Critique(s)/Commentaire(s) de L.Ventriloque

Voir ses 50 films notés

Page 1 sur 18 (900 critiques au total)

  • SOMEWHERE (2010)
    Note : 14/20
    Beau beau beau et c... à la fois. D'abord ce bolide qui se mord la queue suivi de près par les blondes bien dressées. On sent à peine l'ironie derrière la caméra au point de se dire fichtre, ça remplit bien la pellicule tout ça... Couper, dévier de ce constat tout de suite, non ?... Bien capté l'état du rêve américain version années 2000, l'acteur pantin livré aux filtres féminins, cet éternel malentendu quant aux modalités, marche au pas mon garçon, tu es cadré, mécanisé, privilégié aussi, on a compris. Bande-son irréprochable, idem les prises de vue, toutes pertinentes comme Sofia Coppola sait faire. Son intrusion chez ce bellâtre formaté a au moins le mérite de rappeler les distances à parcourir aux Etats-Unis pour la garde alternée d'un enfant. S'occuper de son corps et compter les points, c'est court et limite f... de gueule comme menu sinon... Peuvent imprégner le spectateur la petite patineuse dans son jeu sobre de débutante, le désarroi affectif commun père-fille qui donne fuite ou recherche l'un de l'autre plus tard. On atteint des sommets avec le générique, véritable chamallow pour se consoler de ce trop-plein de vide.
  • LE SKYLAB (2011)
    Note : 17/20
    Si c'est moins abouti que le cruel "La Comtesse", c'est on ne peut plus enlevé grâce au plaisir de jouer de la palette d'acteurs. Chacun peut se retrouver petit(e) en vacances lors des grandes tablées au jardin... Un dédale naturaliste qui remémore la cruauté dans les fratries ou envers les cousins tempérée par la poigne parentale (très bien vues !) pour déboucher sur encore plus cinglant (l'oncle qui se sait différent ou bien les séquelles des guerres indicibles, retour sur les séquelles des "têtes brûlées"!). Un joli patchwork des années pré-mitterrandiennes défile dans les ambiance passant du sucre au vinaigre... Ni la menace du Skylab, ni l'introduction ni même l'issue en train, et pas plus l'épisode "nudistes" ne m'ont pesé. J'ai davantage soupiré pendant les chansonnettes ou le slow en version intégrale et toujours sous le même angle, sans parler de la démo aspirateur !
  • ALILA (2003)
    Note : 16/20
    Alila, titre et tête d'affiche se confondent... Avec l'événement de "La Flottille" au large de Gaza, la droitisation d'un régime israélien qui s'isole de la scène internationale, on aurait vite l'impression en 2010 que ce film est une antiquité... Avec sa cohabitation de bric et de broc, ses trafics, ses drames de couples, son amazone centrale flanquée d'un courant d'air (un type même pas sexy), circulez !... Renseignements pris, le scénario serait librement inspiré d'un livre décrivant la promiscuité vécue par les Israéliens. Une trame respectée à l'écran, chacun des principaux personnages vivra une transformation, utile pour supporter le labyrinthe qui y conduit... On peut déplorer l'atmosphère anecdotique, l'utilisation de constantes métaphores en complets zigzags, la mise en valeur de la belle plante qui s'allonge sur commande, les coups de gueule incessants... On peut regretter pareilles diversions et ne voir que la tension croissante dans ce coin du monde aujourd'hui (ce que la presse veut bien en rapporter)... Ou bien accepter le va-et-vient que le réalisateur utilise avant de préciser sa pensée (l'interview d'Amos Gitaï en bonus sur le dvd est plus touchante que son film à bien des égards)... Chaos pour moeurs trop différentes, réveil après des années de futilité, des points de détails si on veut... Quant à la croyance ancestrale comme quoi "la guerre fait l'homme", le débat est plus ouvert que jamais.
  • DANS LA VILLE DE SYLVIA (2007)
    Note : 15/20
    Découvert au festival espagnol nantais de mars 2008. Culte du beau et goût du lancinant. Le plus pesant : les longueurs inutiles. Le plus accrocheur : le physique de l'acteur masculin, il rêve d'absolu et on se demande bien sur quoi ça va déboucher. Parfait évaporé, rempli d'entêtement amoureux adolescent(e), cette névrose alimentée par le fantasme et qui fait se décliner les partenaires comme autant de modèles féminins à immortaliser sur papier. Voyeurisme de bon ton. Suite de tests à partir d'un souvenir édulcoré. Convoitise (du peintre ou du photographe ici, accessoirement du mâle). Délire de l'assaut sans cesse remis pour préserver l'enchantement de petit garçon tout-puissant, volonté de se diluer dans l'extase obsessionnelle. Les esthètes peuvent adhérer, dommage qu'il y ait ce brin de maniérisme, cette non-vie dans les personnages réduits à l'état de pantins par moments (splendides jeunes filles cependant). Bavards, hyperactifs, passez votre chemin... C'est austère et plein de vacuité, mais savamment orchestré par ce "plus que Rohmer" espagnol. Peut-être comme moi, tiendrez-vous toute la séance grâce au jeune Apollon, mince mobile, digne des midinettes ou des grands dadets des Ecoles de Dessin snobs. Le personnage principal est la seule carte de ce cinéaste (un peu comme dans le film "Mort à Venise"), en plus de savoir filmer avec art. Il importe d'avoir beaucoup gambergé soi-même à des périodes par ennui ou suite à des déceptions cuisantes (rupture, exil, pensionnat, longue maladie, emprisonnement)... Flatteur et/ou exécrable pour Strasbourg en tant que ville ! Envoûte, endort, tiraille ou fait hurler !
  • L'UNIVERS N'OUBLIE RIEN (2010)
    Note : 17/20
    Découverte Univerciné Nantes Cycle allemand de novembre 2010. Elle a un de ces p... de caractères, Kathrin, suffit de la voir tancer une de ses congénères trop mère poule ! Alors si un quidam la suit, Messieurs garez vous... La dame (elle ronfle comme un sonneur !) affiche une joie de vivre certaine autant qu'une décontraction suspecte. Car c'est la même qui dévore des livres hautement philosophiques quand personne ne la voit. Lui à la cuisine - et sur son roman enfin nourri de quelque chose - et elle au boulot dehors qui finance tout : marché conclu... On admet que ces deux-là, rage organisée et hésitation chronique, puissent se télescoper. Et même s'investir puisque tout les y invite, un médecin tout prêt à assurer les lendemains. On rit beaucoup, mais silence et grosse émotion sur les dernières images.
  • LA RIZIÈRE (2010)
    Note : 19/20
    C'est, déménagé chez les Dong, ethnie chinoise de la province du Guangxi, dans le sud de la Chine, aussi familier, aussi délicieux comme ambiance que les meilleures oeuvres de Pagnol portées à l'écran, avec un zeste de western dans la façon de balayer le décor. On est emporté dans le mouvement : ce vent dans la végétation, les glouglous de l'eau, le meuglement des buffles, tous ces petits bruits de la nature que l'enfance capte pour la postérité. Subtile mélodie de Bruno Coulais incorporée, voilà une Chine plus attirante que d'habitude ! Des couleurs chatoyantes (les bleus vifs et l'ocre jaune du riz), du flou sur les toits sombres et les cultures étagées, l'harmonie est partout. On se sent chez des cousins chinois. La ville ouvre encore des perspectives, pas franchement une menace (le camion paternel). Ils ont leurs humeurs, ces braves gens : la mère chante à tout propos, son mari s'impatiente... Quelle bonne idée d'avoir choisi cette adorable fillette (léger reniflement, battements de paupières rappelant Bambi...), en parfait contraste avec son cadet, un ahuri qu'il faut traîner... Exilée en France depuis les années 90, la jeune réalisatrice Zhu Xiaoling (présente dans la salle) dit s'être inspirée du cinéma de Jean Renoir, même sens des couleurs et grands chambardements à l'image. On ne compte plus les décalages entre ce qu'on entend et ce qu'on voit, ni les effets de miniaturisation rappelant la bande dessinée. Moderne et enchanteur. Anti-blues de la famille. Le dvd très indiqué comme cadeau de fin d'année 2010.
  • GRAVITATION (2009)
    Note : 18/20
    Petit bijou de dérision découvert au Cycle allemand Univerciné de novembre 2010 à Nantes. Le réalisateur Maximilian Erlenwein instille, un peu à la manière des Frères Coen, une pointe de "trash" déclenchant l'identification immédiate au personnage central, la bonne petite gueule de celui qui débute en essuyant quelques revers. Mais s'abstient du côté "n... en riant" en revanche, ce que c'est que l'affection pour ses personnages. Le monde intérieur de son héros subit des turbulences, mais demeure soft par le flegme des dialogues. On le sent à la manière empathique de filmer. Par les temps qui courent, ce jeune tout fou déboulant dans une banque fait l'effet d'un bain frais par canicule extrême. Aucun mal à accepter la surenchère, on en rajouterait plutôt ! Très tendance aussi, la suspicion de l'entourage, pour qu'un client se tire une balle, sûr que ce blanc-bec dérapa... Jamais la porte n'est montrée, un peu de transgression relève le niveau d'une équipe, donc le faux frère a droit aux ménagements d'un poupon à ses premiers pas... Collègues ou chefs directs peu enclins à malmener un collègue s'offrant l'escalade qu'ils n'osent tenter eux-mêmes, le film ne dit pas autre chose. Grinçant mais gentil... L'ancien pote passerait bien à la vitesse supérieure. La dulcinée va-t-elle craquer, enfin, tout ce cirque c'est pour elle : "du bist meine Katastrophe"
  • L'IRLANDAIS (2011)
    Note : 16/20
    Tout dépend de quoi on se permet encore de rire en 2011-2012 sans risquer la camisole de force... Bière, whiskey et amuse-bouches ouvrent cette balade en côte ouest irlandaise. De gros effets picturaux situent le flic de la vieille école, la scène cruciale restant celle de la bande-annonce autour du demi-milliard... L'Irlandais pure souche Boyle (Brendan Gleeson) et l'envoyé étasunien noir issu de milieu aisé (Don Cheadle) se heurtent pour le principe, tout comme la blonde Croate amorce pour les besoins de la cause. Côté dialogues, un accent respecté (et même du gaëlique !), des inégalités. C'est parfois brillant, parfois plat, entaché d'un fond sonore qui peut devenir un peu assommant. Par bonheur, trône la carrure de Brendan Gleeson comme en énième mission pour "Bons baisers de Bruges". Sa personnalité bien mise en valeur face à son comparse du FBI amuse plus qu'elle ne fâche (à moins d'être un incorrigible chatouilleux), donne tacitement la mesure de la corruption contemporaine, tous sous addiction atténue le réalisateur... Bien grinçant, quoique sain (plaisir bien différencié de la douleur). Il faut que débarque la parodie de western (brillante dernière partie) pour qu'on y voie à peu près clair. J'ai souri et ri vers la fin, dieu me damne !
