers un groupe soudé devant l’épreuve de l’occupation qu’il faut combattre tout en vivant une vie sentimentale, Lucie se bat et aime. Deux ingrédients indispensables montrant que l’on existe.Claude Berri réalise un film sobre, exemplaire, la minutieuse reconstitution historique est un respect offert à l’histoire de ces hommes et de ces femmes investis, afin qu’un pays dans la tourmente retrouve une identité perdue.
  • LE DINER DE CONS (1997)
    Quelques empreintes sans surprises, puis prometteuses, entre un nanti immature et taquin, subitement mis en orbite autour d'un prince de la boulette, n'étant que l'inverse de ses bonnes intentions. Brochant bourgeois sélectif, isolé et pédant se retrouve involontairement administré par les procédures incertaines d'un parachuté, satisfait de sa composition joviale et limitée, inhalant faussement la perception d'une valeur de la part d'un arrogant, ne pensant qu'a se divertir aux dépens d'un esprit jugé inférieur.Ciblé, puis dédaigneusement toisé par un manipulateur, un esprit satisfait de ses icones et de ses jeux de mots populaires, se révolte en se servant de sa sensibilité comme arme de guerre.Un recadrage poignant de la part d'une charpente simple et sensitive, heureuse d'offrir à tout son entourage un optimisme naturel envers un possédant solitaire dont les principaux traits de caractères ne sont plus qu'une austérité sécurisante, à l'image de ses toiles et de ses bibelots.
  • DARK CITY (1998)
    La pensée unique tout en étant en résonance infinie avec elle-même ne peut en aucun cas accéder à ses différentes divergences pour la simple raison que ce que l’un pense constitue la pensée de tous les autres. Un simple hochement de tête collectif suffit à valider une appréciation que chacun entérine d’une seule voix.Une vérité universelle constituée d’un seul module individuel, semblable à un vol d’étourneau ou tout semble ne fonctionner que sous les ordres d’une même partition, dont chaque élément s’avère être la pièce maitresse.Tout en étant le ciment d’un seul organe, la monophonie n’ouvre aucune autre porte que la sienne.Pour évoluer et surtout survivre de nombreux visages ternes venus d'ailleurs n’ont plus qu’une seule solution, découvrir la polyvalence collective à travers une multitude de situations qu’il suffit dans un premier temps de concevoir virtuellement avant de les injecter sur des cobayes sous surveillance constante.Un peu comme si un ordinateur testait tous ses programmes sensitifs sur un environnement hétéroclite essuyant perpétuellement les plâtres d’un univers modulable.Mille milliards de comportements émotionnels que l’on génère chaque nuit dans un contexte différent afin d’étudier la manière dont on les ressent tout s’en imprégnant.On ne sait plus qui l’on est car ce que l’on était la veille ne correspond plus à ce que l’on est aujourd’hui.Surprendre et désorienter en permanence toute la substance d’une cité sans soleil entre les mains d’étranges visiteurs dont la continuité ne dépend plus que de la conquête de tout ce qui peut être dans ses diversités les plus profondes.
  • RIDICULE (1995)
    C'est le bel esprit qui ouvre les portes. "Je viens de prouver l'existence de Dieu. Je peux tout aussi bien prouver le contraire quand il plaira à sa Majesté".A Versailles, à l'aube de la Révolution Française, il faut régner par le verbe, protégé par une lignée véritable ou inventée.Intercepter et monter en surface spontanément suite à l'impact d'une attaque ou d'une allusion, l'assistance nécessaire et spontanée d'un bon mot protecteur permettant d'assurer davantage la continuité toujours précaire de courtisans ripailleurs et non croyants, en espérant que leurs prouesses parviennent aux oreilles d'un roi uniquement charmé par l'aménagement de la réplique.Tout n'est qu'un cannibalisme verbal de salons, loin des souffrances d'un peuple ignoré par une tablée de prédateurs déconfits à l'idée de disparaitre de l'environnement d'un monarque.En délégation, afin de sauver les siens intoxiqués par la fièvre des marais, le baron Grégoire Ponceludon de Malavoy s'apercevra qu'il est bien préférable de relever les manches sur ses terres plutot que de quémander de l'assistance à de fragiles figurines instables et poudrées, ne pensant qu'a prolonger leurs survies dans des joutes quasi quotidiennes, que des évènements sanglants se profilant lentement à l'horizon, se chargeront de disperser.
