Critique(s)/Commentaire(s) de L.Ventriloque

Voir ses 50 films notés

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  • LA PRINCESSE DE MONTPENSIER (2010)
    Note : 16/20
    Découvert en présence de Bertrand Tavernier au Katorza à Nantes en avant-première en octobre 2010 : ses explications ont relevé les applaudissements "très respectables mais sans hurlements"... Un film historique, déroulé à la manière des grands westerns, plans larges, musique grandiose (avec un petit brin du ton caustique Eastwood)... Très documenté, ne massacrant pas l'histoire, même s'il use des émotions de 2010 (aucune parole qui ferait "d'jeune", pas plus d'anachronisme, et il s'y glisse aussi de savoureuses formules inusitées aujourd'hui). Classique dans la forme, presque scolaire. Bon, 2 heures 19, c'est un peu long, d'apparence étirée sans raison suffisante par moments... Peut-être à voir deux fois. La première pour goûter l'ambiance, les costumes, les assauts (ces pattes chevalines trébuchant avec ironie lors des départs), s'imprégner de cette période de l'histoire. Et à revoir pour mieux cerner l'intrigue, notamment se faire à cette tête à claques de mari (Grégoire Leprince-Ringuet)... Sans doute pas le meilleur Tavernier mais une démonstration de sa valeur de grand cinéaste une fois de plus. Il permet aussi de relire Madame de Lafayette afin de se projeter dans une période controversée de l'histoire de France, pourquoi pas ?... Barbarie, conflits d'intérêts, un film jamais lugubre cependant grâce à la modernité du traitement : à tout prendre, on rit plus qu'on ne pleure... Tous les acteurs (les secondaires inclus) bien à leur place. Au premier plan, la jolie dame tiraillée (Mélanie Thierry) dont les yeux ne cesseront de se dessiller... Mais c'est surtout Lambert Wilson qui s'en tire avec panache ainsi que Raphaël Personnaz, irrésistible en Duc d'Anjou !
  • OCÉANS (2009)
    Note : 16/20
    Les adeptes de "Planète Bleue" jusqu'à l'étourdissement peuvent, comme moi, aller à reculons voir "Océans" (tout en admettant les qualités de Jacques Perrin, avec d'office avis favorable sur sa complicité avec Jacques Cluzaud) : car au générique, trois grands "créateurs de richesses" doublés de sinistres pollueurs (comment ôter des fonds marins par les les hydrocarbures, déchets nucléaires, substances diluées ou enfouies ? Il est vrai que personne ne viendrait au cinéma... N'empêche, ces ruminations assaillent le spectateur lucide pendant les ballets aquatiques du début. Puis l'entreprise se risque à des angles moins flagorneurs : l'homme, ce prédateur doté d'intelligence doublée de stupidité, se voit épinglé dans ses saccages les plus criants (requins remis à l'eau après coupage des ailerons, dauphins sacrifiés dans des filets inextricables). Mieux encore, la gent poissonnière s'amuse à singer l'homo sapiens (poisson grimmé rappelant le carnaval de Rio)... Les virtuoses de la caméra utilisent des détours, toujours attachés à l'esthétisme de départ, en mariant l'orange et le bleu déclinés à l'infini... Raies d'un velours marron beige qui ondulent, météore en habit de noce, on pense aux défilés de grands couturiers ou à quelque numéro de Guignol. Manqueraient peut-être les appellations les plus courantes de ces acteurs d'un jour, certains en voie de disparition, d'autres nouveaux venus ? Fatalement, dans les fonds marins comme sur terre, cruauté, arrangements à l'amiable, indifférence teintée de mépris, sévissent... Le commentaire en voix-off, que d'aucuns jugent impersonnel, voire niais, prend de la hauteur, certes par égard pour ses bienfaiteurs à double fond, mais aussi par souci d'authenticité : ainsi, des pans silencieux font la part belle aux glouglous, grattements et autres agaceries... Incroyable comme ça déménage sous l'eau ! La croisée des chemins où nous nous trouvons est incarnée par le réalisateur et son fils qui se rejoignent. Out les grands-messes façon Hulot, on baignerait plutôt dans la bonhomie et l'humour façon Frédéric Rossif. Dvd reposant pour les yeux et les oreilles, à se projeter en famille les longs dimanches d'hiver.
  • DANS TES BRAS (2009)
    Note : 14/20
    Pour avoir été placé dans des familles d'accueil enfant, sûr que le réalisateur peut se retrouver dans tous les silences ou regards interminables autour de ce jeune de 16 ans en crise identitaire. Côté spectateurs, l'intervention de la musique permet de reprendre souffle entre deux tensions et de contrecarrer l'austérité générale : aimable Capverdienne Mariana Ramos (avec le talentueux Teofilo Chantre, reconnaissable entre mille !)... Charmante hôtelière rousse et son histoire de mère presque inverse. Ce thème difficile qu'est l'adoption démarre assez fort mais s'effiloche aussi sec à cause de dialogues plats, l'expression "quelqu'un de bien" utilisé trois fois par exemple. Ni audace ni humour. Bien la peine que ce jeune soit aussi bien disposé envers une génitrice qui ne s'est jamais, Ô grand jamais, attendue à un effet boomerang... Malgré les acteurs tous à leur place, cette volonté de surfer sur le déni piétine et on se rabat sur la gestuelle, avec force attitudes "en chien de faïence"... Une scène de danse avec fiston amorçait des retrouvailles gagnant en chaleur pourtant, mère et fils pouvaient forcer sur le champagne pour qu'elle sorte de ses gonds, plus drôle que ces gueules mortifiées !
  • TÊTE DE TURC (2009)
    Note : 16/20
    Ah, que j'aime bien ce refus du bipartisme de Pascal Elbé ! Ce refus de trancher au profit de la volonté de comprendre d'un bord et de l'autre, chacun dans son contexte, avec son passé, ses usages, etc. On dénote la direction d'acteurs "toute en patience, en bienveillance, mais attention "qui ne laisse rien passer". Belle qualité d'ensemble donc pour un premier film donnant de l'air par rapport aux discours plus enragés que constructifs. Quelques clichés forcément, des raccourcis un peu faciles, le spectateur peut peiner à resituer un personnage à la fin si son attention a mal capté l'importance d'une scène de départ (le dvd effacera cet écueil). Une intrigue un brin trop chargée peut-être ?... Qu'importe, on sent la personnalité posée de l'acteur derrière "les deux frères" (joués par Roschdy Zem et lui-même) sans qu'il devienne "pute" pour autant : pas plus pour les flics que pour les malfrats, une force à l'heure actuelle, où tout invite à se ranger dare-dare dans l'un ou l'autre camp. Le film traité à la manière d'un polar, prône de garder son sens critique intact, un regard neuf sur les situations les plus épineuses vaut tous les "rentre-dedans". Autre facette originale, peut-être involontaire, raison de plus pour qu'elle ait du prix : dans le rôle qu'il s'octroie, on perçoit bien l'admiration de l'acteur-réalisateur pour l'actrice israëlienne Ronit Elkabetz, comme ça tombe bien, elle est ici éblouissante !
  • LITTLE CHILDREN (2006)
    Note : 17/20
    L'intérêt réside bien dans ce que Todd Field met en scène autour d'une peur dans notre société. Tous les points de vue sont approchés. On a le temps d'avoir un peu peur de la suite, mais jamais trop, l'humour vient à la rescousse quand ce n'est pas la bande-sonore explicite (le réalisateur est scénariste et également compositeur, ça se sent). Si on trempe dans l'actualité sécuritaire dont justement on préfèrerait s'éloigner, l'avantage est d'ouvrir sur de l'inattendu, exemple la prétendue beauté féminine qui "ne donne que ce qu'elle a" mais à grand renfort de vigilance, les sommets qu'atteignent les fantasmes du citoyen lambda... Sans oublier ces adorables petits vécus par moments comme des sales gosses ! Dérangeants détails que l'on camoufle avec soin d'habitude, les adultes s'évertuant à afficher une patience sans bornes malgré certains délires secrets. Très prenant malgré un démarrage un peu abrupt. Splendide interprétation, le contraste entre Kate Winslet et Patrick Wilson, l'acharnement du flic pas clean, tout le monde à un tournant capital de sa vie. Et c'est traité, rien ne reste en plan... Des tiraillements permanents pour les spectateurs : j'ai beaucoup compté sur la voix-off, très judicieusement plaquée, assurant l'équilibre de cette étude de moeurs à la morale archi-sauve, il fallait s'y attendre.
