Critique(s)/Commentaire(s) de L.Ventriloque

Voir ses 50 films notés

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  • NOVEMBERKIND (2008)
    Note : 14/20
    Cycle universitaire 2008 nantais du cinéma allemand. Une entrée en douceur dans le microcosme d'Inga, ses grands-parents étriqués mais aimants, son amie bain chaud/bain froid et autres excès, leurs habitudes bientôt bouleversées... Arrive cet escogriffe d'écrivain avec sa nouvelle (bizarre qu'Inga lui ouvre son home sans se poser de questions). L'écheveau se dévide avec économie (un peu longuet...), dans une atmosphère fantomatique où la musique alerte lors des passages décisifs : mère et fille se confondraient facilement au début, il faut bien différencier les tons chauds du flash-back et les pastels de la réalité. Des plans très reposants du Lac de Constance en bleu lavande, les fonds d'images sont souvent imprégnés de sépia, raffinées, tout comme la bande-son. Il est donc question d'un réfugié russe, il arbore une expression butée forçant à une protection qui est aussi de la légitime défense !... S'ajoute une petite tête à ménager (Inga bébé). Fuite dans un coffre de voiture conduite par un autre homme... Tout cela peut faire un bon livre... Des histoires identitaires de ce genre, nul doute qu'il y en a eu entre RDA et RFA avant que ce sacré Mur ne tombe ! Dommage que l'écrivain-enseignant au visage émacié demeure une gueule coincée, rien de rien du séducteur, rien à faire, je n'ai pas su m'attacher à ce personnage beaucoup trop sévère pour un rôle de cette ampleur (et ne dois pas être la seule). Saisissant contraste d'Inga et son regard limpide, compréhensible qu'elle fuie, son teint de pêche, ironiquement conservé par l'eau froide, espère beaucoup en la vie. Beaucoup de santé à braver les éléments, LA pulsion à foncer vers sa vérité : on croirait une Hanna Schygulla en prime jeunesse !
  • JE SUIS HEUREUX QUE MA MÈRE SOIT VIVANTE (2009)
    Note : 19/20
    La "patte" appartiendrait davantage à Nathan Miller qu'à son père. Voilà qui promet du bonheur ! Inspiré d'un fait divers, la gent féminine n'en reviendra pas que ce soit deux hommes qui fouillent ainsi dans la conscience maternelle de base, bien vu le tiraillement de ces mères dépassées par la vie et qui oublient les retours de manivelle... C'est envoyé par petites cuillerées, flash-backs et présent tout sur la même note, miraculeusement fluide comme du petit lait, facile à chacun de se faire une opinion sans fatigue. Evidemment, juste après les petits frères qui attendrissent, le jeune homme Vincent Rottiers captive (c'était lui avec Eric Caravaca dans "Le Passager", lui encore avec Vanessa Paradis dans "Mon ange", une frimousse et un jeu concentré rappelant parfois le jeune Belge Morgan Marinne, ils pourraient être frères de cinoche). On se souvient des douleurs muettes de l'enfance et on comprend la crise de nerfs qui couve dans cette tête de "papa des petits frères"... Beaucoup d'images se chevauchent avec des reflets dans les vitres, le jeune gamberge, on le suit médusé, chaque plan apportant une nouvelle surprise. Une bien belle histoire, un revers de l'adoption, qu'on croirait facilement surmontable à tous les âges alors que chaque enfant venu d'ailleurs mouline aussi ce qui lui convient dans sa petite caboche : on en sort plein d'envie de dialoguer avec les petits.
  • A PROPOS D'ELLY (2009)
    Note : 19/20
    . Un titre français qui ne paie pas de mine... Que de mystère dans cette fente de boîte aux lettres débouchant sur l'allégresse d'un trajet vers la mer ! Chaque étape commence par "des clés"... Point commun de cette joyeuse bande courant vers la détente, ils ont tous plus ou moins étudié le droit. La jeune Elly semble la seule à double jeu, souriante mais un peu absente car nouvelle dans un groupe déjà constitué, on murmure dans son dos, très agréable !... Beauté et sensualité émanent de ces femmes... Sensibilité, force, aplomb même, à peine plus de machisme que dans notre Hexagone... Et puis voilà que les hommes,les enfants, vont se révéler tout aussi surprenants parce que bientôt "branle-bas de combat" ! Côté technique, du grand art, coupures impromptues d'une rare élégance, de l'anecdotique mais qui pulse ! On se retrouve dans les glouglous maritimes un bon moment, il s'en faudrait de peu que les vagues ne déferlent dans la salle ! Le spectateur est le premier avisé de bien des secrets, sauf que ça n'arrête plus de rebondir... Zéro plan fixe improductif ici, au contraire, une caméra qui crée le suspense (cette proue du bateau de retour des recherches, on a affaire à la même théâtralité de mise en scène aux moments décisifs que dans "Bashu le petit étranger", film iranien de 1986 de Bahram Beizei classé à tort "pour enfants"...)... "A propos d'Elly" a choisi la middle class iranienne (tendance aisée, intellectuellement évoluée). Regard d'un cinéaste qui vient à pas de loup vous plonger dans la tragédie. Du grand art !
  • GOOD BYE LENIN ! (2003)
    Note : 15/20
    Vu le dvd en mai 2011. Le titre déjà montre les espoirs de la jeunesse des pays de l'Est. L'intention est excellente mais sans doute faut-il être concerné de près pour embarquer et rester du voyage. J'ai fini par m'ennuyer avec le personnage de la mère (la censure longtemps pratiquée se devine bien dans ce symbole maternel figurant la RDA, mais quel dommage d'avoir maintenu l'artifice au-delà de l'aveu de la jeune fille !). Car après l'admiration pour le fiston (cette ultime scène de la mère qui regarde son fils continuant à la préserver), les dialogues et interversions agrémentent à vide en jonglant avec la période d'avant et d'après la Chute du Mur. Pour le profane il manque les extraits historiques qui feraient faire la part des choses, encore plus en regard de l'actualité depuis la Réunification des deux Allemagnes !
  • KATALIN VARGA (2009)
    Note : 19/20
    Une musique pareille est d'ordinaire réservée à la plongée dans les abysses ou dans les forêts peuplées de vampires : on est saisi mais le quotidien s'intercale avec son côté rassurant, une femme se retrouve dans une charrette avec son fiston vers une destination annoncée comme périlleuse. Elle emporte son téléphone portable... Bien regarder mère et fils de dos derrière le cheval, le fichu bleu effiloché qui tremblote... La caméra tressaute au rythme de la carriole, mais peut aussi se reculer très loin de l'action pour ressurgir en contrebas là où on ne l'attendait pas du tout... Ainsi, on déménage en douce du noir complet vers une ouverture ensoleillée, un fouillis abstrait se change en herbe au fil de l'eau. Curieux angles sur les visages où ombre et lumière sont présentes en même temps à égalité pour déguster un bon fromage de brebis... Soudain, frottements se changeant en clarines pour terminer en chansons qu'on croirait fredonnées par des elfes ou autres farfadets. Le fantastique amalgamé au quotidien... Nombreux tableaux à flanc de colline avec brouillard blanc, le réalisateur-scénariste (un citadin anglais), entretient l'étrangeté sans jamais perdre son fil narratif (les phares de cette voiture occupée à traquer). Fréquentes coupures, rythme alerte, on attend le branle-bas comme dans un western... Des moments de cinéma où on voyage loin de son siège, en plus d'être gâté ! Le fond aussi est riche, avec ce rappel de "la petite voix" intérieure de chacun dans les pires moments, l'attention à accorder à ces pressentiments, surtout quand les jambes ne portent plus... Une puissante évocation de l'escalade des vengeances entretenues par le collectif !
  • CHARLY (2007)
    Note : 16/20
    Sans doute faut-il avoir soi-même trempé dans pareille torpeur à l'âge de 14 ans ou un peu après ? Et être sensible, depuis, à cet état chez autrui dès lors qu'il est plutôt du genre cool (surtout quand on constate les suicides de gosses murés de la sorte) ? Pourquoi ce no man's land préado, cette régression soudaine ? Hormonal ? Simple peur de se lancer ? Carence affective remontant du passé ? Grosse flemme ?... J'ai personnellement ressenti une forte émotion à suivre ce "mollusque" de Nicolas dans son errance jusqu'à sa curieuse libératrice. Et - le comble ! - je trouve que les défauts techniques contribuent au charme de ce film de famille (exquise maladresse d'une réalisatrice pressée, on pourrait croire qu'elle laisse aussi les fautes parler). Certes, une vraie tête à claques, ce Nicolas avec ses grolles traînantes, une ambivalence dans le contact (mais cherche beaucoup l'adulte à sa manière de se tourner vers l'automobiliste en stop), son "je-sé-pas" horripilant à souhait, il est en pleine mue et va être servi : d'avoir mis en parallèle la maniaquerie ménagère m'a semblé une idée de génie (actrice remarquable dans sa fausse dureté) ! Idem pour l'atmosphère, ces deux vieux dans leur univers étroit, le mystère familial des père et mère, on peut en supposer des trucs !... Rien de sordide au bout du compte, Isild Le Besco sait mettre un brin de sentimentalité aux passages les plus rudes. Des espaces poétiques assez réguliers : chants d'oiseaux, éléments marins, marée montante après le moment le plus cru, la vie palpite, et tout ce qui renvoie à la matrice originelle dans ce qu'elle a de rassurant inonde l'écran. Prestation technique d'une apprentie-cinéaste, avec un étonnant recul psychique pour une trentenaire filmant son propre frère, une bien jolie histoire : j'ai affiché un demi-sourire permanent pendant tout le film. Et noté de dénicher son premier long-métrage "Demi-Tarif" !
