Critique(s)/Commentaire(s) de L.Ventriloque

Voir ses 50 films notés

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  • A 5 HEURES DE PARIS (2009)
    Note : 17/20
    Délicatement mené, pas l'ombre d'une grossièreté. Incompréhensible que cette production ait pu un moment être assimilée au drame de La Flottille au large de Gaza. Elle raconte un coup de coeur sans nationalité précise débutant par une douce euphorie, la connexion entre deux êtres, on décolle loin du rationnel, la voie des airs peut perturber l'équilibre... De Joe Dassin à Alain Barrière en passant par Salvatore Adamo (et même pire !), les "tubes" illustrent la montée d'adrénaline mais comment les bouder tant ils sont valorisés par des minutes musicales brillantissimes, comme s'il y avait du sacré dans l'air... Ce qui amène ce couple à convaincre le spectateur par la gratuité de son lien : ils se plaisent, ce grand enfant ébloui, frémissant : "elle était si jolie"... et cette flanquée d'un propriétaire dont la moustache chatouille, à part ça remarquable chanteur et guitariste folk... De A à Z, la pulsion d'un éternel apprenti de la vie, chauffeur de taxi chaviré en avion, comique rentré (attention à cet acteur à l'austère calvitie, attachant en diable, regard lumineux et grande lucidité dans le quotidien de par son métier : son jeu rappellerait un peu l'innocence de Woody Allen à ses meilleurs moments... La dame fait l'effet d'une fée en stand-by... Une romance à deux niveaux bien distincts : le décollage et la fatale "chute des corps". Apolitique et tonique !
  • SERAPHINE (2008)
    Note : 19/20
    Retenu la phrase prononcée par Yolande Moreau, typique des autodidactes comme Séraphine de Senlis : "quand on fait de la peinture, on aime autrement". Malgré une lenteur un peu appliquée et un manque de fracas, quel beau film (comparable en intensité à l'Amant de Lady Chatterley) ! Puissant hommage à la peinture champêtre, aux arbres notamment, à la bonne vie de village. Touchante force de la nature que cette sauvageonne à chapeau, sociable avec ses chants à la vierge, mais si piètre gestionnaire, de l'or dans les mains pourtant... Prises de vue comme autant de tableaux, on voyage allègrement autour du patelin... Tableaux comme si Yolande Moreau les avait faits (délicieux instant où sa bouille surmonte ses bouquets)... Musique d'extase qui imprègne, suggérant sans fin Séraphine et ses doigts dans les couleurs... Un moment d'éternité. Bel encouragement à laisser vivre en soi le primitif !
  • RENCONTRE AVEC LE DRAGON (2003)
    Note : 12/20
    Quelque chose coince dans ce film. Bien que tous les ingrédients y soient ! Merveilleuse région permettant des paysages grandioses, formidable idée que ce légendaire Dragon Rouge marqué par un incendie et un secret de famille à une époque barbare, quatre acteurs têtes d'affiche, un petit garçon attachant et même un tout petit bébé... Beaucoup d'inventivité, des moyens, de la sueur. Une équipe de professionnels des plus pointus à la technique. Le pire est que le scénario se tiendrait. Sont-ce les dialogues un peu téléphonés ? Ou le fait d'osciller entre la farce et le drame ?... Trop gros traits... Au final, juste quelques fulgurances. Hélène Angel s'est emparée à grands frais d'un film d'hommes. Au gré de sa fantaisie. Sans imaginer que c'est trop personnel pour emporter l'adhésion : une mère supérieure de couvent (Emmanuelle Devos) accouchant au milieu des bois, hum ! Un cavalier en robe plissée métallique déposé avec cérémonie sur son cheval : bizarre ces attitudes et ces costumes (voulus d'inspiration orientale d'après le bonus du dvd) plutôt que d'approcher la réalité de l'époque dans nos contrées. Excès de zèle ! Un peu plus de sens commun et cela devenait une épopée grandiose !
  • APPALOOSA (2008)
    Note : 17/20
    Le western américain revisité par un contemporain inspiré : ou bien ce serait avant tout pour ceux qui, d'ordinaire, ne raffolent pas spécialement des classiques épopées de John Ford ?... Car ici, malgré la tonitruante bande-annonce, les pétarades sont modérées, on négocie avec les Indiens, les bons soldats à la misogynie de gros durs, ouste ! Seul, est invoqué le fameux calibre huit, l'arme qui tétanise... Le tout évoluant dans le décor qui s'impose (paysages étirés, félin surgissant à droite de l'image, mais aussi carreaux sales du saloon et ce train deux fois arrêté qui repart en marche arrière...). Des cow-boys new style qui n'en restent pas moins des hommes, avec de la graine d'anti-héros, pour autant on n'est pas dans la parodie totale du western. Certes les dialogues des deux amis de longue date regorgent d'humour, sentimental la plupart du temps... Si l'application des peines se heurte au passe-droit, la loyauté prévaut, (comme le feraient Costner ou Eastwood) en beaucoup plus flegmatique. D'ailleurs, si on souffre de l'étirement des images, les prises de vue et le fond sonores ravissent, aucun relâchement. Plus tard, en dvd, cela démangera de rembobiner plus d'une scène. Mâles racés, dont la caméra capte les visages sous toutes les coutures. Femme déconcertante de prime abord, attention à cette bouche en c... de poule. Sont abordés l'instinct de conservation féminin en terrain hostile et la fragilisation des vieux bourlingueurs, ce qui donne un film particulièrement équilibré ! D'intéressantes valeurs qu'on aimerait bien voir ressurgir dans notre monde actuel où l'éthique brille de plus en plus par son absence !
  • LA VIE DES AUTRES (2006)
    Note : 19/20
    Pour ceux qui ignoraient cet étau germanique qu'était la Stasi à l'est avant la chute du Mur. On est en 1984, clin d'oeil à un bouquin aussi, où il est question d'espionner autrui. Voilà à quoi les extrêmes conduisent, ça doit remonter aux cavernes... Et qu'on soit de gauche comme de droite. Mené avec beaucoup de finesse pour un premier film, suspense et coups de frein alternés, le spectateur a peu l'habitude d'une violence aussi insidieuse mais marche à fond... Parmi tous ces morts vivants qui traquent la population pour une idéologie transformée en diktat, le couple d'artistes, sensuel et qui représente l'idéal sur cette Terre, est l'unique réjouissance, jusqu'au dénouement, qui relativise tout le propos, franchement, on en reste baba.
  • SIN NOMBRE (2008)
    Note : 16/20
    Parfait pour prendre connaissance du phénomène des "Mara" et des "Dix-huit" (leurs ennemis jurés) au moyen d'une fiction, plus facile à supporter que "La vida loca" où le réalisateur y a laissé sa peau, en plein dans la logique de ces gangs ! Horreur que ces figures entièrement traversées d'un gros numéro d'identification... On déduit que ce serait une riposte possible aux ogres ultralibéraux que cette nouvelle guerre civile entre clans, une traque dont le motif initial d'inimitié échappe (il faut se pincer car on croirait lire des vieux illustrés sur les cow-boys et les indiens). Avec des "treize minutes" de castagne infligés par des détraqués (mais capables de tendresse pour leur bébé !). Adeptes du bizutage d'où l'aspirant doit sortir souriant, des litanies plein la bouche avec l'espoir de rafler l'estampille du clan sur sa carcasse... Ferait penser à la Camora italienne dans le principe, les slogans et le marquage en plus. Encore une incitation à se prosterner devant le plus fort à bras, le plus riche, le plus cynique, au vingt et unième siècle, l'esclavage est bien de retour ! Nouvelle guerre de la pauvreté par infiltration subtile dans la population nomade condamnée à errer au coeur de cette tyrannie ou crever de faim. On suppose que les forces de l'ordre sont occupées par ailleurs ?
  • CENDRES ET SANG (2009)
    Note : 14/20
    Enigmatique, à l'image de Fanny Ardant. C'est âpre, ça travaille la peau en sortant de la salle, il faut dormir et se réveiller en milieu de nuit pour trouver de la portée à ce film basé sur l'onirisme de leur auteur, elle-même travaillée par la complexité du sang dans les généalogies... Première demi-heure déroutante à souhait, on a beau scruter et ouvrir ses oreilles, il manque d'explications, on est à la limite de décrocher mais on tient bon grâce à la technique, très au point, la photo en particulier : se glissent quelques tableaux d'une grande beauté, brumeux, repoussants parfois (ou dont le sens échappe à l'entendement) mais néanmoins impressionnants. On peut aussi souffrir des accents à couper au couteau en plus du curieux découpage global, vrai puzzle éparpillé... On note deux parfaits doubles de la réalisatrice en les personnes de Ronit Elkabetz et Madalina Constantin. La marque de fabrique "du Fanny Ardant tout craché" est bien présente, perplexité à la première approche, et envie de revoir l'oeuvre à tête reposée par estime pour l'actrice, dans toute sa "sauvagerie" ici. Elle semblerait assez prometteuse comme cinéaste malgré un regrettable maniérisme (cet arbre généalogique de fin, qui donne le tournis tant on a été secoué par le drame...). Les comédiens sont bien dirigés. Manque juste que le spectateur moyen soit un peu ménagé.
