Oeuvre projetée en clôture du Vingtième Festival hispanique nantais (2010). Le regard en dit long dans ce va et vient entre l'Argentine meurtrie de 2001 et celle, asphyxiante au centuple, de 1974, soit la fin du gouvernement d'Isabel Peron, sinistrement précurseur, avec ses morts suspectes, des affres commises par la Junte Militaire jusqu'en 1983 suite au Coup d'Etat de 1976. Gouvernement à tendance terroriste, donc, lors du meurtre dont il est question ici : sont mis en scène des "gens ordinaires dans un film noir" selon le réalisateur Juan Jose Campanella. L'occasion d'un savant parallèle entre un fait divers jamais digéré et des amours lancinantes car nées en milieu professionnel. Deux drames intimes avec Ricardo Darin et Soledad Villamil : le duo aide à tenir, leurs longues oeillades permettant "d'encaisser la pression". Cadavre obsédant d'une jeune institutrice revenant en flash-back, mari à l'affût devenant équivoque, greffière poussant deux hommes à la fois dans leurs retranchements : on demanderait grâce sans l'humour, sans le sursaut qui finit par boucler une fuite éperdue en attendant que débarque une nouvelle stupeur... Fraîcheur et cynisme entremêlés culminent avec ce collègue sacrifié. L'issue surprend par cette justice d'ordinaire fantasmée, une formule permettant le deuil au bout du tunnel... On peut déplorer la forme de l'ensemble, un peu empesée, mais force est d'admettre que le fond, lui, est des plus audacieux.