  • LE SANG DE KOUAN KOUAN (2008)
    Note : 17/20
    A l'heure où le Golfe du Mexique enregistre un désastre par la multinationale BP tandis qu'il serait question de forer en Arctique, là où on sait pourtant que les secours interviendraient avec difficulté, les déchets pétroliers recouverts de terre en Equateur, où la végétation repart en trompe-l'oeil, semblent "de la gnognote"... En plus de ces traces indélébiles, les atteintes à l'environnement peuvent dégénérer en graves accidents... Il semble clair qu'alentour, on meurt, des cancers pullulent, qu'on peut toujours mettre sur le compte d'un manque d'hygiène comme des excréments mélangés aux cours d'eau (parole de lobby !)... Le présent documentaire relate la confiscation d'une parcelle de l'Amazonie par Texaco qui céda au moment opportun son cadeau empoisonné à Petroecuador... Maintenir que les essais nucléaires de Mururoa nécessitaient juste une petite douche, ou que la radioactivité apportée tout d'un coup mais à petite dose immuniserait contre les cancers comportent le risque de ne pas être cru aujourd'hui... Pas comme au début des années soixante en forêt amazonienne : les autochtones prenaient des bains de pétrole puisque les envahisseurs assuraient que c'était indiqué pour la peau ! Ils en sont morts tout en transmettant les pires séquelles à leur descendance ! Hormis ces dégâts, on bondit quant à la permissivité des politiques !... Dommage que le film s'est détruit de manière définitive sur la fin (film cassé deux fois) et que les intervenants n'en savaient guère plus que les spectateurs sur l'actualité en ces régions... Cette coupure nette a précipité le débat. Brillant intervenant (avocat de la défense concernant l'Erika), documenté sur ces questions, convaincu que les pouvoirs (de tous bords) sont depuis longtemps aux ordres des lobbies, ces tyrans internationaux : dommage que le public ait dû s'aligner sur la langue de bois des obligés à un devoir de réserve présents dans la salle de citoyens attachés aux "droits de l'homme". Dès que le profit comme prioritaire en tout a été admis par quasi inertie politique, la jeune communicante de service a craint le pire, réancrage express sur le très jeune public présent de manière à garder une discussion présentable... Ont commencé les théories consensuelles dignes des pires chaînes de télé nationales, place à l'angélisme scolaire du style "il existe pourtant une loi"... Quand on sait que Texaco a fait traîner le procès, l'a renvoyé à Petroecuador qui le laisse s'éterniser à son tour... J'ai quitté la salle en précisant "avoir tout dit et n'avoir plus rien à dire". Ambiance !
  • MY OLD LADY (2014)
    Note : 15/20
    De forme un peu terne par moments, sur le fond c'est quand même plein de bonnes petites choses qui ne sont pas dites dans tous les films et sans qu'on ait l'impression d'être instruits par un prof en mal de démonstration, réaliser par exemple que "le viager" typiquement français pose quelques difficultés d'adaptation à un héritier british aux bons soins d'un agent immobilier vivant sur l'eau. D'avance l'issue se devine avec les personnages de Kevin Kline, Dominique Pinon, Kristin Scott Thomas et Maggie Smith, acteurs tous attachants bien que peu surprenants dans leurs missions respectives. Une petite musique intimiste semble conduire le spectateur et c'est filmé avec beaucoup de virtuosité. De quoi passer un moment instructif avec un pic émotionnel in-extremis, avant que l'ennui affleure. Côté décors, donne envie d'aller flâner, tuer le temps dans des quartiers à taille humaine préservés de l'uniformité des grandes villes contemporaines, de grimper dans ces appartements nichés au creux de jardins plus grands que prévus, tout le charme du petit Paris immortel, feutré, sans files de voitures.
  • WEEK-END (2011)
    Note : 19/20
    19,5/20 : Magnifique film-flash entre deux êtres qui vont s'apprendre l'un de l'autre durant un week-end. Du ton cru de cette rencontre à la pulsion, on attend d'abord du plus salace, voire du sordide. Sauf qu'on va virer en quelques plans et une explication brève à une adhésion totale. Emotion grandissante... La manière de filmer y est pour beaucoup (le champ contrechamp pendant les paroles décisives, ou la plongée sur la petite silhouette qui se retourne, repart...). Mais sans doute en premier l'assortiment des deux acteurs principaux, soit Russel, un jeune sans référence parentale précise, réfléchi, souvent partagé entre intime et public et Glen, le gars de passage qui dit ce qu'il veut de lui, un tantinet hâbleur, attention, c'est le plus surprenant ! Des scènes affectueuses de défi, d'autres un peu hot avec le recours aux expédients pour monter très haut, mais jamais porno décérébrées ni même homo collectionneur frotti frotta. Le regard de Andrew Haig se veut frais sur ces êtres livrés corps et âmes, parce que c'est plus fort qu'eux et parce que c'est leur heure. L'homosexualité version amour universel, une merveille à offrir aux homophobes !
  • WINTER SLEEP (2014)
    Note : 19/20
    C'est un beau voyage une fois qu'on admet le décor bien réel (et non en carton-pâte) grandiose et pourtant avec un propos terre-à-terre aussi, pas seulement métaphysique, le genre d'histoire qui nous parle. L'identification à tous les personnages fait qu'on reste accroché même quand c'est redondant, que ça patine un peu parce qu'on a compris et que le réalisateur continue d'appuyer, d'en rajouter encore une couche pour se faire plaisir. Composition des plus fines, mais en tout 3h16 d'attention requise ! Les pics de très grande intensité rachètent les creux de vague, on tient. Ensuite il vient à l'esprit que la même chose pouvait être formulée à l'aise avec une heure de moins !
  • MOONWALK ONE (1970)
    Note : 19/20
    "Pas de vent sur la Lune" et autres erreurs au montage, le plus grand "bluff" que l'humanité ait connu, avancent les détracteurs. Nombre de terriens se pincèrent plusieurs fois en ce mois de juillet 1969, mais on peut d'abord douter, des années plus tard c'est mon cas. Se dire que les images télé de ce temps-là, l'alunissage du genre échographie avec son pouvaient avoir été inventées par des cinéastes talentueux. En fait, il y a plusieurs degrés d'images, celles prises sur le vif lors de ces premiers pas laborieux et les autres... bien nettes celles-là, intérieur de la fusée (la cuillère !) ou extérieur (ces éléments qui se séparent, se rejoignent, le fameux "LEM" !), des scènes arrangeables par l'outil informatique. L'ensemble ne brille certes pas par ses chansonnettes et la technique omniprésente peut aussi déranger. Finir par les cailloux ouvre à la réflexion mais fait un peu retomber l'émerveillement... N'empêche, il reste ces "bip" entêtants entre les voix de la régie et de l'équipe, de grand moments, les cérémonies de décollage et retour des héros... le branle-bas pour traverser l'atmosphère, ces étonnants clairs de Terre sans doute pas sortis d'une pochette-surprise, plus ces mouvements de foule jamais égalés en nombre depuis. Donc, sauf preuve irréfutable dans l'avenir, on a marché sur la Lune, le film en retrace bien les étapes, ce fut un projet discutable quant aux motivations mais pas banal comme expérience pour l'humanité !
  • LEVIATHAN (2014)
    Note : 19/20
    Plusieurs niveaux de lecture dans ce petit tour au nord de la Russie contemporaine. Peut-être en fonction du degré d'acceptation des horreurs que l'on se forge concernant notre jolie planète ? Quoi qu'il en soit, beaucoup plus grinçant que "Le Retour" sorti en 2003, une époque où on était moins "c... par dessus t..." au plan des valeurs. L'environnement vire au personnage à part entière, bateaux échoués, mer houleuse, car matinal de zombies, poissons coupés en deux comme par un robot invisible, un nid douillet condamné à la pince "Volvo" moyennant somme indiscutable ... La vodka en lampées jusqu'au délire, des désirs de désespérés. Le film, qui souffre juste de quelques longueurs au début, se reconnaît à ses récitatifs judiciaires et religieux façon opium du peuple. A la fois pathétique et comique. Les ravages du tout permis d'une caste, l'esprit de troupeau qui en résulte, un mélange de collectivisme mâtiné de capitalisme. Alerte à la brebis égarée, il en faut une... Le spectateur, qui sait tout de la machination qui se pointe entre pique-nique et tir à la carabine, n'a aucun mal à s'identifier et sans malaise aucun car il se glisse une grande pudeur à l'image et aucune scène n'est insoutenable. Autre point fort, la bande-son de concert avec la caméra braquée sur cette mer lourde du mystère qu'elle gardera. Un grand film et qui devrait faire son chemin, ce qui est une bonne nouvelle !