  • PARTIR (2009)
    Note : 18/20
    Epouse de médecin, vingt ans au foyer pour élever les gosses, demande retour à elle-même : le mari est conciliant, va pour l'ouverture d'un cabinet, masser les autres guérit du spleen, les travaux commencent... S'amène cet ouvrier espagnol, complice d'emblée rien que dans le déménagement de vieilleries. S'ajoute, en plus d'un frein de voiture oublié, cet "encore du poulet à manger ?" qui fait lâcher le plat. Pour un(e) kiné, "le corps a ses raisons que la raison"... Radieux sur le fond, tragique sur la forme, ce film renie la fourmilière sécuritaire, l'obligation (de retour plus que jamais aujourd'hui) à rester dans son rail. Alors, la bourgeoise et le prolo, on couche une fois ou deux à la rigueur, "faut s' reprendre" ! L'alchimie physique féminine, ce détonateur, ça se rationalise, ça se combat... Filmé sous le soleil de Nîmes par une virtuose de la caméra, avec une musique plus efficace que les mots pour signaler la tragédie. Dialogues intelligents. Dépassement des seuls intérêts financiers, oui, certaines femmes se foutent du fric pour y avoir perdu leur âme, c'est Catherine Corsini, une femme plutôt aisée qui le rappelle. Le couple spanish-british Lopez/Scott Thomas ôtant un à un les oripeaux du convenable au profit de l'instant qui passe est divin... A noter que l'héroïne est marquée par une veine au front qui, loin de la desservir, lui confère une authenticité stupéfiante en plus de sa beauté au zénith ! .
  • LE DEAL (2006)
    Note : 17/20
    Serait-ce devenu un signe de fêlure latent, ou de santé au contraire, d'apprécier ce dvd en 2008 ?... Bouffée d'oxygène que cette outrance de Mocky. Il s'adresse de manière délibérée à un public d'initiés, et tant pis pour les spectateurs "raisonnables". Il y a un brin du journal "Hara-kiri"(rire du pire) avec un soupçon de Francis Blanche, Pierre Dac, Coluche, ou Siné en ce moment... Beaucoup de tendresse pour le genre humain derrière l'aspect mal élevé. Poésie et cruauté mariées, mais vers l'improbable. A moins d'être atteint de sinistrose aiguë, le gloussement est irrépressible (cette porte qui pleure comme un nouveau-né quand on l'ouvre, j'ai mis du temps à réaliser...). Dans un genre apparenté, le court-métrage qui passa à la télé : "Morts Sur Commande", un face-à-face Bohringer/Mocky, vaut également le détour. Mais il faut aimer le registre frappadingue, la dérision du moins tant qu'elle se situe à ce niveau-là, il y a des limites à la provoc'...Imaginons les parties de rigolade que ces acteurs ont dû vivre sur les tournages !
  • 21 GRAMMES (2003)
    Note : 15/20
    C'est un film à s'arracher les cheveux. Valeureux quant à ses obsessions. Ereintant de par sa facture toute en cadrages savants et surtout innombrables en première partie, où le vrac des situations jeté à l'écran peut agacer les tempéraments peu enclins au zapping télé... Fort heureusement, on peut recoller les morceaux du puzzle au fur et à mesure du déroulement. Très hollywoodien avec son côté appuyé "bons et méchants" dont seule la ferveur religieuse peut adoucir le sort. Les hyperactifs s'y retrouveront, leur hantise étant bien d'être coupés dans leur élan ! Terroriste dans le tire-larmes car on a les yeux braqués de force vers les drames les plus terrifiants de la vie courante, caméra scotchée longuement sur les charmes de l'enfance pour mieux se vautrer ensuite dans le pathos, qu'on s'imprègne bien du côté vain des rachats, de la vacherie des parcours humains, de la relativité des petits bonheurs familiaux... Du spectaculaire asséné dans l'éparpillement qu'on retrouvera au zénith dans "Babel"... Travail considérable, n'empêche... On devine un scénario très foisonnant, qui fait languir les spectateurs en étouffant l'imagination... Il faut aimer les sensations fortes. Acteurs du box-office à la hauteur de l'enjeu. Cette rage de persécuté vise le public télé dont addiction, bons sentiments et peur sont la nourriture (attention, j'entends bien que des malheurs extrêmes puissent s'abattre sur la plus paisible des trajectoires). Je déplore cette nouvelle école cinématographique, cette forme qu'Inarritu multiplie, prendre en otage les regardants (il n'est pas le seul)... En deuxième partie, les dialogues, la musique atténuent un brin la surenchère d'effets. La sobriété des films de l'est beaucoup plus avare de grandiloquence et on avait un chef-d'oeuvre !
  • TU N'AIMERAS POINT (2009)
    Note : 17/20
    . La ronde des petits chapeaux noirs dans la pénombre... Brrrrrr, des Juifs orthodoxes, les plus coincés... Voilà qu'il pleut, un portail est enfin ouvert à coups de cailloux sur une boucherie d'où toute la viande sera jetée... En plus de la qualité d'image, une onde musicale s'insinue telle un serpent rasant les murs. Délicieux et vaguement inquiétant... "Recherche employé"... Le jeune et l'ancien face à face, bougons, pas vraiment le coup de foudre... Ces extrémistes sont aussi fêtards, ils trinquent, apprécient les soirées douillettes en famille. Braillent en choeur aux cérémonies religieuses où l'on philosophe. Le rabbin mentionne avec entêtement cette jeune femme qui fricote où elle ne doit pas, l'occasion d'une visite collective rappelant à l'ordre... On raconte aussi que le nouvel apprenti boucher serait un semeur d'opprobre... En fait d'homosexualité, elle se perçoit sans flagrant délit véritable. La menace par affiches placardées à mots couverts, puis intrusion d'éléments fougueux dans le magasin, conflit entre la jeune frange contre le patriarche, tous orthodoxes pourtant... Interdiction de plaisir "impur", amants en apesanteur reprenez-vous ou circulez... Il est permis aussi de se mettre une seconde dans la peau de l'épouse et des enfants en pareil cas (hors orthodoxie). Mais c'est vrai que Madame et sa brosse à cheveux en action, ces lits à déplacer ne sont rien en comparaison d'une chair fraîche de pur sang... Ce sage boucher déclarant à son supérieur spirituel "être un mort redevenu vivant", quel aveu d'étincelles dans une existence trop morne : l'absolution plutôt deux fois qu'une !
  • SIBERIE MONAMOUR (2010)
    Note : 19/20
    Vu cette splendeur à Nantes en avant-première russe du 17 avril 2011... Slava Ross contourne la censure pour crier les maux de la Sibérie profonde. Avec une maîtrise parfaite de la mise en scène, du son (ces bruitages musicaux) et des prises de vue à couper le souffle. En plus d'une morale curieusement universelle et d'un brin de poésie. Bien que le film débute par des images crues et demeure alerte, pas du tout gnangnan, Monamour étant un lieu, on peut déplorer que ça ressemble à un conte pour la jeunesse (l'enfant incarnant la pureté, les chiens rappelant les loups, le puits symbolique quelque mauvais sort jeté. Fausse naïveté car on trouve dans le dénuement décrit, à la différence du beau mais misérabiliste "Winter's Bone" (auquel il est permis de songer), le tempérament qui permet de rebondir sur le malheur. Aucune demi-mesure... Les durs n'ont qu'à bien se tenir, les femmes se rebiffent, l'enfant lassé d'attendre son père fantôme joue sa vie. Un regard plein de perspicacité pour une histoire rude mais dont on sort gonflé à bloc !
  • LE TEMPS QU'IL RESTE (2009)
    Note : 17/20
    En gommant le contexte, pour peu qu'on n'ait jamais connu ces tiraillements de territoires, on peut trouver ces souvenirs comme trop intimes, indignes de constituer un film international. Sont posées une suite de "colles", cette voiture sous la tempête, quelques références guerrières... Puis l'auteur d'abord en retrait se plante devant la caméra avec sa silhouette souple, beau visage, regard méridional parfois humide, l'air de nous dire "est-ce que ça vous parle ?"... (Les rationalistes peuvent décrocher d'entrée de jeu)... Sont inscrits dans les gènes d'Elia Suleiman "les Palestiniens depuis 1948", sujet méconnu, à savoir des populations devenues minoritaires sur leur sol, ou bien délogées de gré ou de force de leur terre natale : et tout ça "pour que le peuple juif ait une terre"... (Ce qu'on ne sait pas : Israëliens souvent installés dans des maisons palestiniennes désertées comprenant mobilier, vaisselle, photos de famille, le chien et le chat, avec interdiction, encore actuellement, de restituer leurs biens aux Palestiniens chassés) ! L'essentiel se passe donc à Nazareth, un bien joli patelin... Flashs-back, quelques plans sur les parents (dont la vraie mère âgée du réalisateur), dans un contexte arabo-israëlien mêlant ritournelle palestinienne d'antan et refrain américain au karaoké... Coupures d'image, énigmes, pirouettes procurent la distance nécessaire au cinéaste toujours pas revenu de ce vol d'identité ! L'enfant silencieux et troublé qui survit en Elia Suleiman authentifie la douleur palestinienne une fois pour toutes... mais sans nier le peuple d'Israël. Cet homme mériterait un ministère.