  • DANS SES YEUX (2009)
    Note : 16/20
    Oeuvre projetée en clôture du Vingtième Festival hispanique nantais (2010). Le regard en dit long dans ce va et vient entre l'Argentine meurtrie de 2001 et celle, asphyxiante au centuple, de 1974, soit la fin du gouvernement d'Isabel Peron, sinistrement précurseur, avec ses morts suspectes, des affres commises par la Junte Militaire jusqu'en 1983 suite au Coup d'Etat de 1976. Gouvernement à tendance terroriste, donc, lors du meurtre dont il est question ici : sont mis en scène des "gens ordinaires dans un film noir" selon le réalisateur Juan Jose Campanella. L'occasion d'un savant parallèle entre un fait divers jamais digéré et des amours lancinantes car nées en milieu professionnel. Deux drames intimes avec Ricardo Darin et Soledad Villamil : le duo aide à tenir, leurs longues oeillades permettant "d'encaisser la pression". Cadavre obsédant d'une jeune institutrice revenant en flash-back, mari à l'affût devenant équivoque, greffière poussant deux hommes à la fois dans leurs retranchements : on demanderait grâce sans l'humour, sans le sursaut qui finit par boucler une fuite éperdue en attendant que débarque une nouvelle stupeur... Fraîcheur et cynisme entremêlés culminent avec ce collègue sacrifié. L'issue surprend par cette justice d'ordinaire fantasmée, une formule permettant le deuil au bout du tunnel... On peut déplorer la forme de l'ensemble, un peu empesée, mais force est d'admettre que le fond, lui, est des plus audacieux.
  • TOUTES LES CHANSONS PARLENT DE MOI (2010)
    Note : 17/20
    Encore une pépite du 21ème festival espagnol de Nantes. Pourtant, je me suis ennuyée un bout de temps dans cette suite d'autres expériences après une rupture sentimentale d'une durée de six ans. Ce sont davantage les jeunes femmes qui dominent l'histoire par leur plastique autant que leur bagou. Peu de chansons, quelques jolis passages instrumentaux (pas trop cette flûte qui grince...). Voilà bien les allers-retours qu'on fait le temps de cicatriser en principe. On se surprend à penser à ce cher Rohmer par moments... Mais qu'il marche donc à petits pas, ce jeune homme enlisé, est-ce pour avoir oublié son talent pour l'écriture ? Or voici que, sans crier gare, ça décolle complètement ! Dix minutes au piano et aux percussions, le bouquet final que cette tirade en direct du coeur incitant à se coucher par terre bras et jambes en croix les yeux fermés tellement c'est touchant, impliquant, invivable !
  • 10 + 4 (2007)
    Note : 18/20
    Plusieurs récompenses en 2007 : Faisan d'Or & Meilleur Réalisateur Trivandrum, Prix Jury Jeune Festival des Trois Continents + San Sebastian, Vancouver, Pusan... Et rien d'étonnant car cette dure plongée dans le monde de la maladie grave bouleverse. Rondement mené : on part en voiture, un peu comme dans "Ten" d'Abbas Kiarostami, sauf qu'ici le décor va changer. Une approche compassionnelle, mais pas sur toute la ligne. Mania Akbari illustre son sujet en montrant quelques scènes d'habitude gardées intimes (regard reprochant du garçonnet, bévue d'un policier prêt à sévir, sororité accrue, baisses du moral créé par la chimio, etc.), non sans humour parfois, pour arriver à une affirmation terrible à l'heure où les cancers, même si on peut en guérir aujourd'hui, se multiplient... Chacun sait que l'environnement pourrait causer de sérieux troubles sur notre santé globale, controversés comme souvent, mais que l'avenir pourrait bien préciser... Ce film dit que les femmes atteintes dans leur sein, symbole de l'origine humaine ou animale (là où le petit commence à s'abreuver) "appelleraient" la maladie. Cruel, même s'il y a une part de vrai, surtout pour les personnes malades ou revenues de très loin... Et c'est encore et toujours charger la femelle du poids total de la création. J'ai vu des femmes incapables de se lever en fin de projection tant elles étaient sonnées. Mais sans doute fallait-il avoir le courage de mentionner la part métaphysique dans cette anarchie cellulaire ?
  • UN MARIAGE DE RÊVE (2008)
    Note : 16/20
    Easy Virtue : vertu facile. Le titre anglais fait plus dans l'ambiguïté que le français, juste ironique.Jeunes couples dans les nuages, fervents de l'ordre moral, stoïques des structures haute sécurité et respectabilité, familles pépères : vous serez vite agacé par ces gesticulations autour d'une péroxydée grillant clope sur clope... Pour une fois, père et fils ouvrent sur une situation pleine de santé, pas une seconde d'immoralité, je me demande comment. Langage châtié british ou tango révélateur ?... Colin Firth décroche la timbale alors qu'on commençait à être gavé des chassés-croisés de ce beau monde en ébullition. Il est nécessaire d'excuser les maladresses de dialogues, un peu trop "light" par moments, on est entre deux graves conflits mondiaux, dans les années vingt, dommage que certains plans ronronnent un peu à vide... Mais globalement, même si les étincelles sont inégalement réparties, c'est finement envoyé, je pense à cette tromperie de chasse à courre, de quoi rendre pacifiste et féministe d'un seul coup. Plaisir de piques gagnant en puissance avant d'en venir au fait, jolie réflexion sous-jacente sur l'amour véritable en même temps... La fin rachète la lenteur à exploser. Kristin Scott Thomas délicieuse en mielleuse racornie (bien plus belle que je n'aurais cru la belle-doche !). Sans doute un simple divertissement pour les frileux, une incitation à la liberté pour ceux qui trouvent qu'elle prime sur le qu'en dira-t-on.
  • INTO THE WILD (2007)
    Note : 17/20
    Inspiré d'une histoire réelle, ce film peut trouver mille interprétations selon qu'on se place dans les années quatre-vingt-dix (période de référence puisque le héros dessine sa trajectoire dans cette décennie-là), soixante-dix (grande vogue idéaliste, partir loin en auto-stop et se fondre dans la nature, sur les traces de Kérouac et autres absolutistes en réaction au système économique quasi-incontournable de maintenant s'ébauchant déjà...) ou du vingt et unième siècle, 2007 par exemple, rond-point du grand saut collectif dans le mur ou des premiers paliers d'une saine "décroissance" ?... Bien entendu, la voix-off de la jeune soeur, qui annonce l'issue, serre les tripes. Ce cabossé par l'hypocrisie familiale, et qui n'a pas su tout petit écluser son trop-plein de pouvoir personnel, va se dépouiller de l'intégralité des stigmates civilisés avec l'entêtement de celui sûr de son fait. Escamotant l'impasse à laquelle conduit la négation du bonheur partagé... Niant une fusion - même fugace !- avec une fleur bleue chantant sa propre errance, esquivant, tellement borné plus il chemine, le merveilleux parent de substitution auquel il pourrait se raccrocher pour garder l'équilibre entre son idée fixe et la réalité imparfaite... Ramené à ce ceinturon symbole, dont il resserre toujours plus les crans... Sean Penn nous pose question sur cette part de perfectionnisme né de l'esprit de contradiction, dont l'objectif demeure souvent fumeux, pour déboucher sur un lent étranglement... Très grande portée de réflexion !
  • ILS NE MOURAIENT PAS TOUS MAIS TOUS ÉTAIENT FRAPPÉS (2005)
    Note : 17/20
    Certes pas parfait mais indispensable (encore plus depuis cet été 2008 où le Code du Travail français subit quelques accrocs à découvrir au fil du temps). La caméra sur pied limite les angles, il est permis de décrocher des récits très personnels de ces dames (pas un seul monsieur parmi les plaignants, ça manque).Cela n'en reste pas moins UN DOCUMENT, et il s'agit de l'ANNEE 2005 : en 2008, ce phénomène d'isolement des salariés s'est encore amplifié, à des degrés divers toutefois, les patrons ne sont pas tous à épingler impitoyables parce qu'ils ont toujours plus de droits, les exceptions existent. Ce reportage montre les mises à l'index des récalcitrants, affaiblis, niés. Il a le mérite de mettre l'accent sur L'AIDE EXISTANTE, il suffit de trouver le courage et les bonnes personnes, rien n'oblige à subir le pire, et jusqu'au suicide. Personnellement, mon passage préféré sur le dvd, c'est surtout cette Madame Khôl si digne et en même temps si théâtrale, dans "Mon diplôme c'est mon corps" descendue au fin fond de ce que le travail représente pour l'individu identifié à son rôle professionnel sans reconnaissance aucune : faire le ménage comme on peint un tableau de maître, sans cesse recommencé dans l'indifférence, une machine parmi les machines, au point de considérer ses maux, son usure personnelle, comme des pannes venant troubler le cours normal de sa vie.