  • IN THE FAMILY (2011)
    Note : 19/20
    "In The Family", on s'attend à un énième mélo sur la sacro-sainte famille. Or, c'est un beau et grand film d'auteur étasunien sur la garde d'un enfant suite à un décès de l'un de ses deux papas du quotidien : quand la famille porte plainte et qu'il convient de trouver un arrangement à l'amiable une fois passée la douleur de tous. Possible de déplorer l'aspect caricatural du huis-clos vers l'issue, cette charge un peu invraisemblable, quoique... Les prises de vue tapant "dans les coins" sont un régal en revanche, on est embarqué, pris par ces émotions rentrées que seule l'image révèle, et encore, par à-coups ! A noter, le jeu subtil du réalisateur également acteur premier rôle, d'une énergie à toute épreuve. Rarement au cinéma est traité avec autant de minutie l'art de l'écoute active de l'adversaire, non pour le descendre, mais pour arriver à un compromis le plus humainement viable : ah, ce dernier plan qu'en toute logique on cultivait dans son for intérieur sans le savoir !
  • MAGIC IN THE MOONLIGHT (2013)
    Note : 18/20
    C'est un bon tour de magie, savamment illustré à l'image et au son (ces morceaux de jazz !), d'apparence légère, fustigeant les travers des époques régressives, ce règne des esprits "forts" sur les masses avec ce recours aux croyances pour distraire des souffrances incurables. Nouvelle prise de distance teintée d'espièglerie. Woody veut visiblement redonner le moral à ses semblables. Avec cet art d'embarquer sur des coquilles de noix par gros temps... Il s'en tire avec brio et par acteurs finement interposés, l'ours mal léché et la madone fûtée déployant des stratégies avec variantes assurées de faire mouche... On est loin du bavardage mitraillette de certaines productions antérieures. Des cadrages éloquents s'y substituent, relayés par une lumière digne d'un conte, avec quelques scènes qui égratignent sens du devoir et autres impasses pour rester dans le troupeau. Le feeling pour seul gouvernail ?... Un deuxième niveau de lecture peut venir à l'esprit. En attendant, c'est comme si le magicien de notre enfance passait nous rappeler qu'en tout temps, aucune rencontre n'étant fortuite, quand les boussoles s'emballent, se fier aux ondes peut sauver du désastre.
  • LA BELLE JEUNESSE (2014)
    Note : 15/20
    Le titre à lui seul résume les dégâts sur les mentalités et davantage encore les obstacles pour une partie de la jeunesse face à la régression économique européenne voulue par l'ordre mondial des affaires. Est décrite la dérive vers les boulots vertigineux gommés par une énergie à toute épreuve, est pointée la question de savoir s'il est préférable d'avorter ou de garder un enfant quand les codes sociaux et familiaux créent l'inégalité du couple, que la jeune fille devient femme tandis que le jeune homme reste un petit garçon qui joue tant qu'il a gîte et couvert d'assurés. Quel bénéfice à vivre entre deux pays dans des situations acrobatiques, avec les parents comme béquille tant qu'ils sont là et que l'outil technologique permet de croire à une vraie famille chaque soir où qu'on soit. Au spectateur ensuite de déduire l'avenir d'enfants nés d'un pareil renversement de valeurs et d'une société construite sur des sables mouvants.
  • PAR SUITE D'UN ARRÊT DE TRAVAIL... (2008)
    Note : 16/20
    Si ça faisait petite histoire plaquée sur le résumé d'actualités télévisées en 2007 et rien de plus, aujourd'hui, l'eau a coulé sous les ponts de l'économie. C'est très regardable... Départ alerte, sans trop de bla-bla, vachard juste ce qu'il faut. Peut-être un peu trop de plain-pied dans nos réalités, avec son trajet voiture aussi barbant qu'un vrai. Il importe d'apprécier le tandem Berling/Timsit pour embarquer, d'accepter l'intrusion récurrente des mouvements sociaux, bref pouvoir entendre que "la grève est un droit" sans prétexter avoir quelque chose sur le gaz... User plus de deux fois du "comment t'as traversé, j'ai sauté" est une erreur par contre, tout comme le tube anglo-saxon du générique (entêtant et creux au possible alors que le reste de la bande-son est si fin !). Les deux compères au bout du rouleau finissent par accrocher, font rire et virer vers l'attendrissement le plus pur. Filmés hors manifestations tout en s'y frottant, ce sont aussi deux petits poucets perdus sans s'abreuver à la source féminine (toutes ces créatures croisées d'office offertes !). Comédie, oui et non... La lettre, le lien rugueux né des frictions et surtout Dominique Blanc en femme de tête relèvent le niveau sans dissiper l'amertume d'ensemble.
  • LE SOMMEIL D'OR (2011)
    Note : 19/20
    On se demande si on rêve à suivre ce deux-roues qui roule à l'envers. Et à découvrir les façades grignotées de cinémas dont le nom se lit encore. Des lieux spacieux, moitié délabrés même si reconvertis en commerces ou en foyers. Une ville ravagée, l'impression d'un peuple peinant à recoller les morceaux, volontaire pourtant mais revenu de tellement loin. Les survivants, à Pnom Penh ou à Paris racontent le succès fou des 30 cinémas de la capitale du Cambodge au moment des conflits. Une ancienne star confie qu'elle a joué toujours un peu la même histoire de manière différente. Une autre précise que "Les riches, les personnes célèbres" étaient les premières cibles des Khmers Rouges. Le parcours d'un producteur passé par la case Citroën puis taxi est hallucinant. Comment étaient ces quelques 400 films rayés de la carte ? Peut-être un genre parfois un peu soap si l'on s'en tient aux chansons (qu'on a l'impression d'avoir maintes fois entendues dans les restaurants asiatiques français tant elles seraient reprises), des mélodies pour la postérité. Soit il ne reste vraiment aucune pellicule, toutes confisquées et détruites ou bien ce serait encore trop douloureux pour les ressortir de leur cachette (Yvon Hem laisse planer le doute). Documentaire délicat à l'image, aussi bouleversant que frustrant.
  • QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS (2012)
    Note : 19/20
    Après "Le sens de l'âge", mini portraits d'octogénaires philosophes de Ludovic Virot et avant le redoutable "Aimer" de Haneke, cet effleurement de la radicalité est idéal comme transition. Un vrai précis familial côté relations humaines, les mesquineries pour délimiter les territoires, le report sur l'animal trait-d'union afin de maintenir la chape de malheur, c'est très juste tous ces gestes du quotidien. Quand on sait que la morphine en soins palliatifs a ses limites, l'idée de fond peut s'entendre, encore faudrait-il qu'elle devienne accessible aux plus démunis et nationalisée, les tabous ont la vie tellement dure... Le monde du travail actuel vient s'intercaler dans toute son horreur sélective, ce qui ajoute encore des mises au rebut à venir, probablement des difficultés à traiter la maladie incurable, voilà à quoi on réfléchit chemin faisant... Ils sont de toute façon, mère et fils, bouleversants en fin de course, on n'en revient pas du naturel à humer, à s'installer après le périple, ce havre là ou chez soi après tout, et puis bien sûr le sursaut... Tout dépend de l'expérience qu'on a des souffrances extrêmes, soit on sort de la salle inspiré avec l'envie secrète de contracter dès que possible pour l'au-delà et non pour ses seules obsèques, soit on soupire plein d'embarras, soit on crie à la lâcheté en filant à ses petites affaires !
  • ON THE ICE (2011)
    Note : 19/20
    Un thriller dans Le Grand Blanc... ou un western polaire, aussi dépaysant qu'a pu l'être le premier western réalisé par une femme "La dernière piste". Acteurs non professionnels, conditions climatiques extrêmes, esprit amérindien, trop rare encore, pas assez tapageur pour le box office, dommage car c'est une oeuvre tous publics qui apporte du sang neuf. Un genre de thriller du froid, happant d'un bout à l'autre... Si toutefois on garde en tête le repli de cette communauté d'Alaska, soit le désert dès la sortie du hameau, les éléments mouvants, eau, glace, la crainte de l'ours, l'inconvénient d'un jour interminable... Vite isolé, vite repéré sur l'immensité, ronde d'hélicoptère et intelligence humaine à l'affût des traces. Avec des soucis d'éducation, de jalousie amoureuse, d'envie de se prolonger comme tout le monde. Ils sont encore très Indiens de culture, très "eux-mêmes" malgré l'apport de la modernité économique, matérielle, inclus les poisons contemporains (artifice d'une religion étrangère, drogues, chômage). Simple, direct, sans bavardage superflu, avec images de glisse et atmosphère musicale exceptionnelle, des personnages attachants (le père et son fils embringués dans l'indicible). Un sacré beau voyage en plus du frisson !
