Critique(s)/Commentaire(s) de L.Ventriloque

Voir ses 50 films notés

Page 3 sur 18 (900 critiques au total)

  • WHAT RICHARD DID (2012)
    Note : 16/20
    Il a fait quoi au juste le jeune homme si propre sur lui... dont on relève aussi tout au long du film l'égocentrisme forcené ! L'inquiétude débute avec le besoin d'isolement par rapport au groupe à l'humour potache, le récit de la mort involontaire d'un petit animal à la petite amie... passant de l'hilarité au ravissement et au recul... C'est subtil, équivoque, le vertige réside dans la bande son, les travellings sur le toit des habitations, tous ces allers-retours sur Rich, nombril du film... Un accident oui et non. La jalousie reste quand même le déclic (quels excès ne fait-on pas par jalousie !) et après, la brume collective de l'alcool y est aussi pour quelque chose, or Rich est seul visé... On se dit que sur route en alcoolémie extrême, ces petites absences sont très répandues... Le réalisateur force sur la seule culpabilité du beau petit trop gâté, trop radieux, comme s'il incarnait la perfection que rien ne saurait égratigner... C'est oublier la complexité humaine et aussi que la vie a de ces tours et... chacun son tour ! Très belle séquence avec le père, au faciès sobre d'Eastwood irlandais, la mère restant une ombre fusionnelle ...Le rachat s'avère à la libre appréciation du spectateur tant on nage dans la demi-teinte... Adieu rugby mais plutôt que les menottes, une formule légalisant les jeux un peu "limite" ?... C'est bien mené, attachant grâce à l'interprète principal assez charismatique, mais j'ai davantage cru à "Garage" de Lenny Abrahamson, sorti en 2007.
  • LULU FEMME NUE (2013)
    Note : 18/20
    18,5/20 : Débarquer dans cet entretien d'embauche plus vrai que nature sans avoir lu la bande dessinée d'Etienne Davodeau met tout de suite dans l'ambiance. Lulu représente des milliers, des millions de personnes comptant sur le marché du travail pour sortir de leur carcan personnel. Un acte manqué, manquer son train et c'est l'hôtel, le plaisir d'un lit pour soi rien que soi... En peu de plans, la réalisatrice de "Haut les coeurs" marque sa volonté de s'attacher aux gens ordinaires, les mal fagotés, les ulcérés par les obligations multiples niant leur personne. C'est filmé avec tellement d'élégance que, même si les rencontres font, entre autres films plus récents sur ce thème, penser à "Sans toit ni loi" quelques minutes, on sent qu'il va arriver des bricoles à cette grande fugueuse, mais de là à plonger... Ce serait nier sa gestion instinctive des événements. Emouvante de courage (bien aimé le parallèle entre portable et chien en laisse !), elle erre et croise d'autres "sursauts". Tous d'accord pour passer du seul statut de femme à celui d'individu. Question de volonté, semble affirmer Solveig Anspach, battante de l'est qui a roulé sa bosse. C'est assez grinçant comme ton, d'une fraîcheur inhabituelle mais qui cite Simone de Beauvoir... La violente caricature du conjoint n'empêchera pourtant pas de se questionner sur la durée de l'état de grâce du suivant.
  • LES FEMMES DU BUS 678 (2010)
    Note : 16/20
    On est en territoire arabe où la notion de déshonneur dans la communauté relève du sacré. Récit inspiré de réalités qui ont fait légiférer juste avant la révolution égyptienne. Français et Françaises amputés depuis peu de ce garde-fou en tombent à la renverse après 5 ans de reculs divers... On croit entrer dans un documentaire juste assez romancé pour intriguer. Il y a la modernité des accoutrements féminins mélangée au désir de couvrir son corps, planent d'autres temps plus débridés aujourd'hui révolus... La première partie démarre très alerte, bondissant d'une femme à l'autre, avec les recoupements d'usage, Mohammed Diab serait un fervent d'Innaritu. A mi-parcours, le poids des croyances vient ralentir un peu ces sauts qui fatiguent la vue et le cerveau, soudain ça patinerait presque... Jusqu'à l'expérience personnelle de l'inspecteur, ce père de garçons programmés... C'est faussement anecdotique. Est posée la question du marquage collectif de l'individu qui baigne dans un contexte où la femme passe pour démoniaque par nature, une régression qui donne de l'amertume en sortant de la salle, ça se dissipe ensuite en se remémorant l'issue. On patauge non stop dans cet incroyable retour aux archaïsmes, la guerre des sexes qui sied bien aux économies nourries aux scandales et qui minimisent "les petits accidents du quotidien". Ce que c'est que de voyager debout l'un derrière l'autre avec des mains sans cesse en mouvement ! Messieurs les concepteurs de bus, davantage de places assises s'il vous plaît, même des strapontins, que l'aiguille féminine brandie côte-à-côte ou face-à-face devienne un code social comme un autre !
  • UN BEAU DIMANCHE (2013)
    Note : 13/20
    D'habitude, Nicole Garcia excelle à dérouler une intrigue en d'infinis rebondissements desquels on ressort remué. Son beau dimanche m'apparaît difficile à croire. Des flashs comme cheveux sur la soupe, sans lien, au spectateur de rassembler le puzzle et ce pendant une très très longue mise en place du décor. L'acteur central, le fils de Jean Rochefort, est d'une discrétion terrible même si ensuite on comprend qu'il s'affirme comme sauveur parce qu'il sent que c'est son heure. Sa très plastique partenaire a tout pour apitoyer en même temps qu'elle rince l'oeil. Un peu cliché tout ça... Mais le plus assommant c'est le "care", cet assommant altruisme très comme il faut des classes privilégiées, sûrement pas celles qui vident leur porte-monnaie dans la main des petites mères ados embarquées dans des embrouilles ! En conséquence, si on ne mord pas à l'hameçon, il faut trouver de quoi compenser. Faire avec ce couple bâti sur un fort déséquilibre à la base, ce plan financier sans filet... Se rabattre sur prises de vue exceptionnelles (il y en a), bref, reconnaître la passion de la cinéaste pour son histoire. Ce sont les antagonistes finalement qui offrent alors le meilleur (l'accueil familial mitigé, cette colère du parent à propos de l'héritage), le pilier restant Dominique Sanda, incroyable d'ambivalence... et de présence ! Sûrement la plus digne de cet équivalent "roman photos" de nos grands-mères !
  • LA VIE D'ADÈLE (2012)
    Note : 14/20
    Sans avoir lu la bande dessinée, ce film me laisse convaincue sur le fond et très dubitative sur la forme, plus tout ce qui a pu filtrer des conditions de tournage. Déjà "La graine et le mulet", j'avais trouvé complaisant côté chair, la danseuse du ventre en action pour meubler l'issue me gênait. Toujours le même travers cette fois, on assiste à une joute des corps bien trop longue et trop appuyée pour ce que le récit veut exprimer, cette descente aux enfers des ruptures quand les sens ont trop primé sur la jugeote. On a compris, nul besoin de tant de plans pour libidineux ou détraqués alors qu'il existe des sites dédiés pour se claquer sur les fesses !... Horribles soupirs qu'on croirait des râles d'agonie tant ils auraient mérité d'être couverts par un fond sonore quelconque ! D'un goût douteux aussi cette bouche ouverte aux quatre vents, ce nez qui coule ! Beaucoup trop long ! Et une version encore plus étirée existerait bientôt ? Pitié ! Quelques coupures rehausseraient l'ensemble car pour ce qui est de faire partager les symptômes des différences de classes, le ravin culturel entre les deux demoiselles, la progression de l'intrigue, la reconstruction laborieuse, c'est très bien vu.
  • 80 JOURS (2010)
    Note : 19/20
    Découvert dans le cadre du 21ème festival espagnol de Nantes (2011). Imaginons une amitié féminine adolescente de retour à l'âge où la sexualité et les goûts séparent à nouveau les sexes. La façon de filmer fait descendre au ras de comateux allongés tels des morts. Côté son, une radio à modulation de fréquence instable. Ces dames complices après un petit verre ensemble soudain moitié fâchées... Traditions familiales, difficulté identitaire, il est parfois exclu de composer avec l'aspect charnel et pour des raisons que les mots ne peuvent expliquer. Des dialogues croustillants contournent l'obstacle, avec de savants gros plans sur les rides. Ce double portrait sans concession (toujours habillé) qui donne quelques vapeurs, serait stérile sans la superbe nièce, très affectueuse qui vient mettre son grain de sel au moment où cela démange d'appeler les hommes au secours pour redonner de l'équilibre au film... Un bain imprévu, des scènes de ménage, une filature, quelques larmes, vite séchées, tout l'intime féminin et ses contradictions passés au crible de manière attendrissante. Que ne fait-on pour grappiller un peu de bonheur en dernière ligne droite !