  • DEPARTURES (2008)
    Note : 18/20
    Departures = départ en voyage, embarquement. L'au-delà donnant presque envie d'y être ! D'ordinaire, des soins pareils s'appliquent aux nourrissons ou aux gens de scène. Ici pour l'ultime pirouette "une fois sur l'Autre Rive, enfin la paix" : la manière dont le spectateur conçoit la chose est capitale car la caméra explore sous les couvercles, invite à se visualiser dans une autre dimension... C'est traité sans gommer les nausées des croquemorts, de celles qui décoiffent ! Saine réflexion sous ses dehors en demi-teinte. On rit et on s'attendrit, les pires drames de l'existence comportent souvent ce paradoxe. Pour le réalisateur, seul le passage de vie à trépas mériterait notre interrogation, l'enveloppe charnelle étant seulement le repère des survivants, ces malheureux en sursis... L'acteur principal (très bonne bouille de petit garçon !) incarne les mille préoccupations de l'époque présente, l'adaptation aux boulots les plus déroutants, la difficile transmission des enfants nés de parents démissionnaires... Le Japon dépeint rappellerait assez celui d'Oshima dans ses plus belles avancées. Avec un violoncelle qui berce d'un bout à l'autre (la musique ne fatigue à aucun moment), le végétal, le minéral, la bonne chère à l'honneur... Epicurien, plus que je ne l'aurais cru ! Il faut juste supporter la lenteur à se dévider, on peut parler de danse macabre du meilleur goût... Poétique, délicat, dommage que les 2h11 (dues aux plans appuyés sur le jeune couple, emblème du Japon contemporain) et le thème des macchabées fassent reculer, il faut se raisonner avant le déplacement en salle en cet été 2009... Après tout, le retour au néant n'est pourtant rien moins que notre état antérieur dont la conscience entretien le flou... Ah, passer commande de services aussi charmants sur son assurance-vie !
  • L'ETRANGE AFFAIRE ANGELICA (2010)
    Note : 17/20
    Bien aimé ce lent voyage au piano dans la pénombre. Atmosphère proche des rêves nocturnes rassurants quand on en émerge au petit matin (attention, certains détestent ça !). Manoel de Oliveira,103 ans à la sortie de ce film, estime que ce sont les humains qui font tout un tintouin de la mort en martelant que la vie seule a droit de cité, oubliant l'éternité, ce long sommeil égalitaire quoi qu'on ait fait de son vivant. Bien mieux que le travail de la terre, la lutte des classes, les dangers de la pollution... Tel ce chat lorgnant l'oiseau dans sa cage, le photographe se laisse envoûter par son sujet. Moments délectables que ces yeux qui clignent dans un sourire élargi et ce couple allongé qui circule d'un bout de l'écran à l'autre, humour de cette rose jetée négligemment en cours de route. Même ironie que "Belle toujours", personnellement j'adhère. Mais les rationalistes gagneront à aller voir autre chose.
  • PIECES DETACHEES (2007)
    Note : 14/20
    "Partes Usadas" : aurait un sens supplémentaire en langue espagnole par rapport au français ?... Suivi, en v.o. au Festival des Trois Continents 2007, l'évolution de Ivain, ce gavroche mexicain que son oncle Jaime dresse à la débrouille, en frôlant parfois le mauvais goût pour le spectateur tant sa conception éducative s'avère d'un goût limite. Oncle et neveu caressent toutefois le même rêve de sortir de leur mouïse matérielle pour passer en Amérique, si seulement la copine de l'adulte ne venait pas s'immiscer... La gêne dans les mauvais coups auxquels l'oncle initie son protégé alterne avec les moments délectables entre Ivain et son jeune copain dans leur petit business parallèle. Mais, hormis la surprise de l'accident dans le parking, installant une soudaine consternation, j'avoue m'être un peu ennuyée et avoir souffert de cette manipulation d'un enfant par un parent qui mériterait bien quelques baffes.
  • INTERDIT D'INTERDIRE (2006)
    Note : 16/20
    Vu en v.o. au Festival des Trois Continents 2007, ce film a une réelle santé. D'abord, ce saut dans les favellas brésiliennes, bien qu'à peine pénétrées, mais où on enregistre un drame qui est probablement courant là-bas, hélas... Les jeunes présents dans la salle nantaise ont apprécié tout particulièrement l'humour et la dérision du jeune urgentiste qui fait face à bien des drames, dont le cancer à un stade avancé. Certes, le titre, et quelques allusions, ravivent la période de révolte Che Guevarra, et on se dit houlala, ça va déboucher sur un message utopique un brin stérile... Une belle jeune fille évolue entre deux copains attirants, le premier est noir, pacifiste, plein de fougue, le second est blanc, apparemment généreux mais tellement mystérieux. Les circonstances feront tout le reste, assez loin du marivaudage habituel. Généreux message global, l'amitié vient à la rescousse de l'amour et c'est crédible pour ce trio passé par tous les stades émotionnels.
  • TRAIN DE NUIT (2007)
    Note : 18/20
    Une femme-bourreau à l'écran attire, surtout quand le cinéaste en dévoile la sensibilité sous le masque. C'est comparable à la violence que se font tous les responsables de par le monde dès lors qu'ils optent pour l'application d'une sentence inhumaine. Splendeur de chaque minute à l'image. Etrange douceur en creux. Bercement du sirop musical. Des ombres plus que des présences dans un entrepôt d'automates qui répètent leur numéro : jouer à être plusieurs. Et soudain, un strip-tease raffiné se décalant en très gros plan sur l'oeil embué de cette solitaire à vie, qui se prête pourtant à un corps à corps périlleux, fuit vers un animal battu à mort et revient pour la virée en barque d'un romantisme incertain... Ce regard acéré, toujours esthète malgré la noirceur du sujet, est loin d'émaner d'un monstre froid. Le cinéma chinois indépendant, encore trop méconnu en France en 2011, offre mille visages, c'en est un, dont curieusement les spectateurs sortent prostrés, les spectatrices un peu moins.
  • UNE VILLE D'AMOUR ET D'ESPOIR (1959)
    Note : 15/20
    Vu en v.o. au Festival des Trois Continents nantais 2007. Noir et blanc. Les riches sur les hauteurs, les pauvres tout en bas, dans le fourmillement des cheminées d'usine. Ces sacrés pigeons à vendre à la sauvette, et qui trouvent preneurs bien qu'éternels revenants à leur cage initiale, chez Masao, promu chef de famille à la mort du père, jeune homme que sa mère exhorte à travailler aux pires conditions afin de survivre avec la petite soeur, un peu en retard dans son développement mais obnubilée par le dessin d'oiseaux, souvent morts. On est bien dans une oeuvre d'Oshima. Un jour, une jeune fille riche veut sortir Masao de sa misérable condition, persuadée, dans sa fougue juvénile, que les différences de classe peuvent s'aplanir par la seule force de la volonté : à peine passée l'étincelle d'un accord auquel le spectateur commence à croire et la réalité reprend ses droits... Oshima a des convictions inébranlables sur la société japonaise de son temps, il ne saurait faire dans la dentelle... Les pigeons semblent symboliser l'éternel retour à la case départ de tout un chacun, castes opulentes menant leur vie à l'aise du haut de leurs demeures, pauvres hères ds bas-fonds peinant à survivre, mais dont les oiseaux continuent à être miraculeusement vendus aux riches pour ne pas mourir tout à fait ?... Des scènes touchantes rachètent la noirceur du propos.
  • LES JOIES DE LA FAMILLE (2008)
    Note : 17/20
    Découvert à Cinépride Nantes en mai 2010. L'adoption d'enfants étrangers ou locaux a beau être permise aux gays en Suède, s'il faut en croire la réalisatrice Ella Lemhagen, facile à énoncer, plus difficile à concrétiser : aucun enfant de présenté aux postulants, plutôt quelques cas sociaux... En témoigne ce couple désarçonné par l'arrivée du "bolide", attention, pour seulement un week-end, c'est une erreur administrative, le bébé rêvé va arriver... Des scènes filmées de manière réaliste même si ça se passe dans une banlieue chic. Bien sûr, la tournure des événements se devine, cette jeune fille les cheveux sur la face, et ce chien mentionné dans la conversation... Pas si gentil que ça malgré le décor vu et revu, ça jase dans le quartier. Le trio souffre mille morts, rejet, concurrence... Soudain, à partir de quelques photos, on fond davantage que prévu. Un film plein d'énergie, qui réconcilie les genres.
  • TROPICAL MALADY (2004)
    Note : 16/20
    Vu au Festival des Trois Continents 2007. La démarche est déroutante, bien qu'on soit prévenu par l'entrée en matière. Donc, "nous passons notre temps à dompter notre nature animale, naturellement féroce". Partis d'une rencontre assez soft de deux hommes dans la réalité, on vire vers le voyage sulfureux et cela peut dérouter à partir de la descente à l'intérieur du temple. Mais pour peu qu'on parvienne à se réconcilier avec son moi animal relié ici à la forêt primitive, et admettre le mythe du jumeau dans sa propre personnalité, embarquement possible (car de vaguement inquiétant, ça peut devenir envoûtant). Références chamaniques, poésie, tendresse et cruauté, un beau travail côté image et sons, le noir de la forêt tropicale avec aussi peu de lumière est un régal, les interférences avec tout appareil de liaison radio assez inhabituelles au cinéma... On bascule dans le fantastique (attention au soporifique si on n'a pas assez dormi) et se doubler d'un léger malaise, l'idéal est de se croire en train de rêver, ne pas rationaliser surtout, c'est le pays d'où l'on ne revient pas qui envahit la conscience... Les interventions du grand félin, du bovidé en superposition, ainsi que du singe dialoguant avec l'homme en mutation représentent une merveille de sauvagerie renvoyant à d'autres mythes de la réincarnation, tout aussi effroyables mais sous forme plus civilisée, Alien ou Dracula, voire même en 2007, quelques hommes d'Etat toujours plus hallucinants, suivez mon regard.