  • LA VIE DOMESTIQUE (2013)
    Note : 15/20
    Chronique familiale douce-amère sauvée par l'interprétation d'Emmanuelle Devos. Avec plein de ces petits malaises entre devoir envers le cocon familial et les quelques petits plaisirs individuels féminins comme de s'acheter un joli chemisier rose un peu ajouré qu'on hésitera à porter pour sortir en couple... A l'heure de la mondialisation, ce que l'on peut retenir de ces intrigues parallèles est bien le retour aux bons vieux schémas sociaux puisque, faute de travail pour tous, des femmes intelligentes, instruites, se retrouvent à la maison. Proches de leurs grands-mères. On se croit revenu après la dernière guerre. Pères nourriciers et mères tendant à se surpasser entre les soins aux maris, aux enfants, et leur vocation première de femme au foyer. Sauf que le regard est plutôt grinçant (l'épouse qui aime fumer sa petite cigarette avant de rejoindre monsieur au lit, la mère jouée magistralement par Marie-Christine Barrault). Si l'ensemble pèche par trop de "piques" tacites envers les hommes que cette rentrée dans le rang arrange forcément, malgré la lucidité de la réalisatrice qui signe en filigrane sa sympathie pour ses congénères, il manque le coup de sang humoristique capable d'envoyer promener cette inertie (un fracas quelconque, une bonne fugue par exemple) !
  • J'ENRAGE DE SON ABSENCE (2011)
    Note : 17/20
    C'est un film grand public, adroit, alerte... Une famille recomposée d'aujourd'hui, et qui va de l'avant. Banale cave, quelques reliques stockées avec le vélo du fiston, 7 ans, adorable. Les dialogues ne restent pas rêver, les prises de vue virevoltent dans et autour de l'immeuble, au ras de cette vitre basse où le drame se noue... Le charme du petit garçon (Jalil Mehenni) opère tout de suite (le chut, sa manière très vive d'occuper l'espace...). Mise en scène, direction d'acteurs, tout sent la passion du travail bien fait en droit fil des expériences de l'actrice. Sandrine Bonnaire pour la deuxième fois derrière la caméra est à son affaire, dans la manière de peaufiner les angles, glisser dans le décor une forme de signature (silhouettes féminines proches de la sienne, boutique et galettes biologiques) sans jamais perdre le fil narratif. Nombre de diversions permettent pourtant de souffler, rendant fluide le recentrage sur l'enfant avec son fantôme au caveau (William Hurt), le nouveau copain adulte en tant que "père de son frère mort" autant que complément bienvenu de son vrai père (le long Augustin Legrand), ce type réglo, joueur, enfin tant que rien ne l'énerve ! Et puis Mado, la mère terre-à-terre (Alexandra Lamy), personnage ambigu avec son secret qui n'en est pas un. Elle craque, remet le couvercle sur sa gêne jusqu'à ce que... Lors du déchaînement des derniers plans, l'attitude féminine peut même jeter un peu d'ombre sur l'ensemble.
  • ELLE S'EN VA (2012)
    Note : 16/20
    Vaut le déplacement malgré les clichés glamour, la Miss Bretagne mûre, les grands communicants, le drame d'une plastique en perdition... L'introduction montre donc notre Catherine nationale bouffie, l'envie démange de la planter là avec ses cigarettes improbables. Heureusement pointe assez vite un phénomène de société majeur, le petit fils infâme et sa mère insupportable (jouée avec talent par la chanteuse Camille !), avec quelques astuces pour s'en accommoder...Mais c'est surtout un portrait de femme en roue libre (dans l'esprit John Cassavetes filmant Gina Rowland). A moins d'être soi-même "la tête dans le sac", soudain les silences, les mimiques, le petit rire incrédule (ah, ce petit rire !) se justifient. Assez pour donner envie de jeter l'éponge, lâcher prise sur les points qu'on n'arrive plus à maîtriser. De prendre ce qu'il y a à prendre si ça plaît et sans nuire, à grandes bouffées, aller à l'essentiel, la vie se chargeant de résoudre l'insoluble. Catherine Deneuve campe l'ultime sursaut de la femme de caractère. Incroyablement radieuse sur la fin.
  • DANS LA MAISON (2012)
    Note : 16/20
    Comme d'habitude, on est à la fête côté narration et mise en scène, les acteurs jubilent, ça défile, ça déménage... pour ensuite osciller entre pics et creux de vague. En sortant de la projection, peut persister une impression d'avoir été un peu promené dans ces rattrapages in extremis après des kilomètres dans le flou... Jean qui rit, Jean qui pleure, ou alors le rire jaune de Woody Allen version française. C'est un aperçu des monstruosités latentes de l'individu. On sent bien qu'Ozon s'amuse à exhiber son petit fouille-m..., le copain qui louche l'annonce d'emblée... A repenser hors séance aux échanges verbaux du couple Fabrice Luchini et Kristin Scott Thomas, êtres réfléchis, douchés par les revers, on se dit que les régressions nées du plongeon économico-financier se traduisent un peu comme ça, l'uniforme inviterait plutôt à se rendre singulier qu'à marcher avec le troupeau... Sont passés au tamis jargon, poses, clichés de réussite... chacun coche la case selon son milieu (la femme "de la classe moyenne" terme méprisant d'un bord, enviable de l'autre). Sans doute est-ce trop le genre de clivage en marche, ces clans qui se manipulent ou s'évitent soigneusement, d'un côté les intellos bourgeois avec leur tic de cataloguer et, de l'autre les hyperactifs, plus heureux au prix de se décérébrer, pas très palpitant sur le fond, assez inquiétant même... On est pourtant diverti, invité à rire plusieurs fois d'eux, de nous-mêmes. C'est divinement démontré, avec des cadeaux de consolation exquis (les exultations littéraires, Yolande Moreau extraordinaire en double !). Dommage qu'entre dérision et réalisme le dosage soit inégal et fasse que la tristesse l'emporte.
  • LES SAVEURS DU PALAIS (2011)
    Note : 17/20
    Divertissement honorable, on se croit dans le secret des dieux au fil des portes ouvertes, des cours traversées, chacun poussé du col pour passer avant machin, les caprices de la politique conduisant au chômage technique puis au rappel nocturne limite grossier... Catherine Frot et Jean d'Ormesson plus vrais que les vrais avec leur intimité tacite, leur goût du meilleur, vite suspects... On se dit pourtant qu'il vaut mieux que nos élus se nourrissent bien, il y va de leur humeur, de leur lucidité à négocier présent et avenir, qu'ils économisent donc sur plus aléatoire... Le chou au saumon fait saliver le premier, et salut également à ces coques fraîches ! Ensuite morceler les repas vient à l'esprit plutôt que de renoncer au raffinement, un sorbet au lieu des gros desserts à garder pour les goûters ! Le plus difficile à incorporer à l'ensemble serait peut-être la Nouvelle-Zélande, elle fait un peu trop pénitence jusqu'à la mention des truffières. Film à l'honneur des femmes de tête aux fourneaux et non reléguées aux épluchures ! Libre adaptation à partir d'une expérience vécue, à la fois éblouissante et frustrante. Pas petit film pour autant, en tout cas pour qui préfère bonne chère bien dosée à nourriture douteuse ou régimes qui rendent idiots. L'interprétation séduit, les dialogues sonnent juste et puis il y a cette intégrité d'Hortense confirmée par la lettre... Sans être un cocorico has been pour bourgeois pansus, plutôt un pied de nez à Monsanto et aux OGM !
  • TEMPETE SOUS UN CRANE (2012)
    Note : 18/20
    Instruire les classes de quatrième, âge = 15 ans en collège public. Des êtres en devenir, au sens pratique démesuré, des atrophiés du raisonnement, des endormis affectivement si nul ne les sauve (les exercices assez surprenants de fraîcheur affichent ce constat). Là où le comportement collectif est constitué d'une infinité de bruits et gesticulations dans la classe comme une maternelle qui n'aurait pas évolué, il faut trouver le pont, et pour cela tâtonner tel un chercheur... Afficher la bonne pâte qui répète, redresse comme on le fait de tout petits, avec en arrière-plan les clés de l'autonomie. Au demeurant, c'est plus facile pour un professeur d'arts plastiques comme celle que nous fait découvrir ce film que pour l'enseignante en lettres (deux personnages qu'on aurait voulu avoir comme profs !). Tout porte à croire qu'elles ont autant l'une que l'autre trouvé la combine... A quel prix pour les nerfs du spectateur ! Par mille et un détours elles remplissent leur mission, déjouent les défenses de ces cerveaux baignés dans le seul rapport de forces. Une incroyable proximité physique, à l'image de bons parents, les cours, les contacts verbaux sont chargés d'affects, ces grands massés au ras du pupitre du prof montrent une fragilité insoupçonnée, en dehors des fatals meneurs et des trafics louches de quelques-uns bien entendu, et qui finissent par passer au rapport... L'enjeu étant que cours et vie réelle n'en fassent qu'un, sifflet et punitions traditionnelles sont remisées, fermeté, maîtrise... il importe d'user d'un langage commun aux moments fatidiques "tu sors de mon bahut" dit la directrice ! Ce documentaire montre une avancée possible en matière de résultats, de là à prétendre s'appliquer partout, il faut quand même être d'acier... au moins au départ, l''espoir de récolter les retombées étant la récompense ultime si récompense il y a... Respect des programmes balayé, retour de la jugeote... Silence sur les fameux "moyens matériels" et "effectifs insuffisants" dont il est fait état concernant l'enseignement public actuel. Belle démonstration de patience, attitude héroïque pour nombre d'enseignants. Plus facile si entente cordiale des adultes qui encadrent !
  • ENFANTS VALISES (2013)
    Note : 16/20
    Documentaire assez inégal. Quelques temps forts, des moments un peu étirés, des redondances. Les entretiens avec les formateurs et les étudiants permettent d'entrer dans le labyrinthe éducatif, ludique afin de faciliter l'assimilation inconsciente de ces jeunes êtres en stand-by, quelques minutes émouvantes sans jamais tomber dans le misérabilisme... Les enfants valises et leur devenir après les cours pris en commun paraissent disproportionnés en revanche, il resterait à vérifier sur le terrain ce constat (ce cliché ?) que les filles sont majoritairement bien plus sérieuses que les garçons puisqu'elles s'accrochent, réussissent et que les garçons tendent à retomber dans leur laisser-aller faute de volonté sur le long terme.