  • ANIMAL KINGDOM (2009)
    Note : 18/20
    Faiblesse volontaire ou fortuite du son en numérique ? C'est presque inaudible au début pour emplir la salle par vagues phoniques de plus en plus lourdes de présage. Ce film passe pour ne pas être aimable parce qu'il pointe les dérives sociétales actuelles, je trouve pourtant qu'il ménage le spectateur avec sa bonhomie du quotidien sous la fausseté... "Parce que tu es gentille", voilà pourquoi le neveu aime bien sa copine, deux ustensiles au pays de la perversité contemporaine, quand la loi du plus fort finit par échoir au plus fourbe. Autre adoucisseur de ce bain empoisonné, le flic avenant sans enfant (entre Brad Pitt et les stéréotypes de la police Eastwood, beaux et bons). Mention toute particulière à cette mère (Jackie Weaver bluffante !) dont la survie exige mille stratagèmes. Ils tombent tous comme des mouches... Un suspense à pas de velours avec de l'action toujours bien dosée. Le sursaut dans la logique du personnage central se tient dans cette implacable horlogerie de la loi du plus fort !
  • RENAISSANCE (2006)
    Note : 16/20
    Graphisme éblouissant. Avec des vraies gueules, un sujet et des répliques du polar américain des années cinquante, mais "à la française". Ambiance futuriste, glaciale, tension et divagations, dialogues laconiques, quelques éclairs scientifiques, un travail d'orfèvre. Goûté particulièrement le style de pub de cet "Avalon" qui emprunte des bouts de Paris. Certes, l'atmosphère est pesante, entretenue par une musique aux relents d'apocalypse. Et les déductions, aujourd'hui en 2008, peuvent laisser rêveur... Qu'importe, d'un bout à l'autre l'aspect technique force l'admiration. Possible d'accélérer quelques minutes d'action qu'on voit venir de loin, sauf UNE poursuite en bolide, avec cette fillette surprise, un morceau de roi. Le bonus du dvd offre aux novices de comprendre (des dessinateurs aux acteurs en passant par les musiciens jusqu'au studio final) comment ces passionnés ont réussi leur coup. A voir au moins une fois dans sa vie !
  • YO TAMBIEN (2009)
    Note : 18/20
    Prix de la Fondation Borau Opéra Prima 2010 entre autres distinctions. Ce film fut très remarqué au vingtième festival espagnol nantais de 2010, tout en laissant un sillage plus que discret, sa sortie officielle française en plein mois de juillet dans de rares salles est suffisamment éloquente... Les deux réalisateurs passent en revue les réprobations d'usage, l'excès de bienveillance au profit d'une absence de culpabilité : on fait avec ce que la nature donne... Rien à voir avec le pessimisme flottant sur "Le Huitième Jour". En principe, rien que l'idée du désir sexuel d'un handicapé pour une jeune fille possédant tous ses chromosomes = fuyons !... Il est offert à chacun(e) le temps de s'identifier au couple formé... Trisomique "des pieds à la tête", affirme-t-il à cette péroxydée à la bouche triste... Une candeur naturelle incompatible avec ce que la galerie appelle "homme" ! Les deux acteurs, prodigieusement complices, s'apprivoisent et on se demande jusqu'où... L'équilibre possible tient aussi aux hautes études de cet handicapé qui anime des conférences (l'acteur Pablo Pineda, on n'a pas l'habitude !)... Sa partenaire finit par rayonner en sa présence, il la fait rire même s'ils en pleurent... Il faut pouvoir soutenir l'entreprise. Pour une fois, le handicap se rapproche de très près du citoyen lambda, assez pour pouvoir s'identifier. D'aucuns y voient une lourdeur insupportable autant qu'improbable. A l'inverse, on peut considérer ce film comme une rareté. Que de tabous il balaie, la bien-pensance, l'équivoque "tolérance" souvent invoquée pour amortir la répulsion est évacuée. Les corps se parlent, l'intimité se négocie en demi-teinte. Du jamais vu.
  • LA VÉRITÉ NUE (2005)
    Note : 13/20
    Vu dvd version anglaise en octobre 2008. Il s'agit des années 1950/1960 dans le showbizz américain. Accrocheur surtout par le tandem d'acteurs, deux pointures très complémentaires, les numéros volent assez au ras du sol, une castagne dans les coulisses vient soudain jeter un froid... Ensuite, j'avoue avoir été estomaquée par tous ces cachets pris avec de l'alcool pour s'adonner au sexe, vécu comme une chasse quotidienne ou un entraînement sportif, on ne sait trop. Failli tomber à la renverse en découvrant lors de scènes hot, le terme "calcer" (en sous-titre français) ! Autour du meurtre dont il est question, beaucoup de fébrilité, sans doute une souffrance, un vide, derrière autant d'ébats, pour l'un des deux hommes devenu venimeux ou apathique, quoique l'autre aussi semble avoir un secret bien gardé. Que c'est long... Quelque chose cloche depuis le début... La jeune énamourée des deux compères, le principal rôle féminin, tenu par une actrice trop quelconque, horripilante dans son application d'étudiante qui prépare sa thèse alors que l'ambiance est sulfureuse à souhait ! Dommage pour Kevin Bacon et Firth Colin !
  • TAMARA DREWE (2010)
    Note : 13/20
    C'est du lourd... Ouste la sensibilité à fleur de peau de "Liam", "The Queen" ou "Les liaisons dangereuses" ! Bien empaqueté, mais ce que le réalisateur fait dire ou faire à ses acteurs m'a refroidie. Tout d'abord, cet écrivain aux toilettes, prochain de l'épouse à l'oeil de chien battu et au popotin dans le viseur... Gros rire d'une grande "beaufitude", on sent les enjeux gros comme une maison, la seule surprise réside dans ces vaches déchaînées pour cause de chien dans leurs pattes (une scène spectaculaire, inattendue, sans doute vertigineuse à tourner). Pour le reste, je fais partie des peu emballés, et surtout pas par cette tornade de retour au bled (bien balancée, féministe mais trop minois de séries anglo-saxonnes)... On pressent aussi le clash avec ces deux pestes à l'affût, dont l'une va monter au créneau (et pourtant les avoir filmées en embuscade permanente peut raviver de jolis souvenirs de méchanceté enfantine)... Après toutes ces frictions d'un goût discutable, on doit s'attendrir, la morale l'ordonne. Alors que fait encore défaut le décollage. C'est une farce incompatible avec ce dénouement de consolation, cette façon de se rabattre sur le sentimental. Mais je n'ai pas accroché à ces arrangements de façade... Il manquait la magie, je revoyais trop le monsieur sur le trône !
  • DE L'OMBRE À LA LUMIÈRE (2005)
    Note : 15/20
    La légende de Jim Braddock, un type ayant particulièrement morflé des retombées du krach boursier de 1929 aux Etats Unis. Ce n'est sans doute pas le meilleur film sur la boxe, en particulier pour le regard sur la vie privée, avec cette bondieuserie titillant d'office la fibre charitable de tout un chacun... Un personnage force le respect : l'entraîneur, exemple de ténacité bienveillante envers le boxeur qui, lui, vit "la totale", affichant tour à tour rage et apathie : le spectateur médusé va douter de l'issue de chaque round... L'épouse en mater dolorosa joue ici un grand rôle, car elle se veut pieuse mais a aussi du caractère, en dépit de sa voix de chatte courroucée... Les petits guettent, de leurs grands yeux innocents cet Homme Cendrillon (Cinderella Man) qui rentre autour de minuit avec la meilleure ou la pire des nouvelles (le côté désespérant du crève-la-faim peut parfaitement trouver son écho en octobre 2008, où nombre de surdoués chargés de famille doivent accepter n'importe quel boulot pour tout juste survivre). Comme rarement au cinéma, l'intérêt grandit au fur et à mesure que le film se déploie, plus de deux heures durant pourtant, assez bien remplies pour que, plus notre homme prend de gnons face à celui qu'on nomme "le tueur", plus on reste rivé à l'écran !