  • LES ARRIVANTS (2009)
    Note : 18/20
    La CAFDA et les demandeurs d'asile : ces derniers de plus en plus nombreux déjà en 2008 (année de production), sachant que, depuis, les moyens ont dû rester stationnaires voire en baisse, mais sûrement pas les arrivants... Imaginons devoir miser sur un eldorado après des sévices, fuir on ne sait où, à la merci de passeurs douteux... Ce documentaire dévoile les limites de part et d'autre et que rien n'est totalement dû ! D'humain à humain, chacun à vif. Au passage, une complicité, un répit, la demi-vérité, l'envie d'envoyer valser aussi (et sans doute pour ceux "du bon côté de la barrière" lutter pour ne pas mettre de sa propre poche !)... J'en suis sortie en réalisant que c'est le revers des guerres, de l'économie libérale sans frein. Ou alors il faudrait injecter des sous à la CAFDA et redonner le droit d'asile à des personnes autorisées à travailler et qui trouvent du travail sur le sol français, quoi de plus hasardeux aujourd'hui ?... Tant de petits trimballés, dont le sort semble se jouer à pile ou face, fait venir en premier à l'esprit le tabou international suprême : limiter les naissances !
  • BACK SOON (2006)
    Note : 16/20
    On sent fortement les influences multi-culturelles de cette cinéaste. D'emblée, une affiche de Mona Lisa le joint au bec... Escapade entre rêve et loufoquerie, avec pourtant quelques événements graves. Une mère-célibataire semble détenir le filon pour se racheter un avenir, un peu comme ces oiseaux qui pépient autour d'elle sans qu'il y ait un seul arbre. Marre d'avoir froid sur son île destabilisante. Sa maison prise d'assaut comme un hâvre de paix. Les légendes polaires et leurs bizarres réincarnations affleurent... Mais le spectateur a droit à un trop petit bout de chanson, cette voix rauque accompagnée d'une guitare sortie du haut de l'écran méritait qu'on s'y attarde. Plus toute jeune mais encore très avenante, cette quinquagénaire miraculée contient son besoin de réchauffement si l'on en croit le reggae couleur locale, on a les soleils qu'on peut avec une nature impitoyable, dont seuls les touristes peuvent goûter les charmes puisqu'ils passent... Ce qu'elle pense est écrit sur sa tête qu'elle a bien sur les épaules, ce qui fait qu'on croit à son projet, plausible encore plus avec cette lampe-globe dont il ne reste plus qu'à mettre l'ampoule. Prudence de la réalisatrice d'avoir introduit cette brève description d'un consumé par le tabac face à l'herbe locale, qu'on n'aille pas croire qu'elle prêche de fumer n'importe quoi !
  • HALF MOON (2006)
    Note : 13/20
    Effectivement, je me demande encore en sortant de ce film, pourquoi nous sommes laissés sur notre faim à ce point-là suite à l'intro musicale sur combat de coqs, suivie de ce bus qui conduit vers "le concert" imaginé à l'avance fracassant... La scène des 134 chanteuses exilées avec leurs tambours infiniment prometteuse, l'enlèvement de l'une d'elles pour sa voix précieuse... L'aspect politique insoluble est-il illustré par cette forme d'impasse déplorable ? Quelle frustration ! A noter dans cette horde masculine bornée, suivant comme des moutons leur vieux chef irascible, quelques gags entre archaïsme et actualité à la limite de l'absurde, mais qui font rire. Le must vient surtout de l'intrusion des deux déesses orientales dont les regards ne peuvent se détacher : sans leur mystère, le film laisserait le souvenir d'une errance difficile à comprendre.
  • BALADA TRISTE (2010)
    Note : 10/20
    Présenté au 21ème festival espagnol en 2011 à Nantes. Pour ceux que rien n'inquiète ou qui raffolent d'action façon western et d'un humour noir saturé, à deux doigts de se griller la cervelle. Très très grosses ficelles en cascade, salves musicales rappelant l'envoi des pubs en avant-programme au cinéma. Il faut aimer ou en être assez imbibé pour ne plus en faire cas. J'admets quelques fulgurances côté dialogues et une bonne entrée en matière entre les deux personnages en parfait contraste. Techniquement, c'est du haut de gamme rappelant par moments la mégalomanie de Welles. Du boulot pour agencer tout ça, aucun doute. Instillé dans un film à l'intrigue plus étoffée, ce serait divin. Nul doute que le clown triste avec flingue s'avère une excellente variante du clown meurtrier de Stephen King. On est en déroute, ça accroche. Possible aussi d'être happé par tout le visuel, ces savants maquillages de gueules cassées. Un discours hara-kiri qui peut prendre si on aime l'action et le rire premier degré. Ou faire qu'on quitte la salle à une demi-heure de la fin, ulcéré de cette frénésie de galopin exhibitionniste (bien davantage qu'historien !)... Heureux ceux qui peuvent, pendant deux heures de violence virant au cauchemar rire de deux clowns s'étripant pour un clone féminin. Pas une seconde de romantisme pour adoucir mais une foire permanente !
  • PONYO SUR LA FALAISE (2008)
    Note : 16/20
    Mignon tout plein (hélas, en version française en salle !). Le public est ménagé par cette adaptation lointaine de "La Petite Sirène", l'opacité des légendes japonaises donnant l'impression d'une histoire effleurée (beaucoup moins pertinent que "Princesse Mononoke" ou "Chihiro")... Sans doute un désir de protéger l'âge tendre en lui présentant le supportable. C'est donc parfait pour les moins de 10 ans, tous assez au courant des catastrophes pour de vrai. Solidarité, entraide, on doit s'arranger du malheur, inclus ce terrible tsunami, transcendé au mieux... Beau, poétique, charmant, point trop gonflé. La musique amalgamée aux dialogues français (vivement le dvd pour la v.o. sous-titrée !) pèse son poids par-dessus la voix sépulcrale de la déesse de la mer régnant sur tout... L'ambiance de la maison de retraite jouxtant l'école, la maman qui conduit comme un pied, le papa se faisant désirer à force d'heures sup, constituent un écho nécessaire dans le monde adulte accompagnant les petits spectateurs en après-midi, incroyablement sages d'un bout à l'autre et sans poser de questions, attention, c'est LEUR film ! .
  • LES INVITÉS DE MON PÈRE (2009)
    Note : 17/20
    Plus profond qu'il ne le laisse supposer par les questions qu'il pose au spectateur, "Les invités de mon père" a ce quelque chose de familier, de chaleureux, que d'aucuns qualifieront de "popote", ou alors de petits-bourgeois, du fait que "l'action se passe en milieu friqué", là où il est commode de se montrer charitable, d'office fraternel envers "ces pauvres qui n'ont rien"... Sauf que la finaude Anne Le Ny ose fondre sur une étrangère ambitieuse rivalisant avec des rejetons légitimes auprès d'un octogénaire devenu le centre... Intéressants méandres, qui devraient dérider les familles aux prises avec héritage ! On brasse, des dialogues vivants aux silences expressifs (ah, ce rideau rouge !). Des personnages à réactivité variable, loin d'être des saints, tout un chacun peut s'y retrouver. Mais attention, il faut bien, à un moment, trancher dans le vif ! Après tergiversations... Dans l'ensemble, on rit plus qu'on ne pleure !
  • PAIN NOIR (2010)
    Note : 18/20
    Merveilleux grâce au mot de la fin. Les premières prises de vue sidèrent, de cruauté, de beauté, d'adresse technique : comment filme-t-on un cheval dans une posture aussi acrobatique ? Le flou est entretenu ensuite : "qui a pu faire le coup". Inquiétant recours aux notables à double tranchant et refuge dans la nature, on frôle le fantastique, déjà résigné à un obscurantisme toujours croissant. Et pourtant, impossible de détourner son attention de ce petit avec ses grands yeux observateurs qui commandent d'engranger pour après. "Mourir pour des idées"... Agusti Villaronga décrit le conditionnement familial par petites touches certes un peu longuettes, pour conduire au mouvement du coeur irrépressible. Liens du sang, attachement à la communauté, croyances idiotes, bipartisme, on ouvre les yeux sur ce qui fait avancer d'un cran au plan individuel dans un premier temps, collectif par ricochet beaucoup plus tard. A notre époque frileuse sur ces questions (du moins officiellement), c'est bienvenu.