  • LE FAISAN D'OR (2001)
    Note : 16/20
    En noir et blanc et son mono (faute de moyens), cette Montgolfière 2002 au Festival des Trois Continents a été projetée une nouvelle fois à Nantes ce samedi 29 novembre 2008 (en parallèle avec le dernier Marat Sarulu de 2008 intitulé "Chant des Mers du Sud"... Premières prises de vue, des gosses gobant avec délice des perles de rosée sur... je crois bien de l'aubépine ! Lâchés dans la nature, ils jouent et se mesurent, le plus grand commence à avoir des fantasmes, et on craint déjà pour le plus petit (nous autres occidentaux dirions vite "mais où sont donc les parents ?"). A part les coins encore boisés où oiseaux et poissons batifolent, le paysage a beau être La Route de la Soie, il y a de quoi se morfondre... Tous les espoirs sont donc dans le train que ces rêveurs espèrent stopper en posant quelques cailloux sur les rails (vite réduits en poudre !). Certes teigneux entre eux, vite émerveillés aussi, des poussins attendant un déclic quelconque... Mais voici, tout à trac, que la caméra bifurque vers les voyageurs de ce Transsibérien se faisant attendre : scènes de tracasseries du monde adulte, projections sur les enfants qui grandissent, hargnes de couples aussi, enfin à peu près tout ce qu'on ne formule qu'en cas de sérieuse attaque de nerfs... Peu habituel de voir l'intimité masculine déballée ainsi (les dames les plus retenues dans la salle ont souvent pouffé !)... Pire encore, une bande de gros malins s'acharne soudain sur le plus attachant de tous, un calme dessinateur... Ejecté du tortillard en pleine vitesse, il a peut-être perdu une chaussure mais les gosses échoués sur le bord du rail lui doivent une fière chandelle ! A déguster comme une curiosité, en pardonnant la fragilité du support (rudimentaire, donc fatigue à prévoir) rien que pour la liberté en germe du cinéaste, qui s'est bien affirmée depuis.
  • LE SYNDROME DU TITANIC (2009)
    Note : 13/20
    Oui seulement 13, n'en déplaise aux lyncheurs du Net... Parce que les belles images sur un commentaire alarmiste, allon sallons... Encore un film écolo à gros budget, il aurait subi quelques coupes afin de préserver les french lobbies d'après Le Canard Enchaîné : évacuation des dégâts causés par les grands actionnaires français. Non écrit dans le texte et hors commentaire de l'ambassadeur (qui ne fait pas ce qu'il veut dans sa cage dorée...). Des moyens contraires à la philosophie déployée, bien sûr, on peut écouter le prêcheur et lui trouver du mérite, voilà pourquoi je mets une note moyenne, en hommage à cette prise de conscience recherchée. Car les beaux plans sur les visages, la laideur magnifiée grâce au talent du cadreur et aux effets panoramiques tranchent curieusement avec ce qu'on entend, un genre de messe chargé de rendre raisonnable tout consommateur. Implacable virtuosité de caméra et voix off pour bien emprisonner le regardant (mêmes effets gros "scoop" que Yann Artus Bertrand) vous assénant avec grande dépense énergétique que, comme vous êtes quelque part co-responsable du désastre, il vaudrait mieux vous amender d'urgence, faire votre part, citoyen inconscient des malheurs de notre chère boule bleue... Trop ampoulé tout ça, quand on sait que les plus concernés se la coulent douce. Silence sur la pétrochimie française et foin des stocks-options... La bande annonce peut suffire si on s'est tenu au courant de l'écologie depuis une trentaine d'années, mais si on veut partir en croisade environnementale, on peut trouver de l'intérêt à cette démonstration ou aussi bien reprendre, à tête reposée, le livre éponyme de Nicolas, hors litanie qui finit par bourdonner dans le crâne, il fait plus authentique. Non mais des fois... La plupart des citoyens n'ont jamais voulu ce désastre largement prévisible et pourtant tu, ou raillé, ou nié depuis plus de trente ans ! Surtout que ces pieuses incantations visent une fois de plus le pognon à ramasser par les entrées en salle suvies du dvd ! A l'aide !
  • NOS SOUVENIRS BRULÉS (2007)
    Note : 19/20
    Dans quel état serions-nous à leur place ? Ce que j'aime bien chez Susanne Bier, c'est qu'elle prend son temps pour amener les pires drames et sans trop d'images en avalanche, au contraire, une douce musique de guitare ramenée du cosmos... Pour peu que le sirop vienne parfois surcharger les dialogues, on sait qu'à la première occasion, une vacherie sera dite, rattrapée dès que possible par cette douceur qui est sa marque de fabrique, tout comme ses péchés mignons à la caméra (les gros-plans sur les yeux et rien que les yeux, parfois un seul oeil, suivi de la plongée du thé dans la tasse, ou encore l'alliance qui manque tomber du doigt, se rattrape...). Les deux acteurs principaux, effondrés par la même perte, s'apprivoisent, de manière assez inégale car elle est plus dure que lui à bien des égards. Les enfants constituent le nécessaire point d'ancrage. Mais le mort aussi ressuscite à plusieurs reprises qui sont autant de régressions... Audrey, a détesté ce Jerry, grand ami de son mari, il s'intercalait trop comme un danger avec ses addictions... Alors, entendons-nous bien : "aider à dormir" se limite à un massage d'oreille. Dommage, il est pourtant bien craquant, par le fait d'être aussi faillible, rien que ça. De respirer l'authenticité dans chacun de ses actes (à mi-chemin entre notre Bedos national et un Brad Pitt au poil noir), étonnant de générosité quand il revient du pire... Dans son genre et une fois délivré de son mal, aussi attachant que "l'original" disparu !
  • BENDA BILILI ! (2010)
    Note : 19/20
    Un jour tu bouffes, un jour tu bouffes pas... Quand le handicap couplé à la misère donne des ailes.... Renaud Barret et Florent de La Tullaye ont eu le nez fin de s'attarder sur le "Staff Benda Bilili", Ricky, Roger, Coco & Co. Des tricycles de fortune. Devoir braver la dureté ambiante et tant pis s'il faut échouer la nuit sur des cartons : ils vous en bouchent un coin, ces réchappés de l'écrabouillement filmés à hauteur de tricycles avec leurs jeunes accompagnants, autant dire des "pages" new style... Les uns et les autres évolués dans leur tête. Une rage qui rappellerait assez les premiers bluesmen noirs américains en plus communicatif. En quelque sorte, les messagers du Congo et du peuple africain tout entier qui disent "nous continuons à vivre !". Quelquefois à flanc de train d'ailleurs, au péril de son existence (et sans doute pas pour espérer passer à la télé un jour !). Au diable les intentions de façade ("les autorités se foutent de nous") ! Place à la survie avec les moyens du bord ! Travailler sur soi... Ils ont la musique dans le sang, comme leurs ancêtres, apprennent en se trompant. S'exercer seul, ensemble, sauter les obstacles... Le studio, premier cap... Les faux-départs... Les pièges déboulent en même temps que les honneurs (fumette, alcool, hélas, planent comme un bémol)... Décollage en règle à Belfort lors des "Eurockéennes"... La récompense, une pause méritée... "Buena Vista Social" traverse aussi l'esprit. C'est ressemblant, en plus resserré. Davantage une transe installant les spectateurs dans une admiration éperdue (exception faite des esprits obtus qui y voient une illustration pour associations caritatives)... Crénom de nom ! Les yeux mouillés, un sourire de bambin vous anime, ainsi que l'envie de danser si ce n'est de créer un instrument dérivé de cette enchanteresse boîte de lait (ce serait un calvaire d'en sortir les notes épurées qu'on finit par entendre)... Assez optimiste pour qu'on sorte de là au pas de charge, prêt à en découdre. Le dvd avec ses bonus est attendu de pied ferme !
  • SOLDAT DE PAPIER (2008)
    Note : 15/20
    Pour resituer "la guerre froide", mieux vaut se souvenir que les russes ont conquis l'espace les premiers, en 1957 : le satellite Spoutnik 1 d'abord, la chienne Laïka perdue sur Spoutnik 2, la triomphale mission de Youri Gagarine le 12 avril 1961 sur Vostok 1 suivie, le 5 mai de la même année, par l'Américain Alan Shepard... Pour autant, aucune certitude que cela rende ce film plus sympathique. Car si c'est le cri d'un dissident (au demeurant palpitant à suivre et qu'on pourrait largement entendre puisque l'eau est passée sous les ponts), il s'agit d'un dialogue de sourds. Et ce, malgré le charme certain du héros. Mais voilà, on n'embarque pas... Erreur de jeunesse que d'oublier l'empathie, ce petit plus à l'intention des regardants (je pense au grand public) et qui aurait pu se trouver dans des dialogues d'une autre trempe... La facture soignée, cette mise en scène méticuleuse, les éclats de poésie ou de loufoquerie, l'ambiance tarkovskienne qui sied à ce "désert rouge" des glaces... Pour finir par s'ankyloser. Une merveille picturale, aucun doute, tous ces panoramiques d'un Baïkonour de fin du monde attestent d'un talent juste un peu trop replié sur soi... Trop de considérations rabâchées, solidarité terre-à-terre plutôt que rivalité féminine assumée, perspectives nulles déjà dans ces années-là... Quand même, des visages en gros-plan, le spectateur pouvait attendre plus de proximité d'âme ! L'angoisse de ces obligés de Khrouchtchev se dilue dans le brouillard, les volutes alcoolisées, les poses... Alors que nous devrions être touchés en plein coeur par un sujet pareil, il demeure loin de nous, faute d'identification possible. Une prochaine fois peut-être !
