Tien an Men se devine en arrière-plan, derrière l'agitation estudiantine qu'on n'arrive pas à interpréter comme les premiers chagrins d'une jeunesse sans repères, à l'esprit étroit, juste capable de se raccrocher au premier amour venu, on voudrait qu'il y ait davantage à creuser. D'emblée, le corps semblerait le seul et unique baromètre grâce auquel l'héroïne exulte pour très vite s'en défaire de peur que... Et on tourne en rond avec cette notion, plaisir d'amour ne dure qu'un moment, sauve qui peut. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse en même temps, les deux partenaires de la jeune fille n'ont rien d'exceptionnel pour qu'elle en tombe à ce point dingue (pas une seconde elle se reprend, puise en elle-même de quoi contourner ce besoin pire qu'une drogue). Je retiendrai donc plutôt une allusion au contexte politique (comme dans ces films russes axés sur le thème guerre/amour, un prétexte pour contourner la censure), c'est plus le désarroi des jeunes générations chinoises face à la répression du pouvoir en place (attraction/répulsion pour son propre pays) qu'une obsession du lien amoureux en soi, les intrigues étant trop minces pour être déboussolantes, l'aspect intellectuel à peine ébauché grâce aux citations. En tous cas, la violence ne peut se transcender dans sa totalité, elle couve... L'effervescence juvénile est bien vue, de très bons moments malgré les excès, je déplore l'absence totale de philosophie des jeunes dépeints, ils ont vraiment très peu, trop peu de force intérieure personnelle. La chute du mur berlinois fait un curieux parallèle dans ce récit de comportements... L'auteur veut-il, par tous ces détours, souligner la faillite du collectivisme ou le désespoir face à la mondialisation ? Les paris sont ouverts.