  • MA FEMME EST UNE SORCIÈRE (1942)
    La vengeance est un plat qui se mange froid. Pour cela il faut attendre parfois plusieurs centaines d’années pour l’assouvir. Un père et sa fille propulsés au vingtième siècle voient peu à peu s’étioler leurs déterminations vengeresses de départ.L’époque est agréable, le vin est bon. Le père se grise d’alcool, la fille n’est pas insensible au charme du maître de maison. Devant de telles impressions, la vengeance se trouve reléguée au rang d’une vilaine colère.L’échec de la mission sera complet, suite à l’élaboration d’un philtre d’amour que Jonathan Woolley, personnage dont le couple père, fille désire se venger, doit absorber afin de subir toutes les contraintes de l’amour.Manque de chance, par méprise la belle sorcière le consomme et devient amoureuse de l’homme à abattre, descendant de son persécuteur.Tout finira par un mariage sublimé et une descendance maintenant actifs les dons de la belle-maman.Œuvre pleine charmante, naïve et spontanée "Ma femme est une sorcière" se situe dans la période américaine de René Clair cinéaste parachuté, paradoxalement performant dans un cinéma joyeux, maillon important d’un genre plébiscité par un public friand de comédies américaines.Véronika Lake, la mèche dans l’œil, est une sorcière virevoltante, un petit bout de femme bondissant, de pièce en pièce, en troublant profondément le conformisme obscur d’un politicien sur le point de faire un mariage sans éclat.Un climat sympathique, réduisant en poussière les tristes moments précédant l’entrée en guerre du grand Sam.Ce film sera le détonateur de la célèbre série "Ma sorcière bien aimée" adorée de tous, malgré sa naïveté, rien que pour l’ambiance.Couple chaleureux, belle maison, bon boulot, jolie femme au foyer, bel enfant, belle mère envahissante.Que des stéréotypes, que nous le voulions ou non, sont toutes nos espérances, hormis la belle-mère.
  • TITANIC (1997)
    "Titanic" révéla à la génération montante de la fin des années quatre-vingt dix ce que "Germinal" avait déjà fait quelques temps auparavant. Le microcosme révélateur du fonctionnement de nos sociétés.Une différence de classes impitoyable, atténuée par quelques parcelles de naturel, de spontanéité et d'opportunisme, fusionnant inconditionnellement avec le besoin d'exister en côtoyant de véritables perceptions.Ceci sur un site laboratoire luxueux ou spartiate, en fonction de ses origines.Sédentaire et cloisonné, destiné aux indifférences, aux lâchetés ou aux morceaux de bravoures, s'approchant lentement d'une traversée où le riche est à l'étage et le pauvre en sous-sol.Sur un site touché à mort, les vérités individuelles de chacun se rassemblent, pour ne constituer qu'une vérité absolue.Un opus initiatique bouleversant, sur une tragédie permettant à des esprits, de conclure leurs apparitions sur terre, par des comportements appropriés à leurs ressentis.