  • STELLA (2008)
    Note : 16/20
    Bien aimé ce regard féminin retourné sur sa préadolescence de fille de bistrotiers pas nets nets... C'est mené avec brio, peut-être quelques longueurs pour en arriver au fait et toujours le manque de clarté dans l'élocution de la jeune enfant-femme, de ses douze/treize ans à environ quinze, avec un éveil vers le partenaire plus rêvé qu'appréhendé... Magistrale présence de Benjamin Biolay, il n'a qu'à paraître et bouger le moins possible, fou le charisme naturel de ce chanteur souvent inégal, mais un véritable acteur à propulser ! L'attitude du regretté Guillaume Depardieu en dit long sur sa profonde capacité de délicatesse intérieure... J'ai trouvé les deux scènes avec le fusil inoubliables : plus faiblarde en revanche, celle avec le jet d'eau. L'émotion est souvent présente, en tous cas si on a vécu des trucs un peu analogues à cette période de sa vie...Une oeuvre qui apporte sa part de subtilité éducative sous ses airs de ne pas y toucher !
  • CRIME D'AMOUR (2010)
    Note : 14/20
    Divertissement télé honorable pour une soirée d'hiver. Le début et l'issue à eux deux suffiraient presque. Mais si on est armé de patience, tout peut se regarder car l'image est toujours de qualité, le décor se plante gaillardement, fond de jazz et carillon chinois du plus bel effet pour ponctuer les scènes. Petite faiblesse des dialogues parfois, les déclarations d'amour pleuvent dans ce milieu très bcbg. Autrement plus intéressant, le harcèlement hiérarchique, ce lent empoisonnement arrivé au stade "quitte ou double"... Le regretté Alain Corneau raffolait des duels de femmes à l'écran. Mais que Christine (Kristin Scott Thomas) bien que minaude à l'excès ici, lâche le spectateur aussi vite, c'est une faute de goût... Au profit d'un système d'horlogerie "tiré par les cheveux" (rappelant dans sa minutie la poursuite de véhicules de "La menace"), déconcertant... Pour en venir à un machiavélisme orchestré par la fragile Isabelle (Ludivine Sagnier, mais pourquoi donc laisser cette jeune actrice s'ébrouer dans un seul registre ?) : si son dernier chevalier-servant remet le doute à l'honneur lors du dernier plan, sa démarche de vamp, sourcil ahuri et moue enfantine, non seulement tapent sur les nerfs mais sont inappropriés pour une comploteuse de ce calibre !
  • GARDIEN DE BUFFLES (2004)
    Note : 16/20
    Si l'on visionne le film en 2008 sur dvd, il importe de se transporter dans cette "Indochine" de 1940 (la discrète présence française peut faire un peu folklorique en comparaison des aléas du climat...). Zone inhospitalière en diable que ce Viet-Nam du Sud recouvert d'eau une partie de l'année, alors qu'on est encore loin du réchauffement climatique amplificateur d'inondations d'un côté du globe et générateur de sécheresse de l'autre... Le jeune homme dont il est question ressemble à s'y méprendre au réalisateur, sans doute y a-t-il une bonne projection de sa part, c'est son premier film, en co-production avec l'Europe, et la censure est sévère dans son pays. Ainsi, la difficulté économique taraudait bien avant notre époque dans ce coin, les buffles étant le principal atout pour payer l'impôt surhumain, mais qu'on ne discutait en aucun cas. Le film vaut par sa photographie très soignée, ainsi que le mérite qu'il y a à filmer dans l'eau, avec une équipe technique locale imposée : il s'agit d'un mix de nouvelles sur l'adaptation aux circonstances décrites, une éternelle oscillation entre putréfaction et renaissance, comment tirer son épingle du jeu. Le regard est réaliste mais subtil, invite à prendre le temps de s'arrêter sur cette philosophie très sage, notamment l'acceptation de la mort et ses rituels de fortune, placée au même niveau que les petites joies et la bagarre de tous les jours ! Les acteurs sont beaux, il plane une part de romantisme, des comportements tout ce qu'il y a de contemporain (cette femme âgée plaquant son homme, le garçonnet naturellement proche du héros). Un voyage en clair-obscur certes humide, mais lumineux quant à la philosophie.
  • 36 VUES DU PIC SAINT-LOUP (2008)
    Note : 15/20
    Laisse un souvenir attendri, je m'en aperçois en retrouvant mes notes un mois après la projection. Dommage que ça soit si étiré, avec ce côté récitant appliqué, presque scolaire de Rivette. Sinon, irréprochable sur le plan technique comme d'habitude. Un petit cirque itinérant, un grillon qui lui court derrière, on est accroché... Les pics, la verdure où cavalent et stationnent ces aventuriers du lendemain, le traumatisme de la dame face au Milanais de passage, surtout qu'il offre du vin... Du mal, par contre, à avaler ce drame né d'un papa hostile aux attirances de sa fifille au sein du cirque (vieux c... ?), l'histoire que Jane Birkin confie à Sergio Castellitto, d'où cette culpabilité tenace, l'ornière d'office entretenue... L'intérêt se maintient grâce au tandem d'acteurs, les sketchs autour des assiettes, l'ambiance soudée d'une équipe qui en voit de sévères... En revanche, l'insolite, le laconique, c'est agréable un moment, mais si viennent se greffer, sur une base aussi mince, les grosses ficelles du théâtre, le spectateur avide d'un fracas quelconque se languit comme la chèvre au bout de sa longe dans son enclos !
  • PAULINE ET FRANÇOIS (2010)
    Note : 17/20
    Un goût de trop peu ou alors un défaut d'assaisonnement ?... Hyperactifs, cartésiens, citadins allergiques à la campagne, allez voir autre chose, ou alors déplacez-vous pour les acteurs, tous dignes d'intérêt dans cette histoire... Film de pure atmosphère, ce qui s'appelle "un joli film". Le quotidien dans nos chaumières, le déclic causé par un changement dans l'entourage. Toujours agréable, on ne peut plus juste... Les personnages dignes d'un peintre naturaliste. Tout est à fleur de peau. Des instants de grâce réguliers, et cette lumière délicate (mèches dorées de dos en clair-obscur, yeux clairs de Laura Smet fondus dans le décor, ou le petit constructeur de lego filmé en temps réel). Bande-son folk du meilleur goût aussi, avec la voix de Jean-Louis Murat ressuscitée dans le genre Manset... C'est le premier film de Renaud Fély, également deuxième assistant de Pascale Ferran dans "L'amant de Lady Chatterley" : même réédition de sous-bois où trouver paix et fortifiant. Le déroulement fait qu'on oublie où on est, les non-dits, les élans contournés, tout s'avère langage accessible... Un lent tissage qu'un choc devrait venir justifier, on l'attend comme la récompense à notre patience de spectateur qui n'en a pas perdu une miette. Mais, surprise, au lieu de la décharge électrique escomptée, une pirouette et vlan, déjà le générique !
  • FISH TANK (2008)
    Note : 17/20
    Mystère que cette jument de 16 ans bloquée dans son champ, symbole de l'absence de repère masculin dans l'enfance de Mia (la tempête Katie Jarvis crève l'écran, belle et décidée !). C'est aussi la hantise de cette adolescente de tout juste 15 ans : soit se projeter dans un avenir dare dare, soit clouée sur place pour son seizième anniversaire ! Ambivalence des adultes, perfectionnisme amical débouchant sur la solitude morale, quelques spectateurs se reverront à cet âge du désespoir faute de références fiables, plus que jamais béance paternelle ici... Alors quoi, soudain c'est le trouble, cet homme à la maison, torse nu ! Joueur, sévère et accrocheur, qui invite à danser, qui prête son camescope ! Si ce film réaliste fait penser aux Dardenne ou à Ken Loach, l'approche frontale rappellerait assez l'oeuvre russe récente "Ils mourront tous sauf moi" en plus abouti. La réalisatrice britannique Andréa Arnold décrit avec minutie le vertige saisissant hommes et femmes hors des contingences et comment ils s'en extirpent... Remarquable efficacité du langage des corps, au-dessus des mots mais sans le sordide toutefois, on a droit aux "insultes affectueuses" ! Un peu longuet comme démonstration (2 heures de projection !) pour en venir à l'ouverture pressentie. Beaucoup de tendresse sous la rudesse.
  • TONY TAKITANI (2004)
    Note : 19/20
    Enfin une analyse juste de la solitude apprise dès l'enfance et qui donne le vertige à l'idée de toute attache... Indispensable de se laisser porter par ce film (tiré d'une nouvelle écrite en 1996) sorti en France en 2004... Le style se situerait dans le "majestueux-fataliste-funèbre". Il emprunte un brin du recueillement de la cérémonie du thé nipponne, le temps s'étire en peu de mots, les lourds silences donnant envie de rire font place à une délectation aussi contagieuse que muette... Un petit tour de l'Histoire japonaise = "guerre sur guerre" dont, avant la paix actuelle, des enfants sont nés un peu perdus... L'écran peut rester d'un noir d'encre quelques secondes, la caméra se plaît à tourner en rond... Si on n'est pas conquis, il sera toujours possible de penser aux jumelles à diapositives circulaires d'antan... Le réalisateur Jun Ichikawa entrelace passé et présent, jour et nuit, exactement comme un enfant ressent notre monde, les notes de piano lancinantes s'arrêtant s'il y a un fait nouveau marquant... Vrai que c'est lent si on n'est ni mélomane, ni poète, ni enfant blessé, ni parent attentif... Images ralenties, flottantes, dans un demi-sommeil mais il va y avoir plus percutant à partir de la jeune épousée, apparition comme la mère évaporée, sauf que celle-ci aura le temps de se chausser, ses adorables petits escarpins jaunes s'agitent, à la recherche de nourriture vestimentaire. Singerie de nos villes où les fringues sont censées remplacer la matière grise ?... Les contemplatifs, les curieux raffinés, les sociologues, ainsi que les bambins dont la menotte n'a pas trouvé où s'agripper en temps opportun trouveront leur bonheur dans ce flash du Japon aisé happé par la gadgétisation états-unienne. Amer comme un vieillard ou arborant le petit sourire des nouveaux-nés, quoi qu'il arrive, Tony Takitani rebondit.