  • GLORIA (2013)
    Note : 17/20
    Redouter de tomber d'une falaise dans les films contemporains d'Amérique Latine peut les faire éviter tant les issues sont sévères. Cet énième portrait féminin appuyant la faillite des repères d'âge balaie cette crainte. On a bien le refuge dans le jeunisme auquel vient s'ajouter l'envie post-dictatures de s'ébrouer. Ni belle ni moche, cette Gloria (piquante Pauline Garcia !) appelle une sonnerie de réveil quelconque. La mue est parfaitement cernée, le phénomène de société, l'ambiance chaotique propre aux crises identitaires, tout y est. C'est un peu envoyé en vrac par moments, mais toujours plaisant car là où le trivial pourrait nuire, Sebastian Lelio devient délicat à l'image, dans les dialogues. Morgue, humour alternent harmonieusement. Ce serait une réussite à cent pour cent sans la pirouette-chanson, avec son seul "il faut en profiter un maximum car les lendemains, n'est ce pas"... Trop aimable invitation à déduire ou à rester suspendu(e) avant de "zapper" plus loin !
  • UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY (2013)
    Note : 19/20
    Alcool, pharmacopée, usure de couple, enfants gênés. Le maître-mot, "se taire c'est mieux". Pas vraiment la fête dans cet endroit ingrat "qui pouvait être laissé aux Indiens" ! Et pourtant, le petit air de country (Eric Clapton en live) offre un écho optimiste chez le spectateur qui peut rapprocher le sujet de "Un conte de Noël" (Despléchin), "Peter's Friends" (Branagh), "Carnage" (Polanski). Les envies et devoirs, brèches, impasses. C'est toujours très bien amené à l'image et au son, aucun ennui dans ce lavage de linge sale où on est voyeur tout à fait consentant. Le scénario patine faussement. Vite compris que c'est pour mieux ménager la stupeur... le rire, même quand c'est triste, comme si la vie, vue de l'extérieur, additionnait les situations loufoques. Arrive ce quart d'heure magique, la prière, faux-semblant alors que la faim tenaille, un supplice qu'on ne souhaite pas à son pire ennemi ! Sur fond de frictions générationnelles (rôles marquants pour Meryl Streep et Julia Roberts !), deux gros secrets de famille assortis d'attitudes trompeuses pour l'auditoire. Et les deuils, ces couperets venant à l'heure qui leur chante. Comme les détails sur les personnages, ce qui rend certains plus attachants que d'autres afin qu'on en revienne quand on sait tout. Un film grinçant mais fraternel sans leçon de morale !
  • DIPLOMATIE (2012)
    Note : 19/20
    19,5/20 : Théâtre filmé, partie d'échecs, pure invention, déjà la pièce de Cyril Gély faisait jaser, alors le film avec son hôtel mythique, ce général von Choltitz (Niels Arestrup) au téléphone, qui tourne et vire... Il faut bien l'observer cependant... Attendre une certaine porte d'où jaillit le Consul de Suède Nordling (André Dussolier) dont on se demande comment il n'a pas été liquidé tout de suite. Les deux en présence, tout change. La mise en scène, l'interprétation, les dialogues, la caméra passe de l'un à l'autre et on se dit que ça va d'abord "chauffer". D'un bord, une montée d'hystérie rendant caricature de soi-même (les soldats !), de l'autre, une tractation surréaliste de prime abord, sauf que ça démange d'y croire. Paris, sa population, ses chats, ses chiens, ses monuments, une ville indestructible (rien n'interdisant de penser à Hiroshima et Nagasaki, ces deux désastres bien réels). Ainsi, le 25 août 1944 parisien se serait limité à un cessez-le-feu, à une décision personnelle d'un général, peu importe puisque les alliés y entraient... L'adaptation cinématographique (comme la pièce) a beau sembler hasardeuse aux spécialistes de l'Histoire, ses personnages croustillants en font un vrai cours. Et puis s'ajoute cette diplomatie, ce qu'on n'aurait pas osé imaginer face aux SS... Autre point fort, l'occasion de méditer sur l'effrayant "les enfants des autres ou les miens" qui reprend du service dans les sociétés en sévère régression !
  • LA PART DES ANGES (2011)
    Note : 18/20
    Trouver comment racheter les "salauds de pauvres" ainsi nommés par les puissants qui détournent les richesses pour les faire fructifier dans des zones intouchables. Voilà en gros le message de Ken Loach inspiré des réalités britanniques (et internationales !) du moment. L'accent est à couper au couteau, ce qui renforce l'authenticité des personnages, quoique le risque qu'ils prennent ensemble puisse semer un léger doute. Le regard reste en même temps assez distancié, Ken Loach s'amuse ferme. Léger dans la forme certes... Ce qui reste en tête après la séance est bien le doux regard du déviant, papa aussi respectable qu'un produit de la finance officiellement propre sur lui. Les situations sont caricaturales. Aucune fausse note dans cette histoire puissante, revigorante comme son whisky. Il y a bien cette pinte qui change de mains, un peu "dégueu"... Nul doute que le réalisateur passé maître dans l'art de ménager les susceptibilités en ralliant par le rire signe là une de ses oeuvres les plus décoiffantes sur le fond !
  • ITALY : LOVE IT OR LIVE IT (2011)
    Note : 17/20
    Découvert ce documentaire de 2011 au Cycle Univerciné Italien de Nantes 2014. L'un des compères pour l'émigration en Allemagne, l'autre restant au pays. C'est entrecoupé d'images d'animation du meilleur effet. On monte, invisible dans la Fiat 500 où le pour et le contre sont débattus en attendant les haltes auprès des populations. Puissantes interviews, des travailleurs pauvres à la vieille garde ! On sent les premiers passablement secoués, les seconds (et surtout secondes !) adeptes de l'austérité (Silvio Berlusconi quitta le pouvoir le 12 novembre 2011). Des harpies favorables à l'entretien des vieux coqs tel que préconisé par le Cavaliere, une seule femme estimant poison mortel cette discutable activité... Le spectateur français, qui parle peut-être un peu moins ou moins fort, quoique..., est à peine dépaysé tellement la tension n'a cessé de monter ces dernières années en détraquant toujours plus corps et surtout cerveaux... En face de quoi les quelques agréments du quotidien (bons plats, café exceptionnel, paysages, oeuvres de renom) paraissent aujourd'hui un trompe-l'oeil... Et même si un homme d'expérience incite à défendre le bastion, à éviter la dilution dans le grand n'importe quoi économique et culturel, on se dit qu'il faut un cran presque surhumain... Gustav Hofer et Luca Ragazzi abordent l'adaptabilité suite aux pertes de repères de ces années-là sans bilan depuis, cela manque.
  • GATSBY LE MAGNIFIQUE (2013)
    Note : 14/20
    Beau beau beau ! Et c... à la fois ! En version originale, un film techniquement de premier ordre (même en 2 D). Qu'on soit hameçonné ou pris par la main tel un enfant prudent. Premier frisson, Leonardo se fait attendre. D'abord de dos, qu'on salive bien... Un truc vieux comme le monde, admettons. On compte sur lui. Qu'on fasse autre chose que "jouer aux autos" dans un décor kitsch ! Un hommage régulier à l'auteur du bouquin relève le niveau, le cinéaste australien y recourt, il y a de l'espoir. Patatras, retour au calcul et verbiage, fond musical plaqué par hasard, clichés de dialogues. Trop de décors léchés, trop de chichis pour singer l'époque, des acteurs en surjeu. Les gueules jamais à contre-emploi pour qu'on soit semé, et tant de bobards de tous côtés ! Résultat, les pointes de réalisme s'effritent en plein vol bien qu'on ait compris qu'en ce temps-là le divorce... Il manque le vécu en dehors des jeux afin qu'on croie ce revenu de guerre aussi sentimental. Foin des plans innombrables qui saturent le regard, bloquent l'imaginaire, véritable gavage de volailles ! Tout se borne à l'apparat, foire aux égos de ces mâles menant le bal, les femmes dans l'ombre de leurs fantasmes. Fidèle au livre sur l'aspect récession des mentalités vers la grotte préhistorique. Une histoire dénuée de la petite touche personnelle apportant quelque perspective autre que l'alignement sans condition... Un conte pour adultes pubères. Les hédonistes, les adeptes de "Roméo et Juliette" et/ou de "Moulin Rouge" seront bâillonnés consentants. Les autres croiront difficilement à ce déluge d'effets.
