On approcherait presque l'idéal pour une dernière ligne droite féminine dans ce joli film tiré d'un livre. Rien de tel que deux hommes pour se rassurer sur sa valeur, l'un faisant vibrer sa chair et l'autre, le "pote" de longue date avec qui tout finit toujours par s'admettre tant il restera proche. Les deux acteurs masculins ont assez de charme pour qu'on ne puisse pas en condamner l'un sur les deux. Fanny Ardant incarne bien cette fragilité de retraitée cherchant ses marques, économe de mots dans l'évitement des conflits, par exemple avec ses deux grandes filles en plein essor familial que les petits enfants permettent de réunir. Le portrait succinct d'une femme ébauchant sa nouvelle identité dans le marigot des relations sociales actuelles. J'ai passé un bon moment, souvent identifiée à "l'intérieur de Caroline", cette hypersensibilité qui commande de s'efforcer à la tolérance comme de trancher dans le vif quand ça sent le roussi. Au négatif, quelques clichés inévitables les talons aiguilles en bord de mer, un rythme un peu étiré par moments le défaut de ressources internes chez cette grande dame qui pourrait, à présent qu'elle a du temps pour elle, s'adonner à quelque chose d'introspectif procurant le recul nécessaire, peindre, écrire, sculpter autre chose qu'un unique cendrier... Qui sait, peut-être après la trempette collective !