  • LEONERA (2008)
    Note : 17/20
    "Leonera" sonne comme un prénom féminin (au point qu'en sortant de la salle je restais persuadée qu'il s'agissait de l'amie et ex-compagne de cellule si précieuse) : ce mot désignerait le lieu où les prisonniers attendent leur transfert : que de tranferts justement dans cette histoire ! Talentueux couple de Pablo Trapero réalisateur argentin dirigeant son actrice-épouse (Martina Gusman) enceinte et accusée de meurtre, dont la mère (très complémentaire Elli Medeiros) détient le rôle ingrat de compatir sans étouffer. L'entourage est composé de vrais matons et de vrais incarcérés dans une vraie taule... Toutefois, sous la rudesse, perce une relative bieveillance (suivi médical respectueux, césarienne en milieu hospitalier...). Le plus terrible pour le spectateur est d'être ni dedans, ni dehors, mais un voyeur tiraillé par la cruciale question (un enfant en prison = raison de vivre de l'adulte ou "prise d'otage", sachant que le petit s'avère de plus en plus bouleversant...). Autre poids à porter : cette Julia pleure toutes les larmes de son corps mais sait aussi être violente, équivoque, a-t-elle tué ?... Côté ambiance, le réalisme quotidien du milieu carcéral aurait pu gommer certaines répétitions (ces incessantes navettes et bruits de grilles métalliques), ou alors c'est amplifié de manière à énerver, suprême habileté dans ce cas : car cela ne pèse plus rien en effet, dès que cette caméra à l'épaule cherche la sortie de l'appartement, direction le taxi, le car, la promenade à pied sur un sentier bucolique, jeune femme détendue causant à son petit dans les bras, un dernier contrôle, n'ont plus que la rivière à traverser. De quoi avoir des ailes, et quel hommage au peuple argentin qui en a tant bavé !
  • ROUGE COMME LE CIEL (2004)
    Note : 15/20
    . Découvert avant sortie officielle (au Cinéma Concorde de Nantes le 26 août 2010). Voilà une pertinente étude sur l'enfermement longtemps réservé aux jeunes aveugles italiens. Mais c'est avant tout un vibrant hommage à un ingénieur du son lui-même non voyant. J'ai admiré le formidable transfert d'énergie, mais trouvé le montage des bandes magnétiques un peu longuet... Et eu mal pour ces parents privés du jour au lendemain de la présence de leur fils mis dans la seule institution spécialisée possible : face à l'enseignant ouvert, un directeur fermé... Les personnes handicapées pourront puiser un réconfort certain dans ce long chemin vers une manière d'exister qui en vaut largement une autre. Sur l'aspect éducatif, le message est bienvenu alors que tout porte à durcir le ton à notre époque. L'aventure est menée de manière classique, avec des intervenants très typés car c'est plus pour enfants que pour adultes. Drôle d'idée pourtant de distribuer pareil message en version française alors que la langue italienne est si musicale !
  • BERLIN - ECKE SCHÖNHAUSER (1957)
    Note : 16/20
    Présenté à Nantes sous le titre allemand "Berlin Ecke Schönhauser", cycle de décembre 2008. L'atmosphère rappelle "La Fureur de Vivre", même transgression, universalité de la jeunesse des fifties et sixties. Mais ici, contexte particulier, le pays est écartelé entre bloc de l'est ressenti comme bureaucratie lugubre et espoir du monde libre deviné dans la culture filtrant de l'ouest... En 1957, tentant en RDA de rêver sur la RFA ! Le jazz, la mode vestimentaire, la langue anglaise si musicale, des signes évidents d'une vie riante. Bien penser que la construction du Mur aura lieu en une nuit d'août 1961 seulement... Film en noir et blanc, qui a viré au gris. Perce quand même, outre des images instructives, notamment du bouillonnement industriel avec ses risques, une grande fraîcheur de ton. Camaraderie, tentative de raisonnement d'un flic modéré, l'adolescence est la période exaltée par excellence... Des jeunes gens incroyablement insolents (peu réprimandés en proportion par les adultes), qui ne savent pas dire merci mais arrachent un papier des mains, cela sans qu'on les reprenne... Rancunes intergénérationnelles résultant d'une enfance sur fond de guerre, idéaux tués dans l'oeuf... Il s'avère, hélas, que déjà à cette époque, le passage à l'ouest ouvrait (sauf exception) sur la désillusion... L'unique jeune fille du lot, bouille ronde, petite queue de cheval, suit le groupe masculin en minaudant, vite retranchée dans la grossesse et l'espoir de cocon. Son petit ami revient de l'autre côté comme résigné, très embarrassé de lui-même, le film tait son avenir et on le comprend !
  • PROFILS PAYSANS : LA VIE MODERNE (2008)
    Note : 18/20
    La désertion des zones rurales est un fait dans notre beau pays, encore plus en territoire accidenté comme les Cévennes : prendre la suite de la ferme parentale devient un sacerdoce et s'imposer quand on vient d'ailleurs, quel cran ! Raymond Depardon, occitan d'origine, invite à l'accompagner dans sa "croisée des chemins". Comme à bord d'une quelconque charrette n'en croisant aucune autre, partons voir où en est "son coin"... Il avait en germe, dans son désir d'évasion adolescent, cette capacité de savoir immortaliser un moment, aurait certainement dépéri recroquevillé sur son lopin... Chemins vicinaux menant à des demeures silencieuses, quelle que soit la saison, à chaque arrêt, suspense... Le narrateur (Raymond Depardon excelle dans le commentaire et les interventions, rien de trop... Les paysans très près de leur nature aiment avoir la paix, cette caméra leur rend hommage tout en les dérangeant. Ont parfois un fort accent et l'air de vivre sans la civilisation ou presque... Ce qui surprend est leur vocabulaire français précis, et cette lucidité, en aucun cas de lourds péquenots ! On assiste à des silences têtus débouchant sur des aveux lâchés avec rage... Quelques minutes encore pour briser la glace (chien sur la chaise, café-petits gâteaux pris aux aurores, tête émue qui se retourne, yeux rougis du vétéran détrôné...). Chaque vache ou cheval qui part laisse un vide que moutons et chèvres peinent à combler ... Reste l'énergie de ces femmes, à qui il faudrait bien davantage pour renoncer tout à fait ! Une virée cévenole pour la postérité dont on sort ébloui tant les images sont soignées mais, n'empêche, désolé, fataliste vu l'habitant au kilomètre carré... Monsanto qui fait peur d'un côté, marché du bio en hausse de l'autre, il est encore permis de compter sur un compromis vivable !
  • NUE PROPRIÉTÉ (2006)
    Note : 18/20
    L'inscription "à nos limites", sorte d'épitaphe à droite de l'écran au début du film, laisse perplexe. D'abord la mère dont les paroles jurent avec les actes, en compagnie de ses jumeaux, demeurés en barboteuse sur le plan affectif. Ensuite, le père fugace, reconstruit ailleurs, fileur de biftons à défaut de pouvoir s'impliquer davantage. Crispants tous autant qu'ils en sont ! Vient le jules de maman qui fait un semblant de morale aux deux grands puis se trouve déplacé : dès lors, le regard devient tiraillé... Et ça n'arrêtera pas. On s'engouffre dans le huis-clos, aidé par les acteurs mais aussi par cette mise en scène façon documentaire, et des dialogues qui sonnent juste. Car ce drame, pressenti comme tel grâce à la bande-son, "parle" au spectateur passé par des crises inter-générationnelles, la maison n'est qu'un prétexte.. Admirables techniquement, cette musique et cette caméra tout ensemble, qui invitent tout d'un coup à quitter la bâtisse dont on s'aperçoit que les dépendances n'en finissent pas !
  • LE CHANT DE LA FIDELE CHUNHYANG (2000)
    Note : 14/20
    Cela a beau être une merveille picturale, je continue à nourrir une allergie à l'arrière-plan litanique, en droit fil du "pansori" (tradition orale musicale coréenne), sorte de théâtre chanté, dans le genre monocorde de vieilles voix, interminable... L'action se situe en pleine féodalité coréenne, on va passer d'un régime jugé modéré à la tyrannie dans ce qu'elle recèle de plus cynique. Il faut donc affectionner les fables, la tradition populaire, les rituels collectifs, pour vraiment adhérer. Mais on peut aussi se contenter de la beauté des plans (architectes, historiens, décorateurs...). Possible qu'une fois les beaux paysages visités, l'intrigue nouée, le couple identifié, on s'attarde encore sur les étoffes, la délicatesse du déplacement d'objets, toujours à grands renforts de commentaires récités sur le même mode... Ultime recours sur le dvd : accélérer, en privilégiant l'avancée de l'intrigue, cette dernière héroïque, bien plus gratifiante que notre Roméo et Juliette occidental... Un titre difficile à retenir, la scène autour de la balançoire résumant à elle seule la difficulté de braver les usages reste gravée, commode pour resituer le film.