  • BENVENUTO PRESIDENTE ! (2013)
    Note : 19/20
    Cycle Univerciné de Nantes 2014. Rire aux éclats et envie de partage avec ses voisins spectateurs ! C'est une pirouette, manière d'entrevoir une alternative économique viable, sans glissements vers le sectaire ou le religieux ni le rire gras. Car irrévérencieux mais jamais grossier. Insolent là où il faut. Le décor planté allègrement, on voyage à grands pas, on décolle de son siège, puis un petit flottement, la crainte de s'enliser... A nouveau des mouvements de caméra qui embarquent un peu plus loin dans la pratique ! En prime, un érotisme qui décoiffe (limite ne ferait plus craindre les baffes !), une Janis sortie de ses gonds, une préparation culinaire douteuse. Un pêcheur de truites au pouvoir, des dignitaires partagés, hum... En France on pensera un peu au regretté Coluche, symbole du juste entre les justes bannis par l'ordre moral séculaire. Sortie de la salle de cinéma garantie sur ressorts !
  • ITALIAN MOVIES (2012)
    Note : 15/20
    . Vu dans le cadre Univerciné Italien Nantes 2014. Le climat est très accrocheur avec ces enfants espiègles dès l'introduction, des personnages nombreux, dont l'un à contre-emploi par rapport aux usages (Eriq Ebouaney). Une infinité de contrastes, de l'action, de l'injustice, de la vie. Et puis ça se gâte un peu. En tout cas si on évite les séries télé et les albums photos complaisamment brandis à la vue de tous... Après l'audace fracassante du début, on peut donc languir, déplorer que l'emprunt du matériel de tournage cause autant de diversions meublant plus qu'elles ne produisent. Hormis quelques instants plaisants vite oubliés, reste alors un petit couple filmé avec un soin particulier, chacun dans leur coin ou à deux, symbole de toute la rugosité d'univers interdits de fréquentation... Un homme et une femme attirés mais entravés non stop... en attendant le boomerang des patrons, qui arrive bel et bien !
  • UNE SECONDE FEMME (2012)
    Note : 17/20
    Dès les premiers plans ce qui frappe est l'archaïsme des moeurs qui jure avec les éclats de modernité venus d'occident. En voilà une vendue par les siens même s'ils la pleurent. Objet de curiosité dont sa famille d'adoption explore toutes les facettes, Ayse, bien dressée à l'abnégation par Fatma l'héroïque, justifie son tout petit filet de voix. Le père est doux avec elle, le fils aimable quoique énigmatique... Elle se lâche un peu au supermarché avec lui, les commères s'extasient, la trajectoire est sécurisée. Coquin de sort qui n'a cure de cet agencement entre la Turquie et l'Autriche ! Voici soudain un bébé fille en pleurs, notamment quand sa mamie approche. La tension monte encore, la violence souterraine finit par déborder, on a mal pour eux tous d'être aussi dépersonnalisés... Rien n'était donc gratuit dans ces scènes d'intendance vues par le petit bout de la lorgnette. Les us communautaires gagnent ici, comme souvent, même en zones réputées civilisées, et pourtant Fatma avait d'excellentes raison tout comme son mari... C'est complètement le message contemporain de survie pour la jeunesse dépossédée du travail qui l'emporte ! Place à la new generation dont les intérêts convergent, prévaut l'urgence économique ! On peut comparer ce film qui saccage en sourdine à une plante carnivore.
  • LE FACTEUR HUMAIN (2013)
    Note : 18/20
    Découvert à l'Univerciné Italien de Nantes 2014. Très bien mené, avec des prises de vue éloquentes, cette manière de filmer de dos celui qui s'évertue à arrondir les angles, souvent en vain ! Il faut dire qu'il a un faciès ingrat, une silhouette fuyante, à croire qu'il incarne d'avance celui qui jette l'éponge ! On se dit qu'on ne va pas tenir tout le film avec pareil personnage central. C'est assez bien fait pour qu'on suive malgré soi le malheureux Moncaco, veuf, circonstance aggravante, dans ses tentatives désespérées de récupérer sa fille égarée dans le labyrinthe des sensations fortes. Influençable, en pleine crise identitaire, la jeune fille l'avoue à travers le geste (les boucles d'oreilles !), s'entête dans son double jeu pervers jusqu'à l'aveu final... qui rallie mais sidère ! Alors, que ferions-nous, humains au cuir tendre, que l'expérience des réalités a façonné, face au délabrement moral de la génération du vertige, en quelque sorte perdue et que nous avons pourtant éduquée au mieux ? Comment se positionner quand un être cher se conforme au cynisme ambiant sous peine de rejet de sa tribu prête à toutes les bassesses pour se sentir exister ? Une réalité encore peu divulguée, qui devra se dire au grand jour bientôt tant les dégâts s'accumulent. C'est toute la question que pose ce magnifique portrait d'un solitaire aux prises avec le travail de sape que la modernité, injuriant passé et racines pour ne goûter que le frisson de l'instant, impose aux nouvelles générations.
  • BIENVENUE PARMI NOUS (2011)
    Note : 16/20
    Il arrive que certaines têtes d'affiche offrent l'occasion de rentabiliser un passeport de fête du cinéma... D'abord s'habituer à la facture téléfilm, ces assommants fonds sonores qui polluent. Se faire aussi à la petite nouvelle dont le frais visage débarque en gros plans alors qu'elle passe beaucoup mieux de plain-pied tant elle est expressive (Jeanne Lambert). Boucher et serveur de restaurant ressuscitent les caricatures d'après-guerre, à croire que ce populisme-là a de beaux jours en perspective, il fait rire jaune bien qu'on finisse par adhérer, ils font avancer l'intrigue, comprenez-vous... Le fusil est crucial dans cette mini-thérapie où passe et repasse Miou-Miou et où Jacques Wéber promène sa bonhomie, tous deux aptes à attendre leur homme. Il a comme on dit un peu vite "tout pour être heureux" ce Taillandier qui peste contre lui-même. Son escapade lui redonne certes des profils féminins tout neufs, autre chose que d'éternelles chapeautées vues de dos... A part les lourdeurs de forme tout au long du récit, reconnaissons que Patrick Chesnais vaut encore le déplacement.
  • JE VOYAGE SEULE (2013)
    Note : 16/20
    16,5/20 : Découvert au Cycle Univerciné Italien nantais 2014. Grande classe, prestigieux métier : "Cliente mystère dans les hôtels luxueux de la planète". Une star volante au salaire conséquent, le personnel masculin plié en quatre pour elle. Sauf qu'elle apprécie ou rembarre, dit qu'elle part "avec elle-même", bref, semble déçue de sa condition... La quarantaine et solitaire, déjà ? Deux rencontres viennent pulvériser cette Irène léthargique, qui va se fâcher avec sa soeur et déraper avec son ex à un moment crucial. Tout cela ferait penser au carrosse changé en citrouille sans les revirements indispensables. On peut souffrir de l'introduction très laconique, images de pub et puzzle en vrac sur l'écran. La mise en scène soignée et les acteurs très expressifs rachètent largement ces défauts, en plus des dialogues courts et productifs. Quelques grincements sur le sexe dans le couple longue durée, une brouille entre soeurs, des enfants perturbés. En même temps un pari sur l'avenir avec une grossesse. Rien que de très familier ! Nul ne devrait grimper aux rideaux, en Italie ou ailleurs... La deuxième heure est palpitante avec ses trois situations qui remettent à plat les idées reçues.
  • LE PRÉNOM (2011)
    Note : 19/20
    C'est envoyé énergiquement, le fait d'une caméra décidée à en découdre, qui balaie les rues de Paris à grandes louchées de voix-off suggérant les démarrages des meilleurs Woody Allen. Sans doute un peu trop classique, précieux ou convenu côté forme. Des stéréotypes sans surprise, quelques faiblesses de dialogues. Trop bavard, la suite justifierait de revenir aux présentations, merci d'avance au dvd. Possible donc, pour qui n'a jamais regardé la pièce, de s'ennuyer à ces rêveries intellos stériles, de se dire "encore des bobos répandus" ! Ils sont certes complices enchaînés, rappelant le grincement repris récemment dans le "Potiche" d'Ozon. Donc vus et revus ces propres sur eux, bien masqués derrière leurs piques indirectes, réticents à écailler leur vernis de bcbg... Et voilà que soudain l'adrénaline afflue davantage sur l'écran, on vire vers le vitriolé, j'ai pensé à "Carnage" de Polanski... En diffèrerait le rééquilibrage de l'issue la post-crise... En résumé un tonique à l'intention des familles, toutes les familles, les extraits racoleurs de la bande-annonce en disent trop ou trop peu !