  • LE SENS DE L'AGE (2011)
    Note : 18/20
    Merveilleux octogénaires que ceux choisis par le jeune Ludovic Virot ! Qu'ils vacillent, aient mal ici ou là, on les sent prêts à muer comme lors de leur naissance. Alors certes nul sans-logis, ni immigré clandestin parmi ces silhouettes bien conservées. Que des moments positifs (à la différence de "Vieillir femme" et "Vieillir homme" de Chloé Hunzinger par exemple). Ici se devinent des milieux et des porte-monnaies variables, valeurs oubliées tant la philosophie a changé. Les spectateurs "d'un certain âge" et les jeunes étudiants en gériatrie sourient dans la salle, rient aux mêmes moments (échangeront avec beaucoup de spontanéité lors du débat public après la séance gratuite du cinéma Concorde de Nantes)... De la table de ping-pong au patin à glace, de la sortie en scooter aux grands arbres, chacun(e) écoute avec attention, pas loin de souhaiter la même chose pour soi, surtout avec ce plongeon dans la chlorophylle au ras de la terre nourricière (très poétique moment !). Ce film déculpabilisant (soutenu par un assureur mutualiste) décrit le maintien dans le cadre de vie des anciens. Ils osent tout, n'ont plus rien à perdre... A la fois sensibles et détachés, autonomes encore... ce serait, malgré la cancérophobie galopante et autres alertes (qui font le miel des lobbies médico-pharmaceutiques relayés par les grands médias) le sort de la majorité des personnes âgées moyennant sans doute de discrètes mesures d'accompagnement. Aucune envie de "s'excuser de n'être pas plus loin" ou d'avoir peur de coûter dans ces témoignages. On aborde le tabou de l'amour à quatre-vingts ans et au-delà, la passion, le désir sexuel, très variable d'un personnage à l'autre... Questions débattues avec délicatesse afin que les générations en parlent ensemble.
  • NOUVEAU SOUFFLE (2011)
    Note : 18/20
    Découvert à Univerciné Allemand 2012 Nantes. Qu'importe sa faute et qu'il crache au vent en voiture. Droit et bien bâti, entraîné avec ses longueurs en piscine, Roman Kogler (attachant Thomas Schubert) bonne tête et gestes à l'économie, rallie le public (comme "Le Fils" des Frères Dardenne en 2002). Sont passées en revue les affres de la prison et des sites mortuaires, les fouilles, le froid, les odeurs, la brusquerie, l'hostilité d'un collègue. Il faut se faire à ces détails rappelant la vie carcérale ou les entreprises les plus ingrates d'aujourd'hui... Plans coupés fréquemment, dialogues minimalistes, le milieu autrichien hivernal, terne, se devine moins impitoyable que de prime abord... De la chaleur derrière la rudesse, suffit de patienter le temps que Roman Kogler se rode entre chambres mortuaires et urnes de crémation, lui qui peine à nouer sa cravate... Le premier point d'interrogation vient avec cette femme macchabée cousue par le milieu, une Kogler... Ensuite une deuxième créature plus âgée, silhouette encore bien faite, traitée comme une reine après, pourtant, un bref lancer de chausson (surprenant Georg Friedrich !), moment magique du film avec la balade en voiture au sortir d'Ikéa... Encore un peu de transgression à cause d'un policier trop zélé, une bière moyennant perte d'un gant et alcootest. On est instruit sur le métier de fossoyeur contemporain, un travail éprouvant comme celui des soignants, des sauveteurs en urgence... Les bruits de glissements de cercueils, le souffle du train incorporés à la musique sont aussi langage. Quant à Madame Kogler mère, au trot sur ses mini-échasses ou allongée sur literie avant achat, elle "décoiffe" !
  • OH BOY (2012)
    Note : 19/20
    C'est un morceau de roi que ce film à fleur de peau... Aussi émouvant et simple que son réalisateur sur la scène du Katorza au cycle Univerciné nantais 2012, Jan-Ole Gerster, un jeune homme souriant, presque gêné de l'admiration générale, d'office sympathique ! Sans jamais peser ni racoler, son film expose les caractéristiques humaines principales, l'art de se rendre agréable à autrui, l'altération du caractère à force de contrariétés, les dérapages de comportement, le fatal glissement vers les haines collectives. Côté forme, quelque chose de "A bout de souffle", le noir, l'anthracite prédominant sur le blanc, deux ombres profilées sur un lit dans une chambre, de germaniques allures "Nouvelle Vague"... Quelques emprunts aux films noirs d'Hollywood aussi, avec la subtilité chaplinesque d'user d'une légèreté de façade pour y incorporer finement une gravité. Humour distancié puis lâché jusqu'au délire, catastrophes par poussées (le golf du père, la blonde qui a placé son surpoids dans un autre registre). Et quelle musique ! Souvent relancée avec l'image comme une manivelle, en plus d'être indispensable comme une signature, c'est un régal de tous les instants ! Expressions des visages appuyées, qu'on s'attache au front lisse et à la tête juvénile de Tom Schilling... Première allusion à l'antisémitisme sous forme d'extrait télé, un amour caché... Le point culminant en coude à coude sur le zinc. Vieux radoteur bien imbibé, plus distingué que la moyenne, son père et son vélo, tout ce verre cassé : une confidence autorisant toutes les interprétations si ne venait à l'esprit la "Nuit de Cristal" berlinoise, que les jeunes générations tentées par le radicalisme n'oublient jamais... Séquence stupéfiante quoique sans parti pris explicite à bien y repenser, que le public déduise ! Ouste la légèreté de "trouver un bon café" ! Les grands voyageurs, les familiers des tournants de désespoir se retrouveront pleinement dans Niko, aventurier d'aujourd'hui, apte à s'installer dans un fauteuil inclinable auprès d'une mamie mélomane, rouler avec un dégoûté de l'environnement qui rit si ça le démange, retrouver une ex-ronde en pleine révolution, accompagner un parfait inconnu à l'hôpital.
  • JIMMY P. (PSYCHOTHÉRAPIE D'UN INDIEN DES PLAINES) (2013)
    Note : 17/20
    Le duo formé par l'ethnologue et son patient indien fonctionne, inclus quelques résidus de préciosité propres au décortiqueur Despleschin. Ils n'auraient jamais dû se rencontrer ou au contraire, ils étaient faits pour s'entraider et devenir des amis pour la vie ? D'autant plus qu'on découvre à travers ce "cas", le grand drame des peuples colonisés par des gouvernants avides, des mafias organisées sur fond de paupérisation, éternelle rançon du dieu argent. On y trouve un écho certain avec la colonisation contemporaine, aussi insidieuse, aussi niée. Un film parti d'une histoire vraie... J'avoue que c'est l'étonnante présence à l'écran de Benicio del Toro filmé sous tous les angles qui accroche et maintient. En fait, je m'attendais à ce que le sort du peuple amérindien soit évoqué de manière plus large, moins par le petit bout de la lorgnette. Autre grosse surprise, les électrochocs présentés comme la secousse salutaire ! D'excellents moments quoi qu'il en soit, la jeune Française, ou bien Mathieu Amalric débarquant avec son écoute, ses doutes, ses déductions, sa passivité stratégique face à la carrure de son patient qui argumente à sa manière d'ours mal léché.
  • TRANSPAPA (2012)
    Note : 19/20
    Découvert au Cycle Allemand Univerciné Nantes 2012. Un plaisir de tous les instants, dû pour une large part aux dialogues percutants et aux acteurs principaux. La jeune fille avec ses sourcils qui doutent et ses exigences d'ado régressive, et ce père aux manières douces qui a fui pour se refaire, avec lequel il faut repartir à zéro, homme devenu femme, père qui n'est pourtant pas une mère... A l'heure française de la polémique concernant le "mariage pour tous", le discours "trans" même s'il peut être entendu et toléré rencontre des réticences. Ce film tâche de dédramatiser les efforts à fournir. La stupeur fait place à un lent ré-apprivoisement. Quelques moments pimentés, quelques idées reçues balayées, le conformisme et les tricheries de l'adolescence rencontrent complicité tacite ou fermeté, exactement comme entre deux parents hétérosexuels. Un état des lieux que le bourgeois préfèrera pourtant voir chez les autres... Cette rencontre d'un père devenu femme, aussi attendrissante soit-elle, trouble les saintes familles. Succès garanti en revanche auprès des aspirants au bonheur et à la liberté individuelle (homos, mères ou pères célibataires...) les individus régulièrement ignorés des statistiques familiales... La famille traditionnelle est ici campée par le voisinage, aimables et précautionneux comme on l'est devant des animaux de cirque (le fiston vend la mèche en voyant du détraqué là où il y a initiation). Très fine analyse des impératifs sociaux des jeunes générations, se sexuer clairement, être fier de ses parents auprès des copains... Honte à ce géniteur devenu complet par son mix des deux genres, avoir un père médecin à succès a tout de même une autre g... ! La relation à la mère est chamboulée si elle était responsable du virage paternel... C'est riche d'une infinité d'angles... Le style des échanges verbaux et la gestuelle, toujours très soft, invitent à relativiser, à en sourire. Ce n'est pas plus dramatique qu'un divorce... Film plein de santé, de sens pratique, d'entraide, avec son ancêtre qui héberge "la gouvernante"... On rit énormément des émois que les métamorphoses apportent aux personnages (du végétarisme austère, du système patriarcal qui fait bouder les jupes...).
