Inspiré d'une histoire réelle, ce film peut trouver mille interprétations selon qu'on se place dans les années quatre-vingt-dix (période de référence puisque le héros dessine sa trajectoire dans cette décennie-là), soixante-dix (grande vogue idéaliste, partir loin en auto-stop et se fondre dans la nature, sur les traces de Kérouac et autres absolutistes en réaction au système économique quasi-incontournable de maintenant s'ébauchant déjà...) ou du vingt et unième siècle, 2007 par exemple, rond-point du grand saut collectif dans le mur ou des premiers paliers d'une saine "décroissance" ?... Bien entendu, la voix-off de la jeune soeur, qui annonce l'issue, serre les tripes. Ce cabossé par l'hypocrisie familiale, et qui n'a pas su tout petit écluser son trop-plein de pouvoir personnel, va se dépouiller de l'intégralité des stigmates civilisés avec l'entêtement de celui sûr de son fait. Escamotant l'impasse à laquelle conduit la négation du bonheur partagé... Niant une fusion - même fugace !- avec une fleur bleue chantant sa propre errance, esquivant, tellement borné plus il chemine, le merveilleux parent de substitution auquel il pourrait se raccrocher pour garder l'équilibre entre son idée fixe et la réalité imparfaite... Ramené à ce ceinturon symbole, dont il resserre toujours plus les crans... Sean Penn nous pose question sur cette part de perfectionnisme né de l'esprit de contradiction, dont l'objectif demeure souvent fumeux, pour déboucher sur un lent étranglement... Très grande portée de réflexion !