  • INVICTUS (2009)
    Note : 17/20
    Totalement étrangère au rugby, j'ai palpité en regardant ces "bêtes" de stade s'encastrer en mêlée, sans doute davantage que les rugbymen connaissant la vraie histoire sur le terrain ? Au passage, l'occasion de se remémorer l'histoire de l'Afrique du Sud, comprendre pourquoi les blancs et métis indiens se sont réclamés être les premiers arrivés sur ce sol... Quoi qu'il en soit, Mandela aura fait beaucoup afin de raisonner un peuple contraint au séparatisme par des goinfres, or et diamants ayant contribué à la tyrannie séculaire... La rancoeur, la crainte, couveraient à présent du côté des Noirs : la fille de Mandela et l'un des gardes-du-corps croient difficilement en une paix durable (le soulèvement sportif ne peut tout englober, aujourd'hui, les Afrikaners vivraient un calvaire)... Clint Eastwood tient à souligner que la trajectoire de Mandela demeure exemplaire en ce moment, avec la montée des extrémismes. Matt Damon en colosse attendrit et fait rire par moments, la caméra à chaud sur le terrain rappelle l'humour du réalisateur, grand connaisseur des "beignes" au cinéma... A noter que Morgan Freeman pourrait être le jumeau de Nelson Mandela tellement il a pigé ses façons... On repère le nom d'Eastwood Junior côté musique, mélodieuse, très peace and love... Romancé comme récit, un peu testamentaire ? Au moins, ce coin du globe évolue même si on n'efface pas la monstruosité de "l'Apartheid". Mandela avait assez cogité en prison, observé que jouer au ballon rassemble, assez pour que les All Blacks laissent gagner les Springboks !
  • UNE CHINOISE (2009)
    Note : 18/20
    Une Chinoise plutôt grande, longiligne, avec des pensées intérieures vindicatives se traduisant par des mouvements d'humeur tout à fait partageables pour qui examine consciencieusement ses premiers refus du début de l'âge adulte. Elle encaisse en faisant de sa destinée une affaire personnelle. Des prises de vue toujours soignées (je pense à cette arche symbolique ou à cette volée d'escaliers en arrondi descendus comme en dansant). Plaisant à suivre. La musique aussi séduit, en accord parfait avec ce cri de femelle tournant du bravache au caprice irraisonné. Double lecture possible en supposant que cette grande fille illustre une certaine Chine, plus souterraine que l'habituellement montrée. On se croirait avec le meilleur de Sofia Coppola, en bien plus culotté concernant la jugeote féminine !
  • ENTRE LES MURS (2008)
    Note : 19/20
    Et pourtant...En découvrant la bande annonce, recul instinctif : une horde de sales gosses face à un prof qui tape sur la table, "hey, hey, hey !", et cet horrible jargon banlieusard "rien que des trucs de ouf"... Pire encore, notre homme parlemente avec ses "monstres" dans la cour, maso ou quoi ?... Erreur, à mieux y regarder, c'est un passionné du genre humain... Alors, répression ? Laxisme ? Démission ? Qui peut se flatter de détenir la science infuse dans un groupe multi-culturel "dissipé", avec acculturation, encore plus à effectif enseignants/surveillants moindre ?... Effet boomerang des non-dits, haines tacites, régurgitations de colonisation, de ghettoïsation, séquelles des bavures policière assortis à la "bien-pensance" ambiante ! Reste une petite porte entrebaîllée... Le professeur Marin, loin d'être un surhomme, tente le tout pour le tout, il a la chance d'être globalement soutenu dans son Etablissement. Qui garde un excellent souvenir de ses profs de français en général, se dira "mais quelle crème de prof" !... Au loin, se profilerait bien le Ministère de l'Immigration, léger trouble dans les esprits, quoique... Assez d'éléments pour cerner à froid le fonctionnement du collectif juvénile : à 14/15 ans, c'est tribal, théâtral, tous ralliés à la transgression des meneurs, or, il faut bien se colleter à une opposition pour grandir... Des parents qui, dans leur majorité, n'ont pas su ou pas pu faire, il faut oeuvrer à leur place... "Entre les Murs", merci Monsieur le Proviseur ! Vous incarnez le père si absent de nos sociétés ! Ce film représente une fiction que la réalité dépasse, mais il a l'avantage de remettre à plat la question de l'autorité sans recours à la force publique. Développer chaque jour des trésors d'ingéniosité pour conjurer l'explosion ! Ces jeunes reflètent les tensions adultes de nos sociétés à fortes inégalités, sur lesquelles repose un couvercle difficile à maintenir... De l'autre bord, qu'on s'affiche guide ou censeur, quant l'impossible a été tenté, le professeur souhaite pouvoir juste faire son travail : assainir un groupe, parfois en neutraliser l'élément toxique quand bien même il est noir et défendu par les siens, avec papiers en règle ou non... A ce jour, virer l'intrus est le seul moyen de récupérer la fraîcheur des autres élèves pour avancer !
  • QUELQUE CHOSE À TE DIRE (2008)
    Note : 14/20
    Ah que voilà encore un film divertissant grâce à ses comédiens ! Le contraste entre eux, ici, ajoute sa part de réussite... Solitude de l'individu peu enclin à dévoiler ses secrets intimes, tous les subterfuges sont de sortie ! L'histoire tourne autour d'Olivier Marchal et Mathilde Seignier (le gentil flic salivant devant la fausse dure). Toutefois, le plus joli numéro est sans conteste celui de Patrick Chesnais et Charlotte Rampling, un tandem qui ne demandait qu'à être plus mordant encore, lui campant un rescapé d'infarctus et elle en épouse trop impériale pour ne pas finir par vaciller... Judicieux contrepoints du frère et de la soeur, métiers de circonstance, milieu aisé... Une mise en place épatante, sur laquelle Cécile Télerman plaque l'improbable, cette histoire de tableaux tordue déboulant comme par hasard dans ce microcosme-là... C'est miracle que l'atmosphère soit sauve ! On peut dire merci aux rôles principaux invitant à mettre sa jugeote en veilleuse, passer sur les grosses ficelles ainsi que quelques dérapages de dialogues (l'histoire du rêve "merdique" de Pascal Elbé par exemple). Pardonner aussi ces tout jeunes acteurs causant les dents serrées, sans doute comme dans la vie : Charlotte Rampling, modèle d'articulation dû à son impeccable bilinguisme, aurait aurait pu leur donner des cours de diction !
  • WHATEVER WORKS (2009)
    Note : 14/20
    Etonnée du peu d'impact me restant de cette comédie de Woody Allen une fois sortie de la salle. Pourtant, après une demi-heure en avalanche, fort bavarde, surjouée de mon point de vue (accent américain du nord de l'ingénue cornant dans les oreilles !), j'ai bien ri face à cet effroi qu'est la simple disparition de la surface du globe : pourtant très relative, la mort à y bien regarder, surtout sur les vieux jours, quand on a intégré que l'enfer serait plutôt ici-bas, certes à des degrés variables. La logique commande : tant qu'une situation marche, la garder, sinon en changer... Pour ma part, je préfère le cinéaste dépaysé hors de son fief, et dirigeant des acteurs plus charimastiques. Ou alors un autre registre que la démonstration d'écran à spectateur pour traiter le vertige qu'inspire le néant. Pour dire le fond de ma pensée, j'aurais cent fois mieux aimé Woody Allen à la place de Larry David, le rêve suprême et inaccessible étant Groucho Marx, ce film n'a cessé de me faire penser à lui. .
  • NANNERL LA SOEUR DE MOZART (2010)
    Note : 16/20
    Peut-on réaliser un film en étant archi-faux au plan des dates de l'Histoire ? Toute la famille Féret réunie en album photos aux couleurs chatoyantes tendrait à le démontrer... Joli travail d'orfèvre que cette retranscription du dix-huitième siècle, atmosphère, décors, costumes, poses, dialogues. Juste un brin d'académisme et surtout les bourdes historiques précitées, ce fils de Louis XV déménagé de son époque !)... Sans ces failles, l'oeuvre était remarquable... Des scènes du quotidien attachantes, une musique sublime, je retiens ce morceau précis attribué à la jeune fille, qui donne envie du dvd... Le réalisateur "brode" avec infiniment de goût pictural et sonore le périple d'une famille musicienne à travers les Cours d'Europe. Féret est convaincu que "Wolfie" a assombri l'avenir de sa soeur aînée : une virtuose interdite de violon, cantonnée au clavecin et au chant par les usages... Elle eût certes gagné à refuser de se travestir pour approcher ce fêlé de Dauphin... Si l'on parvient à dépasser les anachronismes fort dommageables à ce film, quelques lenteurs aussi, ce portrait de créatrice ciselé avec art (dont le père Leopold sait la valeur !) peut faire chavirer hommes et femmes !
  • L'ÉTRANGER EN MOI (2008)
    Note : 18/20
    Bouleversant Prix du cycle allemand "Univerciné" Nantes Saison 2009/2010... Quand la majorité des mères fusionnent avec leur bébé à sa naissance après à peine un coup de blues, quelques-unes se sentiraient inaptes, voire assaillies par cet étranger abrité des mois dans leur intimité ? Perdues, appelant leur propre mère au secours ? Rebekka est fleuriste, plus à l'aise avec le monde végétal qu'humain, perfectionniste, ce qu'en français on appelle "une femme maniaque" : des idées fixes du style "c'est toujours préférable d'allaiter"... La cinéaste franco-iranienne Emily Atef s'empare du syndrome postnatal, sans omettre les constats que la société traditionnaliste dresse dans l'inquiétude des lendemains, du style "tout pour être heureuse, bon sang ressaisis-toi !". Embarras, compassion, admiration cohabitent ici, tant est complet le traitement, inclus celui du père et de l'enfant. C'est joliment déroulé, avec mille petits signes à l'image (cette eau qui engloutit ou libère), on a le temps d'avoir peur malgré ce tableau d'un baiser de couple entrevu chez le vieux cousin. Beaucoup d'émotion dans regards ou évitements, la gestuelle, le réapprentissage du toucher, avec tout juste ce qu'il faut de mots... Superbe invitation à se pencher sur les tréfonds féminins !