  • GOLDEN DOOR (2006)
    Note : 16/20
    A voir en v.o. anglo-italienne pour ajouter à l'impression de voyage, notamment pour les claustrophobes... Car ceux qui s'attendent aux grands horizons maritimes habituels risquent d'être déçus. Sauf s'ils ont aimé "Respiro", puisqu'ils retrouveront le côté âpre du cinéaste italien, sa sauvagerie, cette façon de suggérer le sentiment et de ne jamais s'y perdre. D'abord une escalade symbolique, assez longue et pieds nus, de pauvres hères indécis, la distribution toujours aussi rude de hardes, quelques salamalecs suggérant la misère locale... Enfin, le périple collectif, les premiers contrôles, une voie d'eau, un bateau quitte une terre, mais aucun plan d'ensemble... C'est amené avec une infinie lenteur, toujours cette caméra en permanence tournée vers l'intérieur des situations, comme soulignant l'absence de perspectives tant que toutes les épreuves ne sont pas surmontées, elles seront nombreuses, dont une tempête inattendue ! Fort heureusement, il y a aussi (outre des mirages de récoltes grand format et de trempette lactée) cette intrigante rousse Anglaise jouée par Charlotte Gainsbourg, et toutes les réactions des passagers à son égard, agrément indispensable à cette traversée repliée sur elle-même. Ce film a le mérite de livrer les coulisses d'un voyage de l'Ancien Monde vers le Nouveau, comment, alors qu'on ne s'aime pas sur commande, il faut bien s'apprivoiser vers le but commun. Et imaginer, notamment pour les femmes, des astuces permettant d'espérer rester une fois débarquées... Le spectateur peut au moins apprécier son confort de n'être pas contraint à l'exil.. Les tests interminables infligés à ces émigrants frôlent le tragi-comique. Mais on constate que les plus vaillants en apparence restent de tout temps et n'importe ou, d'office favorisés.
  • BELLE TOUJOURS (2006)
    Note : 19/20
    Ah, le vieux Husson, avec son ricanement de moraliste et la vieille Esther, élégante rangée des amours tarifées ! Manoel de Oliveira sert un condensé de ses meilleurs moments. Un bijou qui s'imbrique naturellement à la suite de "Belle de Jour" (alors que très casse-gueule comme procédé). Je m'attendais à plus pompeux, à beaucoup moins décapant. Certainement pas à autant de subtilité dans tous les domaines, dialogues, son, cadrages, lumière, impressionnant silence de la dégustation, jusqu'à cette pénombre avec la boîte rouge du grand enfant, ce sifflet dévastateur... Je n'aurais jamais deviné non plus où allait déboucher l'humour corrosif de l'ensemble... Merci au volatile lourd de symbole de remettre l'amour courtois à l'honneur en offrant ses quelques pas de promeneur... Une histoire contée par un homme au soir de sa vie : au mieux de sa forme ! On peut même avancer qu'il est "tout sauf amer"
  • AIME TON PÈRE (2002)
    Note : 18/20
    Vu en dvd en juillet 2007 et agréablement surprise ! En effet, cabotinage absent, tiens donc, au contraire, admirablement joué par Depardieu père et fils, avec Sylvie Testud en travers de leur délire, dans cette Suisse qu'on croit toujours aseptisée... C'est le père du réalisateur qui est visé dans le propos. Et pourtant on jurerait que ces deux rivaux à l'écran rejouent leur propre parcours ! Tout du long, une oppression due à la façon de filmer, avec ce fond musical très atténué, calqué sur des bruits de véhicules, plus des échanges verbaux comme si on y était. D'accord, le spectateur est assez voyeur, ça chauffe en gros plan sous notre nez, mais après tout, c'est très bien mené et si l'identification le temps du film opère, apporte une nuance à sa propre vie, ça vaut un médicament. Idem pour cette audace d'avouer qu'on n'est pas tous nés pour éduquer ses enfants (plus ou moins doués ou autre passion qui tenaille !) et pas plus qu'on les aime d'office et tout le temps parce qu'ils sont issus de nous : évidemment, au prix de comptes à régler plus tard. Le film met le paquet pour offrir une piste dont on peut s'inspirer, sachant que mille autres resteraient à explorer afin de parvenir à s'arranger de sa propre condition d'adulte.
  • MES PLUS BELLES ANNEES (2008)
    Note : 15/20
    Bien qu'il risque de passer inaperçu, voilà un excellent divertissement familial en cette fin d'année 2008, encore qu'il porte sa part de tragique, amplifiée par un indicible secret entre l'un des jumeaux et la virago rousse qui met le feu aux poudres... On peut redouter que ça reste un peu conventionnel (sacro-sainte famille avec ses éternelles tares, non merci !)... Disons qu'il y a des temps forts et des temps un peu plus niais, Ezer étant pour moi le personnage-clé, par sa réserve, on sent qu'il va incarner une fracture : bien des émotions masculines autour des femmes, toutes laissées en arrière-plan, à l'exception de Neta la pulpeuse... Le sursaut paternel par nécessité autant que par amour (face à la débâcle maternelle) est la minute la plus intense, souffrance ramenant à l'essentiel, penser à "sa pomme" et, partant, redonner vie autour de soi. Des "tubes" musicaux à foison (un peu trop), je me souviens de "Will you" (de Hazel O'Connor, cet inoubliable saxo) ou "Forever Young" d'Alphaville... Eparpillée dans tous les sens, cette saga peut plaire à toutes les communautés alliant modernité et traditions. Le réalisateur fait partager sa nostalgie. Il en profite pour revisiter la fibre paternelle et dénoncer les travers de la guerre. Dialogue, dialogue même houleux, car le temps, lui, n'attend pas !
  • JERICHOW (2008)
    Note : 18/20
    Vue sur un cimetière et un grand coup de sang entre frangins pour commencer ! Mais comme la cible a une tellement bonne gueule, et qu'il lâcha l'Afghanistan pour des raisons d'honneur, on le trouve d'office fiable, avec quelque chose de Paul Newman, en peut-être encore mieux même, oeil bleu de lynx, profil racé, une belle façon de marcher, d'entourer de ses bras... Halte-là, voici la gazelle fétiche du cinéaste, ici flanquée d'un compagnon inqualifiable, tour à tour odieux ou grand copain, une débrouillardise parfois culottée, quel est le secret de ce couple si mal assorti ? ... Exactement comme dans "Yella", le train passe et repasse, il y a encore un pont, une rivière. Et la mer aussi avec une falaise Ô combien friable ! Aperçu des boulots de maintenant outre-Rhin, l'immigration, tout y passe mine de rien, la pire suspicion, la peur, une grâce infinie aussi... Interprétable de mille façons, c'est vraiment un morceau de roi que ce nouveau film de l'Allemand Christian Petzold, réalisateur qui devrait faire beaucoup plus de bruit !
  • DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE (2009)
    Note : 18/20
    Adaptation de l'oeuvre d'un écrivain qui ne s'est pas offusqué, semble-t-il, des fantaisies rajoutées à son histoire, au contraire. La grande droiture de l'acteur principal et cette manière classique, eastwoodienne, de présenter les événements font qu'on embarque sans trop de crainte. C'est pourtant une curieuse plongée dans un marigot où quantité d'aspects de notre monde en perdition défilent, l'air de ne pas y toucher. Très astucieuse boisson traficotée et non moins palpitant général fantôme, sans oublier l'ouragan de 2005 dont quelques-uns tirèrent profit. Ce qui m'a le plus accroché, en dehors de la somptuosité picturale et sonore, et en plus des solidarités humaines aussi (le couple et l'enfant), est bien le refus on ne peut plus net de la corruption ultralibérale actuelle, c'est devenu tellement rare que ça fait un bien fou de le voir affiché aussi clairement à l'intérieur d'une fiction !
  • VIEILLIR HOMME (2004)
    Note : 19/20
    Dvd visionné en avril 2011. Beaucoup plus emballant que "Vieillir Femme" de la même réalisatrice (qui taisait complètement la libido sexuelle et/ou les petites gênes de l'âge en repoussant la mort, cette traîtresse). C'est un plaisir de découvrir l'état d'esprit de ces trois hommes : André, 86 ans, le plus attirant dans sa manière de s'exprimer (mal aux jambes, me casse la gueule au jardin) les révélations sur son lien avec sa compagne. Ensuite, Camille, 83 ans, en direct d'un roman de Proust, peintre sans trembler, accompagné d'une dame lui aussi et qui, tellement en acceptation de son sort, se dit "émerveillé chaque fois qu'il y arrive"... Plus terre-à-terre est Bertrand le bûcheron, 75 ans en paraissant dix de moins. Trois indépendants qui tâchent de se maintenir corps et âme. Revenus de l'hyperactivité par prudence. Trois exemples seulement, certes il en faudrait d'autres pour dresser des statistiques... Déjà bien, à l'heure du jeunisme, de l'activisme, du retour puissance mille du sexisme, que ce documentaire mette en scène le grand âge masculin. On a l'impression de découvrir l'homme dans ce qu'il a de plus noble et qui le rapproche de la femme.
  • L'AQUARIUM (2008)
    Note : 14/20
    Vu en v.o. au festival des Trois Continents nantais 2008 (serait passé sur Arte quelques jours plus tard ?). "L'Aquarium" est un jardin avec quelques poissons dans l'eau au centre : on les voit nager au ralenti dans une atmosphère musicale invitant à se laisser flotter, belle apesanteur qui promet (la bande-son ravit les oreilles d'emblée si bien qu'on décroche tout de suite du monde concret)... Quelques images du Caire la nuit, un grand malade avec des tuyaux dans le nez... Une voix féminine suave recueille à la radio les confidences masculines, entre autres celles d'un anesthésiste aux allures mécaniques, très intrigué par les secrets qu'on confie "entre deux eaux" : deux trajectoires pouvant conduire à un télescopage des plus fracassants. Mais hélas ce sera pour une autre fois, de belles images très travaillées se succèdent, un va-et-vient entre les univers respectifs, entrecoupés de plongées dans "L'Aquarium", et cette mise en parallèle avec un élevage de poules blanches en batterie. Le Caire est donc une ville grouillante de gens qui se frottent les uns aux autres en restant murés. On revient à soi quand la demoiselle danse sur une déferlante de rap égyptien (beau moment du film) : séduisant, et cela vous sort de la torpeur fatale, et ce malgré l'excellence du fil narratif. C'est pourtant fouillé, intelligent, des répliques qui accrochent, mais hélas l'ensemble reste desservi par une mise en scène beaucoup trop statique pour retenir l'attention du spectateur moyen. Comme c'est le genre de film-culte à promouvoir dans les milieux avertis, les professionnels de la technique du cinéma devraient raffoler en revanche !
