Les mélomanes, les musiciens studieux, respectueux des traditions, mais aptes à déjanter à leurs heures, devraient apprécier ces deux harpies que sont Monica Bleitbreu (la vieille prof) et Hannah Hertzsprung (la jeune enragée). Milieu carcéral tel quel, avec les cruautés, tant du côté des détenues que des matons, on croit survoler un camp de concentration. La livraison du piano semble miraculeuse, avec sa part de transgression. Dans la mesure où on accepte quelques libertés envers Schumann, Schubert, Beethoven, l'histoire se tient, bien menée sur le plan technique, avec des images qui parlent autant que les dialogues, des à-coups suivis d'accalmies (un peu comme Sophie Scholl, ça pulse !). Il est nécessaire que ça cogne, saigne, les plaies sont ensuite pansées afin que ces dames fassent connaissance par biais. Des moments peut-être un peu délayés pour expliquer le passé, flash back d'un côté, papa de l'autre, déséquilibré. C'est rattrapé par un humour très subtil, en particulier concernant la vieille prof, moins racornie qu'il n'y paraît. Quant à la jeune élève, elle en a bavé, quel crime a-t-elle commis au juste ? Dès que la musique atteint ses oreilles, de boxeuse suicidaire, elle devient immensément radieuse, assénant un vrai coup de poing au clavier... Espérons que les prisons s'ouvrent à des pratiques aussi défoulantes envers les détenus possédant le feu sacré !