  • UNE FENÊTRE SUR L'ÉTÉ (2011)
    Note : 15/20
    Vu à Univerciné Cycle Allemand Nantes 2012. Pas mal, sans plus, la musique du générique de fin assommante autant qu'impersonnelle... L'esthétisme global, la présence de Nina Hoss, la magie du lien amoureux qui se régénère, la mère dépassée, le petit bonhomme avide d'histoires, le père qui rappelle la Finlande d'antan, ne peuvent sauver l'ennui de ce va-et-vient dont on a du mal à saisir les enjeux. J'ai dormi sur la dernière moitié, réveillée à temps pour voir l'issue... Un petit peu trop "trois petits tours et puis s'en vont" à mon goût, en droit fil de la chansonnette aux deux extrémités. C'est très hollywoodien cette chimie des corps (elle s'évapore juste après l'assemblage du côté masculin et il faut croire que c'est afin de ménager des retrouvailles toujours aussi magiques). Bien lisse, bien propre en regard du couple usé depuis neuf ans. Seulement, malgré l'envoûtement qui gagne devant le soleil estival et la tiédeur du soir, il y a lieu d'espérer un miracle. Car l'enfant et la dulcinée sont charmants surtout parce qu'ils tendent le pouce en sortant du ferry. L'émotion est trop mince en regard des expériences précédentes... A moins d'être très fleur bleue ou avide de vacances dans le style agences de voyage, rien n'atteste que le prince charmant assume davantage qu'avant, on y croit donc à moitié.
  • LA GRACE (2012)
    Note : 18/20
    Perle découverte à Univerciné Cycle Allemand Nantes 2012... On plane au-dessus des rondeurs géographiques au coeur de la nuit polaire (novembre à février), une rencontre terre/océan crépusculaire qui donne presque envie de continuer le survol... Car que vont recéler tout au fond de l'écran là-bas ces cubes noirs aux points lumineux à part des ours en hibernation ? Bande-son en apesanteur, mer mouvante, horizon pour le moins dégagé et... Descente dans une fracassante multinationale, des tenues orange flashy, le stress, un rapprochement physique proche du rut tant il est rageur. Des choeurs de toute beauté s'intercalent et c'est heureux ! Comme de faire un tour par l'école, où, nouveau réveil, deux enfants crachent dans un sac de loser... Comme lien au monde, le filet de route qui longe la côte, on y va constamment, toujours dans la pénombre, des collines neigeuses pour tout repère. De brefs coups de fils chargés d'électricité... Visible qu'un chat et une souris cherchent ici un second souffle, maison de bois individuelle, job des deux signant intégration totale, sauf qu'on ne donne pas cher de leur peau ! Leurs repas sont trop lugubres à cause de papa, si caractériel... Et voilà que la voiture heurte "quelque chose", ce que c'est que d'accepter des heures d'affilée auprès de grands malades ! Inconstance contre délit de fuite, secret de plomb en même temps que retour du soleil nuit et jour pour plusieurs mois et fiston qui déjante avec sa manie de filmer en douce... Aucune baisse de régime dans ce menu excepté le va et vient sur la route fatidique vers l'issue, quoique l'ironie du réalisateur finisse par en relativiser la perception. De belles frayeurs régulières ! Dans la libellule d'acier avec la fille d'Oslo, les deux pilotes muets comme des tombes... Ou sur les terrasses, cigarettes au bec pour se croire réchauffés. Ou lors de la tardive visite ! Sans omettre ces crissements de pas qui cisaillent la glace... Une atmosphère fascinante doublée d'un récit à rebondissements des plus fins. Jürgen Vogel et Birgit Minichmayr campent avec justesse ce duo assez humain pour qu'on puisse le défendre, petite mort de l'amour physique et assistance à la mort véritable entrant en résonance de manière tout à fait crédible.
  • LORE (2012)
    Note : 17/20
    Découvert à l'Univerciné allemand Nantes 2013... L'écrivain suédois Stig Dagerman dans "Automne allemand" avait osé décrire l'Allemagne de 1946, oeuvre discrète. La jeune Rachel Seiffert établie en Grande-Bretagne, née de père australien et de mère allemande, revient dans "La Chambre Noire" sur la confusion entre "nazisme et nationalité allemande". Visiblement emballée par ce récit, l'Australienne Cate Shortland fait exulter à l'écran cette Lore impétueuse (Saskia Rosendhal), symbole de l'adolescence sur fond de débâcle après la chute d'Hitler en 1945. On est frappé par la frénésie familiale... Les deux parents, dignitaires déchus sont montrés comme deux ogres qui vont cacher leur progéniture loin de tout, le père jette un froid, au plus peut-on compatir pour la mère qui fume, pauvre pantin désarticulé... On est au ras du conte fantastique. Avec une grande finesse dans les étapes. La réalisatrice excelle à montrer le naturel de ses personnages. Cette Lore au caractère bien trempé s'empare du rouge à lèvres maternel... La grande soeur et les petits poucets doivent faire dans la discrétion. Il faut contenir l'exubérance, les larmes du plus jeune qui ne comprend rien à ce qui lui arrive. Et puis manger, durer. Au fil des jours, l'impact des ascendants et la fraîcheur du jeune âge se livrent bataille. Le moment le plus fort est peut-être Thomas, ce loupé pour la postérité, véritable crève-coeur puisqu'il cristallise tout l'antisémitisme... Vigilance, transmission intergénérationnelle... C'est ce qu'aborde ce film dur, picturalement superbe, mettant en exergue la chaleur estivale avec ses robes d'été bien propres. On n'ose pas penser à un tournage hivernal !
  • ATTILA MARCEL (2013)
    Note : 15/20
    L'équipe de tournage, les acteurs, le réalisateur, chacun prend visiblement plaisir à dérouler l'histoire de cet individu plus ours que sa peluche. L'aspect distraction et les subtilités techniques sont au rendez-vous, avec le sentiment qu'Amélie Poulain est dans les parages. Tout cela peut suffire, est de toute façon respectable, bien qu'on puisse décrocher passé la première heure. Un match de boxe, une comédie musicale sur la plage, c'est envoyé dans le désordre. Les dialogues sont de qualité variable, la caméra acrobatique refait sans cesse surface sur les yeux bleus, après moult va et vient sur les parents vus à partir des menottes enfantines... Des gags qui font mouche (l'obsession chinoise, le concert final !), ceux qu'on n'a pas eu le temps de bien saisir. De temps à autre un tour de passe-passe pour virer de la bande dessinée en papier à l'écran de cinéma. L'humour très personnel de Sylvain Chomet plane comme une signature mariant ses deux vocations. Dommage qu'il y ait léger surdosage, qu'au lieu du suspense escompté, un peu d'impatience se devine dans la salle, tourner plus vite la manivelle vers le futur démange. Car si on voyage bien comme enfant dans les livres d'images, l'inattendu récolté fait assez peu avancer l'intrigue... Une suite d'images rappelant le dessin animé. J'ai surtout raffolé des deux tantes et de la marchande de légumes, tout est fait pour. Le mutisme du protagoniste le rend un peu tête à claques à la longue... En toute dernière partie, l'histoire se tient pourtant. Il y manquerait juste la communication profonde avec les demandeurs d'émotion au cinéma. A défaut de tout à fait convaincre, ce film peut aider à "décompresser"
  • THE WORLD (2004)
    Note : 19/20
    Un bonheur bu comme du petit lait à sa sortie française en 2005. Toujours plaisant à condition de se laisser emmener dans un système qui dédouble. Berce d'emblée par une musique venue du cosmos, réplique terrestre où s'imbriqueraient des images virtuelles. Rien à voir avec un conte de fées. Plus proche de la fête foraine. Y défilent les tendances monstrueuses des conditions de travail et l'envie individuelle d'exister quand même (besoin d'être respecté, soigné, éduqué, aimé, consolé). Sauver la face quoi qu'il arrive. Curieux mélange de paillettes et de misère. Pointe la détresse humaine derrière l'apparat. D'une rare élégance pleine d'humour pourtant, signal que le réalisateur assume. Il semble dire, tenez, voici de quoi anticiper la mondialisation à son paroxysme. Depuis le tournage (2004), sa vision du monde s'avère moins caricaturale. Au point qu'on puisse s'en offusquer tant la réalité tend à y conduire nombre d'entre nous.
  • THE TERRIBLE COUPLE (1980)
    Note : 16/20
    La baignoire carrée (le plouf qu'on jurerait en direct du parapluie sous les trombes d'eau !), l'accent du professeur, la première photo (et, plus tard, la seconde !) signent le ton espiègle global... C'est fluide. Avec une caméra parfois déchaînée, aux virages à 180 degrés dans l'appartement, quand on craint pour la facétieuse locataire. Las, en 122 minutes, traiter de frictions adolescentes, de performance à chaque plan, était percutant en 1980. Lassant en 2012 où on réalise à quel point ce système déferle. Il manque un peu de drame ou de piment. Kei émue de deux seniors croisés ? On est dubitatif. Que ces jeunes chiens rompus à l'affrontement biberonnent, chahutent, c'est de leur âge. Déjà bien séparés en classe chacun sur leur rangée, ils sentent à plein nez la famille traditionnelle japonaise. Incarnent le basculement du collectivisme à sa version capitaliste. Cours d'anglais via l'embrigadement au travail. Force physique pour les mâles, retour aux valeurs féodales... De surcroît, la détente de cette jeunesse pour elle-même vaut de l'or. L'érotisme discret, le roller commun aux deux sexes (ce filmage en zigzags sur plusieurs niveaux !), le vélo féminin, la chansonnette "Lorelei", sont d'une grâce infinie.