  • TOMBOY (2011)
    Note : 16/20
    La jeune actrice Zoé Héran rappellerait presque Bjorn Andressen dans "Mort à Venise" de Visconti. Même androgynie troublante, même gracilité, même impression de renfermer les deux sexes en un. On a envie d'arrêter les pendules car peu importe qu'elle ait dix ans et un sexe de fille, on dirait un mutant dans le bon sens du terme. Plus que les bagarres avec le groupe d'enfants voisins (elles auraient mérité un fond musical plutôt que ce brouhaha), beaucoup plus que l'idylle avec la jeune Lisa (Jeanne Disson) qui fait presque passage obligé, c'est le tandem formé avec la petite soeur (Malonn Levana) qui délivre le plus croustillant si on tend l'oreille sans faiblir. Père compréhensif, mère bien dans l'ordre des choses, un peu ch... avec sa robe bleue imposée... Fichtre, que le nourrisson fait drôlement vieux comparé à ses deux soeurs !
  • CHICO ET RITA (2010)
    Note : 19/20
    Rien qu'à entendre la voix pénétrante de Fernando Trueba au Katorza de Nantes en clôture du 21ème festival espagnol 2011, on devine que ce qu'il vient présenter sera comme lui : raffiné, hors du racolage commercial. Certes classique, pour certains trop gentil sur le fond, mais au moins nous sera épargné ce piège des détraqués prompts à faire endosser au public leur obscénité : ce grand naïf déclare "filmer ce qu'il aime" ! Evaporé ? Vieux jeu ? Outre que cette animation cubaine rejoint les plus grandes productions du genre, elle possède "sa patte". On a l'impression qu'ils sont en chair et en os ces expressifs qui nous renvoient à nous-mêmes (avis à ceux qui répugnent à se déplacer pour un dessin animé) ! S'il s'en dégage la grande fraîcheur des oeuvres intemporelles, ne pas se méprendre sur les intentions profondes, ça concerne Cuba. Avec, dès l'introduction, ce transistor stoppé net au mot "se conformer". Un ensemble éblouissant qui renferme tout ce qu'on aime trouver chez les artistes en dernière ligne droite.
  • LES PETITES VACANCES (2006)
    Note : 14/20
    La Mamie, sous ses allures respectables d'instit en retraite, est une fieffée ! On suit la tignasse blanche de cette intrigante, mi-agacé, mi-apitoyé, en priant le ciel que les deux petits (un peu trop caricaturés affreux jojos...) en réchappent vivants. Quelques belles peurs, des petites joies tournant parfois à l'aigre, et une invraisemblance de taille (la jeune fille ne peut changer de cap ainsi, ça fait bizarre). N'empêche qu'au final, le personnage de Bernadette Lafont, actrice toujours excellente, finit par attendrir.
  • ZONE LIBRE (2006)
    Note : 17/20
    Christophe Malavoy, dont la famille a été meurtrie par la dernière guerre, éprouve le besoin de rappeler les aberrations qu'engendrent les haines collectives pour peu qu'un régime odieux s'installe. Mais aussi qu'il y a toujours la bonté humaine qui se faufile, telle une rose sur un tas de fumier... Ce très beau film est construit sur le mode réaliste, des images soignées, le quotidien de fugitifs et de ceux qui les cachent, mais on va à l'essentiel, des alertes suivies d'accalmies. Personnages attachants, de très bons acteurs ! Les scènes de "la soupe" et "les dominos" valent leur pesant de pommes de terre... Des critiques seraient gênés par le silence fait volontairement autour du petit garçon parti au collège : pour ma part, je le trouve très adroit, laissé pour qu'on réalise la dose de cruauté des guerres, et il y en a de par le monde, des exterminations de ce type, en ce moment !
  • CLIENTE (2008)
    Note : 15/20
    L'entreprise était hasardeuse... Et on sent bien que Josiane Balasko, si elle a des copines sans partenaire précis (ou carrément le désert), a un mari qui la bichonne, pas trop besoin de se fatiguer à "chasser" : son regard sur la solitude morale féminine est timoré, à la différence de Nathalie Baye qui elle, s'amuse comme une petite folle (et serait bien allée plus loin, vers beaucoup plus déjanté). La complicité des deux actrices se perçoit, et celle qui dirige n'est pas toujours celle qu'on croit. Bien des femmes quinquagénaires, quadragénaires même, et pas les plus décaties, souhaiteraient dans leur for intérieur, payer un type pour avoir un contact qui leur plaît plutôt que de s'échiner en palabres, ou à papillonner dans le vide, pour connaître, si ce n'est l'ennui ou les emm..., le fiasco après consommation (mais, chut, faut pas le dire, la prostitution dans ce sens-là reste taboue). Je trouve bien du mérite à ce film qui ose dire que l'argent, dans les faits, a ses commodités dans les relations de couple. En conséquence au diable la gratuité, il convient de bien rémunérer l'escort.
  • VIEILLIR FEMME (2005)
    Note : 17/20
    "Vieillir femme", la hantise, encore plus depuis la menace de sabrer les retraites ! Trois jolis portraits qui se résument en quelques déclarations, les principaux changements par rapport à "avant"... Avec des scènes du quotidien. Toujours dans des endroits de rêve grâce aux prouesses à la caméra... Points communs de ces dames : proximité de la nature, volonté d'entretenir sa vitalité, intensité du quotidien. Des livres, la plasticienne et l'écrivain les ont en arrière-plan, alors que la petite mémé dans sa bicoque en haute montagne avec "ses bêtes" prie la sainte vierge quand elle daigne s'arrêter un peu et feuillette "Le Pèlerin". .. L'une pointe un retour sur soi-même en tant qu'individu ("Mensch") un peu comme l'enfant encore vierge de tout autre rôle, l'autre préfère la tranquillité à la guerre de son jeune temps... Ces trois personnes représentent trop peu pour dresser des généralités ("Vieillir hommes", le dvd jumeau serait indiqué en complément...). Observé qu'elles ne fredonnent ni ne dansent, aucune crise de rire ni souvenir ne vient les égayer. De dignes missionnaires, une atmosphère un peu monacale par moments. Sont escamotés les souvenirs qui maintiennent en vie... Que diable, l'expérience apporte aussi le recul nécessaire, ce gain qui fait se sentir vivant, témoin de son temps, sachant qu'on peut être balayé par l'accident brutal, la maladie sournoise à n'importe quel âge. Après un bon verre de vin, la citation d'un auteur, une chansonnette de naguère eût peut-être fait sauter les verrous, oser dire les désagréments les plus criants ? Sautes d'humeur, mémoire capricieuse, tenaces bouffées de chaleur, libido fugace ou éteinte... : hélas, ces joyeusetés sont restées coinceés dans les corsets !
  • AU VOLEUR (2009)
    Note : 16/20
    Diable que c'est lent à l'allumage, point n'était besoin d'avoir toutes les magouilles en détail ! Résultat, le décor met un temps fou à être planté, la caméra stationnant de manière improductive, à la limite de l'ennui... Le film décolle vraiment quand on fonce en voiture à la campagne : la chlorophylle, l'eau vive, les animaux deviennent symboles de ce qui se trame. Le sifflement (qu'on jurerait d'oiseau) agit depuis le début comme un indicatif de changement. La bande-son inventive accroche, on glisse dans la nature comme la barque empruntée par les fugitifs. Jacques Nolot fait un peu diversion au couple explosif Florence Loiret-Caille et Guillaume Depardieu : beau duo d'inadaptés à notre chère société. Un traquenard les plonge hors du temps. Au passage, quel malheur que Florence ait un accent allemand aussi déplorable et que le film fleure autant le désespoir existentiel de Guillaume... N'empêche que d'excellents moments jalonnent l'ensemble et que la surprise est bien l'issue, habile (moins terrible qu'escomptée ?), en tous cas laissée à l'appréciation du spectateur !
  • BRIGHT STAR (2008)
    Note : 14/20
    Hélas, Keats était fauché, il n'aura de gloire que posthume... Sinon (en creux, si l'on en croit la réalisatrice), c'était mariage, peut-être procréation, voyages pour avoir de l'air, retours dans le giron féminin et la petite santé des torturés. L'acteur incarne bien ce côté frêle d'un cérébral à côté de ses pompes. Il faut dire aussi que la tuberculose commençait ses ravages. Jane Campion plante son décor insistant sur les résultats d'heures à coudre, le tout agrémenté de phrases poétiques assez décevantes... D'entrée de jeu, Fanny, "Bright Star", apparaît pourtant combative, sa soeurette rousse sur les talons, la mère admirable de tolérance. Fraîcheur, grâce, fascination pour le sexe opposé : tout facilite l'immersion britannique de milieux privilégiés en 1818, où l'espièglerie durait le temps de trouver l'oiseau rare... Joli environnement, un peu féérique, cadré comme des tableaux de maître, accompagné d'un revenez-y de "Leçon de Piano", les chapeaux ouvragés un rien plus transparents, sauf qu'ici l'envoûtement fonce vers le funèbre même si l'euphorie printanière alterne... Magnifiques choeurs en lieu et place d'instruments ou ce chat sur les genoux, sorte de continuité du temps... L'atmosphère générale continue à être plaisante tandis que le fil narratif s'effiloche, on sent trop depuis le début que ça va s'effondrer, et le pire est bien de ne pas ressentir d'émotion à proprement parler, à cause des vers débités comme une messe ! Nul doute que l'idylle offrira aux amoureux transis l'occasion de verser de bienfaisantes larmes. Mais être compassé prend tout son sens dans ce film, une impasse "à couper le souffle"... A l'inverse, le précédent "In the cut", obtus, égaré, faisait bouillir les sangs !