  • UNE JEUNESSE CHINOISE (2006)
    Note : 15/20
    Tien an Men se devine en arrière-plan, derrière l'agitation estudiantine qu'on n'arrive pas à interpréter comme les premiers chagrins d'une jeunesse sans repères, à l'esprit étroit, juste capable de se raccrocher au premier amour venu, on voudrait qu'il y ait davantage à creuser. D'emblée, le corps semblerait le seul et unique baromètre grâce auquel l'héroïne exulte pour très vite s'en défaire de peur que... Et on tourne en rond avec cette notion, plaisir d'amour ne dure qu'un moment, sauve qui peut. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse en même temps, les deux partenaires de la jeune fille n'ont rien d'exceptionnel pour qu'elle en tombe à ce point dingue (pas une seconde elle se reprend, puise en elle-même de quoi contourner ce besoin pire qu'une drogue). Je retiendrai donc plutôt une allusion au contexte politique (comme dans ces films russes axés sur le thème guerre/amour, un prétexte pour contourner la censure), c'est plus le désarroi des jeunes générations chinoises face à la répression du pouvoir en place (attraction/répulsion pour son propre pays) qu'une obsession du lien amoureux en soi, les intrigues étant trop minces pour être déboussolantes, l'aspect intellectuel à peine ébauché grâce aux citations. En tous cas, la violence ne peut se transcender dans sa totalité, elle couve... L'effervescence juvénile est bien vue, de très bons moments malgré les excès, je déplore l'absence totale de philosophie des jeunes dépeints, ils ont vraiment très peu, trop peu de force intérieure personnelle. La chute du mur berlinois fait un curieux parallèle dans ce récit de comportements... L'auteur veut-il, par tous ces détours, souligner la faillite du collectivisme ou le désespoir face à la mondialisation ? Les paris sont ouverts.
  • MAMMUTH (2009)
    Note : 13/20
    Des pistes louables, mais hélas régulièrement bâclées pour se réfugier dans l'absurde. Les amorces se laissent regarder, décors, ambiances, mais que le traitement fout tout par terre ! UN message vaut le déplacement : garder tous vos bulletins de salaire pour la retraite, en Belgique je ne sais pas, mais jamais été aussi vrai en France avec le projet de réforme sarkozyste dès 2011 pour complaire aux pontes de la finance. Pour le reste, sourire, commencement de rire souvent avec ce tandem, et l'inévitable prostration. Chaque scène finit en quenouille : entre autres moments appuyés, a-t-on besoin d'un plan-séquence prolongé sur un duo de vieux ados se donnant de la joie ? En rien excusés par les "je t'aime" de consolation et malgré Isabelle Adjani en apparition, ces deux réalisateurs ne donneraient donc à voir que l'éternel spleen de gros gamins jamais remis d'avoir perdu la toute-puissance du bac à sable ? La musique et les moyens de locomotion, seuls, gardent un semblant d'éveil au monde. On sort de là comme si le catastrophisme actuel nous terrassait pour de bon. "Moche", comme dirait Yolande Moreau, trop cantonnée aux rôles de compagnes de réchappés du suicide, on est loin de la délicatesse de "Séraphine" !
  • LES FEMMES DU 6E ETAGE (2010)
    Note : 18/20
    Excellente idée de remettre les préjugés des années soixante sur l'immigration espagnole par le biais d'aristos guindés mais désireux de "faire un geste" pour les nouveaux venus, chose délicate maintenant où tout est si formaté. Entre ces avides d'échanges, l'histoire fonctionne, des temps forts et des moments où ça patine un peu... pour finalement rebondir quand on ne s'y attend plus. Les deux acteurs principaux font irrésistiblement penser à des milieux guindés non exempts de décontraction qui existent encore (demandez aux employés(ées) de maison !... J'ai trouvé le mélange croustillant, déploré de ne pas tout saisir des bribes de français prononcées par ces dames. Bien plus qu'une comédie dramatique, voilà un "bon divertissement", avec les piques indispensables, des subtilités pour ménager les deux milieux et quelques allusions déclinables à notre époque.
  • BLIND SHAFT (2003)
    Note : 19/20
    Attention chef-d'oeuvre ! Âpre, imparable. Tellement alarmant sur les dégâts (déjà en 2003 !) dûs à la propriété privée dans la Chine profonde, en l'occurrence les mines de charbon, cette caméra descendant sous terre après la dernière cigarette dans le froid met vite en condition. Patrons devenus de purs gestionnaires. Plus ou moins sympas, mais fatalement de mèche avec les autorités pour pouvoir durer (mais non, ça ne nous rappelle rien ici à l'Occident, zone d'ultralibéralisme propre et civilisé...). On paie le prix en cas de pépin et ouste, un mineur ça va ça vient ! Peu regardants sur les identités, un turn-over commode même, quant à la santé mentale de la main-d'oeuvre, aux manigances dans les cerveaux un peu frustes, des points de détail par rapport à la rentabilité. La part belle est faite à l'instruction, comme le seul espoir des Chinois de la campagne, mais un espoir coûteux... Qui force au travail rude, incite aux complots aussi, ah, se sentir exister ! Mais rira bien qui... Attention, ce n'est pas triste à mourir toute cette noirceur des puits, la chaleur humaine côtoie la scélératesse. On sait que Li Yang s'est compromis en réalisant ce long métrage interdit en Chine (comme beaucoup de dissidents potentiels, il avait déjà un pied en Allemagne)... A moins d'avoir l'âme d'un tiroir-caisse, on peut dire que ce film constitue une réjouissante condamnation du capitalisme sauvage, cette plaie mondiale. .
  • LES MAINS EN L'AIR (2010)
    Note : 16/20
    Un peu déçue du déroulement, trop axé sur les traficotages enfantins afin de ne pas trop "appuyer" en faveur de ces sans-papiers précis et des sans-papiers en général, ces "mains en l'air" venant à point nommé estomper la fugue juvénile... Désolée, je m'ennuie avec ces gosses facétieux, c'est brouillon comme approche, sauf la caméra braquée sur la petite Tchétchène qui joue très juste... Merci Mme Bruni-Tedeschi pour votre parti pris grâce à ce rôle, pensez à répercuter à votre soeur qui chuchotera dans le creux de l'oreille à notre vénérable petit père des peuples ! Prendre position ou pas, à la bonne heure ! Il s'agit des réfugiés tchétchènes, un coin du globe où ça chauffe sérieusement pour les civils (à cause d'une frange minoritaires d'extrémistes) et sans que la Russie le reconnaisse, elle en ferait plutôt une affaire privée ! Alors, difficile, oui, de voir renvoyer ces réchappés de l'horreur dans leur poudrière natale sans en être bouleversé ! Hommage surtout à la cause défendue par Romain Goupil (bien davantage qu'à sa manière d'amener son sujet) en l'occurrence l'une des pires aberrations contemporaines !
  • LA NOSTRA VITA (2010)
    Note : 17/20
    Il faudrait aller demander aux entrepreneurs européens du Bâtiment s'ils sont si loin de la débrouille de ce père matérialiste qui déjante. Que ne ferait-on en pareille situation avec trois gosses en bas âge ?... Aucune certitude que l'esprit de famille du côté des frères et soeurs soit partout à ce point présent, quoique... Tout du long, on sent cette hésitation entre appuyer ou effleurer, résolue par des focalisations sur les attitudes : une atmosphère générale qui fait penser à Ken Loach. J'ai aimé l'ensemble mais trouvé qu'un accident de la route aurait été moins atroce comme contexte de bouleversement, celui retenu pouvant s'avérer par trop indigeste, tout comme cette chanson symbole... L'interprétation est toujours attachante, tous aiment la vie à leur façon. Bien retranscrite aussi, l'ambiguïté des Roumains du film, grand moment que ce revirement du jeune, sa déduction imparable !