  • NANA BENZ (2012)
    Note : 16/20
    Projeté à l'Univerciné Cycle Allemand de Nantes en novembre 2013. Voici Lomé, l'ambiance des rues marchandes, le défilé des tissus, aussi attirants que le fond musical toujours léger d'Aly Keita, le roi de la musique togolaise et son balafon, de quoi donner l'envie d'aller faire un petit tour au Togo ! Le tournage remonte à 2012, soit avant l'incendie du marché d'Adawlato le 12 janvier 2013 (coup de grâce pour le commerce des pagnes !). Derrière nous "la Suisse Africaine", les affaires à 450 000 euros par jour, on sent un peu d'amertume dans l'hommage mais la volonté d'aller de l'avant. Evoquer les "Nanas Benz" (Nana signifierait "mère") invite de toute façon au dépassement de soi. Les "Amazones de la mercerie togolaise" d'il y a quarante ans auraient largement contribué au rebond de l'économie d'alors, autant par leur tempérament, leur savoir-faire, la qualité de leur marchandise, que par le prêt de Mercedes Benz au Président de la République ! Les intervenants à l'image décrivent chacun à leur manière cet âge d'or et l'économie dégradée d'aujourd'hui avec laquelle il faut composer. Se diversifier, le maître-mot. La débrouille pour survivre ! Les tissus se déploient, riches coloris, motifs extravagants ou simplissimes, accompagnés de légendes en direct des croyances, vif plaisir pour l'oeil du spectateur... A peine un silence pour évoquer la dictature... Calme, mesure, quelque pics d'humour. Ce documentaire de l'Allemand Thomas Böltken dit surtout haut et fort que les Togolaises sont des battantes !
  • TATANKA (2010)
    Note : 17/20
    Découvert à l'Univerciné Italien Nantes de 2012. Une adaptation de "La beauté et l'enfer" de l'écrivain Roberto Saviano qui part tel un classique d'action. Ebauche des caractères, narration et dialogues ultra-compactés, caméra nerveuse qui court à l'essentiel. L'acteur principal adolescent change (Lorenzo Scialla), devient adulte (Clemente Russo) : une durée de 8 ans exprimée par des grilles et les deux compères face-à-face en plus affirmés, soit l'incorruptible silencieux et le magouilleur un peu trop répandu en largesses. La première partie se constitue d'un défilé d'images appuyées par la bande-son (parfois un peu trop forte) mais pas pour le plaisir de gros effets gratuits. Plus ça se déroule et cogne, mieux on perçoit les grincements du réalisateur à décrire les dérives contemporaines décuplées par la mafia sur le sol italien. Le champion daigne s'encanailler un moment auprès de masseuses, terrasse même en bon Tatanka (bison) une femelle buffle. Il faudrait qu'il perde. Ne lui reste que l'exil... Rugueux avec les dames passée l'approche (une brute épaisse !), il est si bien mis en valeur d'un professeur de boxe à l'autre avec des retours sur son grand-père aux oiseaux qu'on reste de son côté malgré quelques soudaines longueurs en Allemagne. Exceptionnel au cinéma, le boxeur Michele à l'origine du film et du livre EST le boxeur Clemente Russo himself, un beau taiseux efficace qui peut faire acteur !
  • SUR LE CHEMIN DU RETOUR (2011)
    Note : 18/20
    Univerciné Nantes lors du Cycle Italien 2012. Un film percutant qui méritait de remporter le prix du public. Atmosphère et musique accrocheuses, économie de paroles lors d'un petit tour dans la maison, les enfants chahutant au lit des adultes le matin, l'époux (aussi crispé que Pasolini, visage et dégaine) cachant ses ennuis professionnels à son épouse trop lisse, trop offerte aussi (Donatella Finocchiaro). Leur différence d'univers est révélée par de très courts intermèdes qui vont s'avérer précieux. Défilent de somptueuses images invitant à la béatitude plutôt qu'à la vigilance (Alberto circulant au soleil couchant par exemple). Deux intrus créent l'étau qui va serrer, serrer sans jamais faire décrocher le spectateur identifié à celui dont la mine annonçait du risque. Rien de limpide quant au sens et aux motivations des divers intervenants extérieurs, un peu comme chez David Lynch, ils sont teigneux et liés à vie, c'est la seule certitude. De curieuses ellipses à certains moments, quoique le fil central soit toujours maintenu. Vrai que la petite voiture rouge intrigue longtemps pour une issue imaginée dans le même style haletant. Et que l'enfant retrouvé pouvait d'un mot espiègle alléger les semelles de plomb qu'on a en sortant de la salle. Il ne s'agirait nullement d'une caricature mais de l'effet domino en mafia calabraise, là où éducation et culture générale brillent par leur absence !
  • PERSONNE NE PEUT ME JUGER (2011)
    Note : 16/20
    Découvert à Univerciné Cycle Italien Nantes 2012. Très habile tour de passe-passe pour forcer à convenir que l'argent n'a pas d'odeur s'il sert des causes moralement irréprochables. Ou bien comédie grinçante ? C'est toute l'ambiguïté de ce film intégrant que le coût de la vie galope et que payer ses dettes en composant avec les réalités enrichit. La dame, une vautrée sûre de ses lendemains, dégringole de son piédestal, gourde qui peut bien apprendre un peu à vivre : l'exemple interdit toute contestation. La voilà en formation sur le tas et de plus en plus sexy... C'est traité en ironisant sur les deux sexes, sans machisme sournois ni sororité pleine de fiel, au contraire, ils s'arrangent de tout, le sentiment véritable couve, dureté des temps, douleur au jour le jour font qu'on s'épaule dans une complémentarité idyllique. L'interprétation et la mise en scène, la sensualité bon enfant, tout fleure bon la chanson dans la vie faut pas s'en faire. Mais voici un partenaire trahi par ses sentiments sincères qui s'offusque. Des billets lui sont tendus à ce rabat-joie malvenu d'hésiter. Les spectateurs sont sur la sellette, soudain très partagés alors que, jusque-là, ils riaient de cette comédie inconséquente... En sortant de la salle, la jeunesse dit toujours oui puisque ce genre de débrouille dure le temps de se retourner. Les parents sous décrue financière ont déjà mille questions subsidiaires en tête, demandent à voir, imaginent leurs propres enfants ou petits-enfants demain, au train où va la mondialisation.
  • WADJDA (2012)
    Note : 19/20
    Découverte majeure du Festival des Trois Continents 2012. Un bijou humoristique qui aurait gagné à figurer en compétition tant il rallie hommes et femmes si l'on en juge par les applaudissements nourris lors de sa projection au Concorde. Quel talent à dû déployer Haifaa Al-Mansour pour trouver comment conter l'obscurantisme saoudien ! Sa petite Wadjda ressemble à toute fillette, à toute femme (tout individu) bloqué(e) parce que des règles nées des non dits, des usages, lui échappent. Egalement au menu le malaise de devoir faire avec un papa illimité, une maman rétrécie. Beaucoup de chaleur humaine. Des décors, des personnages dignes d'un conte des mille et une nuits mâtiné de modernité. Si les mâles sont en roue libre, l'exemplarité fait terriblement défaut du côté féminin dans cette plongée au coeur de Riyadh. Les belles enseignantes qui somment la retenue, maquillées, à visage découvert, ouaille !... Quant aux petites, il leur faut réciter le Coran pour exister dans une école où regarder une malheureuse photo est un crime, afin de correctement psalmodier (exercice nettement plus attachant quand c'est une voix délurée qui s'y colle). La communauté se gagne à force d'épreuves, même si l'avenir, sauf miracle, est l'époux courant d'air, l'épouse répandue en blablas et artifices. Etrange écho dans l'occident contemporain... Le vélo, jurant avec la faute d'être simplement "vue par des hommes" est l'oxygène du film avec ses rubans au vent, un cadeau aux jeunes générations des deux sexes ! Sortie officielle prévue en février 2013 en France.
  • ROYAL AFFAIR (2012)
    Note : 16/20
    16,5/20 : Les avides de sentimentalisme sur fond historique ressortent globalement satisfaits de ce film beau, crédible en matière de décors et costumes, instructif sur un pan de l'histoire du Danemark et même de l'Europe. Tragique sur le fond. Plein d'espoir sur la capacité à rebondir des jeunes générations. Echo possible avec le monde d'aujourd'hui, son bipartisme galopant et typique des récessions. La loi du plus fort, "l'ordre" des possédants, contradicteurs d'abord mis à l'écart puis supprimés. Qui refuse de signer s'entend répondre de signer, point ! Par moments on se demande qui est dérangé, le roi ou son encadrement. Un souverain qui ne peut qu'exacerber son monde, la reine-mère ou ce Struensee têtu, oublieux de surveiller le sens du vent... Le trio Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard ont, au négatif, un numéro archi-prévisible. Au positif une justesse et un charme fous... Ils consolent du baîllement de milieu de séance. Une bonne demi-heure de trop, cette manie de croire qu'en faisant durer on captive à coup sûr... Certes, dialogues et silences sont aussi importants dans les intrigues souterraines. Seulement une fois qu'on a compris la tournure des événements, les réparties manquent de piment dans un style pictural aussi lisse. Beauté de plans qu'on se surprend à gober sans en retenir le texte à l'oreille ou sous-titré. La galopade toutes jupes au vent et la danse au ralenti avec claquements de mains sont de sublimes moments avec, en toute dernière partie, la douche encore plus froide qu'attendue !