  • MONSIEUR JOE (1949)
    Joe, gorille recueilli en Afrique, à la naissance, par une adorable petite fille, sait se montrer reconnaissant et protecteur envers sa bienfaitrice. Le monstre rugit toujours aussi fort, mais ne tue plus. Certes, il ne faut pas trop le titiller sous peine de tutoyer les nuages, mais le provocateur retombe toujours sur ses pattes, grâce à un management efficace opéré sur un primate aux ordres.Cette adorable petite perle rare, sans prétention, dénonçant les méfaits et les profits de l'homme urbain, dévalisant un continent de sa faune animalière, afin de monter des spectacles, permet de découvrir à condition d’être vigilant sur un générique défilant à son rythme, le nom de l’homme qui a vu quatre vingt dix neuf fois King Kong, Ray Harryhausen mentionné comme premier technicien.Le futur concepteur des effets spéciaux de Jason et les Argonautes fait ses classes sur cette œuvrette pleine de charme, possédant une morale digne d’un bar tabac.Les trucages de plus en plus élaborés permettent d’investir davantage un esprit dans une crédibilité que la technologie de la fin des années quarante hisse lentement vers une perfection encore lointaine.Malgré ces lacunes, le traitement est énergique, captivant. Les apparitions du grand singe sont impressionnantes et de conceptions plus que correctes.Peu importe les quelques défauts de cet opus, une scène magnifique éradique d’un seul jet toutes les imperfections d’un travail, qu’un imaginatif tolérant et soutenu maintient sur les hauteurs.La belle protégée jouant du piano, portée à bout de bras par son doudou africain, est à couper le souffle. La scène finale de l'incendie colorisée en rouge est également à ne pas rater.
  • THE BOY FRIEND (1971)
    Voici l'icône d'un métier, Twiggy. Une morphologie à l'image d'un cure-dents, indispensable à conquérir si l'on rêve de devenir top model et que son corps ravagé par le Nutella n'a plus de forme humaine."The Boyfriend", comédie loufoque et décalée, entretient le fantasme de la blonde en minijupe, bas blancs, dynamique, un peu naïve et ultra mince. Ce film est plein de charme, les chorégraphies à peine adultes. Le délirant monde féminin se découvre avec plaisir dans des situations où nos jeunes et belles dulcinées, aux sourires éclatants, sont belles à ravir.Après tout tant mieux, aucune prise de tête dans ces numéros charmants, désuets, offerts par un metteur en scène faisant une agréable pause-café dans l'humour et la fantaisie.La fraîcheur du contenu supprime des comportements aigris, toujours embusqués suite à nos vies où les belles Twiggys ne sont présentes que dans nos esprits.En ce début des années soixante-dix, "The Boyfriend", joyeux repère historique insouciant et débonnaire, égrène un chatoyant catalogue de gaité avant la morosité du premier choc pétrolier.
  • LA MÉGÈRE APPRIVOISÉE (1967)
    Ton seigneur est ton maître, il te protège, tu lui doit soumission et amour. "Pour en arriver à cette conclusion, le challenge a de l’envergure, il s’agit de faire d’un chat sauvage, un gentil chaton.Pettrucio ratissé peut se remplumer en gagnant un pari insensé, parvenir à séduire Katarina, fille aînée célibataire, désolant père et soeur cadette, terrorisés par cette tempête permanente, désertée par les prétendants.L’affaire n’est pas simple, Katarina est une furie écumante, violente, sauvage, rasant les salons, réduisant au rang de cure-dent, chandeliers, chevalets, tables et chaises dans des colères homériques, martyrisant tentures, portes et fenêtres.La lutte est acharnée, tous les coups sont permis. La bataille fait rage, la proie soumise à une chasse intensive comprime les assauts puis se pâme discrètement, sous les flatteries et les acrobaties d’un combattant motivé.Abasourdie par la ténacité d’un galant aussi endurant, l’ignoble mégère s’épuise lentement en défensive. Les vingt mille couronnes en jeu font de Pettrucio un conquérant inépuisable.La belle grisée par ces paroles inespérées baisse la garde, s’émeut devant tant de combativité et de détermination, envers un profil aussi peu engageant.Commence alors un long chemin menant vers un nouveau monde, la transformation est fulgurante, une péronnelle se mue en femme d’intérieur, découvrant la fonction du plumeau en s’intégrant à un processus ménager à la tenue d'une maison et aux procédures indépendantes d’un seigneur et maître.Certains verront dans "La mégère apprivoisée" les disputes du couple Taylor/ Burton transposées à Padoue dans des décors grandioses offrant à ses deux tornades une querelle perpétuelle dans la féerie d’une époque.Le contenu est drôle, chatoyant, sympathiquement épicurien, Shakespeare à l’avantage de ne laisser personne en l’absence de paroles. La tigresse conquise par le discours amoureux s’abandonne à une féminité découverte.Pettrucio revenant de chasse saoul, mal fagoté, acclamé par une foule en liesse, le jour de son mariage est un moment divin à déguster presque en boucle.Un nouveau sourire embellit une soumise convertie, consciente qu’il est préférable de s’accoutumer à la servitude plutôt qu’a une solitude briseuse de mobiliers, inadaptée à ce temps uniquement offert à la tenue d’une demeure et d’une progéniture que seule la femme peut assumer par son intégration.
