Plusieurs niveaux de lecture dans ce petit tour au nord de la Russie contemporaine. Peut-être en fonction du degré d'acceptation des horreurs que l'on se forge concernant notre jolie planète ? Quoi qu'il en soit, beaucoup plus grinçant que "Le Retour" sorti en 2003, une époque où on était moins "c... par dessus t..." au plan des valeurs. L'environnement vire au personnage à part entière, bateaux échoués, mer houleuse, car matinal de zombies, poissons coupés en deux comme par un robot invisible, un nid douillet condamné à la pince "Volvo" moyennant somme indiscutable ... La vodka en lampées jusqu'au délire, des désirs de désespérés. Le film, qui souffre juste de quelques longueurs au début, se reconnaît à ses récitatifs judiciaires et religieux façon opium du peuple. A la fois pathétique et comique. Les ravages du tout permis d'une caste, l'esprit de troupeau qui en résulte, un mélange de collectivisme mâtiné de capitalisme. Alerte à la brebis égarée, il en faut une... Le spectateur, qui sait tout de la machination qui se pointe entre pique-nique et tir à la carabine, n'a aucun mal à s'identifier et sans malaise aucun car il se glisse une grande pudeur à l'image et aucune scène n'est insoutenable. Autre point fort, la bande-son de concert avec la caméra braquée sur cette mer lourde du mystère qu'elle gardera. Un grand film et qui devrait faire son chemin, ce qui est une bonne nouvelle !