  • UN PROPHÈTE (2009)
    Note : 16/20
    L'analyse est complète mais pèche par sa durée, une bonne demi-heure superflue (en tous cas pour qui ne raffole pas spécialement de cogne et de valdingue). Eu du mal à comprendre l'abondance de plans ou leur redondance, cette manie propre à Jacques Audiard de partir du fouillis... Fermé les yeux aux scènes appuyées. Trouvé étranges les diversions qui feraient songer à David Lynch par leur côté équivoque. Déploré le maniérisme qui affleure par moments. Estimé que César (Niels Arestrup) ça va bien mais point trop n'en faut... On gigote donc bien sur son siège au bout d'une heure. Toutefois, l'ensemble finit par tenir la route : excellent aperçu de "la mentale" qui sévit d'un bout à l'autre de la chaîne carcérale et transpire au dehors ! Des Corses oui, ils tempêtent suite à ce portrait peu élogieux, mais ces comploteurs auraient pu tout pareil être Italiens ou Basques, c'est l'accent mafieux que le cinéaste a voulu illustrer... L'action en dit long sur les conditions de survie en milieu pervers (taules, entreprises !), suicides remontés par la presse, je vous donne du sens, ainsi qu'au titre "Un prophète", interprétable à l'envi... D'entrée de jeu, on a envie de douceur pour ce jeune et on passe tout le film à suffoquer car au bout du tunnel la lumière persiste ! Une suite, et qui expliquerait ces voitures roulant au pas des dernières images, serait dans les tuyaux ?
  • L'ARBRE (2009)
    Note : 18/20
    Qu'est-ce-qui lui prend, à ce père de famille de se jeter dans le figuier en rentrant à la maison ? La petite Simone en déduit qu'il a rejoint l'arbre généalogique (touchante Morgana Davies, astre très prometteur)... Un impressionnant "Fig Tree" de la baie de Moreton près de Brisbane en Australie, région où la nature adore les grands formats (chauves-souris, méduses)... L'enfant aux pouvoirs de réincarnation secoue sa mère effondrée, l'entraîne dans les tentacules de bois, les bras protecteurs du père nouvelle formule, ce sera leur secret... La réalisatrice Julie Bertuccelli voulait un film sur "un arbre", projection de fantasmes séculaires, elle s'inspire d'un livre sur ce sujet pour pouvoir dire bien d'autres choses... Hommage à l'enfance réfugiée là où elle peut pour avancer (en hauteur, mais la petite plongera sous l'eau aussi...). C'est une approche des pires coups du sort... Première fois qu'un cyclone (filmé en temps réel sauf erreur), transmet avec une telle justesse la peur vécue par une humaine avec ses petits (on pense aux animaux traqués lors de cataclysmes). L'ensemble dépayse, empoigne, car la photo autant que le son ravissent les sens. C'est bizarre et pourtant familier... Dans cette histoire de deuil multiplié par cinq (quatre enfants et leur mère en seront à jamais soudés), la lumière fait comme un clin d'oeil par moments (soleil, miroir) . Mais le plus beau est le sursaut de cette rescapée de l'enfer affermie dans ses choix (étonnante Charlotte Gainsbourg) !
  • LES GRANDES PERSONNES (2008)
    Note : 13/20
    L'atmosphère a un je ne sais quoi d'académique (cette chorale appliquée, vraiment dur de croire à ce professeur Tournesol en vadrouille avec son équipement) : j'ai très vite eu envie de coin du feu avec lumière jaune orangé. Aucune impulsion de visiter les îles suédoises si elles sont aussi austères. De plus, mille regrets que l'actrice blonde, avec son accent couleur locale, ait un si petit rôle par rapport à Judith Henry (filmée de plein fouet, dans toute sa crudité anguleuse) et la jeune adolescente testant ses appas personnels avec la grande illusion que, pourvu qu'il soit profond, "le regard tue". Daroussin pétri de maniaquerie, effrayé que sa fille devienne un peu trop femme par rapport à sa propre virilité en berne. Une situation plausible, mais qui fait dans l'amertume permanente. Prises de vue, gros-plans paternel et filial presque en exclusivité, dialogues de circonstance, sans surprise : on croirait un mélange de Bergman et Rohmer. Bien fait dans le genre effleuré, jusqu'au moment fatidique, ouf, quelque chose se modifie ! Manque quand même cette émotion qui vous emporte loin de votre fauteuil de spectateur... Les jeunes filles autour de 14 à 18 ans qui ont du mal à s'affirmer avec leur père peuvent toutefois y puiser quelques astuces pour préserver le lien malgré les tempêtes.
  • YELLA (2007)
    Note : 16/20
    Découvert en v.o. au cycle universitaire allemand de décembre 2008 à Nantes. Décontenancée en sortant de la séance, du fait des deux chutes dans l'Elbe pouvant faire croire à un faux-départ à l'ouest... Bon sang, mais c'est bien sûr ! J'ai mieux compris, plus tard, les deux sacs repêchés, eux seuls attestant du périple. L'histoire décrite ici évoque le risque couru - ou la nécessité maintenant ! - pour les ex-Allemands de l'Est, de passer vivre à l'Ouest. Encore plus criant de nos jours, cette obligation d'aller là où est le boulot, rarement garanti sur la durée, sans trop de filet. Soit stagner, soit se lancer afin d'avancer dans la vie. Le pont semble symboliser la tentation vers l'inconnu, et l'élément liquide le danger d'anéantissement. Nina Hoss est insolite dans son ambivalence, ulcérée par ce mari qui la colle en alternant pleurnicherie et violence. Décidée à se tirer d'affaire et à compter que la chance tourne. Drôle d'impression quand entre en scène ce "boursicoteur", un douceâtre très observateur, truand, sauveur, un peu des deux : et voilà que Yella se met à dérailler avec l'oseille ! La paumée de service est aussi comptable de métier : la voici muse de la finance, des plans d'arnaque que le profane peut comprendre à moitié, là n'est pas l'intérêt, il va y avoir un imprévu, tout cela entre rêve et onirisme, à cause de ce pont de tous les possibles. Encore un film qui en dit long sur le business !
  • CHERRY BLOSSOMS (2007)
    Note : 18/20
    Regardez bien le visage et l'allure de la belle eurasienne, âgée pourtant, qui ouvre le film, car soudain elle fait l'effet d'une lampe tamisée éteinte sans prévenir, le spectateur lui en veut de l'avoir lâché... Et peu importe que les radiographies du départ intriguent. Car le mari, ronchon patenté, n'a plus qu'à s'amender : il portera souvent un gilet de laine mohair, parfois une jupe... Voici un Japon sans austérité, accessible aux récalcitrants : ce "bûto", danse qu'on s'attend à trouver lancinante, quand on y est pas hermétique, est extraordinairement digeste ici, grâce au regard de la réalisatrice, Allemande quinquagénaire, et également veuve récente de son chef opérateur préféré. C'est "son Japon" tel qu'elle l'a vécu, en dépit des cérémonies funéraires ou de la jeune chair qui s'exhibe pour de l'argent, qu'elle montre aussi... Mont Fuji "timide" sur lequel une porte s'ouvre plus d'une fois, cerisiers menant à la sagesse par le biais de cette jeune pendue au fil de son téléphone, et puis ce grand mouchoir d'homme noué pour se repérer à Tokyo... Un voyage qui montre les Japonais plus riants que d'habitude. Ce voyage donne hâte que la saison froide passe pour vadrouiller sous les arbres en fleurs comme des gosses, si possible en picorant dans des petits bols !