  • LES AMOURS IMAGINAIRES (2010)
    Note : 17/20
    On fume vraiment beaucoup dans ce film. Le premier et le dernier ralentis, très appuyés, ont leur raison d'être, les autres beaucoup moins... Idem pour le tube "Bang bang" en v.o. italienne, il eût été préférable de placer une autre romance plutôt que d'en remettre une couche... Toutefois, c'est plaisant à suivre, on ne s'ennuie pas dès lors que le côté "plus fort que soi" dans un contexte quelque peu vertigineux est entériné. C'est une histoire à l'intention des amoureux de l'amour, ces partenaires prêts pour le duel sans merci. Pour qui s'est sorti de ce genre d'impasse dans l'un et l'autre sens, un sourire béat pendant toute la séance : joie de revisiter la niaiserie de la victime et la prétention des cibles en se disant à part soi : "c'qu'on est-y bête !". Xavier Dolan situe bien l'aveu verbal, cette imprudence sans laquelle la parade durerait sans péril pour bifurquer en douce ensuite vers une autre proie... Un regard sans concession, très personnel, qui devrait faire hausser les épaules des durs, des costauds.
  • CHANTS DES MERS DU SUD (2008)
    Note : 18/20
    Déjà primé en 2002 à Nantes au Festival des Trois Continents pour "Le Faisan d'Or" (un somptueux noir et blanc aux uppercuts tant verbaux que physiques), voici Marat Sarulu version 2008 : un cinéaste sorti de ses gonds ! Toujours autant de finesse à filmer en couleurs, par séquences entrecroisées très subtiles (jamais de longs plans fixes...), il sait comment captiver : familles qui se rentrent dedans (toutes les choses taboues sont carrément dites) et, sans trop tarder, cette fuite de l'égaré de service, hélas, que n'est-il né cheval !... Quelques informations sur des images animées de très bon goût aussi pour étayer le propos. Jusqu'à ce court morceau d'histoire qui provoque une rupture de rythme, un ton nettement plus grave. Ainsi, la difficulté de cohabitation est bien inscrite dans les gènes humains, avec mention spéciale de partages familiaux dans cette région tourmentée, aux populations écartelées par le régime en 1916... Mais retour à la verve entre les échauffourées (chants et danses, les acteurs ont dû s'aider de quelques boissons pour avoir autant de conviction à communiquer aux spectateurs !).Ce cinéaste reste fidèle à lui-même en plaçant d'un côté "le troupeau" et de l'autre, l'être à part, trait d'union pourtant... Ce film qui exprime l'indicible fait l'effet d'une drogue sans les inconvénients ! Il mériterait dans un proche avenir une diffusion grand public !
  • SAMARIA (2003)
    Note : 17/20
    Mieux aimé au plan philosophique que "Printemps, Automne, Hiver, Printemps". Pourtant, autant de cruauté, mais envoyée de manière plus universelle (sans cette impression d'ancestral ou même de féodal asiatique qui ajoute de la pénibilité). Il s'agit d'un microcosme coréen contemporain. Deux enfants-femmes tellement elles font jeunettes, la prostitution décidée par des lycéennes (aucun souteneur ici) à partir de rencontres organisées sur le Net pour s'offrir un voyage. Un adulte, le père de l'une d'elles, veuf (important aussi). J'ai trouvé capital qu'il soit flic (le réalisateur déclare dans le bonus que c'est accessoire pour lui), car ses attitudes jettent un trouble bien spécifique : on baigne dans l'esthétisme, toujours dans la demi-mesure... En fait, jamais sûrs de quoi que ce soit, les spectateurs étant promenés entre tous les tiraillements moraux possibles, chaque bilan de situation toujours interprétable. Devrait peser aux trop rationalistes qui jugeront que cet excès-là ne peut exister grâce à la police justement. Pour tempérer le brin de machiavélisme que le réalisateur laisse planer, le bonus du dvd gagne à être visionné, Kim Ki-duk est un pragmatique, observateur de son époque, ferme hors de tout sadisme, beaucoup plus humain que la face sombre de ses oeuvres... On le voit assis face à l'une de ses petites actrices en larmes, trop pétrie du personnage qu'elle joue, il lui explique que la destinée les a amenés à tourner ensemble, que c'est un rôle inspiré de la réalité, que si elle est triste, alors il est triste aussi... Voilà qui met du baume !
  • LES REVES DANSANTS SUR LES PAS DE PINA BAUSCH (2010)
    Note : 19/20
    Merci au Cinéma Concorde de Nantes de m'avoir fait découvrir le 26 août 2010 cette pépite... Pina Bausch, voix presque mâle, beau visage altier, toge blanche en scène, souvent en noir à la ville... Foudroyée en 5 jours à l'hôpital à l'annonce d'un cancer généralisé : quand on le sait, ce documentaire (déjà intense par lui-même) vous l'attache pour le cadeau qu'elle laisse au monde. Quelle somme de travail ! Quelle passion dévorante aussi ! Pina semblerait avoir retenu de son passage ici-bas, l'alternance d'attraction-répulsion avec son semblable, vite apprise dans le bistro parental où elle vivait petite, dans l'observation des autres, que l'alcool rend toujours plus expressifs... Mais même sans raffoler de la "Tanz-Theater" sa spécialité, ces grands levers de bras, le visage de Pieta qui fait souhaiter que le mime Marceau débarque avec un gag, on peut apprécier la compagnie de ces êtres encore neufs dans une révélation à eux-mêmes. La bande-annonce reflète parfaitement l'esprit ludique, les trois chorégraphes à l'unisson... Aucune longueur. On fredonne, on sourit face à ces garçons et filles si nature, illustration des premiers émois (voire réellement ressentis ?). Heureux d'être là sans préparation particulière, dans l'émulation (le fait d'ignorer qui sera choisi pour figurer au premier plan les motive)... De brèves confidences, des images plaquées sur des rengaines sentimentales des années trente, quelques envolées... Une fraîcheur permanente, tous s'avérant dignes du flambeau qui leur est transmis... Quant à Pina Bausch, elle surveille attentive, amusée, souvent radieuse... Sans doute la meilleure image d'elle pour le grand public.
  • UNE SÉPARATION (2011)
    Note : 17/20
    Contrairement à l'intensité du précédent "A propos d'Elly", pas de choc qui saisit mais des conflits "par le petit bout de la lorgnette" si jamais on oublie qu'il s'agit d'une vision de l'Iran contemporain. Asghar Farhadi met en scène deux femmes au visage de madone dans leur débrouille personnelle (voile étendu à la fillette !), sauf que les maris ne restent pas les machos de départ. Chacun biaise à sa manière, le regard de la jeunesse en dit long... La censure est toujours habilement contournée, modernité de surface, l'uniforme avec le sac à dos... Un alzheimer crée certes la zizanie, un médiateur affable joue son rôle, mais pour peu qu'on jure sur le Coran, patatras (et pourtant nous avons nous aussi occidentaux nos blocages collectifs idiots à bien des égards). Filmé de manière alerte et des plus habiles malgré une impression de piétinement, il y a des gros plans sur les moments cruciaux et des moments de castagne ne débordant jamais sur la foire d'empoigne gratuite. Manquerait juste un flash-back sur l'escalier... Garder les lunettes de l'ado Termeh (Sarina Farhadi) comme boussole en pensant aux 60 % de jeunes iraniens peut également avoir son intérêt.
  • LE RUBAN BLANC (2009)
    Note : 18/20
    Une neige éclatante saupoudrée sur le pays, le même blanc que le ruban satiné dont on affuble les enfants pour les préserver du malin, mains liées au lit (interdit de se gratter !), tissu enlevé, remis selon les règles édictées par le pater noster... Film noirissime, mais facile d'y entrer grâce au noir et blanc qui étincelle, ainsi qu'à la voix-off du sympathique instituteur. Glaçant comme "Fanny et Alexandre" de Bergman, nettement plus vivant dans son déroulement. Ces villageois traversent des moments de grâce, on chante et on danse, et pourtant la faim et l'humiliation tenaillent. Aucune scène insupportable cependant, la dureté intervient par saccades dans les occupations quotidiennes. Le pompon revient au notable censé être numéro un dans toute société par sa mission hautement morale, à lui seul il cumulerait presque toutes les tares humaines malgré une chute de cheval qui sonne comme un avertissement... Mais il y a du baume aussi dans ce film : le blondinet demandant s'il mourra un jour, ou qui offre à son père un oiseau de rechange dans une cage. Ce même petit surprend une fausse séance de perçage d'oreilles... "Faites ce que je dis, pas ce que je fais"... Rien de mieux pour révolter à l'âge adulte, voire commettre à son tour quelques actions revanchardes. Extrapoler sur le nazisme à partir de ces rigidités éducatives est une piste mais ce serait réduire le film qui mérite une portée infiniment plus vaste !
  • UNE FAMILLE CHINOISE (2007)
    Note : 18/20
    Wang Xiaoshuai entend par "famille" un microcosme recomposé face à la leucémie d'une fillette. Quatre adultes soudain interpellés par la maladie gravissime. Titre chinois laconique "Droite, gauche", titre anglais "In love we trust", sans doute le plus approprié... "Une famille chinoise" en français, dommage que ce titre rétrécisse la portée de l'oeuvre (Chine ressentie par les occidentaux de 2008 comme impitoyable, archi-polluée, avec ce contrôle des naissances à partir des années quatre-vingt : aux dernières nouvelles, la diminution des filles compromettant l'avenir du pays, le rejeton unique par foyer resterait certes "encouragé" en milieu urbain, mais il serait permis d'avoir deux enfants si on vit à la campagne, et deux en ville également si le premier est une fille ou que le père et la mère sont enfants uniques). L'histoire s'annonce assez casse-cou d'emblée, Ô que la situation est délicate... Ce serait compter sans le talent de ce réalisateur, aidé par des dialogues tirés au cordeau et un art consommé du fil narratif, faussement nonchalant... Figure aussi un mélange d'ancien et de nouveau côté décor qui fait réfléchir (barres citadines d'un Pékin en perpétuel chantier, plaques de verre sur dentelles des tables, et puis ces draps rouges !). L'impression d'une caméra parlante par moments : appuyée sur un visage avec une rare intensité, ou bien annonçant l'essentiel en une seconde, jamais de plans fixes où on baîlle : quant aux personnages, ils en voient de toutes les couleurs, toujours en gardant une noblesse globale impressionnante !
