Les enfants de divorcés ou séparés quand ils étaient petits garderaient tous au coeur une plaie difficile à refermer mais, Ô consolation, ce choc leur ferait cadeau d'une maturité affective au-dessus de la moyenne toute leur vie. En découvrant "Yuki et Nina" se dire qu'on va, comme le petit poucet, se perdre au fin fond de la forêt et sans le moindre caillou blanc. Voilà qui change de ce qu'on a l'habitude de voir en matière de séparations parentales. Métissage entre un français et une japonaise, amour puis désamour malgré cette petite Yuki refusant d'aller au Japon (Webcam et ticket d'avion indiquent le milieu, favorisé, ouf !)... Dommage que les deux fillettes soient difficiles à suivre dans leur verbiage. Toutes deux filles de ménages fracassés, avec père en retrait. Le père de Yuki estime carrément "avoir eu une vie avant" (à la différence des mères ?...). Le spectateur se tient à hauteur de Yuki et Nina, école, jeux, inconséquence ou cruauté de leurs 9 ans (la logique implacable, l'envie de rire face au parent désarçonné). La propre enfance du spectateur est capitale pour s'identifier ou non. Le plus intéressant est bien de sentir les personnalités masculines des deux réalisateurs, sobres en épanchements physiques, désireux d'agir vite malgré la douleur... Double regard viril (et non l'éternelle empoignade pour "avoir" l'enfant). Témoins suprêmes du déroulement ici, de grands arbres sous le vent, on déambule entre conte et fantastique, rien n'indique la peur à avoir, la nature conduirait plutôt l'enfant à "recoller les morceaux". J'avais raffolé du percutant "M/other" de Nobuhiro Suwa (chatouilleux quant aux rôles parentaux ou extra-parentaux japonais). Accompagné d'Hippolyte Girardot, acteur tout juste passé derrière la caméra, il resterait qu'ils trouvent de quoi embarquer les réfractaires aux méandres métaphysiques. Le grand public risque de s'ennuyer malgré d'excellents moments et ce point de vue global qui transparaît avec élégance. Pour une fois qu'on entend "la voix des papas"! .