  • MARY ET MAX (2008)
    Note : 19/20
    En v.o., c'est une exquise parenthèse de gros mots pour bien élevés en manque d'oxygène. Piétinés les codes sociaux, retour aux petites odeurs personnelles comme signe distinctifs, mais ce peut également être une torture si on est sérieux comme un moine... Derrière la caricature, place à la correspondance postale ou aux internautes nouant des relations approfondies : la fillette pose des questions existentielles, le vieux new-yorkais s'offusque puis se rattrape... Affects exprimés sur le mode rude d'aujourd'hui. Petitesse humaine au scalpel (la maman gâteau !), humour anglo-saxon noirissime plaqué sur de naïfs décors, old fashion et visionnaire en même temps : l'animalité enfantine mais filtrée par l'adulte lucide. Coup de pied dans les pièges contemporains, obsessions, normes, jeux de hasard. D'un plan à l'autre mais sans fatigue, on note les détails qui nécessiteront la relecture en dvd. Gigantisme planétaire et univers rétréci, le paradoxe que nous vivons ! La maladie "d'Asperdjeur" prononcée à l'anglaise constituerait la faiblesse du film, le sens échappe, le terme sonne autrement que "l'asperger" français cependant, mais je n'ose même pas imaginer la french version au plan auditif. Excellents extraits musicaux parfois raclés dans les tiroirs de la radio d'antan. Un genre de manège enchanté pour adultes en somme ! Attention en sortant d'éviter le bras d'honneur face à toute sinistrose rencontrée, revenir à soi peut prendre quelques minutes après la séance !
  • LE GAMIN AU VÉLO (2011)
    Note : 18/20
    Avec sa gueule de chat de gouttière plus le film avance, le p'tit gars suivi à la trace par une caméra portée ne lâche rien. Occasion pour les Frères Dardenne d'une ascension faite de rencontres trop pressantes pour être fiables, ou sincères plus que pressenti car bâties au jour le jour. Les petits coups de violon soulignent les étapes (dont une dans la voiture devrait conquérir les plus récalcitrants aux films dits sociaux). Malgré le titre qui fait banal, on devient vite ce gosse cavalant partout. Et ensuite on le piste à vélo, à toute bringue et sous tous les angles. Grande vitalité que ce parcours ! Cécile de France semble une autre personne comparée à ses débuts, posée, comme imprégnée du maintien d'Eastwood. Jérémie Rénier représente en plein ce que les pères du hasard ont du mal à s'avouer à eux-mêmes, alors à la société... Quant au petit acteur (Thomas Doret), beaucoup d'enfants au fond du trou vont se reconnaître en lui. Vivement qu'on retrouve sa petite bouille entêtée, cette voix de battant qui exige de trouver sa place puisqu'il a été mis sur terre !
  • MADEMOISELLE CHAMBON (2009)
    Note : 18/20
    Filmé à la manière de "Monsieur Hire" de Simenon... Dans quel état peut mettre un coup de coeur, petit trio ronronnant autour du complément d'objet direct... A la faveur d'un mal de dos maternel, l'institutrice du fiston invite le papa maçon en classe et songe à sa fenêtre "qui laisse passer l'air" : on a les yeux de l'ours Vincent Lindon pour cette biche, enseignante nomade, un an ici ou quelques mois ailleurs (fichtre, une locataire qui paie sa fenêtre sur ses propres deniers !). Les voilà en route pour une attirance irrépressible camouflée au mieux par la banalité des convenances ou de pieux regards... J'ai apprécié le couple complémentaire, des acteurs qui ont su s'incarner au-delà de leur compagnonnage passé. Douleur d'être attiré malgré soi jusqu'à en paraître vitrifié ou en sérieux décalage entre paroles et expression... Avec cette peur de se planter (pénible pour le spectateur peu enclin à pareil trouble). Plaisir de constater que le métier de maçon est jugé digne d'intérêt dans les écoles ! Les seconds rôles sont tout aussi chargés de symboles, ces soins au papa octogénaire, le regard pragmatique de l'épouse... Aussi bien envoyé que "Je ne suis pas là pour être aimé", plus triste si l'on oublie l'empreinte laissée chez ces deux êtres par cet émouvant violon (instrument appris pour les besoins du film !), de quoi sourire dans l'âge mûr !
  • OU VA LA NUIT (2011)
    Note : 17/20
    Tout de suite c'est à qui tuera l'autre dans ce couple, quelques spectateurs peuvent reculer... A moins que la sale binette du mari suffise à emboîter le pas à Rose (Yolande Moreau) pour son goût de la vie intact, ces embellies dont elle sait profiter (fréquent chez les femmes battues). On gomme l'escalade qu'elle a acceptée, ses fuites de petite souris qui ne veut pas le savoir. Les voitures se croisant en tous sens à plusieurs reprises comptent beaucoup dans la mise en scène de Martin Provost. Un peu de mal à raccorder les liens entre le fiston, l'inspecteur et le journaliste...Aux meilleurs moments, c'est comme une adaptation à l'écran de Simenon en un peu plus brouillon au plan de l'enquête. Dommage que ça manque un peu de flamboyance en dehors de l'actrice principale qu'on va voir comme une super copine qui vous regonfle à bloc.
  • PARQUE VIA (2008)
    Note : 17/20
    Peu inspirée par l'aspect huis-clos, j'avais loupé cette Montgolfière d'Or des Trois Continents nantais 2008, la crainte de m'endormir entre repassage et tonte de gazon... Voici donc Beto (acteur non professionnel jouant son propre rôle) debout à 7h15 dans la maison qu'il bichonne depuis 30 ans. Comme replié dans la forteresse qui l'abrite, journées bien réglées, nuits réparatrices, on vient à lui sans qu'il se dérange, le dehors est devenu scabreux s'il faut en croire les infos télévisées, ce ramassis de sordide. Heureux, malheureux ?... Possible que certains spectateurs languissent de la lenteur descriptive, il faut s'appuyer sur la beauté photographique et le discret grincement sous-jacent, ces sueurs de Beto aux yeux plissés, contraste avec cette raide patronne au chignon trop droit... Rites et petites diversions alternent... Enrique Rivero, jeune cinéaste espagnol déplacé au Mexique pour son film, ose l'indicible par des chemins détournés : il instaure un flou plein d'habileté mais n'en est pas moins cinglant ! Sacré Beto, qui mijote une fin dont on saisit confusément le mobile sur le moment ou alors on n'ose pas ?... En tous cas elle décoiffe !
  • DES HOMMES ET DES DIEUX (2010)
    Note : 19/20
    Merci au "Concorde" nantais d'avoir offert à quelques cinévores le 26 août 2010 ce film bouleversant autant que délicat. Une oeuvre se gardant bien de pointer un accusé précis (terroristes islamistes ou armée algérienne ?) mais où on sent la prise de position de Xavier Beauvois : prouesses que la foi permet, sans aucun doute, mais surtout avantages du bien vivre ensemble... Avec ces quelques mots sur "l'amour entre un homme et une femme", de la part de trappistes supposés vivre sous cloche... La ferveur plane sur le monastère entouré de paysages semi-désertiques... Ainsi, ces êtres qui boivent du vin en musique, mangent parfois des frites, sont épris d'absolu, incarnent l'exemplarité qui manque tellement à notre époque : tendre que les actes et les paroles demeurent en harmonie. Trop purs, ils furent sacrifiés (sauf un, leur témoin le plus fiable à ce jour) : qu'on ait pu les viser eux, les derniers hommes à supprimer, c'est cela qui émeut les cuirs les plus durs. A partir du récit de faits réels dans une région précise fort bien dépeinte, on imagine bien la tension puis la foi, implacable... On se surprend à suivre ces êtres de conviction, aussi proches que de vieilles connaissances. Leur art de cohabiter, leur fraîcheur de nouveaux-nés par rapport aux dénaturés (Ô combien majoritaires en tous temps !), remet en mémoire que "ce n'est qu'après, longtemps après...". Des joies parfois mélangées à la tristesse (vin et musique), des doutes, cet étau qui se resserre plusieurs fois. Très accessible, et point n'est besoin d'être mystique pour en sortir remué durablement.
  • LE BONHEUR D'EMMA (2006)
    Note : 19/20
    Un morceau de roi, à déguster en v.o. allemande d'urgence, du sur mesure pour les moroses, les déçus des élections, les grands malades, il vaut tous les médicaments. Vous feriez une erreur en le boudant s'il passe dans votre coin, l'affiche peut faire un peu kitch, or c'est profond et on rit. L'Emma dont il est question ici serait presque la riposte au cas Bovary... Et Max ramène au premier homme, sans tous ces hochets dont le progrès l'a affublé. Alternance d'âpreté et de douceur, à la fois bon enfant et diablement corrosif en ce qui concerne nos sociétés industrialisées, j'oserai même dire que c'est globalement... jouissif ! Le genre de film digne d'être emporté avec soi sur une île déserte ou à la place du missel dans la tombe... Chaque seconde compte, l'essentiel de la vie de couple y est, c'est bucolique comme sait le faire Isabelle Mergault, et bouleversant à la manière de Sara Polley. Courez-y ! Je guette déjà la sortie du dvd pour me le passer les jours de cafard.