  • AQUADRO (2013)
    Note : 17/20
    Découvert au cycle Univerciné italien nantais 2014. Emballage visuel et sonore du meilleur goût pour une situation quelque peu scabreuse. La musique planante rassure, les visages et les corps sont investis avec douceur, ouf... L'inévitable provocation verbale autant que physique (les deux copines), avec ce pli de balayer les écueils en chargeant l'autre. Ils sont officiellement dans leur tribu, copains et copines, cours ensemble. Silence sur les familles. Ce couple très jeune, noyé dans son excitation, lui sous addiction, et elle qui souhaite d'abord perdre sa virginité, montre sa complémentarité dans son oscillation incontournable entre virtuel et réel. Avec sa g... longue, il symbolise l'introversion et elle, petite balle mousse qui rebondit, davantage l'adaptation en vue d'évoluer. L'escalade vers le malsain fait craindre le pire jusqu'à l'effet boomerang. Les voilà ensemble ou dos à dos dans leur A2 circulaire et symbolique... L'adulte s'invite hors champ sur le mode éducatif et l'ado se rebelle entre sa demande de cadre et son désir d'en découdre. Un moment on craint que la jeune fille écope de tout... Ce serait compter sans le contournement du réalisateur convaincu qu'illusions et ressources vont de pair et qu'on sent, tant il soigne sa projection sur son public fatalement clivé, désireux de rallier l'adulte et l'ado qu'il porte en lui.
  • BARBARA (2011)
    Note : 19/20
    Si la bande-annonce laisse croire à un remake des précédents Christian Petzold (Jericho, Yella), il y a bien tiraillement entre ici et ailleurs, élément liquide à braver, l'actrice fétiche Nina Hoss avec ses grands yeux, son front rond et sa bouche aux coins relevés. Sauf qu'il y a ce collègue de travail équivoque, présenté comme douteux et qui littéralement scotche à l'écran du début à la fin avec son regard qui couve et une stature qui encouragerait les femmes à souhaiter que leurs partenaires soient du style "enveloppé". Toujours aussi soigné, aussi feutré, aussi lent à se révéler, on a bien les ingrédients qui font la marque de ce réalisateur friand de gros-plans ou de rouge comme de noir et blanc bleuté pour prévenir de changements. Il offre encore un autre angle de vue sur les surprises que le sort réserve aux humains incités à s'entre-surveiller. A qui se fier, de qui se défier, cette liberté d'être enfin soi quand la faucheuse se rapproche. Une chaleur émane de cette austérité une fois passée cette apparition à la crête d'une vague. Dans la double lecture qu'on peut en faire 23 ans après la chute du Mur, se glissent plusieurs messages à décrypter selon ses connaissances historiques et l'expérience qu'on a de la vie.
  • WE WANT SEX EQUALITY (2010)
    Note : 14/20
    Projeté au festival Univerciné britannique 2010 de Nantes. Premier constat, on serait tenté de dire que le titre à lui seul se doit de remplir une salle. Dès les premiers plans, on s'aperçoit que la cause, tout l'acharnement qu'il a fallu à ces femmes, fait qu'on va bien noter ce "drame comique" (!). A retenir Rita (toujours charmante Sally Hawkins, aussi happy que dans "Be happy", ici représentante du personnel en 1968, période de l'émancipation féminine par excellence. Elle désarçonne par sa fragilité : une contenance dont elle fait une arme. Quelques bons moments de cocasserie, la gent masculine s'adapte... Beaucoup de remises en cause et de pugilat en haut lieu ! Egalité professionnelle effective des hommes et femmes britanniques nous dit ce film : sauf erreur, les Françaises seraient toujours payées 25 à 30 % de moins que les hommes en moyenne pour les mêmes fonctions. En sortant de cette oeuvre britannique reprenant l'époque soixante huitarde (dont on peut déplorer la forme archi caricaturale du côté revendicatif), une question se pose : des deux côtés de la Manche, compte tenu des temps partiels, des petits contrats temporaire bout à bout, du chômage de masse, le salaire mensuel perçu par les femmes au travail aujourd'hui (de 2010 date du film et les années suivantes) est de quel ordre ?
  • UNE VIE SIMPLE (2011)
    Note : 17/20
    La bande-annonce attire du fait des deux acteurs principaux. On est consolé de perdre ses parents âgés par exemple. Le film proprement dit ne comporte aucune scène déchirante du style "Amour" de Haneke. On est dans le lien spontané que les grands-parents peuvent avoir avec leurs petits-enfants. Ce qui n'empêche pas le trivial du quotidien, les tâches ménagères, la popote, le dernier héritier a l'habitude d'être servi, la vieille employée a ses moments d'entêtement... A l'heure de la maison de retraite, rien de glamour non plus... ça sent le sursis, face aux coups du sort, on s'entraide, on s'estime heureux... Un bon point pour l'accent mis sur l'exercice physique dont l'utilité au quotidien gagnerait à être expliquée aux seniors en fin de course. La réalisatrice bichonne ses deux héros... Roger, une fois les premiers secours prodigués à Ah Tao devrait regagner une quelconque forteresse de connaissances bien ancrées, dans le rail de son éducation. On s'y attend. Or, les atomes crochus entre la nounou d'antan et le petit garçon devenu homme remontent des tréfonds, deux solitudes des temps modernes qui se répondent... Le duo est tellement juste dans sa complémentarité que l'inversion des rôles va de soi. Et pourtant dans notre société affairiste il prend des proportions à la limite du crédible !
  • LES BEAUX JOURS (2013)
    Note : 18/20
    On approcherait presque l'idéal pour une dernière ligne droite féminine dans ce joli film tiré d'un livre. Rien de tel que deux hommes pour se rassurer sur sa valeur, l'un faisant vibrer sa chair et l'autre, le "pote" de longue date avec qui tout finit toujours par s'admettre tant il restera proche. Les deux acteurs masculins ont assez de charme pour qu'on ne puisse pas en condamner l'un sur les deux. Fanny Ardant incarne bien cette fragilité de retraitée cherchant ses marques, économe de mots dans l'évitement des conflits, par exemple avec ses deux grandes filles en plein essor familial que les petits enfants permettent de réunir. Le portrait succinct d'une femme ébauchant sa nouvelle identité dans le marigot des relations sociales actuelles. J'ai passé un bon moment, souvent identifiée à "l'intérieur de Caroline", cette hypersensibilité qui commande de s'efforcer à la tolérance comme de trancher dans le vif quand ça sent le roussi. Au négatif, quelques clichés inévitables les talons aiguilles en bord de mer, un rythme un peu étiré par moments le défaut de ressources internes chez cette grande dame qui pourrait, à présent qu'elle a du temps pour elle, s'adonner à quelque chose d'introspectif procurant le recul nécessaire, peindre, écrire, sculpter autre chose qu'un unique cendrier... Qui sait, peut-être après la trempette collective !
  • 15 ANS ET UN JOUR (2013)
    Note : 17/20
    Découvert au Festival espagnol nantais édition 2014. Tout un chacun devrait pouvoir se retrouver dans le survol de la prime adolescence au moment de la bascule vers le je ne sais plus trop qui je suis et je vous emm... Une diction mitraillette mais pas un mot de trop, on agit quand la ligne rouge est atteinte, ça et là se glisse quelque affection dans les gestes... Si la mère se place hors jeu, impuissante sur toute la ligne, le tonton militaire (qu'on s'attend à voir user de la raclée) a plus d'un tour dans son sac et plutôt bon vivant, lui aussi soumis à des compromis avec sa juge chérie, pas toujours commode la bougresse... Cette manière de dévoiler les limites du coach à égalité avec le plongeon du jeune peut inspirer et même convaincre toute personne révulsée par l'éducation à coups de pied quelque part.
  • THE BLING RING (2013)
    Note : 18/20
    Simple fait divers étasunien remouliné en docu-fiction, caprice de fille à papa. Ou alerte. La dérive du bling-bling et ses grelots, toutes autorités démissionnaires, les parents d'abord mais aussi les éducateurs, toujours plus entravés ou qui jettent l'éponge. Voilà à quoi font penser ces jeunes broyés par un système implacable sans le savoir. Ce qui frappe chez les "Bonnie and Clyde" de Sofia Coppola, c'est leur "je veux". Ils se servent. Automatiques, comme le bébé attrape sa peluche avant de s'endormir. Objectif de ces enfants regroupés autour de leurs totems, ces stars incarnant la perfection physique et l'illusion que l'argent rend immortel : s'autoproclamer people. Au lieu de la sortie de l'enfance qui "tue" père et mère et rend autonome, piétiner entre bébé et adolescent selon ce qui arrange. Seront-ils adultes à quarante, cinquante ans, jamais ?... L'accent est mis sur le frisson né du risque toujours plus poussé, sur le doute faute de repères véritables, le film restant disert sur les débordements sexuels. Les gardes-fous font sourire (cette petite prière exhortant à la bonté), quelques rudiments new age... Sous le vernis, on sent le renoncement à la vie réelle. A tout effort d'abord. Avec cette frilosité des adultes en face, l'assurance d'être manipulés et donc méprisés... Est-ce pour avoir la paix ? De peur de perdre l'amour des... petits monstres ? Pères drôlement en retrait dans cette description vertigineuse, mères aux premières loges ! Les menottes autoriseraient bien à dire "ouf" sans l'effet boomerang de la dernière minute... Entre tous les autres films de la réalisatrice, c'est à "Virgin Suicides" qu'on pense, mêmes surexpositions vaines, même détresse juvénile. La musique en revanche, aurait gagné à limiter les sirènes.