  • POUR ELLE (2008)
    Note : 16/20
    Travail très soigné. Remarquable pour un premier film ! On sait grâce à une mise en scène raffinée, à rebondissements, que le noeud coulant est mis sur la belle prisonnière. Le petit bonhomme a les yeux maternels... Quant à l'ours de mari qui donne une sorte de confiance, cette dernière doit tout à la personnalité de Vincent Lindon, ici il atteint au mutisme pataud de Bacri... Donc, après quelques secondes où on serait tenté de croire à un ensemble cousu de fil blanc, surprise, rien n'est joué... Seconds rôles (les parents de Julien) très crédibles, et tacitement respectueux de ses secrets. Dialogues intelligents, ça grince juste ce qu'il faut. Musique qui colle bien aux étapes... A un moment, ça pulse, la précipitation est très bien rendue sans qu'on soit soûlé !!! Ne pas craindre non plus les scènes de violences, rendues largement supportables (encore plus en regard de l'actualité réelle) grace à une manière de filmer qui ménage le coeur. Car le fond est très sentimental sous la rudesse. En même temps un excellent thriller. Toute la famille peut aimer, disons à partir de douze ans.
  • JUNO (2007)
    Note : 14/20
    La jeune actrice est craquante naturellement, commode pour faire passer un message sur lequel je reste partagée. Sous des allures faussement détachées, on est à deux doigts du plaidoyer contre l'avortement, le mauvais goût est évité de justesse. Somme toute, un sujet à moitié traité, mais un discours 100 % bien pensant ! Je mets 14/20 parce que c'est bien démontré, que ça cadre avec une réalité d'aujourd'hui en territoire privilégié : pourquoi refuserait-on une grossesse au profit de l'IVG tandis que tant de couples échouent à concevoir un petit ?... A seize ans, encore toute neuve et sous abri grâce à son père et sa seconde femme qui assurent, Juno peut, à défaut de la pilule du lendemain (même pas mentionnée !) opter pour un acte héroïque, tant qu'à faire dans la bonne humeur, et qui vivra verra... Attention aux réparties de la demoiselle, ce n'est pas elle qui parle ainsi mais les scénariste et dialoguiste qui glissent leurs propres convictions dans sa trop jeune bouche d'ado encore biberonnante... Avoir à cet âge-là un bébé qui bouge à l'intérieur de soi et en faire don à un couple d'inconnus, pour rien, me semble peu probable, même si on peut dire à l'enfant "tu comprends, ta mère était si jeune"... Car la mère adoptive est ici quelconque, limite crispante (un peu ogresse avec son mal de maternité) et son musicien de compagnon tellement plus sympa, de plus en plus gêné dans son sauve-qui-peut, il pourrait très bien se mettre avec la petite... Reste que l'ambiance est plaisante, techniquement bien fichue, la jeune actrice cartonne à coup sûr dans sa détermination, son côté petite sainte des temps modernes oblige force l'adhésion... Pour oublier les zones d'ombre, j'aurais aimé un "plus", par exemple un générateur d'émotion dans le couple des adoptants, ou une ado au vécu différent. Mieux, une femme ayant déjà eu l'expérience de la maternité. Car pour moi, l'impression de se faire faire un enfant par une enfant prévaut : trop facile, et la porte ouverte à toutes les récupérations possibles, comme des agences pour aider cette new generation de mères méritantes... Or, on est déjà trop nombreux pour l'environnement dégradé de cette planète, tous les paramètres l'indiquent... Donc, plutôt que d'encourager à procréer, mieux vaudrait faciliter l'adoption dans le pays où on se trouve, toujours honteusement récupérée financièrement et qui force les couples en mal d'enfant à crapahuter loin de chez eux, parfois pour des clous (voir "Holy Lola" de Bertrand Tavernier) !
  • I FEEL GOOD ! (2007)
    Note : 18/20
    Les coeurs les plus durs devraient se laisser emporter par ce groupe inédit de "jeunes vieillards" transfigurés par la musique. Il faut voir cette ancêtre barbichue entonner "Should I go or should I stay" du haut de ses 93 ans ! Cela donne des idées pour ses propres dernières années, en soufflant une possible reconversion pour les musiciens talentueux à qui prendrait l'envie de "coacher" des anciens voulant s'investir ailleurs que dans des clubs sportifs où ils s'esquintent mécaniquement (remarquable entraîneur de 53 ans ainsi que les musiciens d'accompagnement, tous de très haut niveau). La qualité va crescendo, il faut parfois souffrir aux répétitions en plus des pépins de santé intercalés comme une fatalité, et toujours le "show must go on"... Si les interprètes se fourvoient de temps à autre, quelques-uns ont le feeling naturellement, c'est toute leur âme de vieux bourlingueurs qui se lâche, ça se lit sur la tête du public en pleine jubilation lors du concert final ! Tonique, bourré d'humour, émouvant (la scène avec les prisonniers et leurs matons). Ce n'est jamais compassé pour autant. Ce film s'adresse à nous tous, d'urgence et sans restriction ! Vivement le dvd !
  • YOUNG ADAM (2002)
    Note : 17/20
    Toujours agréable en 2009, grâce au dvd, de se laisser dériver sur, dans et aux abords de cette péniche appartenant à une dame à l'expression rude dans son genre, elle devient pourtant l'attraction irrésistible (sur fond de noyade d'une autre femme "en pettycoat")... Se superpose le flash-back d'une liaison qui s'avéra houleuse... Ewan Mc Gregor incarne ce "Jeune Adam", le specimen des "oiseaux de passage" dans les trajectoires féminines, il ne s'embarrasse jamais, aujourd'hui ici et demain le sac sur l'épaule, bye-bye. Mais coupable ou pas coupable pour ce fait divers ? Voilà une scabreuse histoire écrite par un écossais des plus tourmentés disparu aujourd'hui (Alexander Trocchi)... Les dernières scènes atteignent une intensité dramatique qui fait s'agiter sur son siège... En parallèle, on vit une belle balade dans la campagne britannique, avec cette succession de plans toujours impeccablement amenés, dans un déluge d'ombre et de lumière parfaitement accordé au sexe, une fois admise que l'inconfort physique fait partie des fantasmes des personnages). Côté bande-son, elle distille juste ce qu'il faut pour qu'on s'attache à l'escalade qui fait froid dans le dos quand on y repense. Un thriller de grande valeur datant de 2002, fort méconnu : on peut le trouver lent à l'allumage, court côté action.. Ah, cet emballement collectif à se restreindre à une attitude afin de punir dare-dare le premier tombant sous la main ! Dans les années cinquante, la peine de mort sévissait encore largement en Europe ! .
  • COPACABANA (2010)
    Note : 18/20
    Avouer à sa mère qu'elle nous fout la honte, on le pense parfois... De là à le dire en face... Les mères faussement fofolles, juste un peu créatives, trop libres face à des jeunes raisonnables, seront stimulées... Ce film, sur fond musical brésilien prometteur, avec de la couleur là où on crève de froid, est fait pour celles qui sortent d'un blocage comparable ou qui sont pieds joints dedans (Isabelle Huppert jouant ici avec sa vraie fille dans la vie). L'allumage tarde un peu... On déplace et replace un canapé chez la copine... Et puis ce prétendant va-t-il vraiment convaincre avec sa noce guindée ?... Ostende, son port, son Casino... Bigre, le marché immobilier prend une belle claque au passage ! On rit ! C'est d'une omniprésente vitalité, avec des vagues d'émotion qui n'empêche pas le mouvement ! Une comédie estivale piquante, profonde, inclassable. Le spectateur devient funambule, où va cette bourlingueuse Babou dont on ignore de quoi elle vivait avant ?... Marc Fitoussi, en braquant l'attention sur son double-portrait, instille l'essentiel des dérives actuelles (travail, marginalité) sans oublier "le grand jeu" !
  • QUATRE MINUTES (2006)
    Note : 17/20
    Les mélomanes, les musiciens studieux, respectueux des traditions, mais aptes à déjanter à leurs heures, devraient apprécier ces deux harpies que sont Monica Bleitbreu (la vieille prof) et Hannah Hertzsprung (la jeune enragée). Milieu carcéral tel quel, avec les cruautés, tant du côté des détenues que des matons, on croit survoler un camp de concentration. La livraison du piano semble miraculeuse, avec sa part de transgression. Dans la mesure où on accepte quelques libertés envers Schumann, Schubert, Beethoven, l'histoire se tient, bien menée sur le plan technique, avec des images qui parlent autant que les dialogues, des à-coups suivis d'accalmies (un peu comme Sophie Scholl, ça pulse !). Il est nécessaire que ça cogne, saigne, les plaies sont ensuite pansées afin que ces dames fassent connaissance par biais. Des moments peut-être un peu délayés pour expliquer le passé, flash back d'un côté, papa de l'autre, déséquilibré. C'est rattrapé par un humour très subtil, en particulier concernant la vieille prof, moins racornie qu'il n'y paraît. Quant à la jeune élève, elle en a bavé, quel crime a-t-elle commis au juste ? Dès que la musique atteint ses oreilles, de boxeuse suicidaire, elle devient immensément radieuse, assénant un vrai coup de poing au clavier... Espérons que les prisons s'ouvrent à des pratiques aussi défoulantes envers les détenus possédant le feu sacré !