  • SOLILOQUES (2008)
    Note : 16/20
    Suivi avec plaisir en v.o. sous-titrée français (cycle universitaire allemand Katorza Nantes) les trajectoires mêlées des employés de ce "Call Center", boulot alimentaire très "tendance" de notre vingt et unième siècle, où il s'agit aussi de remplir les poches des puissants en se tirant au mieux de leurs exigences par chefs interposés. Alors qu'on sentirait facilement venir le piège de la division de ces employés-robots par leur un trop décontract manager, avec mise à l'index pour certains, le réalisateur André Erkau s'arrange au contraire pour que le sort de chacun surprenne, petites misères et grosses joies, le patron comme les autres... C'est mené tambour battant, du moins si vous arrivez à tenir le premier quart d'heure, assez bruyant et confus... Contrastes des situations de tous, recoupement discrets. Mais on peut rire, espérer, relativiser avec ces précaires pleins de ressources ! En réprimant parfois une sourde inquiétude concernant le monde professionnel de demain, attention à ces 5 % brandis comme un trophée... Excellente distribution, dont l'acteur Maximilian Brückner à la gueule repérable, déjà apprécié dans "Cherry Blossoms" et "Sophie Scholl"
  • PUBLIC ENEMIES (2009)
    Note : 15/20
    Mille manières de rendre digne d'intérêt les hauts et bas d'un braqueur de banques qui a aussi un coeur, tiens donc... L'entrée s'annonce prometteuse : Diana Krall en sourdine envoie le sirop, relayée par Billie Holiday la "pieuvre" du jazz. Le bandit rencontre sa promise... S'ensuivent les échauffourées de rigueur, la passion réussit tout de même à s'intercaler, disons que la bande son y aide tout au long du film. Images léchées, un peu givrées : le moral du spectateur prend une claque (principal écueil ici). Succession d'actions sorties de tous les coins, ennui sauf si on raffole de l'action pour l'action, c'est le classique duel flics bandits... Destinée de ce feu-follet de John Dillinger, équivoque défenseur de la prise d'argent anonyme, celui des coffres-forts bénéficiant d'assurances... Johnny Depp s'en tire bien avec ses tics de héros en attente de noeud coulant, un faux-dur abrité derrière son autorité de sale gosse. L'heureuse surprise est bien Marion Cotillard en Billie Fréchette, la "douce de service qui tient bon sous les sévices" !
  • ENTRE NOS MAINS (2010)
    Note : 18/20
    Ceux qui s'estiment à l'abri d'un licenciement et exigent de se déplacer au cinéma pour de la virtuosité ou du divertissement avant tout, fustigeront la façon un peu "ras du sol" d'aborder cette banalité de nos jours : "une difficulté d'entreprise". Nulle poésie... La caméra se plante au plus près des salariés. La position des dirigeants est ambiguë. On sent une tension générée par une tactique du patronat largement répandue, de la préparation, des ménagements suspects... Le produit à lui tout seul incroyablement ironique... Fabrique-t-on des culottes et soutiens-gorges pour se retrouver en petite tenue ? ... L'intrigue rattrape les prises de vue ordinaires, donne un aperçu des raffinements contemporains en trompe-l'oeil... Des encouragements stériles, et en vis-à-vis, le dialogue entre gens qui se connaissent assez pour trouver qu'il y a du louche... Elles se sont si souvent côtoyées de longues heures à leurs postes, ces dames qui rangent ou repassent comme si elles étaient chez elles, lassées mais attentives au sort des collègues récentes. Largesse de vue et esprit vif sous la diction parfois traînante ou la référence au mari... Très justes aussi, ces syndicalistes qui expliquent d'une certaine façon... Mettre son écot dans la balance, il pouvait en résulter une embellie avant les années quatre vingts.... Mais à présent que les intouchables tapent dans la caisse comme au bon vieux temps des rois et des cours... Fou ce que ça ressemble à une charade : mon premier, donner un mois de ma paie au boss afin que la boîte continue à tourner. Mon second, ciel un repreneur, et ensuite ? Macache !... Il faut aller voir le film, pas pour sa performance technique mais pour l'horreur économique à son zénith.
  • L'ÉCHANGE (2008)
    Note : 15/20
    Est-ce inspiré ou directement tiré d'une histoire vécue ? On peut en douter, ça fait énorme, ce sur quoi on débouche : un gosse disparu remplacé par un faussaire, confié à la mère seulement cinq mois plus tard, la police fait un forcing à la limite du crédible... D'une part, "le ventre" ne peut se tromper sous un semestre de délai... Encore plus comme personne ne reconnaît ce petit dans l'entourage, où il n'a pas ses marques. En dehors de cette invraisemblance de taille (en tous cas tel que c'est amené sous nos yeux), tout baigne : les péripéties sont captivantes, les acteurs tous admirablement dirigés, la photo, la musique, les décors, tout est nickel, comme à l'accoutumée... L'indéniable talent d'Eastwood est bien présent, l'éthique aussi. L'horreur est affrontée, les pendules sont remises à l'heure. Juste un peu lassant que les gentils et les douteux se reniflent aussi vite et que l'énoncé du fait divers en question, si difficile à admettre tel qu'il s'est enclenché, soit spécifié in-extremis sur l'écran, alors qu'il aurait davantage aidé à "avaler" l'histoire en figurant en préambule !
  • ONCLE BOONMEE, CELUI QUI SE SOUVIENT DE SES VIES ANTÉRIEURES (2010)
    Note : 17/20
    Balade dans une jungle où un murmure de basses rassure tout de suite... On vient à la rencontre de l'oncle aux reins défaillants, des apparitions tout ce qu'il y a de gentil. Il doit "naître à rebours", aller se perdre au fin fond des grottes (bien des similitudes avec "Tropical Malady"). Autant se caler dans son fauteuil, fondu dans la pénombre, faire corps avec la nature moite, arrêter de penser... S'en remettre à l'eau, les pas dans la végétation, le très lent déplacement de caméra vers dieu sait quelle curiosité... Apichatpong Weerasethakul, surnommé "Joe" ou "le David Lynch thaïlandais", aurait beaucoup puisé chez l'Américain Bruce Baillie ("Castro Street") : la passion des tunnels tourmentés ouvrant sur le soleil leur est commune. Rien n'interdit de se remémorer Pink Floyd non plus ("A saucerful of secrets")... C'est toujours beau, féérique, purifiant. On se croit dans un conte pour adulte. Las, l'animisme majoritaire dans lequel on s'est allongé, confiant, finit par décontenancer, il y a télescopage avec les éclats de mondialisation, une uniformisation de comportements devenant pesante sous toutes les latitudes... Résultat, on est zen mais avec une légère gueule de bois. A regarder de plus près la production précédente de ce plasticien, il sait pourtant raconter la Thaïlande actuelle de manière moins emberlificotée. Il gagnerait à approfondir, qu'on retienne quelque chose en plus de l'envoûtement... "L'Etat du monde" (pour la partie qui le concerne) semblerait plus engagé. "Syndromes at a century" et "Blissfully yours", enchanteurs et moins hallucinogènes. A suivre !
  • LE HÉRISSON (2009)
    Note : 16/20
    Qui a lu le livre, est tenté d'y voir une illustration peut-être appliquée, servile à ne rien risquer en regard de l'original signé Barbery... J'ai craint le pire en y accédant car j'avais volontairement évité la sortie en salles. Mais voilà que "ça se laisse regarder" et même écouter ! Quelques scènes percutantes ont eu raison de ma méfiance... Certes, un peu de redondance, la pulsion suicidaire trop appuyée, ces débuts laborieux... Mais bien des êtres revenus des apparences se retrouvent dans cette concierge foudroyée par un rival en littérature. La fillette, les chats, l'entourage en mouvement atténuent la cruauté en marche... Finalement une certaine chaleur dans cette retenue grinçante qui débouche sur une belle scène d'émotion. Des gags bienvenus (chocolat, poisson rouge) ... La vie terne des gagne-petits confrontés au quotidien régi par les nantis... Aristos, intellos pur jus, attention aux sueurs froides... Les acteurs semblent s'y retrouver totalement, rare bonheur sur le plateau si l'on en juge par les suppléments au dvd. Un premier film tout à fait respectable : loin d'y voir une démarche condescendante vers "le populo", on peut s'amuser de la petitesse humaine, constater que les petits arrangements qui protègent ont du bon. En définitive, trouver la retranscription de ce succès d'édition plus croustillante que d'autres sorties cinématographiques snobinardes encensées d'office !