  • NEBRASKA (2012)
    Note : 18/20
    Les réfractaires voyant débarquer ces contrées perdues sur écran large et fixe, se diront "mortel"... Et mettront en veille ce cinéaste qui s'amuse ferme derrière ses acteurs, des silhouettes étasuniennes lourdingues autour du visage Ô combien naturel du supposé millionnaire (qui plus est, récompensé par la profession) ! Par contre les adeptes d'humour pince-sans-rire seront à la fête, de plain-pied dans le vide sidéral de cet environnement-là, entre bière et ragots autour du sexe, même le plus catholique. Obésité, amabilité et coups de poignard dans le dos, silences gênés ou non dits, signes de ralliement inattendus ... A déplorer juste quelques longueurs avant le fin mot, et encore... Pour le reste, notre quotidien contemporain hors balises y défile, le plus cru, le plus immonde. Sans maquillage pour finir... Et alors ? Le miracle est qu'on en sort guillerets, imprégnés de la démarche du patriarche, d'inquiétante à hilarante pour la postérité !
  • UNE PROMESSE (2013)
    Note : 18/20
    Le raffinement des décors, des costumes, l'atmosphère vaguement opiacée, tout cela ferait sourire sans cette ironie dans la voix masculine face au jeune rival en puissance. Les présentations sont un peu longues, précautionneuses. Arrive enfin la dame telle une fleur à cueillir deux fois. Une fraîcheur, un naturel inaltérables, décuplés par son piano hors champ. Idylle retenue à l'extrême, manque de fougue diront les conditionnés aux explosions. Alors oui, c'est traité façon Stefan Zweig, en plus pâle sans doute, avec des pics de cruauté, jamais eau de rose ou mélo pour autant. Ni Harlequin, ni les romans-photos des Emma Bovary années Cinquante ou de leurs toutes jeunes filles en catimini. Et pourtant baume comparable si coeur encore ouvert un tant soit peu... Oser le romantisme de couple à l'identique, pas seulement féminin, un crime à l'époque du tout jetable !
  • TOTS VOLEM EL MILLOR PER A ELLA (2013)
    Note : 16/20
    Découvert au Festival Espagnol nantais édition 2014. J'avais déjà repéré la profondeur de vue et la délicatesse de filmage de Mar Coll dans "Trois Jours en Famille" (2010). Des tendances réitérées dans "Nous voulons tous le meilleur pour elle". Cette fois la famille, ancrage humain en lieu et place de la dérive sociétale contemporaine, de béquille passerait à... boulet pour l'individu détraqué. C'est un film qui aide à voir la lisière entre se faire aider et l'envie de s'en affranchir sans garantie d'aucune sorte. Dilution voulue par le There Is No Alternative, fuite en avant, alerte. Message reçu, sauf que l'identification à cette asphyxiée trop peu attachante reste partielle malgré l'excellente tenue des seconds rôles.
  • LES ENFANTS DE BELLE VILLE (2004)
    Note : 14/20
    Moins abouti, moins universel que les deux plus récents du réalisateur, "plus typiquement iranien" en somme. Sans coup de théâtre genre "A propos d'Elly". Plutôt les tergiversations qu'on retrouvera dans "Une séparation". Quelques scènes étirées sans vraiment apporter de plus si ce n'est l'atmosphère, de constants allers-retours du jeune homme, un bébé ballotté de bras en bras et dont on comprend qu'il incarne la douleur des jeunes générations. Il y a heureusement, outre le soin technique à tous niveaux, inclus les dialogues, l'attachante Taraneh Alidoosti et la bonhomie du quotidien, une fois quelques bagarres assouvies. Tous se frictionnent dans cette course à la peine commuée, leurs raisons réciproques louables seulement en théorie, car "qui dit Iran dit entraves". Le collectivisme contrôlant chaque acte, on est vite en dehors du chemin tracé (exemple, la femme qui divorce) sans que l'idée de révolte effleure. L'ensemble mène le spectateur, tel un juré obligé de se prononcer face à deux alternatives. Et là, seule l'abnégation amoureuse séduit. La femme que je suis en a eu assez de cet écheveau du pardon à partir d'un meurtre de femme, que de salamalecs en plus du compromis douteux... Il faut dire que maison, femmes, sauver sa tête ou racheter une existence ingrate se brassent comme au temps de l'âge de pierre dans cette histoire... Très inconfortable !
  • MY SWEET PEPPER LAND (2013)
    Note : 19/20
    On pense Sergio Leone, Les Frères Coen, le nouveau cinéma belge. Cette pendaison-là, nul ne l'aurait imaginée aussi déconcertante... Le ton de Far West est donné. Que ce soit les montures qui s'ébrouent d'un bout à l'autre du récit, les percussions ultra-douces en pleine nature, une belle institutrice otage, cette horde d'abrutis à des degrés divers avec un seul mâle à peu près digne de confiance. Le couple a un point commun, en témoignent les défilés de potentiels mariages. Le réalisateur pose la question de savoir où est la retenue la plus digne de respect pour l'individu comme pour la communauté. On rit plus qu'on ne pleure sauf à l'issue qui force à prendre position. Magistral coup de pied dans l'obscurantisme que ce film !
  • PAS SON GENRE (2013)
    Note : 16/20
    La bande-annonce est directe, on démarre par du convenu pour ensuite virer vers une ambiguïté lancinante. Un beau jeune homme posé, un peu fade, face à une tornade ancrée dans le concret. Le couple en désir d'apprivoisement avec la même envie d'étincelles et petit à petit la hantise d'être abandonné, trompé, etc. Des armes inconscientes derrière les épanchements. Gros tiraillement par rapport à son propre vécu, selon qu'on cultive l'extériorisation ou qu'on cérébralise pour "en garder un peu pour demain". Que ce soit l'introduction, les obstacles à franchir ou la tentation de sortir du labyrinthe, le mode guerrier instaure la résistance parce que milieux, cultures, éducations, la galerie aussi, sabrent, l'image privée et l'image publique jurant comme jamais dans la plupart des têtes. Lucas Belvaux, tout en désirant son actrice bien franchement, reste frileux par acteur masculin interposé. Alors oui, il peut laisser croire à une victoire par évaporation mais il ne dit pas qui a aimé mieux ou plus que l'autre, c'est tout l'intérêt de son film tortueux.
  • LE PASSE (2012)
    Note : 16/20
    C'est avant tout un plongeon au coeur des familles recomposées. Les ronronnantes, soudain forcées à un engagement précipité (l'ex, oublié, qui rapplique !). J'ai trouvé qu'avec la fille "la messe est parfois trop dite". On se gargarise de mots superflus, reproche valant aussi pour "La Séparation" (je préférais cette sourde tension vers cataclysme à l'image comme dans "A propos d'Elly")... Le personnage de Marie écartelée entre passé et... grossesse montre la difficulté féminine à jongler entre plaisir et retenue afin de se positionner dans la durée. Il y a presque de l'austérité dans l'air à cause du chaud et du froid que souffle cette femme écartelée entre le minimum de savoir-vivre et la survie du cocon. A un moment, le scénario devient soûlant, on flotte dans l'histoire des mails au pressing (où l'employée clandestine incarne à merveille la résistance des abusés par le monde du travail). Tout un exercice d'équilibre dont quelques pesanteurs, rachetées heureusement par ce sage qui parle de "couper"... Asghar Farhadi aurait essayé de sortir du miroir iranien en francisant l'ensemble au maximum. On reconnaît bien son regard humaniste, son point de vue au bout de la démonstration qui force à pencher du côté des enfants (éblouissants de naturel) et du visiteur messager malgré lui.