  • PATER (2011)
    Note : 19/20
    Rassurants planchers qui craquent autour des dégustations de truffes, adorable félin ignorant du Cac40, cravates douces comme la peau d'Inès... Avec un faux cérémonial de gentlemen loin d'être dans la dèche, des hommes rien que des hommes sabrent nos enjeux électoraux actuels sur le mode candide : on dirait qu'on aurait un président et son premier ministre soucieux de limiter les hauts salaires... La base du discours qui s'autorise ensuite à balayer large. Un peu de patience s'impose quant à la forme du film, des petites scènes indépendantes très soignées réclamant indulgence pour quelques digressions qu'on comprendra moins bien. Qu'importe, à force de découvrir sur écran les audaces qu'on gardait tapies au fond de soi tant notre prochain est devenu frileux, le tandem Cavalier Lindon (ce dernier avec tous ses tics intacts !) inciterait les foules à s'enhardir. Non que les deux compères gomment les travers que tout haut pouvoir ramène à la surface ni le vieillissement ravageur tant redouté des politiques... Leur point fort est d'appuyer sur la fraternité humaine de tous temps à l'origine des réveils de masses. Ouste le "no alternative" actuel bouchant l'horizon et effaçant l'histoire. Et pas plus "vous me réciterez trois pater et deux ave"... De l'audace pour les prochaines présidentielles !
  • TOUS MES PÈRES (2010)
    Note : 16/20
    Découvert lors du cycle allemand Univerciné de Nantes novembre 2010. Dans les petites bourgades de l'ex-RDA allemande, les années 80 signifiaient encore pressions familiales, peur panique du qu'en dira-t-on, un peu comme en France dans les années 50/60 (silence sur la contraception ou l'avortement dans ce documentaire). On arrangeait en catimini la grossesse extra-conjugale, les grands-parents au secours de la jeune femme féconde, tout sauf l'opprobre... Bien avoir cela en tête pour découvrir Jan Raiber, 30 ans (et père d'un tout jeune enfant à son tour), faute de quoi sa résilience ferait banale recette de télé-réalité tant elle en rappelle les façons. Histoire d'illustrer son récit, l'acteur-réalisateur toujours bien attaché, monte et descend un pic surplombant son village. Les freins de l'entourage sont entendus mais vite changés en "cause toujours"... Outre que ce secret familial peut servir à rompre des silences lancinants dans les foyers, c'est le dialogue mère-fils qui est ici remarquable : foin du "je suis ta mère, j'ai fait comme j'ai pu et n'ai pas de comptes à te rendre" ! Le rejeton preneur de son et son copain à la caméra renversent la table, emportant l'adhésion du jeune qui sommeille en soi. La conscience du parent gamberge pour cause d'esquive de test ADN. Tandis que la pension alimentaire continue de planer, débarque "la surprise" annoncée par téléphone et aussitôt mise en pratique. On passe à deux doigts d'une crise cardiaque.
  • YUKI ET NINA (2009)
    Note : 16/20
    Les enfants de divorcés ou séparés quand ils étaient petits garderaient tous au coeur une plaie difficile à refermer mais, Ô consolation, ce choc leur ferait cadeau d'une maturité affective au-dessus de la moyenne toute leur vie. En découvrant "Yuki et Nina" se dire qu'on va, comme le petit poucet, se perdre au fin fond de la forêt et sans le moindre caillou blanc. Voilà qui change de ce qu'on a l'habitude de voir en matière de séparations parentales. Métissage entre un français et une japonaise, amour puis désamour malgré cette petite Yuki refusant d'aller au Japon (Webcam et ticket d'avion indiquent le milieu, favorisé, ouf !)... Dommage que les deux fillettes soient difficiles à suivre dans leur verbiage. Toutes deux filles de ménages fracassés, avec père en retrait. Le père de Yuki estime carrément "avoir eu une vie avant" (à la différence des mères ?...). Le spectateur se tient à hauteur de Yuki et Nina, école, jeux, inconséquence ou cruauté de leurs 9 ans (la logique implacable, l'envie de rire face au parent désarçonné). La propre enfance du spectateur est capitale pour s'identifier ou non. Le plus intéressant est bien de sentir les personnalités masculines des deux réalisateurs, sobres en épanchements physiques, désireux d'agir vite malgré la douleur... Double regard viril (et non l'éternelle empoignade pour "avoir" l'enfant). Témoins suprêmes du déroulement ici, de grands arbres sous le vent, on déambule entre conte et fantastique, rien n'indique la peur à avoir, la nature conduirait plutôt l'enfant à "recoller les morceaux". J'avais raffolé du percutant "M/other" de Nobuhiro Suwa (chatouilleux quant aux rôles parentaux ou extra-parentaux japonais). Accompagné d'Hippolyte Girardot, acteur tout juste passé derrière la caméra, il resterait qu'ils trouvent de quoi embarquer les réfractaires aux méandres métaphysiques. Le grand public risque de s'ennuyer malgré d'excellents moments et ce point de vue global qui transparaît avec élégance. Pour une fois qu'on entend "la voix des papas"! .
  • TWO LOVERS (2008)
    Note : 17/20
    Envoûtant par la manière dont c'est traité ! Sans doute, les plans en surplomb du début du film, les ralentis et la musique (un rien "In the Mood for love" !) sont pour beaucoup dans l'embarquement immédiat. Le héros serait atteint de la maladie de "Tay-Sachs", comme son ex volatilisée, très important pour comprendre qu'il a des exigences, avec désir intact de s'affirmer, par exemple "protéger" (la blondeur d'une silhouette juvénile en perdition reste tentante) : sans cette fêlure génétique, on pataugeait dans l'adolescence attardée, comble d'ennui... Ce Léonard - un gros ours qui sait aussi se mettre beau, attachant en diable - vit et travaille au pressing de ses parents... Cru voir Ingrid Bergman ressuscitée tant Isabella Rossellini devient copie conforme. Les amateurs des films d'action du réalisateur seront surpris par cette romance desservie par une affiche faussement légère. C'est une histoire assez noire, romantisme et cruauté ne cessant de se donner le change. La façon d'amener les péripéties est en tous points séduisante, que ce soit par l'exploration des petits gestes qui trahissent, ou sous des angles détournés, à la manière asiatique (draps en mouvement sur le miroir). Les femmes échaudées peuvent aimer, les hommes à l'aise avec leurs pulsions aussi.
  • UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE (2008)
    Note : 14/20
    Comme "Les gens de la rizière" m'avait emballée, j'attendais une qualité globale : image, retranscription d'époque, moiteur... Effectivement, un beau décor pour un retour sur les années Trente dans la campagne saïgonnaise. C'est admirable, lisse, un trio de Français plutôt las entouré d'autochtones menacés par les nouveaux riches venus de Chine (résonnance possible en 2008, où l'expropriation sans discussion possible sévit plus que jamais). Flotte une rudesse de contact, chacun défendant son bastion (intéressant sur le plan historique)... Cette veuve de fonctionnaire (Isabelle Huppert) quasi-amoureuse de son fiston musclé et affichant presque le mépris de sa fille en pleine éclosion, captive par sa détermination à vouloir garder son bien. Mais voilà, en dehors des brimades de l'envahisseur et quelques pans éblouissants de résistance, ainsi qu'un bref retour en 2007 dans ce coin, c'est "sage comme une image" : respect pour la léthargie du livre de Duras ? Un bon scandale eût pourtant fait décoller l'ensemble !
Notes de L.Ventriloque
(par valeur décroissante)
FilmNote
JE SUIS HEUREUX QUE MA MÈRE SOIT VIVANTE (2009) 19
A PROPOS D'ELLY (2009) 19
KATALIN VARGA (2009) 19
NOS SOUVENIRS BRULÉS (2007) 19
BENDA BILILI ! (2010) 19
TONY TAKITANI (2004) 19
BELLE TOUJOURS (2006) 19
LES REVES DANSANTS SUR LES PAS DE PINA BAUSCH (2010) 19
VIEILLIR HOMME (2004) 19
PATER (2011) 19
NUE PROPRIÉTÉ (2006) 18
AIME TON PÈRE (2002) 18
PROFILS PAYSANS : LA VIE MODERNE (2008) 18
CHANTS DES MERS DU SUD (2008) 18
UNE FAMILLE CHINOISE (2007) 18
I FEEL GOOD ! (2007) 18
JERICHOW (2008) 18
LE RUBAN BLANC (2009) 18
DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE (2009) 18
COPACABANA (2010) 18
QUATRE MINUTES (2006) 17
LEONERA (2008) 17
TWO LOVERS (2008) 17
FISH TANK (2008) 17
SAMARIA (2003) 17
YOUNG ADAM (2002) 17
PAULINE ET FRANÇOIS (2010) 17
LES AMOURS IMAGINAIRES (2010) 17
UNE SÉPARATION (2011) 17
GOLDEN DOOR (2006) 16
CHARLY (2007) 16
LE FAISAN D'OR (2001) 16
STELLA (2008) 16
GARDIEN DE BUFFLES (2004) 16
BERLIN - ECKE SCHÖNHAUSER (1957) 16
POUR ELLE (2008) 16
YUKI ET NINA (2009) 16
TOUS MES PÈRES (2010) 16
MES PLUS BELLES ANNEES (2008) 15
36 VUES DU PIC SAINT-LOUP (2008) 15
SOLDAT DE PAPIER (2008) 15
ROUGE COMME LE CIEL (2004) 15
GOOD BYE LENIN ! (2003) 15
JUNO (2007) 14
NOVEMBERKIND (2008) 14
LE CHANT DE LA FIDELE CHUNHYANG (2000) 14
L'AQUARIUM (2008) 14
UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE (2008) 14
CRIME D'AMOUR (2010) 14
LE SYNDROME DU TITANIC (2009) 13