Prix de la Fondation Borau Opéra Prima 2010 entre autres distinctions. Ce film fut très remarqué au vingtième festival espagnol nantais de 2010, tout en laissant un sillage plus que discret, sa sortie officielle française en plein mois de juillet dans de rares salles est suffisamment éloquente... Les deux réalisateurs passent en revue les réprobations d'usage, l'excès de bienveillance au profit d'une absence de culpabilité : on fait avec ce que la nature donne... Rien à voir avec le pessimisme flottant sur "Le Huitième Jour". En principe, rien que l'idée du désir sexuel d'un handicapé pour une jeune fille possédant tous ses chromosomes = fuyons !... Il est offert à chacun(e) le temps de s'identifier au couple formé... Trisomique "des pieds à la tête", affirme-t-il à cette péroxydée à la bouche triste... Une candeur naturelle incompatible avec ce que la galerie appelle "homme" ! Les deux acteurs, prodigieusement complices, s'apprivoisent et on se demande jusqu'où... L'équilibre possible tient aussi aux hautes études de cet handicapé qui anime des conférences (l'acteur Pablo Pineda, on n'a pas l'habitude !)... Sa partenaire finit par rayonner en sa présence, il la fait rire même s'ils en pleurent... Il faut pouvoir soutenir l'entreprise. Pour une fois, le handicap se rapproche de très près du citoyen lambda, assez pour pouvoir s'identifier. D'aucuns y voient une lourdeur insupportable autant qu'improbable. A l'inverse, on peut considérer ce film comme une rareté. Que de tabous il balaie, la bien-pensance, l'équivoque "tolérance" souvent invoquée pour amortir la répulsion est évacuée. Les corps se parlent, l'intimité se négocie en demi-teinte. Du jamais vu.