  • TÉLÉPHONE ARABE (2010)
    Note : 18/20
    Sorti officielle 25 juillet 2012. Cet humour bourru cachant beaucoup d'affection entre les humains rappelle les films français des fifties, pas assez féroce pour le 21ème siècle, pas de sang, rien que de l'eau ! On est dans une bourgade où tout le monde se connaît, ouaffe la grosse caricature simpliste... Ce cri du coeur se veut dérision globale sans jamais tomber dans le prêche. Discutable est le genre de toxicité invoqué quant aux antennes-relais. Il resterait à vérifier sur place celui des frictions entre les communautés. Qu'importe. Accrochée aux yeux lumineux et aux fossettes de Jawdat (Razi Shawahdeh) face à son paternel qu'on jurerait l'incarnation de Max (animation "Max & Mary", 2009), j'ai embarqué tout de suite... Noté les obligations religieuses, la sensualité ironique de la jeune fille en voiture, la mère redoutable en grève de cuisine, la position ambiguë des autorités... Côté forme, admettons que ça n'ait rien à voir avec les autres témoignages cinématographiques sur la communauté arabe israëlisée sur son sol, la Palestine, en 1948. Mais sur le fond si ! Le pacifisme ambiant pointe l'étau local, l'étend à toutes les minorités aplaties par un système devenu fou. La prise de position est nette sous l'esquive finale, une pirouette genre principe de précaution. Bienvenue à cet oxygène estival apte à dérider et à dépassionner les frictions au moins pour quelques jours. Le portable, reflet de la mondialisation qui engloutit l'individu sous des besoins dont il pourrait souvent se passer. Voilà une charmante production de plusieurs pays dont certains sont censés ne jamais coopérer !
  • TROIS SOEURS (2011)
    Note : 16/20
    En avançant dans la découverte de cette fratrie, nul doute qu'il est question des purges orchestrées par les gouvernants argentins et pas d'un quelconque accident parental... Davantage affalées que debout depuis la mort du pilier restant, la grand-mère, ces trois jeunes filles sont plus à fleur de peau que la normale dans l'art de s'entraider ou se heurter. Tout porte à se focaliser sur le charme de Marina (Maria Canale), la plus "carrée", celle à forte présence, sa progression face à la furie Sofia s'avère en droit fil du cinéma d'Amérique Latine contemporain, jeu feutré, lent... vers un pic qu'on n'imaginait pas aussi violent. En parallèle, il y a ce voisin pour aider à se réveiller, ce lit qui tressaute l'air d'inviter à copuler, voire à engendrer. Le synopsis laisse croire que Violeta disparaît alors qu'elle s'éclipse dans le style "she's leaving home"... La séquence où ces demoiselles écoutent un disque montre leur triple émotion, la musique d'autrefois ultra-douce, presque une autre vie... C'est joliment filmé, avec larges arrêts sur objets, meubles, notamment l'escalier ciré, indice du milieu aristocrate d'origine. Un peu trop statique pour séduire le grand public, le sort de cette jeunesse aux racines arrachées alors qu'elle se pensait privilégiée, devrait trouver écho auprès des spectateurs endeuillés ou que le saut dans l'âge adulte transfigure.
  • HAPPY TIMES (2000)
    Note : 18/20
    D'emblée, les deux attablés envahis de lumière annoncent du grabuge davantage qu'une union... Plus proche du spectateur que "Le Sorgho Rouge" ou "Epouses et Concubines", cette tragi-comédie colorée servie par des dialogues aussi percutants que grinçants accroche tout de suite. On sent bien l'imprégnation occidentale des moeurs mixée aux moeurs locales. Suffit donc que le débrouillard enveloppé et la frêle créature parachutée là se croisent (scène d'intérieur où les deux jonglent avec leur corps !). Un humour virant du trivial de départ au délicat avec des pointes de tragique jugées Zola en Chine à la sortie officielle française. Une dizaine d'années plus tard, la misère psychologique refaisant surface dans les foyers, ce film fait moins conte pour rassurer avant endormissement. C'est certes tristounet sous le propos enjoué, emberlificoté ce qu'il faut pour que la censure soit bernée... Qu'importe, la jeune fille et sa façon d'évaluer l'espace marquent autant l'esprit que par exemple "Qiu Ju une femme chinoise" du même réalisateur.
  • THANK YOU FOR SMOKING (2005)
    Note : 15/20
    Jason Reitman souhaite (bonus du dvd) que les spectateurs différencient une fois pour toutes formatage et libre arbitre. Comme dans "Juno" deux ans plus tard, c'est délibérément page de pub et à destination des accros au petit écran... Compacté, rapide, on tape fort et bas de préférence... Cinq minutes de plateau télé et c'est la salle de classe, même incitation au discernement et en mettant au fait côté business comme un cours sans trop d'états d'âme... Après une précision verbalement musclée du géniteur, le spectateur n'a d'autre choix que d'emboîter le pas du fils qui suit son fantasque paternel. Divers conciliabules, au vol quelques chiffres propres à classer les populations en maternelle pour l'éternité... Et voilà que, mallette à la main, l'érudit qui moulinait les addictions dans des démonstrations clouant son auditoire, à peine focalisé sur une première blonde face caméra, et la seconde lorgnée en altitude comme accessoire, connaît, après dégustation de château-margaux le coup du "bébé requin". C'est ce talon d'Achille et non son baragouin qui le rendent soudain, lui et le film entier, plutôt sympathiques.
  • IN AMERICA (2002)
    Note : 19/20
    Les deux petites soeurs portent le film, secondées par papa et maman dans des alternances de retenue et d'émotions dont nous découvrons peu à peu l'origine longtemps édulcorée par la magie E.T... Résultat d'un vécu de Jim Sheridan transcendé en une direction d'acteurs époustouflante d'humanité, on peut en juger "sur pièces", les larmes gagnant même les cuirs les plus patinés, et le vérifier par les bonus. Une douleur au demeurant amortie, qui ne cesse de remonter par éclairs... N'empêche, on s'amuse aussi beaucoup dans cet immeuble de Manhattan parce que la vie tire à elle la couverture. Toujours mené au plus près des situations, avec juste quelques approches tout en douceur sur ce qui revient bloquer. Famille irlandaise bien attachante échouée dans un milieu où chacun survit à sa manière, au besoin en le payant au prix fort. Rarement petite fille n'a été aussi vraie au cinéma que cette gaffeuse de service Ariel (Emma Bolger), minois et caractère "nature" (un souhait, la retrouver dans d'autres histoires même grandie !)... Les séquences autour de l'homme qui crie ou cet autre assis au bas de l'escalier peuvent surprendre, vite considérées comme traverses pour amener le pourquoi du film, un parcours d'exilés en reconstruction doublé du lien-parents soumis à rude épreuve. Vraiment dommage qu'aucune distinction ne soit attribuée à Sheridan pour cette oeuvre plutôt exceptionnelle !
  • 12 ANS D'ÂGE (2012)
    Note : 14/20
    Dommage qu'une distribution aussi alléchante laisse sur sa faim. On est pourtant gâté par la percutante introduction ! Merveilleux pot d'adieu au retraité... suivi du sale tour joué à partir de la voiture, deux très jolies scènes ! Charles (Berléand) plus casé que Pierrot l'indécis (Chesnais) fonctionnent, c'est un plaisir. Et puis ça patine très vite. Fait souhaiter que la jeunesse écluse son humour potache jusqu'à la lie afin d'épargner aux vétérans de nous déverser leur trop-plein. Du dialogue, de bons verres, la pêche... Un besoin de fantaisie pour le plus sécurisé, l'angoisse de l'immobilisme pour celui qui a mené une vie de barreau de chaise... Les compagnes ont l'oeil sur les deux galopins, tantôt femelles rivées sur leur territoire affectif ou mères qui réprimandent. Or le grand projet commun s'effiloche. L'impression que le sujet prometteur est à moitié traité. En témoignent des plans moins productifs en dernière partie, comme s'il fallait combler la lacune scénaristique. L'issue a beau appeler l'indulgence, le spectateur se demande comment des pointures pareilles ont pu composer avec des rôles aussi mal fagotés.
  • JANE EYRE (2011)
    Note : 17/20
    Bien stimulante version 2012 abrégée du roman. Irréprochable travail de reconstitution, on se croirait revenu à ces temps obscurs de dressage des enfants à peine présentés par leurs tuteurs à un quelconque notable. Mieux valait risquer une échappée en grande jupe dans la nature en furie n'importe où, vers cette fenêtre qui luit là-bas... Jane (Mia Wasikowska, qu'on jurerait apparentée à notre Huppert nationale, même rousseur, visage large et solide, silhouette gracile) vient se confronter à l'ambigu Rochester (Michael Fassbender, regard et voix à tomber raide surtout de très près !). Une servante et son maître dialoguent, il lui parle d'égalité possible. Cette tentation du plus puissant socialement réjouit. Puis fait tâtonner entre froid et feu dans ce château qui invite à la superstition. Jane chérit la solitude, s'adapte à ses semblables (magnifique scène d'aveux !), applique sa philosophie "se respecter soi-même". L'entrechat de la fillette et le couplet de la pianiste Miss Ingram laissent planer le spectre de la déculturation. Autre ironie, l'héritage, certes fidèle au livre, artificiel après des épreuves aussi intenses. Missis Fairfax (Judi Lench) parfaite en loueuse aux ordres tant que la roue tourne, fondante ensuite dans les ruines. Le duo fonctionne, il atteint une forme d'égalité... Le jeune réalisateur multiculturel Cary Fukunaga (35 ans) accentue à dessein la détermination féminine de ce classique du romantisme victorien, une époque plutôt machiste. Point commun avec le fracassant "Sin Nombre" (2009) sur les gangs d'Amérique Centrale, traiter de nos vraies préoccupations quotidiennes.