  • L'ÉCLAT DU JOUR (2012)
    Note : 14/20
    Projeté à l'Univerciné Allemand Nantes 2013. Nettement moins convaincant que "La Pivellina" sorti en 2010. L'introduction, mettant en scène deux personnalités que tout oppose est pourtant prometteuse. Concernant "l'ambiguïté" signalée dans le synopsis, on s'attend à tout autre chose qu'une importante différence de valeurs. D'abord les points communs de toute rencontre et, petit à petit, les premières frictions en principe sources de rebondissements. Or, rien de vraiment fracassant entre ces deux personnages excepté qu'ils représentent deux tendances lourdes de notre monde contemporain. Les comédiens jouent leur propre rôle, l'oncle raisonne souvent le plus jeune qui se réfugie dans ses représentations narcissiques, lesquelles virent au grand n'importe quoi. Les deux se tiennent en respect au bout de leurs anicroches... L'écho rencontré chez le spectateur est bien ce tiraillement entre l'art, vecteur de rêve (ou le virtuel en général) et la rudesse de ceux qui affrontent les aspérités du quotidien. La dernière partie ternit l'ensemble. Non seulement on est déçu parce qu'on peine à rester éveillé(e) (est-ce dû aux scènes théâtrales trop creuses ?) mais on souffre de ce que le plus âgé, avec son sens des réalités pures et dures, ses anecdotes de terrain (ce corps à corps avec les plantigrades !) reste beaucoup plus digne d'intérêt que son fanfaron de neveu.
  • CHASSE FERMEE (2012)
    Note : 18/20
    Prix du Jury Univerciné Allemand 2013 au Katorza de Nantes. Une belle histoire ! Des personnages en or... Le mari proche du sanglier, l'épouse qu'on croirait extraite d'un tableau de Georges de La Tour, le Juif candide et ennemi numéro un. Pour cadre, l'épaisseur des bois, quelques fusils de chasse aux abords de cette grosse maison où l'on s'isole ou s'épie, une taverne où se lâchent les copains, un vélo qu'on enfourche... Il faut aider la nature, on mène bien la vache au taureau si nécessaire, soit...Des attitudes, des mots tranchants au bout des silences. Dans ce microcosme de la Forêt Noire, suspense, Emma et ses deux hommes, gros plans sur les traits, attendrissement, puis gestes ulcérés. Délicieux comme la réalisatrice pousse le bouchon... Je n'ai pu m'empêcher de penser à "Ander" de l'Espagnol Roberto Caston, même cocasserie de situation, même émotion qui pousse chacun dans ses retranchements avec, ici, l'inexorable sablier décidant de l'heure des héritiers. L'idée de ramener au présent cet épisode datant du nazisme est louable sauf que je comprends mal le choix des acteurs qui a pu être fait au plan physique. Ils sont si peu ressemblants aux "originaux" ! Si l'introduction (l'ado cherchant son père biologique) arrive à s'incorporer au flash-back, l'issue (retour en Israël) est instructive mais mal incarnée. Du coup, le trio de départ seul reste en mémoire.
  • POUR TON ANNIVERSAIRE (2013)
    Note : 18/20
    Très apprécié en clôture du Cycle Allemand de l'Univerciné Nantes 2013. Les trajectoires de Paul et Georg, deux copains allemands de l'Est "du temps du Mur", seize ans, âge de lucidité sur les performances avant tout. La musique de Jérôme Lemonnier jure soudain, ce pacte d'ado, invraisemblable, on pouffe... Avec sa musique mélo, le ton du film serait donc ironique... Lequel des deux gagnera ? Les filles sont-elles aussi dupes ? Le scooter semble aller vers l'incertitude, on se dit que ces bêtises de coqs cèderont la place aux sentiments véritables... Vient la Chute du Mur et Georg chez son copain d'antan.Ténébreux (inquiétant en contre-plongée) qui entend montrer le jeune homme qu'il est demeuré... Et chacun(e) y va de sa séduction, non sans cruauté, je pense à Anna (Marie Baumer) tellement sûre d'elle, ou à la compagne de Paul (Mark Waschke), la brunette aux décapantes réparties (Sophie Rois). On est forcé de devenir funambule dans cette trame pince-sans-rire. Sans cesse jalonné de renversements de situations. Illuminé par la jeune Saskia Rosendahl dans le rôle de l'éternelle jeune fille. Pas une goutte de sang, aucune déflagration, juste un bon petit incendie filmé dans le détail. Les dialogues, le fil narratif, l'intrigue, tout cela est gobé d'office tant c'est bien empaqueté. On se surprend à attendre avec délectation la prochaine trappe ménagée par Denis Dercourt, scénariste et réalisateur, ah comme cela se sent !... Film à plusieurs niveaux de lecture, progression machiavélique des plus fines. A déplorer peut-être l'accélération soudaine des tout derniers plans qui laisse un peu sonné !
  • SLEEPLESS NIGHT (2012)
    Note : 19/20
    Mention Spéciale des 3 Continents Nantais 2012, le très pointu "Sleepless Night" (Nuit Blanche). Une atmosphère intimiste. L'intérieur douillet d'un petit couple très uni. Elle, chatouilleuse sur la qualité de vie car son activité s'y prête (art et techniques de bien-être). Lui, conciliant, pragmatique avec ce boulot alimentaire qui pourrait bien déborder sur les dimanches. Toujours ensemble en dehors de leur travail, amateurs de verdure, de vélo, ils discutent sans se démonter, "sifflent" leurs nouilles en choeur (à grand bruit !). Les tâches ménagères partagées, du bonheur au lit, un espace vital harmonieux. Pour ce qui est d'avoir un enfant, c'est le flou, la mère de la jeune femme martèle à sa fille que c'est mieux jeune parce qu'on est plus en forme ! Voilà le premier écueil véritable. De moue en désaccord, les tourtereaux cherchent de l'air auprès d'un couple d'amis. Occasion d'une scène violente de rangement, la deuxième si l'on fait exception de l'éclat central (l'entretien avec le patron) à voir comme une allégorie. Film sud-coréen à cadence régulière, discours applicable à n'importe quel pays "mondialisé". La loi des marchés et la survie de l'espèce, vaste chantier... On sent que les deux trentenaires de Jang Kung-Jae, acrobates refusant de se lancer sans filet, sont différents après leur nuit blanche !
  • DEUX MERES (2013)
    Note : 15/20
    Présenté à l'Univerciné Allemand nantais 2013. Deux lesbiennes dont l'une veut davantage être mère que l'autre ? L'objectif est de défendre la cause des exclues des cliniques de fertilité, ces malheureuses condamnées à user de la clandestinité. Le soignant qui le premier les traite avec bienveillance met un peu d'humanité mais prévient. Seulement 30 % de réussite pour des efforts sur la durée. Intéressant plongeon chez les donneurs potentiels, les excités par l'acte en double, les intéressés du porte-monnaie, soit quelques centaines d'euros à chaque tentative. Isabelle et Katja sont bien dirigées par la réalisatrice, leur sensualité est saine, rien ne peut choquer le grand public. C'est de l'amour, point ! A l'ère de la débrouille résultat d'une mondialisation sans états d'âme, comme on les voit garder un jeune enfant par moments, il aurait été intéressant que ces deux intrépides creusent du côté des bébés tout faits. Zohra Berrached créait ainsi moins d'embarras chez les spectateurs. Parce qu'au final, cette destruction forcenée de ce qu'elles avaient de meilleur pour un enfant rêvé sans plan B donne un film un peu vain.
Notes de L.Ventriloque
(par valeur décroissante)
FilmNote
LE SOMMEIL D'OR (2011) 19
QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS (2012) 19
ON THE ICE (2011) 19
OH BOY (2012) 19
TRANSPAPA (2012) 19
THE WORLD (2004) 19
WADJDA (2012) 19
SLEEPLESS NIGHT (2012) 19
WEEK-END (2011) 19
WINTER SLEEP (2014) 19
MOONWALK ONE (1970) 19
LEVIATHAN (2014) 19
IN THE FAMILY (2011) 19
LA RIZIÈRE (2010) 19
SUR LE CHEMIN DU RETOUR (2011) 18
TEMPETE SOUS UN CRANE (2012) 18
LE SENS DE L'AGE (2011) 18
NOUVEAU SOUFFLE (2011) 18
LA GRACE (2012) 18
CHASSE FERMEE (2012) 18
POUR TON ANNIVERSAIRE (2013) 18
MAGIC IN THE MOONLIGHT (2013) 18
GRAVITATION (2009) 18
TATANKA (2010) 17
J'ENRAGE DE SON ABSENCE (2011) 17
LES SAVEURS DU PALAIS (2011) 17
JIMMY P. (PSYCHOTHÉRAPIE D'UN INDIEN DES PLAINES) (2013) 17
LORE (2012) 17
LE SANG DE KOUAN KOUAN (2008) 17
L'UNIVERS N'OUBLIE RIEN (2010) 17
LE SKYLAB (2011) 17
PERSONNE NE PEUT ME JUGER (2011) 16
PAR SUITE D'UN ARRÊT DE TRAVAIL... (2008) 16
DANS LA MAISON (2012) 16
THE TERRIBLE COUPLE (1980) 16
ROYAL AFFAIR (2012) 16
ELLE S'EN VA (2012) 16
ENFANTS VALISES (2013) 16
NANA BENZ (2012) 16
L'IRLANDAIS (2011) 16
ALILA (2003) 16
UNE FENÊTRE SUR L'ÉTÉ (2011) 15
LA VIE DOMESTIQUE (2013) 15
ATTILA MARCEL (2013) 15
DEUX MERES (2013) 15
LA BELLE JEUNESSE (2014) 15
MY OLD LADY (2014) 15
DANS LA VILLE DE SYLVIA (2007) 15
L'ÉCLAT DU JOUR (2012) 14
SOMEWHERE (2010) 14