  • AMERRIKA (2009)
    Note : 17/20
    L'actrice principale est une merveille. Ronde comme une balle mousse, une belle tête charnue, avec ça bonne comme le pain, elle crève l'écran et on n'a qu'une envie en sortant : la revoir bientôt. Utile aussi de garder en tête que ces Palestiniens des "territoires occupés depuis 40 ans" non seulement auraient été bafoués au profit de l'Etat d'Israël, mais sont toujours à l'heure qu'il est chez eux nulle part (paradoxalement, un sort aussi atroce que le calvaire juif subi par les nazis). Merveilleux film dénonçant les amalgames du style épingler musulman tout Arabe, mettre dans le même sac islamisme, extrémisme ou terrorisme, commode pour faire dégénérer les bagarres de récréation en pugilat hautement répréhensible. A l'occasion de ce mélange de destinées, sont traités les travers de l'immaturité collective, des haines épidermiques entretenues par l'inculture à un endroit donné. Pour peu que des exilés d'origines différentes s'expatrient, hors des zones de conflit, les voilà qui s'épaulent, témoin ce Juif polonais (invité au restaurant !) : discours partageur sans mièvrerie, à en juger par ce "tahini" parvenant à dérider le collègue peu amène au départ ... Se perçoit aussi le lien familial indéfectible des communautés traquées de longue date ! Jolie musique diffusée par bribes. Large place au pays d'accueil certes, on voit trois fois rien de la Palestine, toujours assez pour en deviner l'étau et se dire que quand le pays d'origine n'ouvre sur rien si ce n'est sur des risques d'attentats permanents, laisser les check-points derrière soi pour un ailleurs peut sérieusement démanger ! .
  • HARD CANDY (2005)
    Note : 12/20
    Sans doute suffit-il maintenant de savoir filmer et de prendre des acteurs talentueux pour faire passer les pires pilules ? Voici une pub ou un clip made in America, effets de suspense, esthétisme avec musique invitant à l'effroi. Entrée percutante, après ça disjoncte sérieux... Mais côté prises de vue et du son, continuité du haut de gamme. Jolis plans sur un oeil, accélérés lors de joutes, profils d'ombre se détachant avant plongeon, raffiné.... Mais alors bonjour la complaisance ! Cette prise en otage du spectateur dans le délire de celui qui commande à la caméra dont l'unique slogan sera "il n'y a pas pires bourreaux que les victimes"... Ouais, mais vite malsain ! Un sympathique surfer du net supposé abuser des jeunes mineures, fichtre, il aime leur fraîcheur globale, se délecte à les regarder, "shame on you", nombre d'hommes devraient se trouver à l'ombre pour moins que ça ! Pater familias soigneusement évité ici ! Et l'écclésiastique, chttt.., voulez-vous vous taire ! Or donc, est-il coupable ou seulement anéanti sous torture, ce brave garçon ?... Quant à Ellen Page, la face de candide faite ado, elle incarne une monstruosité trop adulte une fois de plus, exactement comme dans le "Juno" qui suivra. Jeu excellent. A l'intention de qui gobe toute perversité comme du petit lait, les autres peuvent zapper.
  • ZION ET SON FRERE (2008)
    Note : 16/20
    C'est après coup qu'on mesure l'ampleur du combat livré entre les deux frères à partir de cette paire de baskets sans doute pas fabriquée en exemplaire unique ! Meir à la lèvre supérieure retroussée, une tête à claques dès les premières images. La préférence va tout de suite aux doux cadet, teigneux seulement à l'usure, ils se sont toujours heurtés depuis l'enfance, à présent voici l'apothéose... Quand la survie prend le pas sur les goûts, "nécessité fait loi"... Le conflit israëlo-palestinien est mis cette fois en sourdine, les frictions juvéniles fort répandues de nos jours sont seules à l'honneur : la responsabilité fraternelle repose ici sur la mère incroyablement sexy (Ronit Elkabetz dans un registre presque malsain par moments), abritée de ses garçons par un chaud prétendant, puisque les conflits usent et finissent par requérir un bouclier. D'autant que le père véritable s'est fait la malle, il n'existe plus qu'au téléphone, un fantôme de cabine publique toute proche de l'appartement familial. Le stade restreint de langage de Zion et Meir (insultes, coups, câlins de bébés) semble tenir pour beaucoup à cette absence paternelle. Une peinture de moeurs de l'Israël d'aujourd'hui, repérable à la dureté de son expression verbale !
  • GARAGE (2007)
    Note : 16/20
    V.o. obligatoire pour la saveur de ce coin de l'Eire. Josie, marcheur reconnaissable entre mille se profilant sur un paysage désert, Josie vissé devant son garage, Josie blaguant au bar, avec les gars du coin qui le charrient... Lui semble incorporé au terroir tant il en a retiré sa propre philosophie, tout juste un peu d'ennui certains soirs, encore un pub dans ce patelin, un peu de chaleur humaine, et au moins voir quelques femmes à défaut de ne jamais en toucher une : "vieux gars" mal dégrossi (ces ongles éternellement noirs de mécano), l'employé trop bon que le patron reconnaît et encourage à encore plus de dévouement... Un être ultra-accommodant, un obsédé de l'adaptation, solitaire et point fou : de quoi donner mal au ventre au voisinage, "les braves gens n'aiment pas que..." : tout trouvé pour devenir le con de service. De jolies prises de vue dans la nature encore préservée, une troublante conversation avec un vieil homme bienveillant, qui pleure et s'en excuse (annonciateur de la suite ?) tandis que Josie embraye sur la météo histoire de faire diversion. Présence muette d'un cheval mangeur de pommes une fois pour faire connaissance, noyade éclair de petits chiens encombrants... Cette caméra intimiste s'insinue dans l'Irlande profonde par une plongée dans l'hostilité irraisonnée mais affichée dans son bon droit : la mère venue présenter son fiston avec le boss, et juste après le copain et sa dulcinée, un froid qui inquiète, malgré l'apprivoisement de l'ado, Josie avec son naturel de vieux poupon grandi dans la nature, ne remarque-t-il donc pas que les filles hérissent ce jeune jouvenceau ?... Au bout du compte, est-ce une machination ou juste un mauvais concours de circonstances ?... Pat Shortt (comique très populaire en Irlande), incarne cet innocent piétiné par la bienséance locale, une imprégration de siècles de calotte ajoutée aux nouvelles normes sécuritaires des années 2000... Et pourtant un gars réputé "une crème", incapable de faire du mal à une mouche.
  • PAS SUR LA BOUCHE (2003)
    Note : 18/20
    J'y allais surtout pour voir le numéro de Darry Cowl ! D'ordinaire rebutée par la Comédie Musicale et/ou l'Opérette en tant que genres... Seulement voilà, c'est très bien envoyé si on démysthifie le premier quart d'heure assez "cucul la praline"... Ce "thé" survolé par la caméra est juste une amorce. Les roucoulades font vite place à une mordante ironie que la concierge de la garçonnière viendra signer : la joie de rire l'emporte sur les larmes de crocodile. Remuant, alerte, espiègle, jamais creux car ce qui est déclamé (chanté mais aussi parlé) fait avancer l'action. Aucun anachronisme non plus, des dialogues d'époque, et qui sont d'une grande élégance, je le précise pour ceux qui craindraient l'apport de tournures du vingt et unième siècle déplacées... Interprétation où l'on perçoit le délice des comédiens sous la houlette du Maître Amuseur... Re-survol de la caméra pour conclure théâtralement... Oeuvre exportable sans doute ent tant que parodie très frenchie des comédies musicales américaines, malgré l'acide, c'est assez gentil pour ne froisser personne. Je me suis surprise depuis à imiter l'accent de Lambert Wilson : "bien pronouncer "Pâs sû' le Bouche", tout un programme.
  • COPIE CONFORME (2010)
    Note : 17/20
    Reconnaissable à ses particularismes pour filmer l'anodin qui en dit long, Abbas Kiarostami fait craindre une balade en voiture comme dans "Le goût de la cerise". C'est un curieux périple en fait, "je ne comprends pas", disent les rationalistes... Certes, le verbiage entre original et copie peut séduire les intellectuels de haut vol, "cause toujours"... Mieux vaut se focaliser sur les attitudes du couple (à partir de ce café interrompu par le portable, quand on est encore sûr que la tavernière se trompe). Kiarostami use d'un artifice pour provoquer des lectures multiples : ce peut être l'impasse où s'engluent deux caractères mal assortis dont l'enfant illustre le ratage. Le refus de fibre paternelle pur et dur. Le renoncement suite à des étripages sans issue. L'emprisonnement de l'individu, en Iran ou ailleurs. Ou un cri de ralliement à cette désespérée ? Il faut reconnaître, et l'affiche le traduit complètement, que face à un écrivain évadé depuis longtemps dans les hautes cimes, bâton de rouge à lèvres et pendants d'oreilles font triste figure !
  • LA MOUSTIQUAIRE (2010)
    Note : 19/20
    Point stratégique du 21ème festival espagnol de Nantes 2011. Il s'agit de ces fêlés qui ont l'air de gens normaux...A l'heure où on fait tout un plat de la psychiatrie, de la tendance borderline des sociétés décadentes etc., remonte des oubliettes une folie transmise de génération en génération entre soi et qui, pour se désennuyer, contamine un peu au dehors, en catimini, les silencieux, les solitaires, le copain du fiston ou une jeune étrangère suite à une catastrophe par exemple, mais attention, en faisant d'abord mine de ne pas y toucher... Trouble de la personnalité difficile à prouver, a fortiori jamais soigné, aggravé par "des substances" qui peuvent être médicamenteuses allongées d'alcool ou non. Des déformations entretenues, souvent à l'origine du sexe "sale", du bizutage, et autres dérapages salaces favorisés par la valse des billets de banque pour toute valeur. Des dégâts tacitement reconduits de père en fils, de mère en fille, plus la réaction parfois cocasse des satellites servant de déversoirs. Ce film montant en puissance d'Agusti Vila propose une sublime caricature d'un groupe de "collets montés". C'est d'une justesse et d'une ironie qui devraient faire des émules chez les cinéastes et les spectateurs, souhaitons-le pour nous tous, encore plus quand le fait divers dépasse la fiction (famille au-dessus de tout soupçon décimée en avril 2011 à Nantes) !