  • THE HOMESMAN (2013)
    Note : 15/20
    15,5/20 : Loin d'un western classique bien que tous les ingrédients à l'image y soient, l'allumage est progressif, entre présentation et préparatifs, avec une musique moins grandiloquente que pour affronter les grands espaces dans des chevauchées spectaculaires mais tout de même de jolis plans étirés. Le couple conduisant les trois égarées promet, on pressent à quelles extrémités cette terre inhospitalière en plus de leurs caractères aguerris, va les amener, les échanges humains de ces contrées étant plus proches du grognement que de la parole. Mary se défend au mieux en tant qu'individu, cantonnée entre sainte et/ou mégère apprivoisée. Elle intrigue à juste titre. Il y a des pics de qualité, quelques gags bienvenus, mais le voyage manque du piment qui ferait décoller ce couple empêtré dans les façons de ce temps-là... Après tant de veulerie, voir Meryl Streep en femme de pasteur est le lot de consolation. Même si Tommy Lee Jones analyse sans complaisance le retour à l'animalité la plus crasse, même s'il sait implicitement dire "voyez à quoi on peut revenir un jour dans toute société en perdition", sa pirouette d'ivrogne fait un peu réalisateur qui se réfugie dans l'acteur, trop facile.
  • LA CHAMBRE BLEUE (2014)
    Note : 17/20
    17,5/20 : Glacé et glaçant, on n'en ressent pas moins la "patte" de Simenon derrière le puzzle. Les images de présentation expriment tout de suite l'addiction et, très vite les stratagèmes pour la contrer. L'acteur-réalisateur Amalric déploie une grande maîtrise de l'envers et de l'endroit des décors comme des situations (magnifique prises de vue à double tranchant de cette chambre opiacée, entre autres plaisirs picturaux). D'entrée de jeu le héros à double vie est tout ce qu'il y a d'humain, faillible sauf un quart de seconde par ci par là (le bain avec sa régulière). Epoux faisant de son mieux (avec une épouse aussi admirable, il le peut !). C'est un père aimant, autre circonstance atténuante. Il y a bien cette scène d'escabeau et le bref hors champ au retour de la pharmacie où on se dit qu'il simule, qu'en vrai "il a p... un câble". Julien le raisonnable, le policé ferait revenir de cette morsure sanguinaire de départ, bien se remémorer les étapes, je n'aurais donc pas tout cerné ?... En discuter avec d'autres spectateurs et c'est plusieurs interprétations possibles, tout l'intérêt de ce film !
  • LE PROMENEUR D'OISEAU (2013)
    Note : 18/20
    18,5/20 : Vu en version originale sous-titrée. Sous sa joliesse de façade (bande-annonce décourageante), l'histoire résume par petites touches l'esclavage technologique et les dégâts intergénérationnels décuplés de ces dernières années. La lenteur sénile et la tyrannie juvénile arrachent plus d'un sourire, quant aux jeunes parents, on se demande bien ce qui les anime vraiment... L'oiseau est au centre, interprétable, il a quand même un cache sur sa cage de bois tel un bâillon, cage portée délicatement comme s'il n'était qu'à moitié prisonnier, beau comme une fleur, limité et cependant force de la nature. La caméra se recentre sur lui ou les siens plus les événements s'empilent, tranquillement il est vrai (quelques longueurs). Petite famille façon pub ou étendue à la société, suite de fractures à colmater avant extinction pure et simple. Voilà un cinéaste visionnaire dont l'originalité tient au refus de l'hyperréalisme chinois habituel. Pas si optimiste que cela malgré beauté picturale digne d'un conte, gentillet de surface pour mieux capter le public de tous bords. Beaucoup de générosité plus que de racolage facile, la poésie ambiante, les gags, les passerelles posées ça et là... Reposant et qui change de scènes violentes et rien d'autre. Le sujet est traité sous tous les angles ou presque, chaque spectateur apte à faire ses déductions par rapport à ce qu'il vit.
  • À PERDRE LA RAISON (2012)
    Note : 16/20
    C'est corrosif dans le sommeil qui suit la séance. Pourquoi 4 petits en territoire médical contemporain, on se croirait dans les années cinquante. Murielle, à peine la robe de noce pliée, sent son mari après 2 bébés s'échapper vers ses origines marocaines, constate "un retard" telle une vierge. Le beau-père médecin lui mentionne l'existence de l'IVG, vite balayée par le mari au prétexte de l'enfant mâle inespéré après ces 3 fillettes successives. Troublant couple que celui d'Emilie Dequenne et Niels Arestrup ! Pourtant c'est difficile de faire porter au "bienfaiteur" tout le poids des événements tel qu'expliqué... Si Mounir s'est fait à la facilité, sa jeune épouse est bien trop cultivée pour tomber aussi bas (trop loin du fait divers où 5 enfants furent sacrifiés, ce n'est pas du tout la même femme). La prise en charge des jeunes hommes par des béquilles d'office condamnables (la soeur très FN !) caricaturent de manière à favoriser l'enfer, cette préméditation orchestrée à partir d'un flash de l'imagination. Excusable est Joachim Lafosse néanmoins grâce à son génie de la mise en scène (l'ombre de la moitié de l'écran sur le bébé, la musique qui vient régulièrement dramatiser les scènes les plus anodines). Son film est servi par des dialogues efficaces et vaut de l'or rien que par la métamorphose de son actrice principale. Comme pour le dardennesque "Nue Propriété" ou le pervers "Elève Libre", il excelle dans les étaux mettant le spectateur au supplice. Et bien que pleurer sur "femmes je vous aime" puisse faire défaut quand elles sont à ce point passives !
  • L'INCONNU DU LAC (2013)
    Note : 19/20
    Plusieurs voitures garées presque toujours pareil, et puis cette autre, de couleur sombre arrivant en dernier... Décor champêtre au bord d'un petit lac aux rives caillouteuses, la caméra balaie les arbres sous le vent, glisse sur les les vaguelettes et revient sur les corps allongés là jambes écartées... il y a du frisson dans l'air. Ce pourrait être malsain pour tout étranger aux rituels gays (si l'on pense à certaines minutes d'errance dans "Les Nuits Fauves" par exemple). Or les plans semblent tellement naturels qu'on "marche", des échappées dans les bois aux soupirs dans l'herbe, convaincus une fois pour toutes que la nature fait corps avec les corps en vue du déclic qui libère la tension jusqu'à la prochaine. Des dialogues fructueux et brefs, les changements de lumière et la force du vent plus parlants qu'une voix-off. Tout sera annoncé à l'image, donc place à Franck (Pierre Deladonchamps), joli jeune homme heureux de démarrer ses vacances par des bains avec un plus possible. Il prend l'habitude de rejoindre Henri (Pierre d'Asumpçao), ancien viveur en mal d'affection, fin observateur toujours à l'écart. Le film décolle à l'approche de Michel (Christophe Paou), voix douce, souplesse de félin. Un géant, le seul filmé en contre-plongée, comme si on était Franck émerveillé puis tiraillé par ce qu'il découvre de loin sans se faire voir... Un flic jaillit de la verdure avec des questions, une photo ajoute au vertige... Pour varier des tragédies antiques, Alain Guiraudie fait un sort aux rôles secondaires. Le reste frôle le fantastique végétal façon "Oncle Boonmee"... L'avenir des deux héros à l'appréciation des spectateurs... L'aube dans les hautes herbes glace si on estime élucidé le mobile du premier meurtre. Car sinon toutes les déductions se tiennent, que l'un épargne l'autre et s'éclipse n'étant pas interdit !