  • MARGA (2009)
    Note : 18/20
    Découvert dans le cadre "Univerciné" de novembre 2010 à Nantes. Inspiré du livre écrit par "Marga" toujours en vie. Qui nous explique que le Fürher avait ses limites au plan des actions... Il y eut des récalcitrants dans ce coin d'Allemagne, quand ordre fut donné comme ailleurs de séparer le grain de l'ivraie avant de procéder à l'évacuation des "non conformes"... Grâce à une mise en scène familière mais jamais tire-larmes, au contraire assez rude, le spectateur ne cesse de s'identifier à ce père planqué de son côté (alors qu'il servit dans l'armée allemande en 1914-1918 !) séparé de sa femme, d'un blond aryen confondant et leur enfant (à cicatrice au cou) recueillies dans une famille fêtant le départ du fils aîné au Front... Une suite d'épreuves qui relativise les idées reçues... Le cheval blanc moucheté aux multiples navettes rappelle la fraternité de base, peu importe qui lui caresse l'encolure, il n'exige aucune pièce d'identité. On connaissait l'exil d'écrivains allemands, leurs suicides... Mais beaucoup moins de sourds refus dans le fin fond des campagnes westphaliennes : de 1939 à 1945, environ 450 Juifs allemands auraient été cachés par leurs compatriotes non Juifs jusqu'à l'arrivée des Américains.
  • LES BUREAUX DE DIEU (2008)
    Note : 16/20
    Il est impératif d'avoir peu ou prou connu soi-même le désarroi dont il est question dans ce documentaire pour admettre le déballage d'états d'âme, comme ça, devant une dame qu'on ne connaît pas ou bien un monsieur qui vous envoie en péninsule ibérique en planifiant tout... Peu de place pour les hommes dans ce genre d'huis-clos... Tant qu'on est à l'abri des "pépins de ventre", des confessions comme celles-ci sont indécentes. Si les apprentis de la vie sexuelle, garçons ou filles, préférant l'anonymat du planning familial français à tout autre circuit peuvent également être inspirés, l'objectif reste, suite à la pratique du sexe, les diverses répercussions d'un "spermato qui nage"... Témoignages majoritairement féminins, le ventre des dames exige surveillance et peut conduire, en catimini car c'est tabou, à des décisions d'ordre métaphysique (le souci de virginité de sa partenaire, de la part d'un olibrius survolté, fait un peu tache en comparaison !...). Quelle patience faut-il déployer ! Les surprises défilent, de l'anecdotique à la révélation, entretiens en partie inaudibles (cette manie de ne pas articuler !). La réunion et le cours représentent une diversion sur les autres angles du Planning Familial (la limite du secret pour les sans-papiers, mariages blancs, etc.). Claire Simon est d'avis que les femmes vivent beaucoup à travers parents et partenaires, qu'elles disent à la fois oui et non à leur fécondité, car pas franchement délimitées dans leur identité propre : Bureaux de Dieu, il s'agit bien d'un confessionnal des temps modernes, avec des options, mais où rien n'est jamais vraiment tranché. La présence des actrices connues ajoute un plus je trouve, car il y a des longueurs pesantes... Et puis ces quelques secondes de jazz strident en salle d'attente, fort heureusement rattrapées par la Bulgare à trois étreintes fatales (sourire permis tant que notre pays offre des solutions possibles et répétées !)... Mais déjà les violons du printemps concluent d'un seul coup, en pleine ambivalence de l'âme féminine.
  • LONDON RIVER (2008)
    Note : 16/20
    Et dire que j'y suis allée attirée seulement par le contraste entre les deux acteurs principaux... Surtout ne pas craindre de voir ce film malgré la sordide actualité : bon, l'humanité y est abordée telle quelle, avec sa part de défiance instinctive et culturelle, mais le regard du cinéaste se place à distance suffisante de l'attentat pour en dégager une analyse mesurée, jamais austère. Belles images, délicate musique originale, le spectateur est promené de l'un à l'autre des deux personnages, silhouettes profilées qui laisseraient présager un clash, disons qu'ils s'éviteraient sans doute dans des circonstances ordinaires... Se dessine vaille que vaille un apprivoisement pour cause commune... On a là matière à imaginer pareille cruauté près de chez soi, devoir tâtonner ainsi rend soit humble, soit enragé... Justement, j'ai trouvé les deux parents inégaux en douleur pour cause de situations légèrement différentes par rapport à leurs enfants respectifs... Quoi qu'il en soit, Rachid Bouchareb se range du côté de la vie, peut peser par sa volonté de bons sentiments plus l'action se déroule. Au moins il prend position (avec en balancier la guerre des Malouines tout aussi meurtrière !), fustige le fanatisme en tant que plaie humaine conduisant aux aberrations sous bien des formes.
  • SUBMARINO (2010)
    Note : 17/20
    "Submarino" signifierait dans le milieu nordique "lent étouffement"... L'âpreté d'un jeune écrivain danois aurait fortement inspiré Thomas Vinterberg... Son entrée en matière s'avère à la limite du soutenable : le pilier familial blindé réclamant son vermouth aux gosses, taloches et... Rideau... Des images très blanches, un bébé réclamant de l'attention par gazouillis ou pleurs... Quand bien même ces drames ont cours dans notre immeuble et sont camouflés au grand jour, cela reste une torture de les voir sur un écran de cinéma (le délire de "Festen" continuerait-t-il à travailler la peau du cinéaste ?)... L'étouffoir donc... Jusqu'à ce garçonnet écolier : instinctif, affectueux, qui dit ce qu'il ressent, avec lui, pour lui, ça vaut la peine de s'accrocher : "pof" (un bruit marquant !), dès qu'il ôte le capuchon de son stylo à dessin, l'oxygène est de retour... Soudain, peu importe le mystère des deux frères dont l'un irradie (gros-plan de regard d'apôtre fixant la caméra) alors que l'autre semble dans un labyrinthe... C'est assez téléphoné comme déroulement dès que ce garçonnet paraît, mais l'art et la manière, plus l'émotion qui déferle la dernière demi-heure, font que - miracle - on aime l'intégralité de l'histoire !
  • LA VIDA LOCA (2008)
    Note : 12/20
    Il y a des limites au désir de connaissance approfondie quand les extraits vidéo disponibles - on ne peut plus clairs ! - font le tour de la question. D'un côté, c'est courageux de se positionner entre police et gangs, (avec l'accord des deux gangs, il faut quand même pouvoir !) pour filmer au risque de se faire descendre, ce qui est arrivé, hélas... De l'autre, cette attitude révèle l'attirance pour la violence côtoyée jusqu'à plus soif afin d' être divulguée de par le monde : ça fait "oeuvre d'office méritante", on se sent sommé d'admirer... Soit, comme témoignage de notre époque ce film compte : la folie collective, encore plus quand les raisons du pugilat initial se sont évaporées en cours de route (tuer par habitude !), rejoint l'option kamikaze par sa préférence pour l'au-delà. La situation de ces gangs que nulle autorité ne parvient à démanteler dénoterait donc l'impuissance des gouvernants ou bien leur mauvaise volonté ? Trop apocalyptique... A la rigueur la vidéo plus tard, et encore en zappant plus d'une fois !
Notes de L.Ventriloque
(par valeur décroissante)
FilmNote
LA VIE DES AUTRES (2006) 19
LE BONHEUR D'EMMA (2006) 19
SERAPHINE (2008) 19
MARY ET MAX (2008) 19
DES HOMMES ET DES DIEUX (2010) 19
SIBERIE MONAMOUR (2010) 19
CHICO ET RITA (2010) 19
CHERRY BLOSSOMS (2007) 18
PARTIR (2009) 18
MADEMOISELLE CHAMBON (2009) 18
YO TAMBIEN (2009) 18
L'ARBRE (2009) 18
ENTRE NOS MAINS (2010) 18
ANIMAL KINGDOM (2009) 18
LE GAMIN AU VÉLO (2011) 18
MARGA (2009) 18
ZONE LIBRE (2006) 17
APPALOOSA (2008) 17
LE DEAL (2006) 17
TU N'AIMERAS POINT (2009) 17
LE TEMPS QU'IL RESTE (2009) 17
PARQUE VIA (2008) 17
A 5 HEURES DE PARIS (2009) 17
VIEILLIR FEMME (2005) 17
ONCLE BOONMEE, CELUI QUI SE SOUVIENT DE SES VIES ANTÉRIEURES (2010) 17
SUBMARINO (2010) 17
OU VA LA NUIT (2011) 17
RENAISSANCE (2006) 16
YELLA (2007) 16
SOLILOQUES (2008) 16
LES BUREAUX DE DIEU (2008) 16
AU VOLEUR (2009) 16
UN PROPHÈTE (2009) 16
LONDON RIVER (2008) 16
SIN NOMBRE (2008) 16
LE HÉRISSON (2009) 16
TOMBOY (2011) 16
DE L'OMBRE À LA LUMIÈRE (2005) 15
CLIENTE (2008) 15
L'ÉCHANGE (2008) 15
PUBLIC ENEMIES (2009) 15
21 GRAMMES (2003) 15
LES PETITES VACANCES (2006) 14
CENDRES ET SANG (2009) 14
BRIGHT STAR (2008) 14
LA VÉRITÉ NUE (2005) 13
LES GRANDES PERSONNES (2008) 13
TAMARA DREWE (2010) 13
RENCONTRE AVEC LE DRAGON (2003) 12
LA VIDA LOCA (2008) 12