  • LA TÊTE EN FRICHE (2010)
    Note : 15/20
    Les hautes sphères du cinéma "intello" condamneront cette bluette en arguant que cette France-là est une vue chimérique de bobo... Pourtant, l'intention à elle seule justifierait la bienveillance, en tous cas pour ceux qui ont raffolé du temps de Bourvil, Gabin et autres figures s'ébrouant dans le genre populaire. Discrète justice rendue à la perte affective et aussi à l'âge, en particulier du côté féminin. Audace de se pencher sur les substituts de père et mère, autant d'opportunités pour panser les plaies mal refermées de l'enfance... Hommage à la culture livresque facile d'accès et qui console des poches percées dues aux récessions économiques en maintenant vivant, voire en rattrapant les lacunes scolaires... Surjoué par moments (les scènes du café regorgent d'archétypes), avec des dialogues inégaux, parfois très convenus... On frôle la caricature de villages, promiscuité = ragots ou entraide, mais reconnaissons qu'il plane une réelle bonté, une volonté de pacification qui fait du bien en ces temps vachards... Du reste, quelques bons mots sur la fin rattrapent le décor un peu facilement planté... Résultat, grâce à ses acteurs complémentaires (Casadesus, Maurane, Depardieu, Stévenin et les autres...), de ce film estival, on retiendra les valeurs profondes. Possible de le coupler avec "Les petits ruisseaux" de Pascal Rabaté à l'affiche également : traiter du grand âge sans tricherie, sans peur, vaut de l'or en 2010 !
  • LUST CAUTION (2007)
    Note : 17/20
    La forme rappellerait assez les grands films américains sortis en fin de guerre mondiale, tels "Soupçons" d'Hitchcock, dont on voit un court extrait, et les affiches placardées dans ce Shanghaï en pleine occupation japonaise (1942). Inspiré d'une nouvelle, l'ensemble a des allures de grand classique, à part peut-être cette façon d'amener habilement le flash-back au beau milieu de l'intrigue, manière de faire d'aujourd'hui. Le fond recoupe tous les tiraillements de l'âme occupée à transgresser, sauvagerie doublée de la rage de ressentir de la compassion. Défilent sous nos yeux l'inconscience du patriotisme exacerbé, ainsi que les rouages d'une société où les chefs donnent toujours l'apparence de mieux s'en tirer, de quelque bord qu'ils se réclament. Ang Lee fait prévaloir le collectivisme sur l'individualisme (ce cacheton non consommé me reste en travers de la gorge...) mais je me demande s'il n'y a pas été contraint, de manière à être accepté par les autorités chinoises. On reconnaît bien le réalisateur de Brokeback Mountain (film censuré en Chine), la prise de possession amoureuse comme un château à assiéger et ensuite, le sentiment qui s'accroît, avec cette rage à osciller entre fondre et se rebiffer. La jeune femme touche par le fait qu'elle se prend elle-même à son double jeu, mais le plus irrésistible est bien ce Monsieur Yee, quand bien même il incarne un collabo.
  • LES PETITS RUISSEAUX (2010)
    Note : 17/20
    A part le choc des rateliers... (un peu rude pour les crocs !) la promenade revigore, jamais trop égrillarde, plutôt instructive. Davantage de piment dans les situations à partir de la renaissance n'aurait pas nui... Etant entendu que les délires de la chair usée glaceront, ou feront hausser les épaules des hercules du lit ("c'est dégueu" ou "merci, j'ai ce qu'il faut à la maison")... On baigne dans un naturalisme dont l'approche rejoint les films scandinaves. Avec de jolis effets à l'image renvoyant à la bande dessinée du même auteur : la voiture orange miniature comme un jouet sur des paysages à très grande profondeur de champ (une caméra qui balaie comme un aigle avant de piquer sur sa cible), ou encore cette halte sur un plat de poisson entamé quand devisent, au second plan "notre homme" et sa descendance en gestation... Si le deuil du copain sonne comme un réveil-matin d'autrefois, que de risques courus depuis ses affolantes peintures ! Plusieurs fois le profil (si caractéristique) de Daniel Prévost en frôle-la-mort voulant réussir sa dernière ligne droite, invite à l'observation. Guérir des deuils, saisir les opportunités... Rire garanti pour les résolus à faner comme les plantes et qui s'estiment gagnants sur tellement d'autres tableaux. Les moins prudes, quelle que soit leur avancée dans la vie, devraient s'égayer du "je suis vieux", aveu du condamné précédé d'un "merde, je bande" annonçant le fiasco ! Le regard de Pascal Baraté ose traiter de la condition masculine axée sur la performance. Il en souligne les limites mais ne sonne point le glas... Sous le côté anecdotique, c'est une fine analyse de la vieillesse au niveau sexuel, cette hantise de "ne plus pouvoir y arriver" (et qui peut parfaitement venir en complément de "La Tête en Friche" en salles aussi en ce début d'été 2010 sur le grand âge au féminin).
  • VICKY, CRISTINA, BARCELONA (2008)
    Note : 16/20
    Une balade espagnole à découvrir de préférence en v.o. (malgré voix-off impersonnelle qui nuit à l'ensemble). Attention, cette analyse peut torturer les couples les plus confiants. Etonnant comme Woody Allen semble connaître le secret désir des jeunes femmes à travers sa propre libido masculine. Il y va de son air faussement léger, ritournelle spanish scandant les étapes, moiteur barcelonienne et blondeur relâchée de Scarlett Johansson (magnifiques gros-plans sur son visage, et bravo le coup de l'ulcère !). Toujours filmé avec cette virtuosité qui déboule à pas de velours dans l'intimité de ses sujets. Très peu de bateau ici, un petit avion cra-cra pour aller sur l'île où on perd la tête. Manque la surprise du cinéaste, ni vu ni entendu, il se situe donc dans le propos. Fou comme ces peintres ont l'air de gagner leur vie en claquant des doigts... Une chance que Cristina se libère, sa comparse la fausse-mariée réchappant de justesse à un changement de cap... L'épouse hystérique (Penelope Cruz) et l'irrésistible macho (Javier Bardem) d'une franchise renversante, sont la meilleure caricature qui soit du couple esclave en pays civilisé.
Notes de L.Ventriloque
(par valeur décroissante)
FilmNote
ENTRE LES MURS (2008) 19
BLIND SHAFT (2003) 19
LA MOUSTIQUAIRE (2010) 19
10 + 4 (2007) 18
PAS SUR LA BOUCHE (2003) 18
DEPARTURES (2008) 18
LES ARRIVANTS (2009) 18
L'ÉTRANGER EN MOI (2008) 18
TRAIN DE NUIT (2007) 18
PAIN NOIR (2010) 18
UNE CHINOISE (2009) 18
LES FEMMES DU 6E ETAGE (2010) 18
INTO THE WILD (2007) 17
LUST CAUTION (2007) 17
ILS NE MOURAIENT PAS TOUS MAIS TOUS ÉTAIENT FRAPPÉS (2005) 17
LITTLE CHILDREN (2006) 17
AMERRIKA (2009) 17
LES JOIES DE LA FAMILLE (2008) 17
LES INVITÉS DE MON PÈRE (2009) 17
INVICTUS (2009) 17
COPIE CONFORME (2010) 17
LES PETITS RUISSEAUX (2010) 17
TOUTES LES CHANSONS PARLENT DE MOI (2010) 17
L'ETRANGE AFFAIRE ANGELICA (2010) 17
LA NOSTRA VITA (2010) 17
INTERDIT D'INTERDIRE (2006) 16
TROPICAL MALADY (2004) 16
GARAGE (2007) 16
BACK SOON (2006) 16
VICKY, CRISTINA, BARCELONA (2008) 16
UN MARIAGE DE RÊVE (2008) 16
PONYO SUR LA FALAISE (2008) 16
ZION ET SON FRERE (2008) 16
OCÉANS (2009) 16
TÊTE DE TURC (2009) 16
DANS SES YEUX (2009) 16
NANNERL LA SOEUR DE MOZART (2010) 16
LES MAINS EN L'AIR (2010) 16
LA PRINCESSE DE MONTPENSIER (2010) 16
UNE JEUNESSE CHINOISE (2006) 15
UNE VILLE D'AMOUR ET D'ESPOIR (1959) 15
LA TÊTE EN FRICHE (2010) 15
PIECES DETACHEES (2007) 14
DANS TES BRAS (2009) 14
QUELQUE CHOSE À TE DIRE (2008) 14
WHATEVER WORKS (2009) 14
HALF MOON (2006) 13
MAMMUTH (2009) 13
HARD CANDY (2005) 12
BALADA TRISTE (2010) 10