  • KYSS MIG : UNE HISTOIRE SUÉDOISE (2011)
    Note : 17/20
    Imaginons tomber durablement sous le charme d'une personne de notre sexe alors que d'habitude... Bon, ça sent peut-être le mobilier Ikéa mais c'est tout de même bien traité grâce à la lumineuse actrice blonde, regard limpide, esprit sans concession aussi, claire entre sa tête et son corps, ce qui rend tout possible, la nature l'emportant sur les convenances grâce à la conviction que la demoiselle dégage. Je trouve la critique pro bien sévère du fait qu'il n'y a pas ici de malédiction, que la marge l'emporte sur le croissez-multipliez, Barcelona en plein soleil est ressenti comme trop beau... C'est pourtant une authentique histoire de famille contemporaine partagée entre ce qui s'affiche au dehors et ce que l'on fait réellement. Peut-être filmé avec un peu trop de joliesse, lisse telle la Suède libre de moeurs si longtemps autoriserait à le peindre, et alors, voilà qui nous change de l'hégémonie étasunienne avec ses tics de langage et de comportements ! Surtout que l'histoire en question fustige l'identité féminine réduite à l'ombre du mâle, à rebrousse-poil de tous les magazines féminins en vogue, quel répit ! Côté sexe, le double de l'italo-argentin "Le voyage de Lucia" (Stefano Pasetto, 2010), aussi délicat sans l'assommant retour à soi par rapport aux autres. On pense à "Festen" côté atmosphère, mêmes personnages racés, mêmes tumultes sous les carapaces, bref, ça se laisse voir.
  • 2046 (2004)
    Note : 16/20
    Thème musical lancinant parmi différentes pièces de choix, des scènes bouleversantes filmées avec minutie autour de la voix-off de Tony Leung, cette fois en instable écrivain dont les conquêtes s'affichent à des moments précis dans des lieux caractéristiques (le balcon de l'hôtel par exemple). Très beau, lent à se dévider, on peut se lasser de ce déballage non stop, ne retenir que les scènes les plus bouleversantes, il y en a... Le stylo court sur le papier tandis que d'autres images continuent de se superposer. En plus de l'esthétisme enchevêtré, reviennent des effets labyrinthiques, un genre d'ascenseur entre 2046 et l'antériorité, ce puits de souvenirs que Wong Kar Wai remonte. Autant de beautés sculpturales dont l'une, à bouche marquée de rouge baiser semble la douleur faite femme... Les effets spéciaux, les prouesses de montage, tous les empêchements qui ont contribué à retarder la sortie du film n'empêchent pas qu'on puisse le trouver hormis l'aspect technique admirable, surchargé de personnages, bavard, bref nettement moins accessible et abouti que "In the Mood for love"
  • CHERCHEZ HORTENSE (2012)
    Note : 17/20
    Sous le titre laconique, une fois l'introduction intello-bobo traversée, c'est un plaisir de découvrir ces Parisiens à un tournant de leur existence. Acteurs au mieux de leur forme (Bacri dans un personnage pas seulement désabusé mais entier, Rich irrésistible en vieux recentré sans scrupules, Duclos le rapace doucereux et cet étrange flash HH sur son vêtement bleu, Scott Thomas égarée entre scène et réalité, Berroyer le fuyard une fois ranimé, Carré presque la candide de service malgré son incarnation de pureté juvénile). Du convenu dans ces fins de vie d'un couple hétéro si n'intervenait ce jeune japonais androgyne. Noé reste la caricature la plus terrifiante du lot dans ses déambulations d'ado contemporain. Les grincements réguliers dans les dialogues, les menus dérapages alliés à de jolies prises de vue (parfois riches de sens ou bien pulsions discutables du cinéaste ?) font qu'on passe un bon moment.
  • LE LABYRINTHE DE PAN (2006)
    Note : 15/20
    Un mélange de deux genres aussi enchevêtré comporte des écueils. Passe pour l'insecte invitant au refuge dans l'imaginaire, la magie des lieux dès les premiers plans. Il faut bien contrecarrer l'horreur par quelque défense du cerveau. Hélas, quand les elfes virent au délire (la grenouille !) quand bien même le réel bascule dans l'épouvante, léger recul... Le labyrinthe peine à angoisser par des subtilités visuelles ou sonores, recours aux ficelles des grosses productions étasuniennes. Egalement convoqués les objets énigmatiques de scénarios à tiroirs (clé, robe, couteau...). On peut donc accélérer le dvd pour n'en garder que la trame utile, ce camp retranché dans la forêt, ses anecdotes au quotidien, la terreur, les trompeuses accalmies, bref la survie humaine. Ce Duval à lui tout seul, parfaite illustration des guerres (admirable Sergi Lopez !) il donne pleinement la mesure des haines recuites sur les foules crédules ou trop isolées les unes des autres. Les ravages d'un psychopathe en roue libre, avec répercussions sur les générations suivantes. Ainsi on retrouve dans le commentaire du bonus la tendance à basculer vers le trash de nombreux réalisateurs d'expression latine. Guillermo del Toro, sans mentionner leur traitement, affirme détester les chevaux du tournage (les vaches aussi !)... Ses sautes d'humeur font alors mieux comprendre combien les guerres civiles laissent de cicatrices à oublier par une rêverie quelconque (film interdit aux moins de douze ans, c'est pour le moins paradoxal !).
  • LE POLICIER (2010)
    Note : 18/20
    Prix du Public pour ce film très remarqué au Festival des Trois Continents Nantais 2011. Tout s'équilibre dans la démonstration des deux clans sauf leur côté va-t-en guerre, à l'image de l'éducation dispensée à la société israëlienne. Ou combien la discipline excessive contribue à déformer la personnalité. Que ce soit du côté du policier à l'affichage d'une débordante virilité, ou des jeunes préparant comme un rituel sacré la mise en pratique de leur plan de petits durs. Réel suspense, bien que les détails de la mise en place fassent que ça patine parfois, donnant envie de tout revoir en salle ou en dvd côté détails. Regardez bien la noce... Encore mieux la photo de famille..., car c'est là que ça commence à sérieusement parler au spectateur. Et quand le décor gagne le sous-sol, on est dans nos petits souliers, encore que la répétition du slogan par la jeune fille puisse finir par taper sur les nerfs, tout comme peut sembler improbable le noir complet et des cibles aussi bien visées... Il n'empêche, ces petites maladresses sont vite oubliées quand on arrive au fait. C'est certes l'illustration des conflits internes à tout individu, mais aussi la lente avancée de deux armées que tout porte à se colleter, ou deux tendances politiques au bout du rouleau... La plupart des textes ont une portée bienvenue dans l'état actuel du monde, d'autant que Nadav Lapid, en misant beaucoup sur les expressions silencieuses en plan rapproché, avec ensuite cet ultime face-à-face entre deux humains ramenés à l'essentiel, fait mieux que prendre parti.
Notes de L.Ventriloque
(par valeur décroissante)
FilmNote
80 JOURS (2010) 19
LE PRÉNOM (2011) 19
BARBARA (2011) 19
IN AMERICA (2002) 19
L'INCONNU DU LAC (2013) 19
UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY (2013) 19
DIPLOMATIE (2012) 19
BENVENUTO PRESIDENTE ! (2013) 19
MY SWEET PEPPER LAND (2013) 19
LE POLICIER (2010) 18
LA PART DES ANGES (2011) 18
TÉLÉPHONE ARABE (2010) 18
HAPPY TIMES (2000) 18
LES BEAUX JOURS (2013) 18
THE BLING RING (2013) 18
LULU FEMME NUE (2013) 18
LE FACTEUR HUMAIN (2013) 18
NEBRASKA (2012) 18
UNE PROMESSE (2013) 18
LE PROMENEUR D'OISEAU (2013) 18
UNE SECONDE FEMME (2012) 17
JANE EYRE (2011) 17
KYSS MIG : UNE HISTOIRE SUÉDOISE (2011) 17
CHERCHEZ HORTENSE (2012) 17
UNE VIE SIMPLE (2011) 17
GLORIA (2013) 17
ITALY : LOVE IT OR LIVE IT (2011) 17
AQUADRO (2013) 17
15 ANS ET UN JOUR (2013) 17
LA CHAMBRE BLEUE (2014) 17
LES FEMMES DU BUS 678 (2010) 16
BIENVENUE PARMI NOUS (2011) 16
TROIS SOEURS (2011) 16
À PERDRE LA RAISON (2012) 16
2046 (2004) 16
WHAT RICHARD DID (2012) 16
LE PASSE (2012) 16
JE VOYAGE SEULE (2013) 16
TOTS VOLEM EL MILLOR PER A ELLA (2013) 16
PAS SON GENRE (2013) 16
THANK YOU FOR SMOKING (2005) 15
LE LABYRINTHE DE PAN (2006) 15
ITALIAN MOVIES (2012) 15
THE HOMESMAN (2013) 15
WE WANT SEX EQUALITY (2010) 14
LES ENFANTS DE BELLE VILLE (2004) 14
GATSBY LE MAGNIFIQUE (2013) 14
12 ANS D'ÂGE (2012) 14
LA VIE D'ADÈLE (2012) 14
UN BEAU DIMANCHE (2013) 13