V.o. obligatoire pour la saveur de ce coin de l'Eire. Josie, marcheur reconnaissable entre mille se profilant sur un paysage désert, Josie vissé devant son garage, Josie blaguant au bar, avec les gars du coin qui le charrient... Lui semble incorporé au terroir tant il en a retiré sa propre philosophie, tout juste un peu d'ennui certains soirs, encore un pub dans ce patelin, un peu de chaleur humaine, et au moins voir quelques femmes à défaut de ne jamais en toucher une : "vieux gars" mal dégrossi (ces ongles éternellement noirs de mécano), l'employé trop bon que le patron reconnaît et encourage à encore plus de dévouement... Un être ultra-accommodant, un obsédé de l'adaptation, solitaire et point fou : de quoi donner mal au ventre au voisinage, "les braves gens n'aiment pas que..." : tout trouvé pour devenir le con de service. De jolies prises de vue dans la nature encore préservée, une troublante conversation avec un vieil homme bienveillant, qui pleure et s'en excuse (annonciateur de la suite ?) tandis que Josie embraye sur la météo histoire de faire diversion. Présence muette d'un cheval mangeur de pommes une fois pour faire connaissance, noyade éclair de petits chiens encombrants... Cette caméra intimiste s'insinue dans l'Irlande profonde par une plongée dans l'hostilité irraisonnée mais affichée dans son bon droit : la mère venue présenter son fiston avec le boss, et juste après le copain et sa dulcinée, un froid qui inquiète, malgré l'apprivoisement de l'ado, Josie avec son naturel de vieux poupon grandi dans la nature, ne remarque-t-il donc pas que les filles hérissent ce jeune jouvenceau ?... Au bout du compte, est-ce une machination ou juste un mauvais concours de circonstances ?... Pat Shortt (comique très populaire en Irlande), incarne cet innocent piétiné par la bienséance locale, une imprégration de siècles de calotte ajoutée aux nouvelles normes sécuritaires des années 2000... Et pourtant un gars réputé "une crème", incapable de faire du mal à une mouche.