  • LES FRUITS SAUVAGES (1953)
    Quelle aubaine de revoir cette pépite oubliée montrant le road movie campagnard d'une petite tribu adolescente fuyant la misère, le taudis et le père aviné en permanence pour se ressourcer au contact d'une nature à image fixe fidèle à elle même, depuis la nuit des temps. Une agréable parenthèse rurale, permettant à des jeunes sans repères de découvrir à l'air pur, liberté et sensualité, en attendant la venue des hommes et de leurs pénalités.Un très bel opus rageur et sensible sur l'éveil d'un "moi" impossible à révéler en milieu urbain.
  • LES AMITIÉS PARTICULIÈRES (1964)
    L’amour s’exprime par des rimes, couchées sur papier blanc, des regards lumineux activent des mains s’entrelaçant dans des lieux secrets, des cheveux se caressent sous des notes de pianos, soudainement en allégresse. Les sangs ne font plus qu’un, une étreinte suprême entre deux corps est stoppée, juste avant de basculer dans l’interdit. Georges et Alexandre s’aiment au delà de ce que le commun des mortels est capable d’assimiler. Dieu semble cautionner cette passion, en prenant l’apparence d’un agneau dans les bras d’un visage presque féminin, offrant à un regard foudroyé, un coup de foudre instantané, une vision presque divine.Dans cette amitié particulière, Dieu est amour, l’approche passionnelle est verbale, les visages sont contorsionnés de bonheur, une improbable sanction du ciel est validée par un silence approbateur, l’amour est la luminosité des astres, peu importe quels sont ses habits corporels, les âmes amoureuses sont uniformes.Les hommes d’église par contre s’activent à détruire l’architecture d’un processus naturel, le mal s’instaure dans les cœurs, les procédures protectrices d’un amour deviennent hypocrites et anonymes, le persécuteur devient un offensé trahi par le contre poison d’un acharnement à détruire ce qui ne peut l’être.Approche remarquable, quoique de datée, "Les amitiés particulières" offre la plus belle des perceptions à deux jeunes esprits d’un même sexe, un amour fusionnel, couronné par le rituel et le verbe amoureux.Le terme adéquat d’une telle relation est inadapté à des sens ne fonctionnant que par un ressenti amoureux brutal, conduisant vers l’éternité d’un sentiment."Les amitiés particulières" est un film remarquable, un cristallin audacieux au dessus d’une intolérance humaine" étouffée par l’accord d’un mutisme divin.
  • TWIN PEAKS (1991)
    Un périple bien éprouvant que ces images d'un monde parallèle pesant dont les principales directives sont les comportements à la dérive de possédés bien entamés. Une site laboratoire, désolé, hallucinatoire et déjanté habitacle de toute une faune sous l'emprise d'un climat commun en vrille, rouge vif traversé dans les pires conditions par des esprits détraqués et paranos, à la conquêtes de sensations interdites.Le délire brutal et permanent d'un groupe local sans but, surfant entre festivités et déprimes récupéré par un mysticisme pervers sur un site aux mains d'un concept démoniaque.Un opus poisseux, prenant, lancinant et douloureux sur nos besoins cachés, qu'une moralité vacillante tente d'éloigner avec de plus en plus de difficulté de nos vies aseptisées.Une oeuvre prémonitoire sur l'effondrement de nos morales catapultées vers le néant par la démence du ressenti.
  • REQUIEM POUR UN CHAMPION (1962)
    Malgré un prologue mettant en appétit, ce film s'avère décevant, ennuyeux et sans saveur. Anthony Quinn semble avoir oublié de gommer son masque de Quasimodo, dans une démarche lourde et indécise, rappelant parfois le Toro Moréno de "Plus dure sera la chute".Une vraie galère pour des pointures telles que Mickey Rooney et Jackie Cleason, parachutés dans une sphère thématique rapatriant toujours les mêmes constats sur un sport montré comme déstructuré et malhonnête, abandonnant ses ressources à elles-mêmes dès qu'elles ne sont plus rentables.Un film inutile, ne brassant qu'inconsistances et mièvreries.
  • L'ETRANGÈRE (1940)
    Bette Davis n’est jamais aussi performante que lorsque le récit lui oppose un rapport de forces avec un représentant de son propre sexe. C’est le cas ici où jalousie, aigreur, joie de vivre et dynamisme joutent par l’intermédiaire de regards aigres-doux, entre une femme délaissée et une gouvernante dont le rayonnement fait l’unanimité de la maisonnée.Ce drame de mœurs, taillé sur mesure pour une grande artiste bien que vieillot, réhabilite une merveilleuse atmosphère d’antan. Une manière d’interpréter oubliée, basée sur un regard froid ou apeuré, assimilant une information.Un esthétisme calibré, ordonnant dans un ballet d’images d’époque bien pensantes, des enfants éduqués dans un foisonnement de comportements quotidiens, presque protocolaires.Demandes d’explications, angoisses d’adolescentes, prières du soir, éducation monotone, révérences et réconfort ecclésiastique se succèdent, pendant qu’un couple se déchirent.La tension dramatique de ces images, qu’il faut impérativement recadrer dans un contexte de traitement cinématographique périmé, accentuées par une partition musicale appropriée au climat, respecte au cordeau les demandes d’un public désirant ressentir un état sans le subir.Le spectateur, suspendu aux technologies de son temps, s’adapte toujours aux produits de son environnement.Ces images, prêtant nos générations montantes à sourire, ont données des couleurs à des milliers de visages maintenant éteints, grisés par le pouvoir des sensations et des mots, habillant de sensibilités ce mélo symbole d'un produit plébiscité par des esprits en manque d'émotions.Une chaleureuse envie de se connecter quelques instants sur une autre manière de ressentir, par l’apport de visages calmes ou convulsionnés par la vérité de ce qu’il ressentent, loin de la fureur et du bruit des productions modernes.
  • LE DERNIER RIVAGE (1959)
    "There is still time... Brother (Il est encore temps... mon frère)"Un ouvrage exceptionnel d'une lenteur longiligne noire et intense, sur un effondrement planétaire agglutinant sur une dernière terre en sursis les derniers sursauts émotionnels d'une population condamnée à disparaitre. Cinq mois pour entretenir nos principaux concepts humains, consistant à ressentir tout en espérant sans trop y croire un miracle épargnant le dernier site d'une planète attaquée soudainement par un nuage atomique sans origine.Une peau de chagrin constituant tous les constats bien souvent négatifs élaborés dans les pleurs, la cigarette et l'alcool.Des existences ratées ou en devenir stoppées net par une technologie se retournant violemment contre son créateur.Du rire et des larmes, de l'espoir et de l'effondrement dans un compte à rebours impitoyable, châtiant sans discernement le bon comme le mauvais.Un chef d'œuvre injustement oublié. A voir absolument malgré son parcours somnolent.
  • LE ROI ET MOI (1956)
    Le recadrage laborieux, étape par étape, d'un monarque autoritaire et impétueux se prenant pour le centre du monde, vers la perception de ses semblables, par une adorable institutrice douce et tolérante, transformant petit à petit une pierre brute en esprit. Un savoureux itinéraire exotique musical et chatoyant, enrobé d'un parfum obsolète consistant à insérer habilement paroles et musiques, dans une histoire sentimentalo-initiatrice.L'acceptation d'un autre monde, dans des joutes de moins en moins virulentes, menant un souverain intransigeant vers le respect et l'estime de l'autre.La découverte d'une différente manière de penser.Une bataille âpre, mêlée de victoires et de capitulations, annihilant lentement la cuirasse d'une conscience ancestrale, ayant enfin quelques parcelles de considérations envers ses contemporains, n'étant plus manager comme des rampants.